Avoir peur suite à une (très) grosse frayeur

Seuls le temps et les heures de vol t’aideront à reprendre le dessus.

J’ai eu un gros sketch au mois de juin qui s’est fini sous le secours et je commence seulement à me ressentir à l’aise dans les bons thermiques.
La confiance est revenue mais la prudence et la méfiance sont toujours présentes.

Il faut voler, c’est tout !!

J’aime bien l’approche et l’humour de Ben.

Pour ce qui me concerne, après un classique sketch comme dirait ce dernier, où l’aile s’est remise en forme (malgré moi) à 100 mètres sol, je suis remonté dans le thermique un bon bout mais pas jusqu’au plafond, histoire de comprendre cette sérologie qui me semblait saine. RAS, j’ai posé et me suis tapé quelques mousses en tremblotant.

Puis, et c’est l’essentiel, analyse de l’aérologie et du pilotage avec l’aide de témoins. Histoire de digérer, il m’a fallu 2 semaines pour intégrer le tout. J’ai compris mon erreur de pilotage et surtout j’essaie d’analyser beaucoup mieux l’aérologie avant de décoller. Comme disait l’autre, mieux vaut regretter de ne pas avoir décollé que d’avoir décollé.

A+

Salut à toi, j’ai pas encore tout lu, mais je tiens à te donner l’astuce qui m’a permis de me refaire plaisir en l’air: le bottage de cul !!

Quand j’avais les boules comme pas permis de rester à me faire chier au déco, à redescendre les voitures, quand les copains se gavaient en l’air, j’ai décidé d’y aller quoi qu’il arrive, l’aile dépliée, je ne recule plus.

Une autre chose qui m’a permis de bien aider, c’est comprendre à fond tous les questionnements liés à la mécavol, pour savoir que quand ça bouge, c’est normal, qu’il faut piloter, et que ce pilotage est un plaisir et non une contrainte.

Le siv je l’envisage comme une porte d’accès à l’accro, où pour permettre un engagement plus élevé, mais si tu veux en faire une thérapie, j’espère pour toi qu’elles sont bien accrochées, car le vol suivant mon sketch, j’ai vécu la même situation mais avec du gaz, et c’est à cause de ça que j’ai été traumatisé, beaucoup plus qu’à cause du sketch qui pourtant aurait pu très mal finir.

Ouais ça c’est encore un autre problème, différent de celui de Vincebenoit qui lui semble plutôt flipper en l’air.

Toi Florent, ton soucis c’est que tu traine trop sur les décos à écouter les autres raconter leurs malheurs. J’ai quelques potes comme ça qui tournent interminablement sur les décos, qui se racontent des histoires qui font peur, qui scrutent la moindre fermeture des gars déjà en l’air, le moindre trouble aérologique et qui en fin de compte volent peu (ou pas). Le pompon va a un pote qui a deux ailes (il cummule lui) trop chaudes pour son niveau, qui peut t’expliquer comment qu’on vole, et pourquoi il a les meilleures ailes du monde, mais qui reste au sol en roulant des mécaniques devant les p’tis jeunes, à raconter des histoires qui font peur … le chien qui se mord la queue.

La solution pour toi, Florent, c’est effectivement de passer moins de temps au déco (ton fameux coup de pied au cul) :

  • Tu fais une bonne analyse météo du jour.
  • Tu te pointes au déco plus ou moins à l’heure ou tu crois que ça va voler (pas 3 heures avant).
  • Tu humes les conditions du jour et tu te fais une analyse aérologique en 10 minutes.
  • Tu déplies et tu te mets en l’air.

Mais je ne suis pas sur que ça marche pour Vincebenoit, parce qu’il ne semble pas avoir ce problème là, lui ça se passe une fois en l’air.

C’est vrai Ben, mais mais quand même eu un peu de mal en l’air, avant de redouter les décos.

Mon schéma c’est ça: sketch-> répétition du sketch -> flipette quand ça bougeais un peu -> rester au sol par peur d’être brassé.

Donc j’ai aussi été concerné par son problème, et là, la solution est la même à mon avis.

