Je découvre ce fil par hasard et le déterre car très bien fait.
Il m’est arrivé d’avoir des périodes de “peur” : des peurs irrationnelles. Juste parce que ça bouge, parce que ça monte alors qu’on ne s’y attend pas. Souvent à cause du passage de l’horizontalité à la verticalité quand je passe de vols d’hiver de plaine au-dessus des arbres plutôt en dynamique aux thermiques de printemps dans les massifs.
Il m’a fallu des fois plusieurs vols pour ne plus ressentir cette appréhension du gaz. Donc me connaissant maintenant, dès que ça commence à battre la chamade et à bouillonner, je redescends et j’accepte de recommencer à “zéro” en choisissant les heures moins chaudes, à quitter le plaf (ou l’altitude) plus tôt que prévu. A voler aux altitudes qui me “rassurent”. Me poser, manger, boire, et repartir et augmenter mes heures de vol. Donc une accoutumance petit à petit à une nouvelle aérologie, de nouveaux lieux. Ensuite, en vol, je me suis aperçu que si je ne me donnais pas d’objectifs, c’était négatif. Donc je me fais un plan de vol (alors que l’hiver dans le bocal, c’est faire l’essuie glace sans toucher aux commandes, sans réfléchir) : aller ici, faire le plaf, aller là, transiter, rejoindre tel point etc… Ce qui marche pour fois c’est de ne pas le laisser le cerveau aller à des pensées noires voire morbides, mais occuper le cerveau en me forçant à analyser : le thermique est là, il a telle taille, telle forme, telle dérive etc… et j’occupe mes yeux à regarder précisément au lieu de prendre les informations à la volée et automatiquement (autres voiles, oiseaux, feuillages, fumées etc…).
Et puis je bois, de petites gorgées, je chante (faux) ou je parle à ma voile.
J’ai eu du mal à accepter la dernière fois que j’ai volé à Saint Hilaire par exemple (cet été resté 3-4 jours) d’avoir peur de ces falaises immenses, de ces thermiques puissants ou ces à-coups. Je n’ai fait que des vols de 30 minutes au début, élargi le bocal. A la fin des 3 jours, je m’aventurais jusqu’aux gencives et je me suis surpris à râler de ne pas avoir eu l’audace de suivre d’autres voiles.
Le mental est plus important que la technique (une fois qu’on l’a) et accepter ses limites du moment.