voler dans les nuages

Salut les musclé(e)s,

je prépare activementalement la saison, qui commence pour moi en septembre. On m’a en effet chaudement recommandé le Vercors à cette période.
Je me posais des questions sur les limites d’altitude légales, et puis une autre question m’est venue: est-il -pas Dieu- possible de voler dans les nuages?

Parce que en-dessous, d’après ce que j’ai compris, il y a une limite pour ne pas se faire aspirer à 20 m/s et mourir dans d’atroces souffrances. Et au-dessus, il y a une limite légale concernant le vol à vue.

Je sais que le nuage est une perturbation, mais peut-être que certains nuages bien blancs bien moutonneux bien gentils sont abordables non?

Voilà, j’attends avec impatience vos réponses expertes à ma question bizarre.
A bientôt les enfants.

Bonjour,

Voler à vue (voir et être vu) signifie ne pas pénétrer dans le nuage. C’est interdit. Et accessoirement très dangereux.
La limite dont tu parles (en-dessous, sur les côtés, bref tout autour du nuage) est là pour éviter les abordages entre appareils pas pour limiter les aspirations involontaires.

Ceci n’est pas tout à fait exact. On associe souvent le mot “perturbation” au mot “nuage” mais un nuage n’est pas une perturbation. Il est la matérialisation de la condensation d’une masse d’air. Cette masse d’air peut être turbulente ou pas.
Une perturbation est un phénomène météo de plus grande ampleur dont tu trouveras des explications sur internet.

Il existe de nombreux témoignages de pilotes ayant enroulés dans un nuage. Parfois avec des turbulences parfois sans.
Pour être rentré involontairement à la base d’un joli cumulus, j’en garde un souvenir très mitigé : l’absence de visibilité m’a beaucoup stressé et ce n’est pas une expérience que je souhaite renouveler.

je dirais même plus : quand tu voles aux barbulles tu vois soudainement les mouvements de l’air. du coup l’air turbulent “devient” d’autant moins secouant que tu peux largement anticiper tous les mouvements.

En revanche il y a 2 pb à voler dans un nuage … et les dangers de l’aspiration n’en fait pas parti (le pb de l’aspiration c’est que tu risque d’autant plus de rentrer involontairement dans un nuage que tu t’en rapproche).

1/ le manque de visi = risque de collision

2/ la perte des repères. Tu en fais plus bien sur ou se trouve le nord, la montagne que tu longes etc … c’est le fait du manque de visi, mais tu perds aussi la verticale et l’horizontale. pour n’expliquer qu’avec un exemple perso, il m’est arrivé d’êter en 3-6 (pour tenter de sortir d’un nuage) …
j’ai eu la sensations que le 3-6 se renforçait donc j’ai un peu calmé le jeu et je me suis ertrouvé en chandelle (en tout cas avec presque plus de vent relatif).
autre tour, je pensais que le 3-6 était en train de se calmer et je me retrouve centrifugé comme un sourd.

Très bien très bien.
Déjà merci, ensuite j’ai une précision à faire.

Je m’exprime difficilement sur le sujet parce que je ne me suis jamais trouvé proche d’un nuage. Je pensais à toucher le nuage, à évoluer autour, un rêve de paradis quoi, les femmes nues en moins.
Et au niveau de la visibilité, n’y a-t-il pas moyen de s’équiper avec un brassard lumineux par exemple (un truc qui fait des flashs comme sur les avions)? Ou de se renseigner sur les couloirs aériens?

Promis après j’ai plus de questions.

Comme ça ??

http://vimeo.com/4377283

Mais c’est interdit !! Même avec un brassard ou avec l’info sur le trafic aérien.

le prends surtout pas mal hein :wink: tes idées ne manquent pas d’humour, (il manquerait juste le klaxon pour signaler ta présence au boeing tiens) :clown:

Tu auras un jour l’occase de trainer dans des barbulles qui ne nuiront en aucun cas à ta visibilité.
Quant à la connaissance des zones aériennes, il s’agit d’un prérequis pour se mettre en l’air sur un site.

Sans oublier “l’effet fontaine” c’est à dire quant tu vois des goutes d’eau couler le long des suspentes et un filet d’eau qui cascade dans les maillon des élevateurs… dans ce cas faut vite dégager et pas trop jouer avec les oreilles car ça peut “coller” et là t’es mal… j’y ait eut droit deux ou trois fois à cette jolie cascade et j’étais pas fier…

si tu veut te rapprocher de la sensation de ce qu’est de voler dans un nuage, un jour de brouillard a couper au couteau promène toi sur la chaussée avec une paire de lunette sur le nez et des boules kiéce je te conseille juste dans la mesure du possible de rester sur le trottoir et dit toi juste qu’un avion a la même visibilité qu’un bus qu’il est 10 fois plus lourd et gros et qu’il vole entre 10 et 20 fois plus vite et que pour lui ta visibilité est quasiment identique, cette sensation imagine la non plus en 2 mais en 3 dimensions et l0 pose toi la question
“ai je envie de me retrouver dans cette situation?”
de même avec la même expérience compte les pylônes et autre obstacles de trottoir a avoir chatouiller ton anatomie avant que tu ai pu les apercevoir et dit toi qu’en l’air tu avance environ 5 a 10 fois plus vite.

