Attention aux dust....

Quand un dust arrive sur un terrain poussiéreux, c’est clairement marqué, on voit bien le tourbillon de poussière qui s’envole.

Autant sur terrain herbeux c’est moins simple : un disque d’herbe couchée, avec des machins qui volent au dessus parfois (feuilles, herbes coupées…)

Il y a des terrains et des conditions favorables aux dusts, mais ça peut arriver dans beaucoup de situations : un camarade a pris un dust en faisant du gonflage dans un grand champ plat, en septembre, à 17h30 en région parisienne, donc absolument pas dans des conditions propices au phénomène.

Bon, c’est vrai pour moi aussi que cette expression “un dust” est complètement ridicule… en particulier quand on suggère “un dust sans poussière”… Si encore l’expression anglaise “dust devil” était utilisée en entier et dans les cas où c’est bien ce dont il est question (tourbillon de poussière) ça pourrait se comprendre mais là c’est je dois dire que ça devient complètement bidon !

Merci pour la synthèse de témoignages pourtant, même si des diables de poussières ou d’herbes sèches j’en ai déjà observé quelques-uns aussi. C’est vrai que je ne me souviens pas en avoir observé après 17 h grosso modo, ce qui ne semble plus du tout être une règle de confiance; avancée utile.

Je relève aussi que le phénomène est considéré comme “du sud” (de la France j’imagine), mais pourtant, les sites de vols les plus au sud de la France sont dans les humides Pyrénées où je pense que c’est un peu moins courant que dans la continentale et sèche plaine d’Alsace au milieu de l’été…

Au fait ! Quelqu’un en a-t-il déjà aussi observé avant midi (solaire) ?

Dans les Pyrénées françaises centrales, les dusts sont fréquents sur la crête du Tuc de Pan sur le site du Mourtis et pas rares dans la zone du 600 et du 700 à Val Louron (où il y a au moins 20 ans j’ai vu passer un dust qui a impacté sur sa trajectoire trois pilotes à des altitudes différentes de vol).

Au fait, il y a aussi un sifflement très caractéristique de ces petits dusts. Mais encore faut-il être “bien” placé pour entendre le son en question.

A airsinge
Oui la semaine dernière j’en ai observé des petits sur des champs de terre, justement en Alsace, il était 13h (11h solaire), le plus petit devait avoir une base au sol de 20cm.
Faut dire que c’était extrêmement sec!

c’est quand la derniere fois que ce cri a été efficace ?

Rarement, mais plusieurs fois ces derrières années sur le décollage du plateau de Lachau (04).

Et si tu pouvais laisser ton ironie et ta suffisance au vestiaire quand tu écris tes messages, ça nous ferait des vacances. Mais je n’y crois pas trop puisque visiblement tu es sourd aux messages déjà écrit en ce sens.

Quand on ne les voit pas arriver, on peut les entendre, du moins l’accélération du vent. La tornade-dusty-or-not n’accélère pas instantanément, et si elle est poussée par le vent ou la brise, là aussi on peut l’entendre.

en résumé :

  • cela apparait dans des situations de masse d’air sèche, très instable et peu ou pas de vent météo.
  • ils sont plus fréquents sur certains sites que d’autres (topographie? nature des sols?)
  • ils se forment localement dans des zones de fort contraste thermique (route/champs par exemple)

Est-ce qu’on en sait plus? Y-a-t-il un typologie des dust? Peut-on les classer en fonction de critères de force (?), durée de vie? vélocité? Pourrait-on prédire les risques de dusts? Pourrait-on mettre place une échelle de risque du type de celle mise en place pour les risques d’avalanche? http://www.meteo.fr/guide/avalanche_tableau.html

L’enjeu en terme de sécurité pour les vélivoles est important et la FFVL serait, je pense, prête à co-financer des études pour mieux comprendre la formation/vie des dust.

Si un projet de recherche “dust” voit le jour, ne serait-il pas intéressant d’impliquer la communauté des volants? Par exemple, en les faisant participer à la détection des dust. Je pense à un programme de science participative du type observatoire des jardins http://obj.mnhn.fr. Pourquoi pas un observatoire des dust?

http://www.parapentiste.info/forum/sites-de-vols/sites-du-mourtis-faces-sud-en-versant-nord-des-pyrenees-t33522.0.html;msg581385#msg581385

Illustration du cas des crêtes du Mourtis

Par recoupement, plusieurs facteurs s’y conjuguent souvent pour le pire :

1- configuration du terrain (proximité de collecteurs telles que profils de combes concaves efficaces - collecteurs - à proximité, déco à proximité des déclencheurs - toujours cette foutue habitude de vouloir décoller " là où ça monte " quand ce n’est pas carément dans la “bouffe thermique”

2- équilibre dynamique instable entre des influences antagonistes (brises de pente et échange plaine montagne)

Quand en plus on se risque à y décoller devant un front froid (même peu actif!) c’est un peu comme décoller dans l’oeil
du cyclone

Descendre dans la pente et s’éloigner des crêtes et antécimes quand c’est possible

A lire ce fil, le messge de crainte et d humilité est clair. Cependant, malgré les vidéos tentant d expliquer ce qu est un dust, ça ne me parait pas si explicite. Est-ce une turbulence en résonance, une bulle mise en rotation par une turbulence ou autre? Ou un rouleau horizontal verticalisé comme décrit dans certaines vidéos et similaire aux trombes/tornades? Difficile à prévoir sans comprendre. Si certains savent, je suis preneur!

