Féminiser l'activité : réflexions, idées, envies, énergies.

Les femmes sont attirées par l’activité, je constate qu’elles s’y mettent en forte proportion, elles sont dans les écoles. On ne sait pas “fidéliser” et c’est dommage. Et ça ne s’améliore guère aussi parce qu’on ne sait pas ce qui peut se faire un peu partout en faveur de ce public. Et qu’une politique cohérente et volontaire n’arrive pas à se mettre en place.

Exemple de politique qui a été loupée.
J’ai passé un bon moment dans un club où il faisait bon vivre. Il se trouve que quelques femmes volantes ont aimé s’y inscrire. Et puis une “équipe” féminine bien dynamique s’est constituée et ça faisait boule de neige jusqu’à constituer 20 ou 25 % des effectifs (je ne sais plus très bien, c’est loin tout ça…).
Du coup, là a émergé l’idée de la garde d’enfants. Je crois qu’on a été le premier club à organiser la garde d’enfants sur nos compétitions pour les compétiteurs.trices qui s’y inscrivaient. Un truc pas forcément facile à organiser de manière officielle selon le degré de “dans les clous” dans lequel on veut être, mais on l’a fait avec enthousiasme. Et ça a marché, ça a permis de mettre quelques individualités féminines à la compétition ou d’en sécuriser d’autres. Puis il y a eu tentative de généralisation à l’ensemble de la ligue, et là ça a déjà été beaucoup plus difficile.
Pour moi, ce genre de choses ça devrait être clairement une politique fédérale nationale, avec budgets dédiés et de forts encouragements auprès des clubs (à mon sens ça devrait même être une obligation). Mais, bien des années plus tard, on est très loin d’en être là !

:mdr: :mdr: :mdr: :+1:

sinon

Tu penses physique ou argent ?
Car pour le coté finances, sauf le prix des stages, je ne pense pas que ça soit vraiment une barrière au vu du prix que l’on peut trouver sur le matos d’occasion ?
Si on met cela en regard du prix de ce que cela coûte de fumer en France par ex c’est même peanuts… Et combien je vois de gens avec de petits revenu avec le dernier Iphone ou samsung sortie (quand on sait le prix de ces machins) ça relativise pas mal.
Arbas, que tu connais bien, il y en a quand même un paquet qui roulent pas sur l’or, et qui pourtant sont là bien présents.

Pour moi c’est plutôt comme dit plus haut, vie de famille, le coté chronophage, risques liés à la pratique, qui vont plus freiner qu’autre chose

Norbert

Alors personnellement, sur les trois femmes que je côtoie au parapente, il y en a deux en couple avec des hommes qui font du parapente aussi et qui si je ne me trompe pas ont toutes les deux commencé en même temps que leur mari, elles ont toutes les deux des enfants. La troisième est donc la perle rare a vos yeux puisque elle vole et son compagnon n’est pas motivé par le parapente et pratique un sport de ballon.
De manière générale, ce que j’ai constaté (tout ne s’applique pas aux trois de manière systématique).

  • Elles ont une progression moins rapide que les hommes, les raisons sont très complexes et basées sur moins de pratique, un rapport au risque différent, une envie moins nette de résister au froid et au parawaiting, moins l’envie d’aller se mettre dans des conditions moisies et ou fortes pour leur niveau.

  • Ce qui est une barrière importante aussi ce sont les enfants. La grocesses d’une part, mais aussi ce changement de perception (que les pères ont aussi parfois mais dans une moindre mesure) du « risque » après la naissance d’un enfant. Il y a là quelque chose de très limitant, combien de fois ais-be entendu des commentaires du genre « mais tu voles encore », « depuis que j’ai eu … je ne vois plus les choses pareil » Commentaires venant tout aussi bien d’hommes que de femmes (et même plus des autres femmes elles mêmes mères ou pas), venant de volants, des anciens moniteurs, de la famille non volante, des amis… bref un gros truc sociétal, mais pas seulement… la vision des mères elles mêmes change, même si elles sont fortement atteintes par le virus du vol libre.

  • L’autre barrière que je constate souvent c’est l’assurance en ses capacités. L’anticipation des risques, des conditions qui vont être forcément trop fortes, que de toute façon lui il a fait trois oreilles en 10 mins alors c’est trop fort pour moi, de… Bien des fois les femmes anticipent des risques avérés ou pas, et se laissent inhiber par ça, alors que les hommes attendent de voir pour renoncer. La femme pourra renoncer par ce que la météo du 20h a dit que alors que l’homme regardera les balises le jour même, la femme commence à flipper dans la voiture en voyant les ailes déjà super hautes alors que l’homme sera a donf par ce que c’est fufu, la femme ne décollera pas par ce que « lui là » a pris 3 oreilles alors que l’homme se mettra en vol et devra se faire défoncer pour poser, la femme s’arrêtera souvent lors d’un décollage dès que le retour d’info de l’aile n’est pas parfaitement clair, voire même si tout est au top, alors que parfois l’homme se jettera dans le trou coûte que coûte même s’il prend le bord d’attaque sur la tronche.

