[quote]Salut Masterpitrou,
Et tu as atterri où? (pour ceux qui ne connaissent pas le coin c’est le point de la triple frontière)
Laguna verde côté bolivien?
Sur l’altiplano Argentin?
Avec seulement 1500m de plouf, j’imagine que tu n’as pas atterri à San Pedro d’Atacama au Chili qui doit largement être accessible en finesse avec tes presque 5000m de gaz (mais les douaniers chiliens semblent manquer de sens de l’humour dans le coin, 2H30 à la frontière pour notre véhicule).
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Le réponse est dans ce petit texte que j’avais écrit pour un N° spécial de PPMAG “Les premières fois”
[quote]Mon premier bi avec mon frangin - Du chemin de croix au paradis :
J’ai attendu 14 ans de parapente pour passer ma Qbi , 3 ans de plus pour emporter Denis sous mon Stromboli. Lui connait la très haute altitude à la force des mollets et moi les secrets du ciel depuis 1987. Cette première si forte en émotion a donc réuni nos passions en 2004 sur le Cerro Licancabur 5920m, sentinelle de l’Atacama. 6 heures de souffrances à grimper les 1600m de ce géant de cailloux, roulant sous les pieds. A bout de force, l’émotion nous submerge quand le regard bascule sur le cratère central du « Lican » noyée par un petit lac, considéré comme le plus haut écosystème de la planète. Nos compagnons d’expé s’allongent groggy, je me traine sur les pentes ouest pour débusquer un décollage. La peur, l’envie, le doute se mélangent. Dans une combe très peu marquée et pas ventilée on s’accroche aux écarteurs souples « maison » faits de cordes de chantier (j’avais oublié en France mes écarteurs souples) , et on s’élance synchro pour une course frénétique. La vitesse augmente, les pierres grossissent, il devient impossible de s’arrêter, mais on fait corps, on ne fait qu’un pour s’en sortir. Interminables secondes où notre salut passe par l’accélération. Puis je supporte l’équipage sur mes seules jambes, l’effort pour s’affranchir de la pesanteur est monstrueux. Après une cassure et une ressource salvatrice, je paie comptant ma bravade par un début de syncope. Epuisé, étourdi, il faut récupérer au plus vite pour profiter de l’instant . Le paysage est renversant de beauté, la température douce, l’air d’huile, après ma plus grosse frayeur en 26 ans de montagne. Nous surplombons les eaux turquoises des lagunas Blanca y Verde , joyaux Boliviens. Un posé à 4200 m à deux pas d’une source thermale, après 3 minutes de voile noir et 12 minutes d’émerveillement. Nous finissons nus comme des vers dans de l’eau qui sourd à 38° , de cette fascinante montagne. Mon frère habite à 500km de moi et on vit nos passions séparément, mais le fil parfois ténu de la fratrie représenté par cet « écarteur » si mal nommé, n’a pas lâché, il nous a même réuni dans une incroyable portion de vie. Ce bonheur simple et absolu on s’est donc promis de le revivre, un jour, ailleurs sur une autre grande montagne et… ensemble !
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Après cette rude ascension on s’est jugé assez en forme pour partir pour l’Ojos del Salado, 2em sommet des Andes 6893m. La région de San Pedro n’ayant était choisi que pour faire notre acclimation. 3 jours avant j’avais volé du Cerro Toco voisin 5500m aussi en biplace avec un autre compagnon. Le 3em compagnon, nous étions 4, je lui dois toujours un vol car faute de budget suffisant pour prolonger la location de 4x4 on a finalement renoncé à l’Aucanquilcha 6176m. L’Ojos ne sera vraisemblablement jamais volé vu le vent dément qui y règne tous les jours et vu la configuration de son sommet. En tout cas je me suis estimé bien incapable physiquement d’y hisser les 15 kg qui étaient nécessaires, déjà bien content d’atteindre son sommet et d’en redescendre pedibus.