Pile ou face ?

Pas de différence si ce n’est l’intensité et la présence du sol qui permet de visualiser l’ascendance thermique quand elle entraine matériaux divers et… ailes… et pilote :frowning:

Une ascendance thermique violente est un phénomène potentiellement dangereux, que ce soit à 1m, 10 m, 50 m ou même 100 m au dessus

Telle belle crête concave à son sommet et bien exposée au sommet présente pour le crossman ou la crosswoman qui s’en approche les meilleures chances d’y trouver une ascendance pour “se refaire”

A proximité du sol, c’est un “piège” pour les frêles papillons que nous sommes

Oui celui que j’ai vu au sommet de la Dent de Crolles faisait ce sifflement. C’est ce bruit que j’ai entendu en premier et j’ai mis quelques secondes à comprendre que ce vent et ce bruit associés étaient un dust.

Retenons -comme cela a été signalé par ailleurs- que les dust se rencontrent aussi à basse altitude, dans un fond de vallée encombré lors d’une journée ensoleillée

J’ai eu le temps ce dimanche d’observer le chaos aérologique qu’est devenu la sortie sud de Saint-Béat au pied du Mourtis

Les milliers de tonnes de roches qui y ont été accumulés y ont créé un chaudron infernal

Les drapeaux “corporate” des entreprises titulaires des marchés du tunnel y dansent de façon très singulière
On y observe des drapeaux distants de seulement quelques dizaines de mètres indiquer des écoulements parallèles, divergeants puis convergeants en seulement en quelques minutes !

De même, le quadrillage d’un déco par quatre ou cinq flammes est un gage de sécurité en permettant de visualer le passage de thermiques (les flammes convergent vers le thermique)… et inciter à s’éloigner pour trouver un endroit moins exposé

Notez que sur un déco balayé par la brise (qui ne cesse de chiffonner les voiles etalées au sol) la tentation est parfois grande de disposer la sienne à l’abri derrière un ressaut ou une rupture de pente… GRAVE ERREUR !

C’est là où le dust niche !!!

Cette vidéo fait froid dans le dos car ça va très (trop) vite… bon rétablissement aux blessés.

Un dust devil c’est la naissance d’un thermique, un peu son point zero. Il tourne, comme tous les thermiques, et s’élève. Les zones sèches sur lesquelles on peut les trouver permettent la matérialisation du phénomène par la poussière du sol ou les végétaux secs qui s’élèvent

sans oublier les snow devils

http://www.youtube.com/watch?v=mavKOkPoeAc

Ce qui est arrivé à ces pilotes fait sacrément réfléchir et j’espère qu’ils s’en remettront rapidement.

Et ça me fait poser ces questions :
Quelle est la moins mauvaise des gestuelles à adopter par un pilote dans cette situation ? Quels réflexes faut-il avoir ? Comment faire pour empêcher sa voile de " voler " ?

  • Tenir un bout / se jeter sur sa voile si celle-ci passe près de nous

Mais si les suspentes se tendent, une des actions ci-dessous aurait-elle une chance de fonctionner ?

  • Tirer sur les D
  • Tirer sur les C et les D
  • Tirer sur un A (Fermeture d’un coté) et le D (Décrochage de l’autre coté) des suspentes opposées

Qu’en pensez-vous ?

Perso je dirais le moins de portance possible, du coup se jeter sur l’aile si elle est encore au sol avec le risque du danger des suspentes si un bout de l’aile vole quand même. Puis sinon essayer de mener une action aboutissant rapidement au décrochage comme tirer le plus possible les arrières vers le bas en les attrapant aux maillons ou au niveau de la base de la drisse des poulies. Après il y a les freins, mais la portance induite au début de l’action peut être contre productive et ne pas laisser le temps d’enrouler suffisement la drisse pour arriver au décrochage avant que la prise en charge se fasse.
Après vu que j’ai aucune envie de tester en vrai, je dis p’tet des conneries, mais bon…

Dust ou rafale thermique… qu’importe - Le danger est là -

RÉCIT (tout chaud)

21-04-2017 - Secteur versant nord Pyrénées centrales

Vent N-E fraichissant à 1900 m - Situation anticyclonique

Pas de fronts marqués par le Met Office

Nébulosité nulle - visibilité excellente

Observation en crête pendant de 13H à 16H (en heure d’été = UTC + 2H) :

  • météo + échange plaine montagne forcissant
  • influences contrées par l’activité thermique marquée de certains combes abritées en versant sud

Autres observations :

  • écobuage à l’est dans le Cousserans - pas de comportement anormal des fumées (échange plaine-montagne)
  • anormalement peu de rapaces et de choucas en vol
  • les oiseaux observés ne font pas de gain et volent rapidement au niveau des crêtes
    avec quelques forts battements d’ailes témoignant de turbulences marquées