Voilà…

Quoi qu’il en soit, les trois femmes que je côtoie n’ont nullement l’intention de s’arreter de voler et sont vraiment passionnées par le parapente.

merci Vincent d’avoir lancé ce fil.

  • milieu parfois machiste… si vous n’en êtes pas convaincu, il suffit de lire ce post où les stéréotypes de genre bien gras-lourd pullulent karma-
  • rapport au risque différent surtout pour les mamans qui ne s’autorisent plus à pratiquer un sport à risque quand elles deviennent mères
  • milieu qui encense la performance burnée, et bien peu la pratique apaisée
  • signaux subtils (mais récurrents) envoyés aux filles qui leur indiquent que l’activité n’est pas pour elles. Par exemple: pas de chiottes sur 99,99% des lieux de pratique

Pour répondre à Norbert je parlais bien des moyens financiers. Ceux dont tu parles à Arbas vivent la plupart du temps sur place à la montagne et le seul investissement à faire est la voile. Pour les smicards qui sont en ville yen a déjà beaucoup moins (le coût des déplacements c’est ça qui est cher). Regarde le club toulousain que je connais bien aussi ya très peu de parapentistes issus de milieu défavorisé. Et puis je pense que quand on est issu d’un milieu défavorisé ça paraît inaccessible comme sport on se renseigne même pas (c’est là qu’il pourrait y avoir du boulot à faire).

Mais Alpyr ne répond pas à la question pourtant basique “pourquoi veut-il fidéliser ces filles?”. Ce n’est pas une question provoc, c’est une vraie question. Si c’est vraiment par justice sociale, pourquoi ne pas s’émouvoir d’abord qu’il n’y ait pas plus de “blacks” ou de “beurres” sur les de décos par exemple ? C’est un indice qui montre quand même que la vraie barrière a plus l’air d’être la catégorie sociale que sexuelle (et les deux sont presque decorellées si on met de côté les écarts de salaires qui sont faibles quoi qu’en dise Derob qui pourtant est souvent très précis sur les questions sociales :wink: ).

Pour dire les choses autrement je trouverais bizarre que la fédé paye la garderie à une femme (ou un homme d’ailleurs) chef d’entreprise qui pourrait se payer 5 nounous à plein temps par exemple plutôt que d’aider quelq’un d’autre qui en aurait vraiment besoin.
(Je lis en previsualisant la reponse de Flying enclume et je prends le risque en cliquant sur “soumettre” qu’il me classe dans les gras-lourds)

payes ton signal subtil :mdr:

:+1: … et il y a même des mecs qui arrêtent ou font évoluer radicalement leur pratique pour ces mêmes raisons (surtout l’histoire des chiottes)

Parce que le féminisme est un humanisme.
Je suis désolé mais je ne vais pas développer des années de réflexion et d’engagement auprès de la cause féminine, il y a des bouquins pour ça. Et ce sont des questions auxquelles il a été moultes fois répondu et c’est comme les grandes questions de droits humains ou de justice ou d’économie ou de philosophie, il y a les convaincus et les opposants et je ne crois pas trop aux passerelles entre les deux, c’est clivant. Mais dans mon esprit, cette discussion n’est pas là pour répondre à des questions que chacun rencontre ou pas dans son cheminement personnel ; elle est plutôt là pour voir si des actions diverses et variées se multiplient en faveur des femmes dans le vol libre et peut-être trouver des idées supplémentaires.

Chacun s’engage, ou pas, selon ses goûts personnels pour tenter de faire évoluer ce qui ne lui plaît pas dans les milieux qu’il fréquente.

Houla non ! Pour le moment c’est beaucoup plus soft que ce à quoi je m’attendais et que ce que j’ai pu entendre ou lire sur ce sujet dans notre milieu au fil du temps.

Oui exact ! J’oublie souvent ce point important.
Les réflexions de Derob sur l’hygiène homme/femme sont assez bien vues et la question des toilettes les rejoint.
Toujours sur le site géré par le club dont je parlais, avec la fréquentation de plus en plus importante on a été confronté à des plaintes d’habitants de la vallée car les abords du décollage étaient devenus des toilettes publiques. A l’époque j’avais sorti un “tract” de sensibilisation “Comment chier dans les bois”. Je vous recommande d’ailleurs l’ouvrage en question.
Et des endroits “phare” comme St-André ne sont à ma connaissance pas équipés. Ce qui rend l’expérience de promenade derrière le décollage peu ragoutante, même pour un gars.

