Ouaip, c’est bien joli de vouloir de la précision mais avec le facteur humain c’est déjà vicié à la base.
Une note sur 20 me semblerait un peu plus réaliste, la note sur 20 parle à tous ceux qui sont fait quelques études mais je ne suis pas certaine qu’elle serait beaucoup plus pertinente, simplement parce que les constructeurs rechigneraient à produire des voiles notées zéro / 20.
Une anecdote très actuelle.
Tout le monde a entendu parler du calendrier de l’Avent, avec des chocolats dans des petits logements, à ouvrir chaque jour qui rapproche de Noël. Une entreprise, nommée “Saveur Bière” propose un calendrier de l’Avent avec pour chaque jour non pas un chocolat, mais une bière différente.
L’idée est a priori séduisante et une amie de ma fille, sachant qu’elle aime beaucoup la bière, a eu l’idée de lui faire ce beau cadeau.
Chaque jour, donc, elle met une nouvelle bière au frigo, à déguster le lendemain.
Heu…?
Nous les buvons ensemble, ces bières, sous forme de dégustation et en donnant à chacune une note /5 pour la robe, l’arôme, le goût et le plaisir, ce qui finit par une note sur 20 qui reste tout à fait subjective, nous sommes rarement d’accord sauf quand le machin est si dégueulasse que cela finit à l’évier, avec pourtant une note de robe qui le sauve de l’infamant zéro.
Il y a bien longtemps, je fus réquisitionnée pour corriger les épreuves du certificat d’études primaires. Ce fut évident sauf pour le dessin, qu’il fallait noter de 0 à 5. Je m’en sentais incapable, les autres aussi, alors nous fîmes des piles en fonction de ce que nous estimions, notant 0 ou 1 le sujet traité, la qualité du trait, la finesse du trait, la couleur et le résultat d’ensemble… et en ajoutant un point à ceux qui n’avaient pas eu 5/5 de façon à éviter de mettre zéro.
Il est très difficile de noter quoi que ce soit quand le facteur humain est en cause, toutes les cours de justice savent à quel point les témoignages peuvent être fragiles voire complètement aberrants.
Si on reprenait les tests EN en mettant à chaque test une note de 1 à 5 au lieu des ABCD actuels, en faisant ensuite le total, on aboutirait à coup sûr à additionner des chèvres et des moutons pour obtenir l’âge du berger.
On pourrait trouver raisonnement plus débile mais il faudrait bien chercher.
Quand j’ai débuté dans l’enseignement, une “réforme” venait de remplacer les notations de 0 à 20 par des lettres ABCDE. C’était certainement sorti des cerveaux débiles et embrumés de quelques littéraires abrutis du ministère parce que pour noter ainsi une copie de maths c’était impossible, et je ne raconte pas le problème pour faire sortir des moyennes.
On revint fort heureusement très vite à la notation classique sur 20.
La cotation actuelle des voiles ressort d’une notation du même type : A pour les nuls, B pour les moyens-faibles, B+ pour les moyens, C pour les bons et D pour les experts. Cela ratiocinera tant et plus de toute manière, de même que quand on a fait une voie d’escalade on va soit la coter selon le passage le plus difficile, soit selon l’engagement d’ensemble, étant entendu que coter en +V la Walker ou un moindre caillou circuit rouge du Cuvier à Bleau ne peut pas être considéré comme une même cotation.
Les tests EN étant effectués en air calme sans action du pilote, les résultats ne renseignent pas sur le niveau de pilotage requis en air turbulent avec action du pilote.
Ma pensée se rapprocherait alors de :
1 - que des A. Cote A : voile facile avec forte sécurité passive, accessible aux débutants volant en conditions à leur niveau.
2 - que des A et un seul B. Cote B : voile facile avec bonne sécurité passive, accessible aux pilotes “loisir” un peu aguerris et volant en conditions diverses.
3 - que des A et plusieurs B, aucun C, allongement inférieur à 5,7. Cote C : voile accessible à des pilotes expérimentés capables de voler en toutes conditions et de gérer des sorties du domaine de vol. Certificat à produire visé par un moniteur spécialiste en stages SIV.
4 - des A et des B partout avec un seul C, allongement inférieur à 6. Cote D : voile exigeante demandant un bon niveau de pilotage et la capacité de gérer des sorties violentes du domaine de vol. Certificat à produire par un moniteur spécialiste en SIV.
5 - des A et des B partout avec un seul C, un D au plus, allongement supérieur à 6. Cote E : voile très exigeante demandant un niveau de pilotage élevé et la capacité de gérer des sorties violentes du domaine de vol. Certificat à produire par un moniteur spécialiste en SIV.
6 - des A, des B et plusieurs C, allongement supérieur à 6, au moins un D. Cote F : voile de compétition, réservée à des pilotes experts de haut niveau ayant déjà obtenu des résultats en compétition et très conscients des risques encourus en cas de sortie du domaine de vol.
Ce serait là une sorte de synthèse entre les tests actuels, en constituant la base, et à la sortie un niveau de pilotage exigé.
Cela ne permettrait pas de faire sortir en B des voiles aussi paisibles que l’Epsilon et aussi performantes que l’Explorer, d’en finir avec la bouteille à encre des B+ qui sont plus exigeantes que des C bien pensées.
