Je n’en remettrai pas une couche sur le sketch, ayant fait exactement la même analyse.
On passe donc à la suite, pour reprendre la progression un temps interrompue par l’accident.
A 30 vols on est encore dans les couches et il ne faut pas aller voler n’importe où, dans n’importe quelles conditions. Ce fut la première réflexion qui me vint à l’esprit en octobre 2007, sur mon lit d’hôpital, avec 2 plaques et 12 vis dans un genou.
10 mois et 8 jours plus tard, j’ai volé à nouveau, avec un stress monstrueux, puis j’ai failli tout arrêter : la peur prenait le dessus sur l’envie de voler. J’ai donc fait un stage de perfectionnement, puis un autre, et le moral est revenu, avec un peu de sagesse et moins d’audace qu’à mes débuts.
Un sketch à 100 vols avec un shoot mahousse me détermina à faire un stage SIV, puis un autre en fin de saison. Cela m’a beaucoup appris et j’ai volé plus sereinement.
Changement de catégorie de voile en 2010, avec nouveau SIV pour apprendre à gérer ma nouvelle voile. Gros progrès, bons petits cross, et puis un coup de témérité débile en vol rando : décoller vent de cul en utilisant le rouleau pour gonfler, et banzaï ! Cela me conduisit à un nouveau vol en EC145, poignet en miettes, mauvaise opération, des mois d’invalidité et de souffrance, nouvelle opération (magnifique) et rééducation express.
Je n’ai jamais retrouvé mon énergie ni mon niveau de 2010, j’ai depuis l’impression de voler comme une enclume. Nouvelle fracture en 2011 (les deux malléoles cheville droite), bien opérée, et la saison 2012 a été tout à fait dégueulasse : il me fallut du temps pour ne plus avoir la trouille à l’atterrissage, puis j’ai impacté le lac d’Annecy en SIV suite à un sketch à très basse altitude, 3 vertèbres tassées, un mois et demi sans voler. Reprise le 14 juillet, puis le 18 notre amie Sofia se tue à Plaine-Joux.
Depuis ce jour, je pense à elle chaque fois que je me fais essorer et je vais poser.
Le plus difficile, après un accident, c’est de restaurer le mental. Les psychologues évoquent la mémoire traumatique, “somatic experience” en anglais, c’est une pathologie très complexe et difficile à surmonter. C’est moins difficile après UN accident qu’après plusieurs, et l’inexpérience est un facteur positif parce qu’il y a TOUT à apprendre, avec un enthousiasme intact.
C’est là que je voulais en venir.
Bons vols à tous*