tu peux finir dans le filet de protection de l’antenne de radio Monaco à Roquebrune
pas de bobo pour le pilote, mais la frayeur de sa vie
au moment des photos le nuage s’était un peu levé

http://img117.imageshack.us/img117/1633/pa191292mq8.jpg

http://img115.imageshack.us/img115/563/pa191289ge8.jpg

Salut,

Je vais te raconter ma mésaventure du mois de mai (+vidéo) pour illustrer tout ce qui vient de dire. J’avais déjà été brièvement dans des nuages avant.

Mon expérience, je vole depuis 2004, surtout en thermiques, petits cross; voiles : MCC Borea, Gradient Golden puis Aspen2 depuis 2010.

C’est une très longue histoire mais je me suis fait aspirer dans un nuage en mai 2011 dans les Vosges lorsque je bouclais un petit cross et j’allais vers l’attéro: mauvaise appréciation de la dégradation des conditions, en retard sur les copains donc je voulais voler au plafond, etc … => tout de ma faute, aucunes excuses.

En général, je me suis toujours méfier des nuages et en début de vol je restais très bas sous les nuages mais …

Je connais l’efficacité des différentes techniques de descente.

J’ai d’abord fait les oreilles accélérées et ensuite un 360 (à gauche) dans le nuage vers 2800-2900 mètres (j’avais pris 300 mètres) et je me suis retrouvé totalement désorienté en ayant l’impression de me faire centrifuger à droite.
J’ai eu peur et j’ai arrêté le 360, ensuite il m’a fallu de longues minutes pour avoir le courage de refaire un gros 360 (sans aucune visibilité, ni repère) pour sortir du nuage.
Je me suis fait aspirer à +5 en moyenne donc pas fort, dans le nuage j’ai fait les oreilles accélérées, les B (au mieux je stabilisais l’altitude) et pour finir un long 360 (c’est l’apparition de givre sur les lunettes, ma combi et les suspentes qui m’ont décidé à refaire un 360).
Au final : 9 minutes de montée dans le nuage, 3 minutes de descente (3 minutes en 360 pour griller 1500 mètres d’un coup; -8m/sec de moyenne; 360 assez costaud quand on pense que la masse d’air montait à +5 en moyenne); plaf à 3900 mètres.

Dans un nuage, tu perds tous tes repères en 20 secondes et même avec un GPS il est difficile de garder un cap à cause des turbulences, le stress ne te fait pas prendre les bonnes décisions tout de suite, faire un 360 sans voir le sol ni l’horizon est très impressionnant et tu e fais avec bcp d’appréhension (pour moi en tout cas); et sortir proprement d’un 360 sans visibilité est encore plus difficile => tu stresses à mort en te disant que récupérer un bon vrac quand tu en vois pas à 3 mètres va être difficile.

Un des autres risques quand tu es dans un nuage ou quand tu en ressort en 360 est le risque de collision avec une autre aile (il y a avait des ailes sous moi lorsque je me suis fait aspirer et je n’ai pas osé faire tout de suite le 360 qui s’imposait).

Pour résumer, tu ne vois strictement rien dans un nuage (tu ne vois pas clairement ta voile au dessus de ta tête), tu es complètement désorienté en 20 secondes avec tous les risques inhérents (retour à la pente, collisions, etc …), le stress te fait mal réagir (il faut être confronté à la situation pour savoir comment tu vas te comporter), …

J’ai revolé quelques jours après, j’ai été aux nuages à nouveau depuis, juste une expérience qui s’est très bien terminée.

Le truc pour ne pas se faire piéger les premières fois est que lorsque tu commences à entrer dans le voile gris du nuage => ça signifie que 50 mètres au dessus tu seras totalement dans le nuage et il ne faut pas aller plus haut; réagir assez vite pour ne plus prendre d’altitude.

Voilà, j’ai écrit tout ça juste pour faire partager une expérience, on peut se faire piéger très vite, même lorsqu’on se méfie.

Alex

Lien youtube et trace GPS

http://www.youtube.com/watch?v=5QSB3tk6m78

http://www.visugpx.com/?i=1305993416

Récit très bien détaillé avec une vidéo très explicite ! :pouce:
En clair… gaffe aux nuages !

je viens de découvrir, lors d’un SIV
les très grandes oreilles accéléré à fond avec du roulis
ça descend vraiment beaucoup (j’ai du faire du -10 ? je n’avais pas mon vario)
cela m’aurait paru bien moins stressant que de faire des 360 sans visibilité
et puis tu continus de voler droit, enfin presque

Salut,

Tu peux expliquer STP, j’ai du mal à imaginer la mise en oeuvre et la manoeuvre.