Or le simple fait pour une femme d’être en période menstruelle demande toute un prévisionnel. En plus, les phénomènes biologiques dépendent de nombreux facteurs intriqués et ne sont donc pas forcément sujets à planification mathématique. A 24 ou 48 h près, les règles peuvent parfois arriver à n’importe quel moment et dans les endroits les plus incongrus, oui même sur un décollage alors qu’on pensait être tranquille jusqu’à la fin du week-end. Trouver un endroit accessible et aménagé, à peu près propre et intime, voire même disposant de lingettes, pour aller enfiler à la va-vite un tampon est un plus indéniable en confort et en moindre stress.
Là aussi, équiper les sites avec par exemple des toilettes sèches devrait être une politique nationale fédérale qui démontrerait que le milieu est accueillant envers les femmes et souhaite les favoriser. Se pose après l’acquisition, la gestion des toilettes en question, qui demande beaucoup d’implication des clubs et des locaux, mais rien n’est impossible et des solutions se trouvent là où existe une volonté.

[quote]Parce que le féminisme est un humanisme.
[/quote]
Certes !
Mais la vraie question si on part de cette réalité c’est: est ce que voler en parapente améliore la vie des gens? Pour certains (dont moi ) la réponse est oui mais est-ce à généraliser?
Faire du prosélytisme pour le vol libre auprès de la gent féminine n’est ce pas juste projeter tes propres addictions en pensant que si c’est bon pour toi c’est bon pour les autres?
Je connais des gars fans de raquette à neige ou de scrabble, pour eux c’est génial et ils voudraient que tout le monde s’y mette… Grand bien leur fasse !

La fédération est sensibilisée à ce problème puisque :

  • elle a mis en place une commission fédérale nationale “Femmes” ;
  • elle soutient la mise en place et le financement de stages “femmes” que ce soit en SIV, en initiation au cross ou en perfectionnement delta par exemple (voir le dernier numéro de Vol Passion qui vient de sortir).

Ces stages réservés aux femmes sont là pour qu’elles puissent partager entre elles leurs soucis de progression et leurs éventuelles appréhensions vis-à-vis du vol.
Elles témoignent toutes d’un climat chaleureux, convivial et apaisé entre elles dans ces stages sans avoir en permanene le “regard des mecs sur elles” et elles se sentent ensuite plus à l’aise dans leur peau pour partager à nouveau les vols, les sorties ou les activités de leur club avec tous les pilotes (hommes et femmes ensemble bien sûr !).

La fédération est sensible à cette problématique.

Mais toutes les bonnes idées et propositions sont les bienvenues bien sûr !

:trinq:

Marc

En plus avec Alex comme moniteur elles sont gâtées ! Quel sacré pilote…

Ça veut dire quoi tes points de suspension ?

Ca veut juste dire que j’ai suivi sa X-pyr 2014, qu’il a fait des vols tout à fait incroyables et que s’il avait eu un physique à la Aaron ou Tomas pour les 30 dernières bornes à courir il faisait podium avec sa Diamir… Juste un sacré pilote et un gars très sympa.

Une fois de plus il ne s’agit pas de faire du prosélytisme.
Moi je suis plutôt du genre à déconseiller à qui que ce soit de se mettre au vol libre.
Mais, comme je le dis depuis le début de cette discussion, il est frappant de voir que les femmes y viennent sans qu’on aille spécialement les chercher, et en quantité. Il est frappant aussi de voir à quel point elles n’y restent pas et à quel point on se retrouve entre vieux mâles sur les sites.
En plus des divers facteurs évoqués, je crois que notre milieu présente des facteurs qui tendent à repousser les femmes. Seules les ultra-mordues y restent. Alors que toute une population féminine qui vole “gentiment” pourrait rester à l’activité (de la même manière que de très nombreux hommes restent dans ce loisir sans en être des passionnés absolus) et ce serait plus agréable pour tout le monde. Commençons par lever les “repoussoirs” et même, faisons du favoritisme.

Et des femmes deltistes étaient en stage de perfectionnement “femmes” avec Samuel lorsque j’étais à Aspres l’année dernière.
Il semblait être un super moniteur attentif et passionné !

Avant la prise en charge des stagiaires, Samuel m’avait fait faire un baptême delta d’une heure de vol pour mes 70 balais. :lol:
Je l’avais contacté pour cela.
Cela restera un superbe souvenir ! :pouce:
Mais c’est hors-sujet de ce fil…

Marc

Dommage, j’aurais aimé être éclairé par toutes ces années de réflexion… Bonne continuation je vais de ce pas sur le forum “cheval riant du haut”, c’est comme “le chant du vario” mais pour l’équitation, manière de chercher des solutions pour attirer les hommes à ce sport (pourquoi pas équiper les poneys avec des sellettes parapente et des ailes adaptées pour faire de l’ air-poney vu que l’aquaponey existe…)

http://www.youtube.com/watch?v=z5GdJ_BzUNo

La spécialité de Vire ça ne serait pas les andouilles?

Pour répondre , dans notre club on organise une à deux fois par an une journée découverte parapente au féminin. Cette journée consiste à une matinée découverte matériel et gonflage (par équipe de 2 ou 3) assistées si possible par les pilotes femmes de notre club. L’après-midi on bascule sur un baptême biplace. Il en ressort, semble t’il qu’elles sont plus à l’aise dans un cadre où elles se retrouvent entre filles sans un certains regarde machiste où beaucoup de discussions tourne autour de la performance et des vols plus ou moins ambitieux.

D’autre part la ligue de Normandie fait tout les ans son week end filles qui regroupe les pilotes féminines de leur ligue. Ces week end rencontrent aussi du succès. Le but est une sortie entre pilotes de tout niveaux, encadrées par un accompagnateur qui les emmènent sur des sites hors de la région en général, quoique je pense qu’elles restent parfois sur la région. Le but encore est de regrouper ces pilotes dans un esprit de groupe. A la différence de notre action, elles peuvent revenir d’année en année

Ouf, tu me rassures, j’étais prete à sortir les griffes pour prendre sa défense si t’es points de suspension avaient voulu dire autre chose. Je fais partie des veinardes qui ont fait un stage avec lui. Humain honnête pilote incroyable un vrai Berger pour aller chercher des brebis égarées. J’ai énormément de respect pour lui, il m’a vraiment impressionnée et transmis quelque chose. Les cross qui ont suivi le tour des Bauges réalisé sous son encadrement avaient quelque chose en plus, ses conseils résonnant en moi à des moment clés.

Sinon pour revenir au sujet, je pense que la maternité est l’ennemi public numéro 1 du parapente. La maternité change tout et a de nombreuses conséquences sur la vie d’une femme. Ses responsabilités son corps ses rapports sociaux sa carrière tout est chamboulé. J’ai quand même en tête deux pilotes féminines qui après avoir fait une sacrée longue pause suite à chamboulement sont ensuite revenues au vol libre bien des années plus tard. La paternité étrangement semble moins impactante sur la vie des hommes.

Je suis assez d’accord avec les raisons ci-dessus, notamment les chiottes !

Quand j’ai pris connaissance avec le club le plus proche de chez moi, avant même que j’adhère, le président m’a mise en garde sur les “deux ou trois gros relous qui ne savent pas gérer la communication avec une femme”. C’était ultra bienveillant de me prévenir, et le président m’a direct informée qu’en cas de souci je pouvais lui en parler et qu’il règlerait le problème, mais ça refroidit quand même pas mal… :? Du coup j’hésite pas mal à aller faire des sorties avec eux, ne sachant pas qui sont les gros relous et n’ayant pas envie de me retrouver coincée 2 heures dans une bagnole avec l’un d’eux !

Autre point noir, le matos. Allez trouver une sellette pour une meuf de moins d’1m60 (la moyenne étant à 1m62, je dois pas être la seule dans mon cas)… Et c’est beaucoup plus galère de trouver une aile d’occase en tout petit PTV dès qu’on sort de la catégorie A. J’ai cherché presque un an avant de craquer pour une aile neuve. Et même pour trouver une démo XS à essayer, j’ai du faire un paquet de bornes !

Il y a aussi le port du matos. C’est un peu proportionnel au poids du pilote, mais pas tout à fait. Je porte 11kgs pour une pilote de 46 kgs, et sans avoir une musculature “masculine”, je peux vous dire que les marches d’approche sont loin d’être un bonheur :lol:

Et puis faut ajouter le problème de l’engagement, même si toutes les meufs ne sont pas nécessairement aussi trouillardes que moi. J’ai l’impression qu’on est quand même plus prudentes et qu’on ose moins se jeter tête baissé dans des conditions moisies ou simplement incertaines. Du coup forcément à la fin de l’année, ça fait moins d’heures de pratique, une moins bonne progression et surement un petit sentiment de découragement qui va avec !

Par contre en stop en cas de vachage impromptu, je pense qu’on a un avantage indéniable :stuck_out_tongue: