Dernier vol avant la nuit

C’est là :
http://www.parapentiste.info/forum/flood/querelle-vieux-vs-jeunes-etait-utilisation-de-laccelerateur-t12471.0.html

Surfair ! J’avais oublié ton intervention sur le côté mystique du parapente… franchement, je crois qu’à lui seul il peut supprimer de nombreuses sources de doute ou d’appréhension : tant que tu restes dans une démarche mystique et que tu cesses de lutter, tu en sors transformé (et tu voles en sécurité…). karma+

C’est vrai que cette activité a tellement de paramètres que la progression de sa formation s’apparente à un chemin spirituel, il faut laisser le temps changer l’esprit. Un des pièges, il me semble, est de vouloir engranger au plus vite le maximum d’expérience pour pouvoir avoir l’impression de maîtriser le sujet (ça déja été dit? :canape:). En tout cas il faut jongler entre la découverte de nouveaux site/aerologie/aile… et se donner du temps. C’est trés frustrant quand on a que ses weekend et qu’en plus ça ne vole pas, non seulement on ronge son frein, mais également on se dit que l’on ne progresse pas. Mais personnellement si je m’étais laissé plus de temps j’aurais pu me prendre une bonne frontale dans des conditions thermique sur un site avec du gaz plutôt que de le faire sur un petit site de soaring à 5 m du sol. L’expérience que j’aurais connue en me donnant plus de temps aurais, je pense, modifié mon état de conscience et évité (ou en tout cas minimiser les risques) de ce facheux accident. C’est sur que passer 10 ans à voler 10h/ans n’est pas super formateur mais entre: attendre la retraite et la chaise roulante ya pas photo, mais heureusement une multitude d’autres options. Il faut gérer ou choisir golf comme activité :lol:

je suis pilote militaire et ça m’aide énormément dans ma pratique du parapente car j’utilise toutes les ficelles qui m’ont été enseignées dans mon boulot:
à commencer par me faire un briefing de mon vol et un débriefing. Je pense que trop de parapentistes décollent en ayant seulement vérifié la force et la direction du vent ainsi que les cuissardes et ventrales…
j’apprends énormément de mes ploufs surtout ceux de 2mn sur un site qui fait 100m de dénivelée car les différentes phases du vol s’enchainent très vite et il faut être au rdv.
Parfois je vole après ma journée de travail (enfin ma journée de vols… :sors: ) bref: j’arrive au déco, les conditions sont moyennes car vent trop faible ou trop décalé, et je suis mort de faim car je n’ai pas parapenté depuis 2 semaines; et bien là je me dis: “attention mon gars, c’est le jour où tu peux faire une connerie à vouloir insister!” .
Je pense aussi qu’il faut discuter avec les autres pilotes pour partager les expériences et surtout les doutes…car je vois bcp de pilotes qui ont l’air vachement sûr d’eux alors qu’ils sont très stressés et ça se voit dans leur façon de décoller.

Les messages de Surfair et de Piwaile de ce topic sont particulièrement bien reçus de ce côté de l’écran (Thanks ! :wink: )
Ca correspond exactement à une prise de tête que je me suis organisé moi-même tout seul avec moi-même dernièrement et que je résoud petit à petit.

En fait j’ai juste oublié un truc. Tout de suite après mon stage init et dès mes premiers vols solo, , je m’étais retrouvé complètement béat en réalisant que, à 40 ans, je venais de découvrir une activité qui pouvait m’accompagner toute la vie, comme un art martial super zen, un truc super perso, “en profondeur”, où je n’avais de compte à rendre à personne (pas de but particulier à atteindre), où je pouvais justement prendre tout le temps pour progresser, un truc où je pouvais ne jamais cesser d’avoir des trucs à apprendre ou à découvrir. Jusqu’à perpète, en y allant zen. (c’était MA vision du parapente. je conçois completement qu’il y en a de completement différente)

Et comme un con, après avoir passé tout l’hiver à mater des vidéos de parapente et à attendre ma nouvelle voile, j’ai démarré cette nouvelle saison comme un pitbull, en me mettant grave la pression, du genre “cette année on arrête les conneries, on se sort les doigts et on grimpe au plaf tous les jours comme un grand, c’est compris ?!”. Je m’y suis pris comme une brute, en arrivant au déco avec un vrai mental de boxeur, je me suis fait secoué, j’ai eu des petits flips, des vrais frustrations, et avec le recul, si j’ai trouvé quelques vols sympas (ceux où je réussissais à rester en l’air), ils ne l’étaient finalement pas tant que ça.

Bref… je vais redescendre pas mal la pression, et revoir tout ça façon plus zen, comme au départ. C’était vachement mieux.

On en revient à l’identification des pressions qui amènent des comportements à risques comme dans le doc que je mets au début de ce post…

C’est vraiment une activité qui nécessite de faire l’essuie-glace, je veux dire par là que pour un coup à droite où j’ai volé ou fait un truc sympa, y’a un coup à gauche pour remettre en question le déroulement de ce vol, le regarder avec un autre oeil même si l’on croit que tout s’est bien passé. Pour voir ce qui a pêché et ce qui nous manque, que ce soit des compétences, du calme, etc…

Il y a quelques semaines, on fait un cross de 91km sur un WE d’initiation au cross. Les 30 derniers kilomètres était une partie que j’avais fait l’année dernière alors que j’avais ma voile depuis 3-4 semaines. Avec le recul, je survolais cette zone, en me disant qu’à l’époque je ne calculais rien, mais rien du tout… J’ai pourtant fait les bons choix à ce moment mais à l’aune du peu de maîtrise de l’époque, quasiment par chance. J’ai suivi quasiment le même parcours, 100 vols plus tard et surtout je me disais que si je revenais dans 5 ans, je penserais la même chose en 2015 du vol 2010 que là du vol 2009 par rapport à mes compétences 2010…

10ans, il a peut-être raison…

Voilà qui rentre bien en raisonnance avec le “tout, tout de suite” ! :wink:

ou avec conditions exceptionnelles, groupe homogène, très bon encadrement et alors les choses s’enchaînent sans tirer sur la corde…

Le vol libre c’est très comparable à la marine à voile.
Si tu veux faire, avec une sécurité raisonnable qui te permettra de durer, autre chose qu’un aller-retour dans la baie avec toujours la côte à vue, ça doit remplir ta vie.

Le risque zéro n’existe pas, ca se saurai… mais il est clair que voler sans plaisir c’est pas le pied car avant toute chose si nous sommes sur cette bonne vieille Terre autant se faire plaisir puisque on ne fait que passer !
Voici une petite vidéo qui résume bien les fondamentaux de la pratique du parapente, qui font les vieux parapentistes: LE PLAISIR AVANT TOUT ! Pas de parapente sans plaisir…
Bon vols… :wink:
http://www.youtube.com/v/PQ1V9dQB-rw&hl=fr_FR&fs=1&color1=0xe1600f&color2=0xfebd01

très bonne analyse !! :pouce:

mais euhh…tu dois l’avoir vach’ment longue toi dis moi !! :mrgreen:

karma+ pour cette formidable perte de temps très bien écrite que tu m’a fais subir !!

salut,

Juste pour dire que je comprends ce que peut ressentir Thibaud, car j’ai le sentiment de vivre la même chose avec les sports que je pratique depuis de nombreuses années (VTT et ski) et dans lesquels j’ai l’impression de moins en moins m’épanouir.
Je fais du VTT à un bon niveau de descente depuis près de 15 ans et du coup j’ai fait un paquet de bornes essentiellement en montagne. Du coup forcément j’ai acquis une bonne technique en descente. Idem en ski.

Seulement, désormais, quand je vais faire du VTT, il est rare que je revienne vraiment avec la “banane”. J’ai l’impression d’être insatisfait de ce que je fais. Je sais pas si c’est du au fait de rouler souvent dans les mêmes endroits, au fait d’avoir l’impression de stagner dans mon niveau. Bref difficile à définir.

Je lisais avec beaucoup d’intéret les posts et notamment ceux de surfair qui dis qu’aujourd’hui les gens veulent tout, tout de suite et ne veulent pas prendre le temps d’apprendre.

Je le vois fréquemment. Des jeunes (ou moins jeunes) qui débarquent dans les activités comme le ski de rando ou le VTT et qui veulent après quelques jours de pratique, immédiatement aller tâter de la pente raide ou du sentier technique en montagne !

Personnellement, j’ai mis des années de ski avant de faire mes premiers couloirs ou pentes un peu raide (40-45°) ! En VTT, il m’a fallu de nombreuses années pour pouvoir être à l’aise en descente, sur de moi dans mon pilotage pour pas me boiter à chaque difficultés.
J’ai commencé le VTT en 96. Je dirais qu’il y a que 5 ou 6 ans ou je suis bien dans mes baskets sur mon vélo, avec une bonne technique qui me permet de passer propre.

Alors en VTT, l’avantage, c’est que dans 95% des cas, les chutes est bénigne. Au pire quelques contusions, un membre cassé. Rarement plus grave, et heureusement.
En revanche, en ski, la chute dans un couloir, une avalanche, et c’est plutôt la mort assurée dans 90% des cas…

Je pense que la société moderne, basée sur la performance et la comparaison systématique entre individu, et aussi l’effet internet joue un rôle important dans cette notion du besoin d’être “bon” et de faire des trucs durs en sport.
On a beaucoup plus de mal à apprécier des plaisirs simples : une rando en forêt parce que les conditions sont craignons. Un tour de VTT cool sans sentier technique, un plouf en parapente plutôt qu’un cross de X kilomètres.

Après avoir cotoyé pendant longtemps ce milieu, je me rend compte que le plus dur dans nos sports, c’est pas de faire telle ou telle pente, tel ou tel sentier, mais bel et bien de savoir ce que l’on cherche dans sa pratique d’un sport, d’avoir un projet dans une activité, le tout sans être toujours influencé par les autres.

Quand je parlais de l’effet internet, c’est au niveau de la sur-information qui peut entrainer une frustration chez certains. Je dirais qu’avant le gars qui randonnait à ski dans son coin ou avec quelques potes, était content, à son niveau. Désormais, quand il voit les dénivelés accumulés par certains, leur carnet de courses sur skitour ou autre, il se dit “merde, moi je fais que ca, et eux ils font tout ca” ! Ca peut vite devenir frustrant.

Dans le parapente, le problème est le même à mon avis, comme dans tous les sports de ce type qui ne sont pas régis par une notion de vainqueur/vaincu comme dans le tennis, le foot ou tout autre sport classique.

Je pense que l’essentiel est d’arriver à définir un projet à sa mesure, que l’on pense pouvoir atteindre en fonction de ses capacités.
Il y a des activités quasi sans risque comme l’escalade sportive, ou on peut se lancer à fond et même tâter plus dur que son niveau si on a pas peur de se prendre des plombs; Parait que c’est même comme ca qu’on progresse le mieux. En revanche en parapente, faut la jouer nettement plus finement, et savoir raison garder.

En tout cas j’espère qu’à l’issu de mes prochains stages j’arriverai à garder cette sagesse que j’ai sur le papier, mais pas forcément dans la réalité…

a++

D’accord avec ton analyse; la petite vidéo que j’ai mis plus haut résume ton point de vue: ne pas se prendre la tête mais juste du plaisir ! karma+

:coucou:

mouaip … je suis à moitié convaincu
Je pense que la compétition (relayée par internet ou par tout autre média peut engendrer des frustrations … ça oui
mais si on a un vrai mental de compétiteur, on a aussi appris à perdre ! sauf quelque rare prodige (tellement rare que je le met au singulier exprès) qui peut se targuer d’avoir tout gagné depuis le début. La compétition c’est l’école de la comparaison avec les autres (en plus de l’école de la recherche de la performance)… dans tous les sens : apprendre à perdre, apprendre à gagner ponctuellement puis savoir se forger un esprit gagnant pour se mettre dans chercher des conditions “gagnant”.

Je suis assez d’accord avec la société du “tout, tout de suite” … où les gens connaissent le gros du vocabulaire technique de tout et n’importe quoi… et finissent par croire qu’on peut tout faire. Dans mon métier, depuis longtemps, je fais la comparaison avec darty (ou carrouf) qui vends des ordi en faisant croire que tout le monde peut s’en dépatouiller…
Bref pour en revenir au parapente … il y a plusieurs “démons” à combattre où il faut croiser

  • son propre regard sur soit, le regard des autres
  • ses propres capacités, ce qu’on a su faire (par le passé (*)), ce qu’on saura faire (plus tard)
  • ce que les autres savent faire, ce qu’ils ont su aire, ce qu’ils sauront faire

(*) particulièrement vrai au printemps où on a trop facilement tendance à se souvenir des exploits de fin d’été dernier où on était bien rodé, bien à l’aise etc …
pour moi, c’est un peu plus facile : c’est maintenant avec mon faible volume de vol à comparer à il y a 2-3 ans où je volais beaucoup plus.
Je suis par exemple assez :mrgreen: de voir des copains qui ne comprennent pas que je fasse un vol “contemplatif” de 3H avec seulement 40 bornes au compteur avec les conditions de lundi… c’est vrai que j’ai eu un petit pincement en croisant cawotte au bout de son triangle de ~150pts … mais j’étais déjà heureux de “tenir en l’air” et être suffisamment à l’aise avec mon aile pour lâcher les commandes et me gratter le nez détrimmé.

Bof… pourquoi vouloir se comparer? J’étais débutant il n’y a pas si longtemps, et je me considère encore comme “débutant +”, c’est à dire comme un pilote maîtrisant les bases techniques, sans plus, et manquant encore beaucoup d’expérience.

Eh bien, je n’ai jamais cherché à me comparer avec les “cadors”. Je vole pour mon plaisir, il y a bien meilleur que moi, et alors? J’aime progresser, mais à mon rythme; alors, effectivement je commence à tâter des petits parcours, mais faire un “plouf” reste un plaisir, être en l’air…
Je garde par exemple un super souvenir d’un vol fait cet hiver dans les Vosges, magnifique lumière, air immobile, un magnifique plouf contemplatif, rien ne bougeait… ça na duré que quelques minutes, mais un vrai bonheur.

