Moi non plus je ne suis pas BE mais j’ai quelques notions bien structurées de physique et de mécanique, ce qui m’aide à comprendre ce qui se passe quand je vole, sans regarder la voile.
De même, je ne regarde pas la roue avant de ma moto quand je roule.
Le grand danger, quand on décroche, ce sont les mouvements aléatoires des mains, qui peuvent être produits par le barattage et qui ont hélas des conséquences sur les comportements de la voile.
C’est pour ça qu’il faut étudier la figure en milieu sécurisé, et ce après avoir validé pas mal de figures diverses, qu’on nomme “éducatifs”.
J’avais atteint le niveau du décrochage lors de mon SIV de juin 2010 mais le faire une fois ne signifie pas maîtriser la question, j’ai donc fait du décro à haute dose (une ou deux fois par vol) lors de mon SIV de mai 2012.
Une voile normale se décroche très bien en freinant au-delà du taux de chute mini : quand on sent qu’elle n’avance plus, on enfonce tout et bing, c’est parti ! L’inertie fait passer le pilote devant la voile, qui se retrouve derrière vu qu’elle ne vole plus, d’où la sensation de bascule arrière, comme dans une grosse ressource.
Maintenir le décro en bloquant les mains sous les fesses est assez dangereux : on a 30 ou 40kg à tenir, il ne faut surtout pas remonter les mains tant que la voile n’est pas stabilisée au-dessus de la tête, sinon on encaisse le shoot de 90° + le rappel pendulaire, et la voile se retrouve sous les pieds.
Pas glop du tout.
Une fois que la voile est au-dessus de la tête, on remonte les mains doucement pour s’accrocher sous les maillons et trouver la marche arrière. Là c’est royal, on est très bien et en sécurité.
Pour éviter la phase de bascule arrière / barattage / stabilisation, qui est dangereuse, prend du temps et consomme de la hauteur, on attrape tout de suite des points d’ancrage sur la sellette pour se mettre en marche arrière. On se fait secouer mais on ne risque plus du tout le shoot mahousse et la chute dans la voile.
C’est pour trouver le meilleur point sur ma sellette que j’ai voulu vraiment travailler le décro.
Entre 2010 et 2012, la pédagogie de David Eyraud a encore évolué. En 2010, j’étais sortie avec deux petites cravates au niveau des stabs. En 2012 il demande de faire une séquence de sortie bras hauts / tempo / bras hauts, la tempo étant destinée à empêcher la voile de cravater en sortie de décro. Et cela marche évidemment à la perfection.
Le gros problème avec mon Artik 1, c’est qu’il faut des bras d’hercule pour la décrocher, et quand j’y suis arrivée je l’ai pratiquement toujours décrochée en asymétrique, avec un violent départ en vrille arrêté par la mise en marche arrière. J’ai essayé des tas d’ergonomies de prise de commandes, allant jusqu’à monter des poulies d’acro, mais bernique, je n’ai pas assez de bras.
Pour de la sécurité passive c’est de la sécurité passive ! Mais si un jour ma voile cravate vilain, je serai dans des draps tout aussi vilains s’il faut la décrocher pour sortir la cravate, tout en contrant la rotation.
J’ai aussi pas mal travaillé les fermetures, et pas des fermetures de midinette ! En vol, j’ai aussi encaissé deux frontales pas tristes en me faisant éjecter de thermiques puissants, quelques asymétriques aussi, aucun souci pour garder la voile en vol et garder le cap.
En résumé il ne faut pas avoir peur à priori du décrochage. C’est un incident de vol qui n’arrive normalement JAMAIS si on ne taquine pas les basses vitesses en aérologie malsaine, et toutes les voiles préviennent avec des commandes de plus en plus dures. C’est un peu comme quand on prend un bateau de ligne, normalement le risque de naufrage du genre Titanic est assez limité.
Bon, je ne suis pas une technicienne mais il arrive que je pige des choses et parfois que je sois capable de les expliquer.
Bons vols à tous*