(je raconte vite fait mon histoire pour illustrer)

Sketch sous ma mistral 4, une B milieu-haut d’homologation. Je flippe à chaque vol parce que je trouve que je me fais brasser.
Je reprend confiance sous cette voile, et la laisse partir dans le container.
Un ami me prête une Aspen 1, une C à la hauteur des Aspen de maintenant, mais plus vieille :lol:
Aile réputée très (beaucoup trop pour certains) vive, je l’ai adoré dès le premier vol, et pour mon deuxième vol je me suis fixé un objectif: partir en cross, peu importe le tracé, juste ne pas rester devant le déco.

Avec cet objectif, j’ai pas du tout flippé, malgré un beau +8 sous une aile (sans doutes) limite pour moi, que je ne connaissait pas du tout.
Donc vraiment, se fixer un objectif, c’est le meilleur moyen de se rassurer en l’air. Tu te dis “je vais là bas !!”, et tu fais tout pour y aller. Tu connais le site, tes potes sont toujours en l’air, tu vois des mecs voler sous des mojo, donc tu sais que tu peux rester en l’air.

Et quand je me fais brasser, dans me tête, je me dis “tapette, ton vario est qu’à +3, trouve ce foutu noyau !!” (je viens de réaliser que quand je fais ça, je me fixe encore un objectif :pouce: ).

Merci à tous pour vos avis, vos expériences et l’excellent article sur la peur !

Perso, il y a plein de domaines, dans la vie ou je suis prêt à me mettre des coups de pied au derrière, mais ce ne sera certainement pas pour mes loisirs !

Je retiens donc essentiellement :

  • avoir toujours envie de voler qd on décide de décoller,
  • ne voler que dans des conditions saines,
  • prendre encore davantage de temps pour se remettre en forme "psychologique"en conditions thermiques calmes,
  • quand je le pourrai, faire du SIV,
  • et à l’occase, en parler avec qui voudra autour d’une bière !! :trinq: :trinq:

:forum: et bons vols à tous… en sécurité !

Je te souhaite de trouver ta voie dans l’activité. Personnellement je pense que les conclusions que tu tires des témoignages lus sont, au moins pour la plupart des pilotes, illusoires…

Hélas le parapente est un loisir très exigeant qui demande énormément d’investissement personnel et parfois de se faire carrément violence !

Justement, la peur te donnera de moins en moins envie de voler et te décidera de plus en plus à ne pas décoller.

La peur peut obscurcir le jugement et te faire voir des conditions malsaines en permanence, jusqu’à ne plus jamais vouloir voler.

Les conditions thermiques “calmes”, celles qui ne font pas peur, sont vraiment très rares et il est souvent difficile pour des raisons pratiques de se trouver au bon endroit au bon moment. La rareté de ces moments peut décourager et offre un volume de pratique faible, peu propice au retour de la confiance.

Si tu penses que le SIV est une solution pour toi, il ne faut pas le faire “quand on pourra”, il faut s’inscrire maintenant et s’organiser pour le faire à la date choisie (qui doit être proche). Par exemple, un SIV de 3 jours dès cet automne.

Il faut agir pour ne pas laisser la peur te faire passer dans le cas déjà évoqué sur ce fil, de ces pilotes qui ne viennent plus sur les sites… que pour parler ! (avec ou sans bière)

:+1: (et pas “hélas”! :ppte: )

là l’expression me semble un peut forte qd même :grat:
ca serait intéresant que tu développes un peu …

Oui je peux développer… pendant des pages et des pages !
Je vais donc me contenter de donner un exemple personnel.
J’ai fait il y a déjà quelques années un stage SIV d’une semaine et ce fut pour moi une véritable violence psychologique (et le terme n’est pas trop fort).
De plus j’y suis allé volontairement avec une aile non homologuée de l’époque, en taille XS en haut de fourchette.
Disons immédiatement que ça s’est très bien passé et que je n’ai même pas été mouillé…

Je volais déjà depuis longtemps et j’étais (je suis toujours car ça a bien préservé ma santé) un pilote “à l’ancienne” formé avec des règles simples : prendre des marges, tout contrer et garder l’aile au maximum au-dessus de la tête. Tout le reste, je n’en avais qu’une connaissance théorique…
Justement, à ce moment-là j’estimais que je devais en avoir une connaissance pratique pour ne pas être totalement largué dans mon discours et pour éventuellement aller plus loin.
Donc déjà, la décision pour moi de m’inscrire en SIV fut une véritable épreuve. Car théoriquement je savais ce qui m’attendait et je n’avais pas envie de le vivre.
Hélas pas de divine surprise, la réalité (et les sensations associées) s’est révélée en tout point conforme à mes connaissances “livresques” et aux “expériences mentales” que j’en avais.

Je ne détaillerai pas la semaine mais le pire par anticipation était pour moi le décrochage. Inutile de dire que le jour venu j’étais totalement terreur et qu’il m’a fallu toutes mes ressources pour ne pas fuir le décollage en courant et en abandonnant tout mon matériel ! J’y suis allé comme on part à la guerre, celle de 14 (du siècle avant) dans les tranchées…
La manœuvre ne m’a pas déçu, avec cette horrible chute en arrière telle que je l’imaginais, et en plus les mains tout en bas ça secouait encore plus que ce à quoi je m’attendais ! L’horreur ! Et j’en ai fait trois ou quatre à la suite, dont le second avec une magistrale détente asymétrique et chute en passant à 1m du stabilo… bref…

Il y a plein de manières de se faire violence en vol libre, c’en était une.

Personnellement suite à mon accident finalement relativement benin (radius fracturé) j’ai revolé - pépère - mais avec plus d’appréhension qu’avant.
En fait mon niveau de peur en l’air est très variable et complètement déconnecté de la réalité. Je peux me mettre à psychoter comme un débile lors d’un plouf rando (l’autre jour à la dent déco en est j’étais mal à l’aise) et a contrario avoir le couteau entre les dents et me sentir très a l’aise dans une aerologie relativement forte qui brasse des lors que je me suis psychologiquement fait à l’idée que ça va être du “sport”.
Le pire pour moi c’est de partir pour ce que je crois être un plouf calme et de rencontrer des bulles qui me secouent alors que j’ai rien demandé !

Le parapente est vraiment une activité psychologiquement compliquée ! . Lors de mon soucis à Millau je n’avais pas peur en vol. Jusqu’à cette énorme degueulante et ce posé foireux. J’ai eu peur surtout rétrospectivement. J’aurai du avoir peur bien avant de me faire mal et aller poser au lieu de partir connement en XC avec ces conditions de merde.
A++

Tiens si tu comprends l’anglais voila un interessant podcast http://www.theparaglider.com/podcasts/seven-steps-to-fear-management-in-paragliding-43
et son pdf http://www.iapop.com/wp-content/uploads/dissertations/haman-sevenstepstodealingwithfear.pdf

:coucou: VinceBenoit, la réponse de TrpleSeven est dure, mais il y a du vrai :wink: dans le sens ou notre activité est très exigeante au plan mental.
En ce qui me concerne, à la suite du vrac qui m’a immobilisé une bonne semaine, heureusement sans séquelles, ce qui m’a aidé à me remettre en l’air c’est:

  • m’interroger sur ma pratique: pourquoi j’aime voler ? q’est ce que je recherche ? quel est mon niveau ? etc…
  • aucun reproche de mon entourage (discuter de l’activité avec ses proches)
    Beaucoup sur ce forum semblent accorder peu d’importance au facteur humain, mais le facteur humain est excessivement important. Ce sont des pilotes très expérimentés qui mettent en avant le facteur humain. Lire le bouquin (me souvient plus du titre exact) sur les facteurs humains a été pour moi très enrichissant; Autant que le SIV que j’ai suivi en septembre dernier. Le SIV est effectivement une expérience à passer dès que possible. Sur l’ensemble des pilotes présents lors de ce SIV, deux ou trois étaient en “ré-éducation” au point d’avoir du mal à donner de l’amplitude à leur tangage ou de rentrer en 360 engagé. Le mono s’adaptait bien à eux. Je pense qu’effectivement, ils se faisaient violence !

Ce qui m’aide aussi en l’air, quand ça brasse un peu, c’est de savoir que plus tu es haut, plus tu es en sécurité … En l’air, quand tu es haut, il n’y a pas de raison d’avoir peur. En revanche près du relief, il faut rester vigilant. Pour moi, moins je reste collé au relief, mieux je me porte (même en soaring, je préfère en général être le plus loin possible devant)

A part ça je trouve que c’est plutôt raisonnable de vouloir:

  • avoir toujours envie de voler qd on décide de décoller,

  • ne voler que dans des conditions saines,

Le plus souvent je pars en vol rando. Je redescends si les conditions ne sont pas au rendez-vous. A quoi ça sert de se mettre en danger ? personne ne t’y oblige. J’apprends que d’autres ont fait 80 km en partant d’un site officiel à 5 bornes de là, alors que moi je suis redescendu; et alors ? Je m’en fous, j’ai fait une belle ballade … Demain sera un autre jour, et chaque vol, même le moindre plouf est un cadeau

Bons Vols et Enjoy !

La gestion de la peur, de l’angoisse ou du stress, est si personnelle que je ne sais pas s’il est possible d’aider les autres quand on connaît aussi cela.
La peur, la VRAIE peur, celle des Poilus avant un assaut, je n’ai jamais connu.
Le peur ordinaire, quand on a l’impression qu’on risque sa peau, cela ne sert à rien sauf à commettre des fautes, et donc à se retrouver en danger. Dans tous les sports mécaniques, on apprend à gérer cela pour ne pas faire d’erreur, cela passe par une bonne confiance en soi et une grande confiance dans le matériel.
Si l’une des deux fait défaut, il n’y a plus de plaisir.

Une de mes amies est psychothérapeute, spécialiste de la gestion de la mémoire traumatique. Elle a obtenu des succès avec pas mal de ses patients mais aucun avec elle-même, elle consulte donc un confrère.
Cela me fait rigoler.

2007 - Moi aussi j’ai débuté avec le couteau entre les dents, à 59ans ! J’avais la même audace qu’à 15ans sur des skis ou à 25ans dans les grandes faces nord des Alpes… et la sanction est venue assez vite : mauvaise évaluation des conditions météo, décision de décoller au mauvais moment, mauvaise gestuelle et bing ! arrachée en arrière avec un twist, impact sur une petite barre rocheuse et fractures de la jambe gauche.
10 mois et 8 jours sans voler, dont 8 mois sur béquilles.
Cela laisse du temps pour réfléchir.

2008 - Reprise avec du stress et de la ferraille dans le genou, prudence, prudence. Petite saison.

2009 - Retrait de la ferraille en janvier, du ski en mars pour vérifier que tout va bien, et hop ! Reprise des vols.
Et premier sketch : sur une grosse rentrée de vent, ma voile a fait une énorme frontale, puis un shoot mahousse bien temporisé, atterro en marche arrière avec roulé-boulé, ouf !
C’était le moment de faire un SIV.
La saison a été excellente, le moral était revenu. Grosse frayeur en octobre : ma peau ne valait pas cher mais je suis restée concentrée et j’ai bien géré. Pas de bobo, pas de dégâts matériels.

2010 - Premiers cross, deux SIV, moral excellent, un sketch en l’air en me faisant cracher d’un +8 brutal, parfaitement géré… et un excès d’audace sur un déco montagne qui aurait pu m’envoyer au cimetière se termine par un poignet en vrac. Saison terminée, des mois de galère et une réopération magnifique.

2011 - Reprise prudente mais le moral est dans les chaussettes, saison médiocre terminée par une fracture de la cheville à l’atterrissage due à une bulle thermique + un coup de vent de cul + une saillie de terrain. La loi de Murphy.

2012 - Moral dans les semelles, un nouveau SIV s’impose pour le remettre d’équerre… mais une manoeuvre hasardeuse près de l’eau évolue en sketch et se termine par un impact assez brutal. Bilan : D9 et D11 tassées, 6 semaines de repos.
Reprise mi-juillet, et 3 jours après une fille que j’aimais beaucoup se tue à Plaine-Joux.
Moral sous les semelles.

Depuis l’accident débile de 2010 je ne suis plus téméraire, j’ai fait beaucoup de vols, pas mal de temps de vol dans toutes les conditions volables, mais je n’ai jamais retrouvé un mental assez fort pour “engager la viande”. Il m’arrive trop souvent de gamberger en vol quand je me fais brasser, d’avoir sinon les jetons du moins une sorte de stress merdique qui rend le vol désagréable, alors je me botte les fesses en me disant : “ma vieille, tu couillemollises à donf et c’est très con, tu as un pilotage propre et il n’y a aucun danger, ta voile est saine alors applique-toi bien et…”
Ben ce n’est pas aussi simple que ça, la méthode Coué.

Ma petite Diamir vole bien et je suis très bien dessous mais je n’ai pas encore fait de SIV avec, alors quand l’aérologie est forte je ressors ma bonne vieille Artik. Elle a 8 ans mais j’ai fait 4 SIV avec, il ne peut rien m’arriver dessous.
Je suis peut-être arrivée au moment de repasser en classe B sous une voile moins allongée réputée plus facile ? Quand j’entends les copains faire l’éloge de leurs Blacklight, Hook 3 et tutti quanti, je me pose la question.
Et je me dis : “tu as les moyens techniques de gérer tes voiles quoi qu’il arrive, le problème n’est pas là, c’est bien davantage ta relation au vol libre en parapente qui est en cause”.
La mémoire traumatique est une chose mais j’ai toujours envie de voler, simplement je n’aime pas me faire secouer comme une bille dans un sifflet, donc j’attends que les conditions me plaisent pour m’engager dans des petits cross pépères.

Au positif :
Jeudi dernier, je me suis fait poser dans les arbres sous le déco par le rouleau de NE (quelle vieille pioche je suis), sans bobo et sans dégâts. Hier, j’avais un vieux stress avant de décoller, mais du genre gérable, comme sur la grille de départ quand je courais en moto et que j’avais pris un gros volume aux essais. Dès qu’on est en action, la concentration évacue le stress.
J’ai volé normalement. J’avais fait une erreur, la voile n’était pas en cause ni abîmée.
Je suis si bien sous ma petite Diamir !
:trinq:
(Si vous m’avez lue en entier, vous avez bien mérité une petite bière)

Perso j’arrêterais pour moins que ça … mais un grand bravo pour venir ouvertement étaler tout ça. Mais ça fait beaucoup, non ?

Une excellente (comme d’hab’) émission de Jean-Claude Ameisen sur France Inter, à propos de la conscience, des émotions, de la peur et du danger.
A réécouter ici http://www.franceinter.fr/emission-sur-les-epaules-de-darwin-lempreinte-du-danger-0 pour continuer à y réfléchir et en transposer les implications dans nos pratiques.

Chacun est différent, je n’arrêterait pas pour “si peu”, trop passionné et je n’ai pas le même ressenti en vol, je me sens libre et heureux de voler, pas de vertige, pas de “peur” d’être dans les airs, juste du plaisir et je remercie les gens audacieux ont inventés cette magnifique voile qui me supporte.

Jean-Nono

:grat:

je t’ai lu jusqu’au bout . Ai je droit à une bière? :clown:

Bonjour

Je ne parlerai que du seul sujet d’expérience que je connaisse : moi-même

Profil : parapentiste citadin, un peu + de 26 années de pratique dont la moitié sous des voiles compé

Je suis venu à ce sport à reculons, pensant le delta plus sérieux, plus “aéronautique”

Après des débuts hésitants, je n’en étais plus aussi convaincu et j’ai de toute façon été séduit par la facilité de transport et la possibilité de randonner en montagne (que je pratiquais à pied, à skis, en raquettes et en surf) avec un matériel de moins de 20 kg parachute de secours compris

Pratiquant peu du fait d’obligations professionnelles, d’engagements associatifs puis de responsabilités familiales, j’ai volé peu : moins de 1100 vols et tout au plus 600 heures en 26 ans de pratique

Ma passion pour la technique (formation universitaire en technologie) et les belles machines qui sont apparues m’ont néanmoins incité à voler avec nombre d’ailes que je considérais moi même comme délicates

Quelques bonnes résolutions de départ m’ont sans doute sauvé… et un peu de chance aussi !

1ère résolution pour aborder cette activité à l’évidence risquée (ça cassait déjà pas mal) qui m’amena à concourir (modestement) et à essayer pas mal de modifications et de set up sur mes ailes : travailler à fond mon physique, la théorie (bouquins et magazines spécialisés vol libre, vol à voile et un peu d’aérodynamique en français, anglais et castillan), la préparation de mes vols et leur débriefing (pas évident mais ça s’apprend aussi)

Objectif : la meilleure compréhension possible pour éviter les mauvaises surprises

2ème résolution : prise de risque réfléchie (m’enfin…) avec toujours des plans “B”
http://federation.ffvl.fr/taxonomy/term/312?page=4

3ème résolution : valoriser dans ma tête autant les distances que je réussissais en cross que mes décisions de ne pas décoller parce que je n’appréhendais pas bien la situation au déco

4ème résolution : éviter de me faire peur !

Le fait est que je ne retrouve dans mes carnets de vols que deux ou trois douzaines de fermetures dont moins d’une douzaine ont débouché sur des sketches sévères mais gérables… sauf un (secours sous un prototype plus délicat que les autres)

Ma première conviction est que la peur en parapente est le révélateur de contradictions bien plus profondes que ce que notre conscience ne veut bien se l’avouer et que ces contradictions sont pour la majorité issues d’une émulation sociale (ou de groupe) mal gérée

Cette émulation peut être :

  • salutaire quand elle éclaire notre chemin par la compréhension et l’enrichissement personnel qu’apporte le partage du savoir

  • le poison qui nous poussera au bout de nos nerfs dans l’obscurité du plus sombre des cauchemars quand nous suivons par instinct grégaire, sans exprimer nos incompréhensions, sans rechercher sans relâche les explications nécessaires à appréhender à chaque vol un peu mieux un sport aussi complexe et apprendre à juger seul chaque matin nos aptitudes à le pratiquer en fonction des conditions du jour

Ma seconde conviction (qui peut faire tousser) est que sans une sérieuse remise en question à chaque saison comme à chaque étape de sa formation, les stages de perfectionnement comme les “enseignements” de la compétition ne sont que des emplâtres sur une jambe de bois

Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous nous rendons compte que nous manquons de maturité et surtout pêchons par autosatisfaction, pour coller au plus prêt de l’image que nous nous faisons de nous-mêmes, jusqu’à ce qu’une frayeur plus importante que les autres nous ramène à notre réalité viscérale :

  • recroquevillé sur nous-mêmes -en position du fétus- lorsque surpris par une agression physique violente

  • ou son équivalent psychologique, fait abêtissement et de régression

Dans une situation de stress violent, la conscience est alors dépassée par les réflexes les plus profondément (ou les mieux) ancrés

On touche là aux limites de tout apprentissage : la dernière couche n’est qu’une couche de plus sur un medium plus ou moins stable

Le constat est sans appel : le stress décape les couches supérieures pour nous ramener à nos fondements

Si ceux-ci ne sont que peaux de chagrin… alors c’est “bonjour la gamelle”, sur le plan psychologique et/ou physique

Et cela n’est pas propre au parapente : il y a dans les accidents aéronautiques nombre de pilotes compétents qui se sont trouvés soudainement désorientés, jusqu’à essayer de se raccrocher désespérément à leurs premières expériences aéronautiques, à des enseignements primaires qui ne sont pas sans rappeler le sacro-saint “mains aux oreilles” des débuts du parapente… jusqu’au sol…

Ma seconde conviction est ainsi forgée : en cas de grosse peur, reprendre la formation aussi bas que votre égo le permet, avec le matériel qui va bien

  • Travailler, travailler, travailler chaque fois que vous en avez l’occasion, en l’air mais aussi au sol, en gonflage de voile mais aussi en “gonflage de jugeote” (je parle pour moi… c’est vous qui voyez), sur vos connaissances théoriques et votre physique (un bon train d’atterrissage, ça peut toujours servir!)

  • Gratter la moindre parcelle d’incompréhension, désherber l’autosatisfaction et chasser l’esprit grégaire avant de replanter sur un sol sain, même si c’est “décapant” au départ

Jardiner a toujours été la meilleure façon de se ressourcer après un gros crash physique ou moral car il en reste toujours quelque chose :wink:

merci pour le partage, j’ai regarde ca et j’ai apprecie la facon dont elle sythetise son approche de la peur en 7 etapes, faciles a comprendre et, j’espere, a se rememorer en cas de besoin

Bonjour.

Je trouve les témoignages très intéressants car l’on voit des manières différentes d’appréhender , de ressentir , cette activité
ou les notions de plaisir et de peur(au sens large) sont très entremêlées , pour ma part en tout cas volant depuis 2 ans souvent ,
(env 160 vols et autant d’heures) ce sont des sentiments qui cohabitent de façon régulière ( rarement pendant le vol mais souvent avant et au moment du déco)
Je ne suis pas tête brulée et j’ai essayé de progresser en sécurité , une 50 aine de vol en école avant les premiers vol autonome.