J’ai fait de VTT en club et puis avec des pote sur un “spot”.
Et justement je pense qu’en vtt de freeride ou descente, on tombe beaucoups plus souvent qu’en para (encore heureux), évidemment on se fait pas toujours mal, mais il y’a quand même pas mal d’occasion de se faire bien mal :expressionless:
Sur les drop, gap, saut, casse du cadre, trauma cranien … Le VTT bien engagé me semble plus dangereux :?

Encuite je suis d’accord sur le reste.

c’est sur qu’il y a un gros niveau d’engagement dans le VTT “freeride”.
En revanche, la différence, c’est qu’il me semble qu’il y a moins de mauvaises surprises. Certains récits d’accidents de parapente que j’ai pu lire ressemble plus à de la malchance qu’autre chose, un peu comme certaines avalanches en ski de rando.
En ski de rando, on peut être super prudent, et se prendre une coulée de neige par risque 1/5 (ca m’est arrivé une fois de faire partir une belle plaque et c’était par risque 1).

En VTT l’accident est essentiellement provoqué par un engagement un peu trop fort, et un manque de prudence. Y’a pas ce phénomène de l’élément (air, neige) qui est extérieur et parfois, souvent, traitre.

Enfin, c’est en tout cas l’analyse que j’en fait

allez a++

Bien d’accord! On peut voir un sentier et les obstacles qui y sont (des fois c’est dur tellement ça va vite mais on peut faire une reco…), mais on ne peut pas voir les mouvements d’air. On ne peut que les estimer à partir de l’observation d’autres éléments, et des fois on se plante! S’il est toutefois impossible rare de se tromper sur des conditions d’huile lors des ploufs du matin, l’estimation des conditions calmes pour les vols du soir sont parfois bien plus compliquées :grat: quand tout est calme avec juste encore le passage de petits pétards de loin en loin…

Le récit de l’expérience de Thibault est très intérressant : Il met en évidence le côté psychologique de l’activité, partie que l’on étudie guerre en stage de formation et dont on parle peu il est vrai. (peu mais pas jamais). Bref, moi, y a juste un paragraphe qui me dérange un peu. Ce sont des conclusions que je ne partage absolument pas :

C’est un sport riqué et dangereux : Ben oui, au même titre que beaucoups d’autres si on ne respecte pas une progression adaptée. La plongée, le freeride, l’escalade etc etc Aucune de ces activité ne me parait anodine.

On se lasse des ploufs du matin : Parle pour toi ! Le vol rando est une super activité. Evidemment, il faut aimer randonner pour ne pas se dire à l’arrivée que ça n’est pas valable 3 heures de marche pour 20 mn de vol. Pour moi, c’est 3h20 de bonheur.

Le parapentiste moyen ne cherche pas la turbulence et le vol musclé, il cherche effectivement à faire durer le vol, et pour ce faire il va devoir composer avec la turbulence inhérente au vol thermique. Ca, se travaille patiemment, vol après vol. Il faut acquérir de l’expérience, de la confiance, de la technique…

On ne maitrise pas l’aérologie mais on la comprends de mieux en mieux avec le temps. On peut toujours se faire surprendre…et on peut bien le vivre aussi sans que ça laisse de séquelles…

Quant aux risques inconsidérés, chacun est le maitre à bord, mais si tu a passé tous tes vols à “griller volontairement toutes les marges”, ben je comprends que tu arrêtes l’activité aujourd’hui…

Perso, je pense qu’il faut suivre une progression à son rythme, en fonction du temps que l’on a, et de ce que l’on souhaite faire avec un parapente : On est pas obligé de faire du cross ou de la voltige comme les copains…

Rien ne nous oblige à faire du parapente non plus et tu as le droit d’arreter mais tu n’est pas obligé en partant et pour te persuader du bien fondé de ta décision de poser comme précepte que le parapente est dans l’absolu un sport dangereux pratiqué par des gars motivés par le gout du risque et le tirage de bourre incapables d’être raisonnables.

Enfin bon, bonne route à toi et merci pour ton récit en espérant que ton expérience parapentesque te serve quand même pour vivre d’autres trucs avec plus de sérénité.
Bye

Vincent (crosseur, ploufeur, soaringeur depuis 10 ans)

droldoiseau : “oulala … tu vas avoir des problèmes toi” dixit omar et fred SAV des émissions … :affraid:
espèce “d’outrecuidant” va !

100% d’accord avec ce que tu as écrit (même si on ne demande pas mon avis …) …