Dust ou rafale thermique… qu’importe - Le danger est là -
RÉCIT (tout chaud)
21-04-2017 - Secteur versant nord Pyrénées centrales
Vent N-E fraichissant à 1900 m - Situation anticyclonique
Pas de fronts marqués par le Met Office
Nébulosité nulle - visibilité excellente
Observation en crête pendant de 13H à 16H (en heure d’été = UTC + 2H) :
- météo + échange plaine montagne forcissant
- influences contrées par l’activité thermique marquée de certains combes abritées en versant sud
Autres observations :
- écobuage à l’est dans le Cousserans - pas de comportement anormal des fumées (échange plaine-montagne)
- anormalement peu de rapaces et de choucas en vol
- les oiseaux observés ne font pas de gain et volent rapidement au niveau des crêtes
avec quelques forts battements d’ailes témoignant de turbulences marquées
Déco vers 16H :
- pas de dust mais des déclenchements thermiques puissants provoquant bascules de vent et rafales
- rotation de la voile de 270° en contrôle stationnaire face voile
En vol face au massif Gar-Escalette-Cagire
- activité thermique forte et hachée par les brises
Approche en vallée :
- dérive dans la brise et turbulences normales
Dans les derniers 150 mètres :
- fortes turbulences
- accélération sensible de la brise (je suis en surplace à 50 % d’accélérateur)
Dans les derniers 50 mètres
- rafales à nettement plus de 40 km/h (je recule rapidement bras haut dans les rafales)
- cisaillements (fermetures)
Derniers 10 mètres
- plusieurs amorces de décrochage
Derniers mètres
- l’aile amorce une vrille à plat (Nota : je suis actif aux commandes et avec moins de 30% de course maxi)
- l’aile abat mollement
Préparation au roulé boulé
- impact fort équivalent d’une chute de 4-5 mètres
- couché au sol je cherche sans les trouver les “B” et finis par tirer sur les commandes (erreur!)
- le bord d’attaque “shark-nosé” d’une plume se dresse vers le ciel comme un cobra et entraine le reste de l’aile
- la voile part d’abord en bord de fenêtre puis se positionne seule à la verticale
Je décolle franchement du sol (!) dans ce nouveau thermique, à marche arrière rapide twisté, à plus de un mètre du sol - Les quelques suspentes que je tenais en main me sont arrachées des doigts
2nd impact et 2nd roulé boulé après une dizaine de mètres de vol !
- je suis cette fois tracté très rapidement au sol
- roulant puis glissant sur le flanc sur une quinzaine de mètres, j’arrive à attraper quelques suspentes
- j’aperçois et saisis une suspente de stabilo et en avale tout ce que je peux
- je choque ainsi l’aile qui bat maintenant furieusement dans le vent
- une courte accalmie me permet de rejoindre l’aile et me coucher sur elle
Fin de l’aventure
ÉPILOGUE
La météo nous réserve décidément de drôle de surprises !
J’ai personnellement de 7 à 800 vols sur ce secteur. Après les errements des débuts, j’ai évité de me mettre ainsi dans le rouge en produisant des analyses standards les 25 dernières années
Sur le secteur précis où je me suis “crashé”, je n’avais jamais rencontré de phénomènes d’une telle violence et le considérais jusque là comme plutôt abrité et “safe” dans le secteur
Effet du réchauffement climatique ou pas, le danger est à l’évidence plus fréquent de se faire surprendre, comme dans pas mal de secteurs de ce que j’en entends ou lit ici de plus en plus régulièrement
Aussi je me félicite encore aujourd’hui :
- de porter de solides gants (les suspentes fines!)
- d’avoir pris la résolution de ne plus voler que sous des voiles de niveau sortie d’école
- de m’être bien équipé (airbag intégral) et entrainé à me crasher en limitant autant que faire se peut la casse
Il y avait vraiment là deux fois de quoi se faire une cheville, un genou, une malléole ou une fibule (je parle d’expérience)
Rouler-bouler d’un jour… Rouler-bouler toujours !
A bon entendeur