J’avais déjà des oreilles de bonnes dimensions et comme attendu JP ne s’est pas privé de leur donner un petit développement supplémentaire.
Il y a dans ma hargne contre les bétonneurs et les combinards de tout poil une dimension que chacun aura ressentie. La Montagne (avec un grand M) se mérite et le maillage de saloperies qui la défigurent - remontées mécaniques, lignes à haute tension, constructions discutables etc - ne peut pas laisser insensibles ceux qui l’aiment pour ce qu’elle est : un terrain de jeu merveilleux et exigeant qui pousse au dépassement de soi, à l’effort, à une rencontre avec soi-même et avec les autres, de toutes nationalités, et qui rebute les gros culs cravatés, les bidochons et les foireux de toutes espèces, partisans du moindre effort.
J’ai déjà écrit que le train du Montenvers a fini par s’intégrer au paysage de Chamonix, de même le téléphérique de l’Aiguille du Midi, mais quid des énormes escaliers pour remonter de la Mer de Glace les pauvres skieurs qui ne peuvent plus descendre par les Mottets ? Les aménagements à vocation touristique trimballent des touristes - donc du fric sur pattes - mais les skieurs de haute montagne ne sont pas des bidochons et les soulager d’efforts physiques sur un terrain techniquement difficile n’est pas dans la philosophie de la haute montagne, plutôt dans celle de la recherche du moindre effort, donc du drainage du fric des bidochons.
C’est dans ce cadre que je vois le projet ubuesque et délirant de tirer un téléphérique entre Angon et le col de la Forclaz, qui ne pourrait éventuellement drainer que des touristes.
Evidemment - el le bulletin de Talloires ne le dit pas - défigurer le site d’Angon permettrait de pouvoir ensuite y construire des HLM (c’est une image), donc de faire la fortune des propriétaires des terrains, actuellement inconstructibles donc de faible valeur.
Si on considère l’énorme exagération de la fréquentation des deux sites de décollage, destinée à faire croire qu’un téléphérique serait rentable pour pouvoir le construire, si on considère aussi l’invraisemblable exagération de la fréquentation de la route de la Forclaz, destinée à faire croire que les touristes gagneraient à prendre le téléphérique… sans dire qu’il y a des riverains de la route influents qui tireraient bénéfice d’une moindre circulation… parce que - qui sait ? - leurs terrains de St Germain ou de Rovagny deviendraient constructibles… Dans ce pays de non-droit et de passe-droit, bananier et plus ou moins mafieux, rien n’est innocent dès qu’apparaît un projet pharaonique de construction.
Brandir une fumeuse “théorie du complot” n’est pas innocent non plus, et les gens qui s’y livrent oublient tout ce qui s’est fait dans le monde sous la houlette des “Chicago Boys”, pour le plus grand profit (à court terme) de l’Amérique.
Nous sommes en France mais notre pays a lui aussi été terriblement appauvri par cette “économie du désastre”. Il ne faut pas se faire d’illusions.
Il ne faut pas me lire de travers. Je hais viscéralement les menteurs, les faux-culs, les filous, les mafieux, les profiteurs, les escrocs, les magouilleurs, les démagogues, toutes gens qui baratinent à qui mieux mieux pour tirer profit de combines aberrantes dont la Montagne sera la principale victime, les contribuables ensuite qui devront éponger les déficits.
Dans un montage financier, il y a toujours des gens qui se font du pognon et des cocus qui payent à travers les subventions évidemment issues de leurs poches. Dans le projet qui est au centre de ce débat, que je qualifie d’imbécile et de malhonnête (pour édulcorer ma pensée), il y a à l’évidence des intérêts qui se dissimulent (mal) derrière le cache-sexe étriqué d’études basées sur des données à dessein grossièrement fausses.
Une enquête du Canard ferait peut-être un peu de lumière là-dessus ?
Pour répondre à Hub (entre autres) :
Quand une construction aussi onéreuse qu’un téléphérique est lancée, il y a des gens qui y mettent des billes en prêtant du pognon, toutes gens qu’il faudra rembourser, évidemment. Ces gens-là savent que leur fric rapportera, même s’il y a un énorme déficit.
Il y a deux sortes de rentabilité, selon nos énarques, et le machin serait en rentabilité basse, ne prenant en compte que les coûts de maintenance et de fonctionnement… basés sur des estimations fausses, surévaluées d’un facteur 2, et sans tenir compte de la réalité de la fréquentation du site de la Forclaz.
Si un jour le machin est construit - ce qui me semble invraisemblable - et rapidement arrêté à cause des déficits, il ne sera pas démoli (voir la merde de Balmette, dont l’ordre de démolition ordonné par le Préfet n’a jamais été exécuté), de même que le téléphérique des glaciers de Chamonix n’a jamais été démoli, polluant la rive droite du glacier des Bossons depuis 70ans, à l’image du Mur de l’Atlantique.
Il ne faut pas rêver : tout n’est qu’une affaire de gros sous.
Pour répondre à JP :
Je sais parfaitement que l’atterro de Planfait ne va pas être déplacé ailleurs. J’ai écrit cela en prenant en compte l’agrandissement prévu, actuellement non encore finalisé mais en bonne voie, ce qui fait qu’on se posera principalement sur la parcelle comprise entre l’atterro actuel et le terrain faisant office de parking. Cela ne déplacera que la zone d’atterrissage, en réalité ce sera donc bien un déplacement de l’atterro. Les taupes et autres campagnols y gagneront, n’étant plus obligés de mettre des casques quand Mme POB atterrit.
Je n’irai pas jusqu’à dire que les mouches ont mal au cul sinon JP va encore me tirer les oreilles.
Sur ce je vais aller voler.
Bons vols à tous*