:+1: avec Van Hurlue

on en parle pas assez souvent et j’ ai expérimenté à Millau, c’est soft.
Tu peux suivre avec 3-6 grandes oreilles accéléré pour ceux qui n’aiment pas se faire centrifuger. (et il y en a beaucoup)

tu commence par lâcher tes freins et les clipser sur les aimants
tu accélère au premier barreau
tu saisi les deux suspentes (les avants) de chaque coté, pas simplement celle avec laquelle tu fais les oreilles habituellement mais la suivante aussi. (normalement sur les ailes il y en a 3 de chaque coté)
tu les ramène vers toi, d’abord l’une puis l’autre (tu enchaine car sinon tu va tourner)
là tu pousse l’accélérateur à donf du deuxième barreau
si tu trouve que tu descend pas encore assez vite tu déplace ton poids sur tes fesses à droite puis à gauche pour te balancer

pour arrêter
tu relâche doucement l’accélérateur
tu reste bien au premier barreau
tu lâche l’une après l’autre tes avants pour ré-ouvrir tes grandes oreilles
et tu relâche complètement l’accélérateur

il est très important d’accélérer avant de faire les grande oreilles, car l’incidence augmente beaucoup et si tu traverse a ce moment un thermique tu est très proche de la parachutale
c’est impressionnant mais très facile, et c’est beaucoup plus efficace qu’un 360 timide

je te met en ligne (dans qq minutes) un film qui te montrera a quel point tu réduit ton aile, tu doit bien enlever les 2/3 de la surface

ça ne t’a pas impressionné les “flap-flap” des oreilles ?

j’étais en SIV au-dessus du lac
je venais de me faire ma première vraie grosse autorot juste avant
alors le flap flap j’ai même pas fais attention
:mdr:

la vidéo est là
il n’y a pas beaucoup de nuages dans le ciel pour apprécier la vitesse de descente
mais au 3/4 de la vidéo on vois passer qq trucs qui montre bien que ça descend très vite
l’un des intérêts est que tu peux voler droit, et donc en plus de descendre vite sans te faire peur tu peux t’éloigner du nuage

http://vimeo.com/26504277

salut Alex, j’avais déjà vue cette VDO sans penser que c’était toi!!!
:stuck_out_tongue:
et pour LAMIMOLET, tout le monde se lève et salut OLM!!! :tomate:

:coucou:

Le fil étant sur le vol dans les nuages, je me permet une 'tite précision : le fait d’apprendre, de connaître puis de commencer à maîtriser les techniques de descente rapide rendent (àmha) les nuages encore plus dangereux !

je m’explique :
le nuage, tu commences par en avoir peur vu tout ce qu’on raconte et puis plus tu maitrise le vol et plus tu va te rapprocher de ces nuages sans jamais rentrer dedans … mais tu commence à voir de plus en plus près ce qui se passe. T’as toujours un copain malin ou deux qui aiment aller faire trempette dedans. du coup un jour tu commence à tutoyer les barbulles. c’est pas méchant : le sol devient moins visible. tu es encore sur la défensive donc tu redescend vite fait, bien fait … puis un jour, tu va tutoyer les barbulles un poil plus loin. tu perds les repères sol … mais vite fait tu redescend et tu retrouve tous tes repères. finalement, les nuages c’est pas la fin du monde : il y a encore de l’oxygène et ça vole bien. Si t’es un malin tu fais gaffe à l’espacement entre nuages et tu estime qu’ils ne sont pas en train de se joindre = pas de risque de CB donc tu va bien en ressortir de ce nuage appétissant … puis en plus tu as le (mauvais) prétexte d’une longue transition, un peu de gaz supplémentaire ça aiderait bien. et tu rentres dans le nuage. Si tu as pas mal de sang froid et d’équilibre, le compas (ou le GPS) danse la gigue, mais grosso modo tu arrives à tenir un cap.

Le blème c’est que le parapente pardonne énormément. Un jour tu va entrer dans un nuage qui va être un poil plus long à sortir que les autres. voir il va se souder avec le tit copain d’à coté. rien encore de dangereux … mais déjà tu as complétement cramé tes capacités de fuite (me suis fait attrapé par un joli cum gourmand, à l’époque je maitrisais les 3-6 que jusqu’à -13 … et là, en 3-6 me suis pris une 1/2 aile sur la tronche et le vario a daigné se mettre à zéroter).

Je ne peux que répéter mon conseil (personne n’est obligé de me croire, mais je veux bien le re raconter autant de fois que nécessaire) :
les techniques de descente rapide rendent (àmha) les nuages encore plus dangereux !