Malgré une bonne progression sur site , des tentatives de départ en cross m’ont mis quelques-fois dans des situations que j’ai du gérer a l’impro sans pourtant avoir
eu le sentiment que je m’étais mis en réel danger (je pense notamment à pas mal de vache dans des terrain plus ou moins “safe” , voir limite )
En vol la peur , la vraie , la grande je n’ai jamais connu , pas de vrac ni même de grosses fermetures malgré des conditions forte parfois
mais souvent un sentiment d’insécurité de fragilité mêlé avec celui du plaisir énorme d’être là haut et aussi du plaisir
d’acquérir vol après vol une “certaine” maitrise du milieu permettant de voler plus longtemps , plus haut , plus loin…
Rester ouvert et attentif au conditions , essayer de comprendre la mto du mieux possible , renoncer à décoller si on ne le sent pas.
essayer d’avoir une analyse permanente en cour de vol et après également , c’est ce que j’ai essayé de faire .

En 2014 je vole régulièrement l’hiver et grosse envie de pousser plus loin dans le cross ( quelques un en 2013 . entre 10 et 20 km ) donc bien motivé je fais plusieurs tentative
objectif cross avec un vol super de 50 km en mars , mais parallèlement à ces premier cross qui se passent plutôt bien grandi une appréhension avant chacun me pourrissant
la nuit ou je me fait “des films” ensuite j’arrive au déco crevé et je ne suis pas dans mes vols , plus de plaisir a voler , bcp de stress
La période coïncide avec un premier stage siv que je pensais (souhaitais) formateur , et la grosse désillusion a nouveau beaucoup d’appréhension et comme le dit
triple seven le sentiment de me faire violence avec un vrai pic de stress pendant les séances de 360 je n’irai pas à l’autorot refus d’obstacle…
Retour au vol sur site je veux avoir du plaisir en vol en tout cas ne plus me faire "manger " par le stress en diminuant les difficultés et en ne me fixant pas d’objectif .
ça va mieux , quelques vol plaisirs , ensuite période MTO pourrie, peu de vol, 2 semaines de vacance sans parapente et à nouveau des conditions pas top,
encore quelques vol pas terrible, un peu de démotivation .

Et puis vent de travers au déco aucune raison de m’y trouver et de voler ce jour là, je n’étais pas au bon endroit mais pas
seul , effet de groupe , la brise redresse le MTO , ça va le faire … la suite un enchainement de grandes absences neuronale je pars vent travers et fini ma course vent légèrement arrière
pédalage à fond les manettes pour avoir de la portance , première repose à 50 km h ça passe, merde ça va retoucher et ya plein de cailloux dans le coin …
ça touche et ça décolle ouf …mais j’ai tapé trop fort avec le pied la dernière fois .
Malléole tibiale pétée , intervention , vis, depuis 15 jour je suis sur 3 pattes et prépare assidument le module 2 de mon brevet béquille (celui qui comporte la marche arrière ,
le déplacement latéral façon crabe et le monté d’escalier en colimaçon serré) .

Je me pose des question sur mes grosses erreur de jugement et mon accident , et aussi sur la suite …
Je connais depuis deux ans pas mal de pratiquant plus ou moins proche qui se sont fait mal, un peu , beaucoup , définitivement , mourir ne me dérange pas quoi-que…
Il y a encore quelques truc que j’aimerais bien faire avant :mrgreen: . mais je sais que j’aurais de grande difficultés à endurer les longs mois d’hostos résultant d’un crash sérieux ,
les mois de rééducations , la plus ou moins bonne récupération ensuite , les douleurs pendant des années , la chaise à vie , ou encore la version légume…
A ce propos je bloque complètement sur ton récit Sagarmatha et je suis dans l’incompréhension la plus totale devant tant d’acharnement à pratiquer une activité
qui te brise aussi régulièrement .
Jean -Nono tu dis que tu n’arrêterait pas pour “si peu” c’est du second degré ou de la fanfaronnade ??
Je trouve ton analyse très intéressante Paul et j’ai l’impression qu’il y a bcp d’enseignements à en tirer , merci
Je ne sais pas si mon post amène qqch dans ce fil , mais je me demande pourquoi cette "appréhension , peur " à gagner en importance cette année alors que
j’imaginais plutôt le contraire au fil du temps . :rando: