Bonjour Wowo,
Dans ta volonté pédagogique de nous expliquer qu’il ne tient qu’à nous de voler en sécurité, il me semble que tu fais abstraction d’une notion pourtant essentielle dans les sports nature : l’engagement.
Il me semble comprendre pourquoi, cette notion met à mal ton propos. En effet en revenant aux définitions ci-dessus, ta proposition qui affirme que quelques soient les dangers d’un site ou d’un vol, seul le pilote transforme ces dangers en risque par ses erreurs, a pour corrolaire que le pilote parfait (maîtrisant parfaitement sa machine et ne commettant jamais aucune erreur) ne court aucun risque (probabilité strictement nulle d’avoir un accident en vol ou seulement des accidents de gravité nulle, ce qui signifie que ce ne pas un accident). Si un tel pilote existait, la seule décision qu’il pourrait prendre serait de ne jamais décoller.
Comment pourrait-il être sûr par exemple qu’aucune pluie de météorites ne détruira sa voile en vol?
En réalité, nous négligeons ce danger car la probabilité d’occurence de cet événement est infinitésimale (c’est vrai que ça serait vraiment pas de bol :mdr:).
Dans la pratique, nous essayons d’estimer au mieux la probabilité d’occurrence d’événements redoutés, leur criticité et quand ce risque nous paraît subjectivement faible par rapport à notre satisfaction, nous décidons de voler. Oublions un instant nos erreurs d’appréciation (que nous essayons aussi d’estimer, on appelle ça nos marges).
Un pilote ultra-prudent comme toi, va choisir ses conditions et piloter sa voile pour ne subir de fermeture que toutes les 200 heures de vol (1 fermeture tous les 4 ans si tu voles 50h00/an). Tu as également aiguiser tes réflexes de pilotage pour ne jamais perdre plus de 20m (pas mal le pilote!) lors de cet incident et tu prends les marges suffisantes pour ne jamais te retrouver à moins de 50m du relief. Tu te reconnais?
Admets que mes hypothèses sont réalistes…
Continuons, la durée moyenne de tes vols est de 50 minutes (3000s). OK, OK, cette durée m’arrange pour simplifier les calculs.
Ta phase de déco à moins de 20m sol dure 10s et ta finale dans la même zone de dure 20s.
Tu es donc en risque pendant 1% de ton temps de vol (30s/3000s).
Tu acceptes donc un risque d’impacter toutes les 20.000 heures de vol, soit tous les 400 ans…
C’est ce que j’appelle ton niveau d’engagement.
Pas de panique, pondérons par la criticité. Dans 50% des cas ce sera juste une grosse frayeur grâce à la faible vitesse de l’impact (incident très bas ou quasi-rattrapé, sol meuble ou arbres), dans 30% des cas une blessure légère type entorse, et dans les 20 derniers pourcents, une blessure hélas sérieuse.
Dis autrement, si on prend 2000 pilotes de type Wowo cette année, 1 risque statistiquement de se blesser grièvement.
Ce Wowo-là vole comme toi !
Mes hypothèses sont criticables et tu arriveras peut-être à te persuader que c’est 1 sur 5000 ou 1 sur 10000. Il n’empêche quand tu es le Wowo auquel cela arrive, tu ne peux t’empêcher de trouver ça injuste et je comprends bien pourquoi les 9999 autres préfèrent l’accuser d’inconscience ou d’incompétence.
Restons humbles face aux accidents, nous sommes tous menacés.
FK
PS: Sur le fond, je suis d’accord avec toi. Le seul moyen de faire baisser l’accidentologie est de nous responsabiliser sur chaque incident/accident. Mais même si nous y arrivions parfaitement, elle ne disparaîtra pas, elle tendra juste asymptotiquement vers notre niveau d’engagement.