Vous avez excité mon esprit inventif et mon sens du bricolage.
On vole très bien avec les deux commandes dans la même main quand on a besoin de libérer l’autre, du moins en air calme. Pour ce faire, je passe un bras dans une des poignées (la droite en général) et j’attrape l’autre avec la main libre. C’est alors l’avant-bras qui joue le rôle de la barre dont certains ont fait état et le pilotage reste précis.
Pendant ce temps-là, la main libre peut faire les photos ou autre chose.
C’est beaucoup plus pratique et plus fin que la tenue des deux poignées dans la même main, comme on apprend en stage init.
J’ai filmé comme ça un soaring devant les aiguilles de Chamonix, depuis l’Aiguille du Midi (déco nord) jusqu’au col de la Bûche. Mon plan était de faire des photos de l’Aiguille des Deux-Aigles et de la face N de l’Aiguille du Plan. Passer le col des Pèlerins fut évident et le couloir Lagarde était toujours aussi impressionnant, encore bravo à Jacques Lagarde qui l’ouvrit en 1925, avec la technique et les outils de l’époque.
Attraper l’accélérateur est parfois sportif avec une sellette lambda, avec un effort important qui limite dans le temps le vol accéléré. J’ai découvert avec la Delight 2 et ses grosses poulies le plaisir de ne plus me fatiguer et de gérer l’accélérateur (facile à attraper) avec un seul pied.
On pourrait donc imaginer d’aménager une sellette-cocon avec un barreau d’accélérateur pour un pied et un barreau de frein pour l’autre, qui pourrait actionner soit les freins eux-mêmes soit les arrières, tout devenant alors une question de réglages et d’entraînement.
C’est pour décoller que la question me turlupine (ne cherchez pas de contrepet, il n’y en a pas). Gonfler d’une seule main, nous savons tous faire mais l’autre gère les freins.
Certaines voiles - comme ma U-Turn - ne nécessitent pas de tirer les A, un simple appui-sellette suffit à faire monter la voile, son guidage étant géré par une main et les C : en les tirant on bloque la montée, en les relâchant en douceur on gère la montée et on corrige en même temps un éventuel désaxage…
On peut donc imaginer une prise de commandes comme ci-dessus avec levée de voile par appui-sellette.
On peut aussi imaginer l’assistance d’un autre pilote qui se chargerait de lever la voile, comme on pousse les pilotes handicapés sur chariot, en autonomes (
José si tu me lis) ou en handibi.
Ce n’étaient là que spéculations autour d’un retour d’expérience.

[i]J’ai déjà été handicapée suite à des accidents, cela ne m’a jamais empêchée de conduire ma voiture ni ma moto, en m’adaptant très vite aux commandes “exotiques” que j’avais imaginées et mises en oeuvre.
Dans les années 60, il y avait un copain de mon âge sur béquilles, suite à une polio, avec qui je jouais au ping-pong. Il était redoutable et je ne l’ai jamais battu, même en lui faisant des balles vicelardes sur son revers que son handicap ne lui permettait pas de reprendre… et qu’il reprenait quand même, en rigolant.
La belle-soeur de mon ex n’avait qu’un bras, l’autre était une sorte de moignon de 20cm. Elle était née comme ça et il fallait la voir éplucher les légumes ou faire de la couture, c’était impressionnant.
Les personnes handicapées qui réussissent à faire aussi bien que les personnes valides, c’est admirable.
Les alpinistes gardent le souvenir de Willo Welzenbach, qui avait perdu l’usage du bras gauche et qui continua à grimper, et pas dans du facile ! Il y a un peu partout des voies Welzenbach dans les grandes faces nord, surtout en Autriche et en Suisse. Il avait même été sélectionné pour l’expédition de 1934 au Nanga Parbat, dont il ne revint pas.
Ceux de mon âge se rappellent sans doute Garrincha, le joueur de foot brésilien tout tordu et boiteux, dribbleur fantastique qui slalomait dans les défenses en gardant le ballon collé au pied.
Et je ne peux que conseiller aux pianistes de travailler le “concerto pour la main gauche” de Ravel, commande du pianiste autrichien Paul Wittgenstein qui avait perdu un bras pendant la Grande Guerre. Pour les mélomanes, l’interprétation de Samson François reste probablement la plus aboutie.
Pour rigoler : l’an dernier, j’avais été abordée dans la rue par une dame qui faisait une collecte au profit d’une association d’aide aux handicapés. Je lui dis alors, avec le plus grand sérieux : “je n’ai jamais rien fait pour les handicapés et j’en ai honte, alors aujourd’hui, exceptionnellement et pour vous faire plaisir, je vais faire un geste. Pour les handicapés, hip hip hip !” :mrgreen:
Pierre Doris avait fait rire une salle aux larmes avec une blague noire du même type mais la dame qui quêtait n’avait pas ri.
C’est triste de fonctionner au 1er degré et de ne pas apprécier l’humour noir.
Pour information :
Rassemblement des bénévoles de l’association Annecy-handibi le 31 mars au bar de Planfait. J’y serai.[/i]