Déco vers 16H :

  • pas de dust mais des déclenchements thermiques puissants provoquant bascules de vent et rafales
  • rotation de la voile de 270° en contrôle stationnaire face voile

En vol face au massif Gar-Escalette-Cagire

  • activité thermique forte et hachée par les brises

Approche en vallée :

  • dérive dans la brise et turbulences normales

Dans les derniers 150 mètres :

  • fortes turbulences
  • accélération sensible de la brise (je suis en surplace à 50 % d’accélérateur)

Dans les derniers 50 mètres

  • rafales à nettement plus de 40 km/h (je recule rapidement bras haut dans les rafales)
  • cisaillements (fermetures)

Derniers 10 mètres

  • plusieurs amorces de décrochage

Derniers mètres

  • l’aile amorce une vrille à plat (Nota : je suis actif aux commandes et avec moins de 30% de course maxi)
  • l’aile abat mollement

Préparation au roulé boulé

  • impact fort équivalent d’une chute de 4-5 mètres
  • couché au sol je cherche sans les trouver les “B” et finis par tirer sur les commandes (erreur!)
  • le bord d’attaque “shark-nosé” d’une plume se dresse vers le ciel comme un cobra et entraine le reste de l’aile
  • la voile part d’abord en bord de fenêtre puis se positionne seule à la verticale

Je décolle franchement du sol (!) dans ce nouveau thermique, à marche arrière rapide twisté, à plus de un mètre du sol - Les quelques suspentes que je tenais en main me sont arrachées des doigts

2nd impact et 2nd roulé boulé après une dizaine de mètres de vol !

  • je suis cette fois tracté très rapidement au sol
  • roulant puis glissant sur le flanc sur une quinzaine de mètres, j’arrive à attraper quelques suspentes
  • j’aperçois et saisis une suspente de stabilo et en avale tout ce que je peux
  • je choque ainsi l’aile qui bat maintenant furieusement dans le vent
  • une courte accalmie me permet de rejoindre l’aile et me coucher sur elle

Fin de l’aventure

ÉPILOGUE

La météo nous réserve décidément de drôle de surprises !

J’ai personnellement de 7 à 800 vols sur ce secteur. Après les errements des débuts, j’ai évité de me mettre ainsi dans le rouge en produisant des analyses standards les 25 dernières années

Sur le secteur précis où je me suis “crashé”, je n’avais jamais rencontré de phénomènes d’une telle violence et le considérais jusque là comme plutôt abrité et “safe” dans le secteur

Effet du réchauffement climatique ou pas, le danger est à l’évidence plus fréquent de se faire surprendre, comme dans pas mal de secteurs de ce que j’en entends ou lit ici de plus en plus régulièrement

Aussi je me félicite encore aujourd’hui :

  • de porter de solides gants (les suspentes fines!)
  • d’avoir pris la résolution de ne plus voler que sous des voiles de niveau sortie d’école
  • de m’être bien équipé (airbag intégral) et entrainé à me crasher en limitant autant que faire se peut la casse

Il y avait vraiment là deux fois de quoi se faire une cheville, un genou, une malléole ou une fibule (je parle d’expérience)

Rouler-bouler d’un jour… Rouler-bouler toujours !

A bon entendeur

Joli récit!! :prof:

Comme tu as pas mal d’années de vol derrière toi, c’est intéressant que tu parles du changement climatique. Plusieurs “vieux” pilotes autour de moi en avaient parlé à diverses occasions et ça m’avait déjà fait tendre l’oreille. Certains estiment que les thermiques sont de plus en plus forts, d’autres en font une analyse plus macro et étendent sur les pumpings de plus en plus surprenants dans les vallées. C’est apparemment un ressenti partagé dans la communauté.
On va certainement s’attendre à globalement des thermiques plus vifs, plus hâchés, des vents de vallée plus forts parce que débordements de foehn plus fréquents, plus de turbulences à proximité des reliefs, plus de cisaillements en approche en vallée, plus de plus de plus donc plus de vigilance en général

Bonjour Paul,

Merci pour ce récit palpitant et documenté.

Apparemment, malgré ta connaissance multi-décennale du secteur, tu as été doublement surpris sur ta zone d’atterrissage par la puissance de la brise de vallée et l’instabilité de la couche basse (qui semblait franchement moisie).

Es-tu a posteriori capable d’analyser le phénomène exceptionnel qui invalide ton retour d’expérience de 7 à 800 vols sur cette zone? Y’a t il de nouveaux paramètres dans tes analyses que tu prendras en compte dorénavant pour anticiper de futures situations de même nature à cet atterro? Ou bien considéres-tu que tu t’es retrouvé simplement dans un extremum statistique (largement sur les bords de la gaussienne) de tes analyses standards?

Enfin 2 questions plus conjoncturelles :
Tu volais avec quoi et chargé à combien? (Apparemment la solidité de ta monture et ton pilotage actif t’ont évité le pire)
Quelle heure était-il à l’atterro et quelle est l’orientation de la vallée?

FK