vol très turbulent au Grand Bornand

#1

Bonjours à tous,

Je relate ma petite experience d’hier pour avoir vos avis.
Journée ski au Grand Bornand, le soleil brille vers 14h, la neige devient pourrie et quelques parapentes font leur apparition dans le ciel. Décision prise de les rejoindre :slight_smile:
Le temps de redescendre chercher mon parapente ça se couvre, je croise un biplace et en profite pour me renseigner sur les conditions “ça a forci, il faut faire vite” me dit-il. Bon…

Montage, préparation et décollage sans soucis avec un très léger vent de travers. Conditions mer d’huile - pour le moment - le vario bipe ici et là mais rien qui puisse me tenir en l’air. Je décide de pas chercher la petite bête et me rapproche de l’attérrissage, en vallée donc.
Et là ça se corse. La voile commence à shooter à droite à gauche, j’essaye de centrer des ascendances mais ça me parait pas sain donc je n’insiste pas. Mais plus je m’éloigne de la montagne plus je me fais secouer par ce que je décrirais comme des rafales : ça shoote, ça monte fort puis tombe mais je ne contrôle rien, je me contente de contrer comme je peux à la commande et à la sellette pour tenir ma voile. J’ai déjà subit ça par le passé en essayant de centrer des ascendances fortes, mais là c’est en pleine ligne droite et de façon continue…

200 mètres à ma droite je constate qu’un autre parapentiste a choisi de descendre en 360. Sur le coup ça me paraissait pas une bonne idée, mais j’y reviendrais. Je remarque aussi que le vario s’est affolé, je monte fort en pleine droite ! mais ma décision d’attérir était déjà prise… j’attrape les oreilles pour descendre, ce que je finis par faire. Quand ça se calme j’ouvre à nouveau puis le rodéo recommence de plus belle. Je finis par décider de garder les oreilles jusqu’en finale car je descend en me faisant moins secouer. Tout en craignant une fermeture avec les suspentes dans les mains… Je finis par attérir, bien plus loin que prévu mais sur mes deux pieds :slight_smile: Le vent au sol (30km/h puis plus rien) confirme les conditions en l’air : rafales de Foehn.

Petite consolation, ni décrochage ni fermeture, je suis satisfait du comportement de ma Hook 3 :slight_smile: ce qui n’empêche pas que c’est clairement le pire vol de ma petite experience de parapentiste…

En y repensant, je me dis que j’aurais du faire un 360, que la vitesse et la force centrifuge aurait empêché la voile de se fermer, mais psychologiquement j’étais plus sûr en ligne droite. A travailler donc, j’imagine ?
Qu’auriez-vous fait dans ces conditions (à part ne pas décoller, mais c’est facile à dire) ? Voler aux oreilles était une bonne idée ? Le 360 est-il “bullet-proof” ?

Merci :slight_smile:

#2

Du Foehn modéré à fort était annoncé hier…

#3

d’où la question : annoncé par quel site ?
oui je sais c’est con à dire mais mes sources météo n’annoncent pas le foehn :wink: merci d’avance

#4

Hello

Je laisserai ceux qui connaissent mieux la vallée que moi commenter les conditions. Pour la stratégie de descente, les 360 c’est bien si on sait les tenir, sinon ça n’est pas toujours super efficace, surtout quand on a une petite expérience. Le risque que tu avais aux oreilles, plutôt qu’une fermeture, était le décrochage (tu augmentes ton incidence quand tu fais les oreilles). On m’a appris à les combiner avec l’accélérateur quand c’est moisi en l’air, ça permet de rééquilibrer l’assiette de l’aile et d’avoir une aile plus solide. Par contre tout doit se piloter à la sellette et il faut relâcher suffisamment haut…

Bon bien entendu, il faut faire les oreilles PUIS accélérer, sinon il peut t’arriver des surprises !

#5

Chez nous, Météo France, météo Cham annonçaient du Foehn.
On avait des rafales fréquentes à 60km/h à 2000m …

Ça m’étonne même que ça volait dans la région …

#6

Météo Chamonix, météo Suisse, et en décryptant météo parapente, à plusieurs heures de la journée, ils mettaient du vent fort en basse couche
Je ne sais pas si tu es du coin, mais vraiment méfiance à l’effet de foehn, souvent sous-estimé…

#7

je précise que je n’ai pas 15 vols mais environ 300, mon profil n’est pas à jour. Heureusement sinon ça m’aurait sans doute dégouté :wink:
je sais donc tenir un 360, mais c’est facile en conditions calmes :slight_smile:
merci pour vos conseils, je ferais plus attention à l’avenir. Si si ça volait en milieu de journée, après je n’ai pas leur retours…
je vole au Salève en général. Pas de Foehn donc même si je connais le principe. Et en revenant j’ai appris les décés d’un pilote au Salève :frowning:

#8

En SIV à la Forclaz ca décollait pas, tout le monde a fini par replier, il y avait des méga bouffées qui donnent pas envie d’etre en l’air à ce moment là. Pour ceux qui connaissent, SEIKO avec son Enzo a eu un mal fou à rejoindre l’aterro de la plage…

A planfait c’était assez épargné par contre.

#9

Ha bon ?

#10

beaucoup moins déjà
j’étais aux Arcs il y a peu et j’ai pu observer le phénomène (du sol, heureusement)
merci pour vos conseils :wink:

#11

Météo parapente, meteoblue, meteoswiss annonçaient du foehn fort. Le ciel annonçait clairement du foehn avec des nuages lenticulaires à haute altitude et le massif englobé par une langue nuageuse caractéristique.

LE RISQUE ÉTAIT ÉVIDENT

Voler sans avoir conscience des conditions aérologiques est preuve d’un énorme manque d’autonomie. À lire ton récit je pense que tu n’es pas encore prêt à voler seul. Il te manque de l’expérience pour anticiper les conditions de vol. Demander à un biplaceur n’exonère pas d’une analyse personnelle.

Comme très souvent je conseille à nouveau de compléter ta formation. Tirer les ficelles n’est que la partie facile de notre activité, savoir dans quelle masse d’air on va mettre ses ailes est la clef de l’autonomie. D’ici là je te conseille de voler accompagné (école, club, potes expérimentés) pour bénéficier de l’analyse de pilotes plus expérimentés.

Ce post n’est pas un jugement négatif de ton niveau personnel. C’est juste un constat d’un manque d’analyse assez évident.

#12

Deux billes pour les conditions de Foehn:

  • Il faut principalement s’intéresser de la différence de pression entre les deux cotés du massif:Hier meteoblue indiquait 1016hPa a Ivrea et 1008hPa a Chamonix. C’est une différence de pression trop importante.
  • Les suisses (meme la population non volante), connaissent tres bien le Foehn et ses consequences. Comme dit YenYen, tu peux donc regarder le bulletin texte http://www.meteosuisse.admin.ch/home.html?tab=report qui parle de risque de Foehn en Valais.

Cette partie du récit m’interpelle: D’une part le pro pourrait etre plus sympa et dire a minimum “il y a un risque de Foehn méfie toi”. D’autre part le débutant ou celui qui ne connait pas l’aérologie locale devrait systématiquement s’abstenir ou chercher des explications complémentaires suite a ce genre de remarque.

#13

… ce que je fais
si j’avais vu l’emmagramme ci-dessus avec 40km/h en basse couche je n’aurais pas décollé. J’ai donc certainement mal regardé ou au mauvais endroit et j’assume mon erreur
merci de ton retour. Je vais voler seul quand même, mais avec de meilleures infos :wink:

quand au conseil du biplaceur, il a dit le principal. J’aurais du me dire que pas de vent et déco et forcissant en vallée c’était signe de Foehn

#14

Une chose m’interpelle quand même, on parle d’emmagramme, des bulletins, etc… mais on oublie une base importante : La lecture du ciel! :prof:
Je veux pas faire le vieux con mais dans les années 90’ on regardait avant tout le ciel (forme des nuage, dérive, …) et on confirmait certain doute avec un petit coup de téléphone à météo chamonix…
Internet est une source d’informations fantastique pour notre activité mais n’oublions pas qu’un complément avec une analyse visuelle n’en sera que bénéfique. (Et donne beaucoup plus d’intérêt et de charme à notre activité)

#15

Quant au Foehn, le diagramme de meteocentrale peut aussi donner des indices
–> http://www.meteocentrale.ch/en/weather/foehn-and-bise/foehn.html
Quand ca depasse la ligne de 4hPa différence il y a un risque de Foehn (parfois aussi plus tôt) et il faut au moins se méfier.

.

#16

super merci pour ces liens et infos karma+

#17

Je cite ce message, mais d’autres l’on bien dit aussi.
Si on regarde les cartes meteo à grande échelle ou tout simplement la meteo à la télé et qu’on regarde le ciel le jour J, on peut clairement se douter de rencontrer de tels phénomènes. Que cela te serve de leçon pour la prochaine fois.
Le commentaire du biplaceur t’as orienté mais pas assez.
Bons vols

PS: merci pour ton retour d’experience karma+

#18

Je ne vais pas cracher dans la soupe d’un de mes collègues. Tous les moniteurs peuvent t’expliquer le phénomène de foehn et ses risques associés (enfin j’espère ! :lol: ). Il est tout à fait possible de passer au travers de certains chapitres dans une formation car nous n’avons malheureusement pas une formation continue et suivie, les stagiaires viennent ‘picorer’ les connaissances dans des stages plus ou moins décousus. Si tu as la ‘malchance’ :wink: de voler tout les jours durant ton stage les cours théoriques sont moins nombreux.

Il est important de compléter sa formation de base par un petit effort personnel (livres, internet, etc). Je conseille toujours à mes stagiaires de noter sur un petit pense bête les trucs qui leur paraissent un peu nébuleux pour pouvoir éclaircir cela au prochain stage.

Pour hier, un regard sur le ciel aurait du te mettre la puce à l’oreille. Nuages lenticulaires hauts dès le matin, impression de brume bizarre à moyenne altitude, chaleur anormale en altitude, entrée d’une couche nuageuse haute et plus grise accompagnant le renforcement. Il est des jours où le piège est difficile à détecter, hier il me semble que c’était assez évident.

#19

ok merci à vous :pouce:
c’est clair que je vais retenir la leçon :wink:

#20

Les situations de fœhn sont particulièrement dangereuses car il y a des périodes de calme avant la tempête ! :affraid:

J’ai un souvenir précis en tête à ce sujet.

Il y a très longtemps existait, avant la création du “chant du vario”, un forum Internet vol libre appelé “ff-vl” pour “forum francophone du vol libre” (il n’existe plus aujourd’hui).
A un moment où je me trouvais à Annecy (donc proche de Chamonix) j’avais proposé sur ce forum un vol collectif depuis le sommet de l’Aiguille du Midi pour ceux qui pouvaient venir facilement jusqu’à Chamonix (vol prévu un dimanche).
La météo du vendredi n’indiquait pas de risque particulier pour le week-end.
Rendez-vous des pilotes le samedi soir à Chamonix et la météo du samedi annonçait du fœhn pour le lendemain dimanche, jour prévu pour le vol.
Je signale aux pilotes présents qu’il est inutile de monter là-haut car le vol sera très dangereux, voire impossible.
Certains pilotes n’étant jamais allés au sommet de l’Aiguille du Midi souhaitent monter là-haut pour découvrir l’ambiance.
On monte donc là-haut : il y a un vent très faible (quasiment nul), mais on voit des nuages lenticulaires en altitude + un front nuageux très important derrière les Grandes Jorasses : il est clair que le fœhn va finir par rentrer et on connait la violence qu’il peut avoir en altitude.
Des pilotes veulent quand même descendre l’arête pour aller voir à quoi ressemble le décollage (en versant sud), et pourquoi pas voler… :grrr:
Je me refuse à les suivre et déconseille à tous d’y aller.
Trois pilotes descendent quand même l’arête.
Comme j’étais un peu “responsable” de la sortie (je l’avais initiée, mais il était clair que je “n’encadrais” personne, chaque pilote décidant seul s’il volait ou pas), je descends l’arête pour les rejoindre (pas pour voler bien sûr !).
Quand j’arrive au décollage :

  • un pilote a déjà décollé (cf. plus bas dans ce message) ;
  • un pilote a étalé sa voile, mais ne s’est pas encore accroché dessous ;
  • un pilote a étalé sa voile et s’est accroché à sa sellette (il a l’intention de décoller). :grat:
    Je leur dis que c’est irresponsable de décoller et que le fœhn, qui va rentrer d’un instant à l’autre, va être très violent à cette altitude.
    A peine ai-je dit cela que le fœhn rentre d’un coup avec une violence incroyable.

Bilan :

  • La voile sans pilote s’envole et bascule dans la face nord où elle restera accrochée plusieurs jours (on préviendra les secours qu’il n’y a personne pendu dessous) ;
  • La voile avec le pilote attaché est violemment tirée en arrière et fait tomber le pilote qui glisse sur le dos en remontant la pente.
    La face nord est à peine une dizaine de mètres derrière. :affraid:
    Nous sommes deux à ce moment-là à côté du pilote et nous nous jetons simultanément sur la voile pour l’empêcher de partir (avec le pilote) en face nord.
    Nous avons eu beaucoup de mal à la replier avec la violence du vent.
  • Nous apprendrons plus tard que le pilote qui avait décollé avait subi d’énormes turbulences au-dessus de la Mer de Glace et avait été contraint de se poser en catastrophe sur celle-ci (sans dégâts heureusement !).

Il est clair qu’il ne fallait pas descendre l’arête et surtout ne pas sortir les voiles.

Moralité : lorsque la météo annonce du foehn, on ne décolle pas, même si l’air est calme ! :pouce:

Remarque : plus tard j’ai proposé à nouveau ce vol collectif depuis l’Aiguille du Midi et ce vol a eu lieu le 1er mai 2005.
Nous étions 19 ce jour-là : très bonnes conditions et vol superbe (en versant sud) avec survol de la Mer de Glace. :vol:
Je me souviens que j’avais même fait “fusible” !

Marc