Bonjour
Je ne parlerai que du seul sujet d’expérience que je connaisse : moi-même
Profil : parapentiste citadin, un peu + de 26 années de pratique dont la moitié sous des voiles compé
Je suis venu à ce sport à reculons, pensant le delta plus sérieux, plus “aéronautique”
Après des débuts hésitants, je n’en étais plus aussi convaincu et j’ai de toute façon été séduit par la facilité de transport et la possibilité de randonner en montagne (que je pratiquais à pied, à skis, en raquettes et en surf) avec un matériel de moins de 20 kg parachute de secours compris
Pratiquant peu du fait d’obligations professionnelles, d’engagements associatifs puis de responsabilités familiales, j’ai volé peu : moins de 1100 vols et tout au plus 600 heures en 26 ans de pratique
Ma passion pour la technique (formation universitaire en technologie) et les belles machines qui sont apparues m’ont néanmoins incité à voler avec nombre d’ailes que je considérais moi même comme délicates
Quelques bonnes résolutions de départ m’ont sans doute sauvé… et un peu de chance aussi !
1ère résolution pour aborder cette activité à l’évidence risquée (ça cassait déjà pas mal) qui m’amena à concourir (modestement) et à essayer pas mal de modifications et de set up sur mes ailes : travailler à fond mon physique, la théorie (bouquins et magazines spécialisés vol libre, vol à voile et un peu d’aérodynamique en français, anglais et castillan), la préparation de mes vols et leur débriefing (pas évident mais ça s’apprend aussi)
Objectif : la meilleure compréhension possible pour éviter les mauvaises surprises
2ème résolution : prise de risque réfléchie (m’enfin…) avec toujours des plans “B”
http://federation.ffvl.fr/taxonomy/term/312?page=4
3ème résolution : valoriser dans ma tête autant les distances que je réussissais en cross que mes décisions de ne pas décoller parce que je n’appréhendais pas bien la situation au déco
4ème résolution : éviter de me faire peur !
Le fait est que je ne retrouve dans mes carnets de vols que deux ou trois douzaines de fermetures dont moins d’une douzaine ont débouché sur des sketches sévères mais gérables… sauf un (secours sous un prototype plus délicat que les autres)
Ma première conviction est que la peur en parapente est le révélateur de contradictions bien plus profondes que ce que notre conscience ne veut bien se l’avouer et que ces contradictions sont pour la majorité issues d’une émulation sociale (ou de groupe) mal gérée
Cette émulation peut être :
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salutaire quand elle éclaire notre chemin par la compréhension et l’enrichissement personnel qu’apporte le partage du savoir
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le poison qui nous poussera au bout de nos nerfs dans l’obscurité du plus sombre des cauchemars quand nous suivons par instinct grégaire, sans exprimer nos incompréhensions, sans rechercher sans relâche les explications nécessaires à appréhender à chaque vol un peu mieux un sport aussi complexe et apprendre à juger seul chaque matin nos aptitudes à le pratiquer en fonction des conditions du jour
Ma seconde conviction (qui peut faire tousser) est que sans une sérieuse remise en question à chaque saison comme à chaque étape de sa formation, les stages de perfectionnement comme les “enseignements” de la compétition ne sont que des emplâtres sur une jambe de bois
Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous nous rendons compte que nous manquons de maturité et surtout pêchons par autosatisfaction, pour coller au plus prêt de l’image que nous nous faisons de nous-mêmes, jusqu’à ce qu’une frayeur plus importante que les autres nous ramène à notre réalité viscérale :
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recroquevillé sur nous-mêmes -en position du fétus- lorsque surpris par une agression physique violente
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ou son équivalent psychologique, fait abêtissement et de régression
Dans une situation de stress violent, la conscience est alors dépassée par les réflexes les plus profondément (ou les mieux) ancrés
On touche là aux limites de tout apprentissage : la dernière couche n’est qu’une couche de plus sur un medium plus ou moins stable
Le constat est sans appel : le stress décape les couches supérieures pour nous ramener à nos fondements
Si ceux-ci ne sont que peaux de chagrin… alors c’est “bonjour la gamelle”, sur le plan psychologique et/ou physique
Et cela n’est pas propre au parapente : il y a dans les accidents aéronautiques nombre de pilotes compétents qui se sont trouvés soudainement désorientés, jusqu’à essayer de se raccrocher désespérément à leurs premières expériences aéronautiques, à des enseignements primaires qui ne sont pas sans rappeler le sacro-saint “mains aux oreilles” des débuts du parapente… jusqu’au sol…
Ma seconde conviction est ainsi forgée : en cas de grosse peur, reprendre la formation aussi bas que votre égo le permet, avec le matériel qui va bien
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Travailler, travailler, travailler chaque fois que vous en avez l’occasion, en l’air mais aussi au sol, en gonflage de voile mais aussi en “gonflage de jugeote” (je parle pour moi… c’est vous qui voyez), sur vos connaissances théoriques et votre physique (un bon train d’atterrissage, ça peut toujours servir!)
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Gratter la moindre parcelle d’incompréhension, désherber l’autosatisfaction et chasser l’esprit grégaire avant de replanter sur un sol sain, même si c’est “décapant” au départ
Jardiner a toujours été la meilleure façon de se ressourcer après un gros crash physique ou moral car il en reste toujours quelque chose 