Je relance le fil.
On a très peu évoqué une autre sorte de peur, très invalidante, celle qui paralyse quand on recommence à voler après un accident.
- Fracture d’ostéoporose en octobre 2007, genou explosé en 7 morceaux avec deux fractures dans le plateau tibial, 2 plaques et 12 vis. Longue invalidité (8 mois sur béquilles), reprise du parapente en août 2008 avec un stress monstrueux, aucun plaisir en l’air, énorme angoisse avant de poser mais le vent est bon, tout va bien… et gigantesque bonheur d’avoir pu dominer tout ça.
Les jours suivants, impossible de décoller : trop de stress. Médicament : un stage en école.
J’ai très bien volé en 2009 et au printemps 2010. - Juillet 2010 : décollage très osé par vent de cul en utilisant le rouleau pour gonfler et banzaï ! Retour au sol et fracture d’impact du poignet sur le seul affleurement rocheux. Mal opérée, mal soignée, il a fallu repasser sur le billard en janvier 2011 pour recasser et tout remettre en place.
- Printemps 2011 : stress au déco, où pourtant il n’y avait aucun risque, stress en vol et stress à l’atterro, avec un poignet très bien réparé (plaque + 9 vis) et encore en rééducation. J’ai mal volé en 2011, ne retrouvant pas la confiance nécessaire, pour finir fin août par une nouvelle fracture, cette fois les deux malléoles de la cheville droite. Parfaitement opérée, bonne rééduc.
- Printemps 2012. Je suis arrivée début mars à ma base pour faire du ski et voler avec les skis, manière de toujours poser en douceur, puis stage “de reprise” en école pour me rééduquer le mental.
Résultat : je n’ai pas de stress excessif au déco, cela va bien en l’air mais je me chie dessus au moment de poser, la sensation d’être très fragile me paralyse complètement. Du coup je pose quand même - bien obligée - et au vol suivant j’ai la trouille, mais j’y vais quand même. Le phénomène étant auto-entretenu, il n’y a plus de plaisir. Une grosse période de pluie fait le reste et Mme POB glande à Paris depuis 3 semaines, elle emmerde tous les gens du forum qui lisent sa prose et au moment de repartir vers les Alpes, cette fois sans les skis, le stress revient.
C’est l’obligation de poser en mettant éventuellement mes os en danger qui pollue actuellement mes vols et ma pratique, même avec des grosses hivernales qui tiennent bien la cheville, presque comme des chaussures de ski.
Normalement, aller voler est un plaisir. Quand on doit se botter le cul pour y aller, le plaisir devient relatif, et quand on se chie dessus il n’y a plus de plaisir du tout.
On m’a suggéré de laisser mes voiles de côté et de revoler sous une voile tranquille, on m’a même prêté une Tequila 3 pour un stage psychothérapeutique “de reprise”. Je me suis fait chier. Mon stress ne vient pas de ce que je vole sous une voile trop exigeante, mais de ce que j’ai peur de me casser sur une moindre irrégularité de l’atterro. En 2008, je posais sur un pied + airbag pour protéger mon genou, technique efficace mais d’une élégance discutable.
Voilà, merci de m’avoir lue ; à vous de jouer, les psys !
Bons vols à tous*
Pour les psys :
Je n’ai jamais été stressée en entrant dans une salle d’opération, pas même quand il y avait des risques sérieux. Jamais stressée quand je recevais un inspecteur (cela les étonnait), jamais stressée devant un tribunal ni pour prendre la parole en public, ni au moment d’entrer en scène devant plus de mille spectateurs. Toujours “zen”.
J’ai fait 10 saisons de compétition moto sur circuit, je n’ai jamais connu le stress sur une grille de départ.
Avant de voler, j’avais fait pendant 20 ans de l’alpinisme et de l’escalade un peu partout dans les Alpes. La peur, je l’avais rencontrée en haute montagne dans des passages très exposés aux chutes de pierres ou de glace, ou aux avalanches, et deux fois sous un orage, mais en haute montagne on est là et on ne peut pas s’échapper, avoir peur ne sert à rien, prier fait perdre du temps, on reste concentré, on fait ce qu’il faut et mektoub.
Pourquoi faut-il que l’âge venu, après 3 accidents en 4 ans, deux par ma faute et un par malchance, je sois aussi stressée ?
. Nombreux sont les pilotes dans ton cas qui volent seuls après leur formation et hésitent entre peur et plaisir en l’air.


me contentant de garder un simple contact, mais pas foutu d’appuyer ou de freiner pour faire un virage. Bloqué.
Virage a 180 ° dans ma vision de la pratique, pas confiance, la trouille. Concentration pour poser.