Gestion de la peur

MERCI karma+

Je n’ai jamais connu ce que certains appellent “panique” et j’ose même dire que je n’ai jamais peur en l’air, même quand cela brasse velu ou que cela monte partout avec un cunimb qui tire dans la région.
Courage ? Inconscience ? Vantardise ? Bretelles élastiques ? Rien de tout ça.
En l’air, quelles que soient les conditions, je suis toujours très concentrée et attentive à ne pas faire de geste absurde.

Mon expérience n’est rien en regard de celle de pilotes autrement expérimentés, je suis une vieille brèle juste un peu dégrossie… mais j’ai un passé, des réflexes extrêmement rapides et surtout une analyse aussi rapide et en temps réel de ce qui se passe, de ce qui pourrait se passer et de la manière de gérer le bigntz.
Courage ? Inconscience ? Vantardise ? Bretelles élastiques ? Toujours rien de tout ça, mais une sorte de froide sérénité qui ne laisse pas les émotions s’exprimer quand cela pourrait être facteur de risque.

Mon dernier incident de vol, ce fut près des Dents de Lanfon quand je fus saisie d’un malaise, avec le palpitant à fond, un vieux mal de tronche, une sensation de froid intérieur, la bloblotte et la vision qui se brouillait, bref j’étais en train de tomber dans les pommes… A l’examen, ce n’était pas une crise cardiaque ni un malaise vagal, je me suis éloignée du relief pour descendre le plus vite possible au-dessus du terrain, de façon à ne pas me détruire s’il fallait tirer le secours, j’étais dans un brouillard qui bourdonnait, très mal mais consciente, appliquée, très concentrée. Ce fut long mais j’ai fini par me poser et je me suis écroulée au bord du terrain, dodo l’Ancienne !
J’ai fini par comprendre l’origine du malaise : j’avais bu trop de café, et un café trop fort. Le truc con qui pourrit un vol et qui aurait pu pourrir bien plus que ça.

Nous avons tous connu des situations de grand danger, en l’air ou en montagne, sur la route ou en mer. Mon grand-père (1894-1952) avait connu bien pire pendant la Grande Guerre, que pèsent en regard de l’horreur des tranchées nos petites trouilles de petits Français bien au chaud ?
Avoir peur ne sert à rien.
:trinq:

Qui, d’après les symptômes que tu décris à certainement causé une hypoglycémie. Trop de caféine, crame trop d’énergie, amène à l’hypo.

http://www.youtube.com/watch?v=pY5HquhbP4s

Je laisse à d’autres le soin de commenter la réaction ci-dessus.
:trinq:

Celle de MichelM je la laisse à d’autres.

Par contre : “avoir peur ne sert à rien”. Rien n’est moins sur. Le corps humain est une machine extrêmement bien faite. La peur augmente la concentration, accélère le rythme cardiaque, aiguise les sens, permet parfois de renoncer, …
Dire qu’elle ne sert à rien ça me paraît idiot. A la limite je préfère : “la peur ne repousse pas le danger”. Ca ok. Mais c’est pas pareil !

Et puis dire “moi j’ai JAMAIS eu peur en l’air”, ben je ne sais pas quoi en penser ? Seulement que j’espère que tu te trompes. C’est soit prétentieux, soit inconscient. Et depuis le temps que je te lis, j’ai ma petite idée

:trinq:

A+
L

Je pense que nous n’avons sans doute pas la même définition de la “peur”.
Je pense, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, que la peur peut être utile !
Cela ne veut pas dire “perdre” ses moyens, bien au contraire.
Ce sentiment permet d’activer au maximum sa concentration et son attention sachant qu’il y a un risque réel quelque part dans ce que l’on est en train de vivre.
Il m’est déjà arrivé parfois (mais rarement) d’avoir peur au cours d’un vol (surtout quand je me dis, un peu tard bien sûr, que je n’aurais pas dû décoller !), mais aussi en ski de randonnée (pourquoi me suis-je engagé dans cette pente orientée ainsi, à cette heure-ci, alors qu’elle présente objectivement des risques réels ?), en alpinisme ou en escalade.
Je me souviens par exemple (il y a très longtemps) d’une voie d’escalade (assez difficile pour moi, mais pas difficile en soi) que j’avais déjà faite en second (donc assuré d’en haut) sans problème.
Ce jour-là j’étais en tête et je suis arrivé au passage un peu délicat de la voie avec le dernier piton d’assurance 6 à 7 m sous mes pieds.
Si je “volais”, c’était donc 12 à 15 m de chute et cela n’était pas très attractif. :grat:
Il me restait 2 m pour rejoindre le piton suivant (et la sécurité qui va avec).
Un sentiment m’a envahi (je m’en souviens très bien) que j’appelle de la peur, mais elle ne m’a pas paralysé, bien au contraire.
La peur de chuter à cet endroit m’a poussé à me concentrer au maximum et à garder des gestes les plus précis possibles.
Je me suis souvenu être déjà passé là, assuré d’en haut, et j’ai effectué les quelques mouvements qui m’ont permis de passer sans chuter.
C’était bien de la peur, mais elle était bonne conseillère car elle m’a aidé à concentrer mon énergie.

Marc

http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2013/02/13/la-femme-qui-ne-connait-presque-pas-la-peur/

“Dans les différents articles scientifiques qui lui ont été consacrés jusqu’à aujourd’hui, les auteurs l’appellent SM”

SM = SagarMatha

CQFD :prof:

(moi je suis bien d’accord avec choucas ! La peur est garante de notre survie, elle nous permet de déceler rapidement les situations dangereuses, et donc les éviter / y remédier.)

Citation de l’article ci-dessus:
“Pour les chercheurs qui étudient son cas, « SM a de grandes difficultés à détecter les menaces imminentes dans son environnement et à apprendre à éviter les situations dangereuses, caractéristiques de son comportement qui, selon toute probabilité, ont contribué au fait qu’elle a souvent mis sa vie en péril ». Cette femme est en quelque sorte privée de son instinct de survie.”

Pour aller dans ton sens, je pense que la peur en escalade n’est pas la même qu’en parapente.
En vol, lorsque je prends peur, tous les moyens sont bons pour renforcer la concentration et trouver la porte de sortie vers le calme et la sécurité. Cela peut durer mais je ne sens pas une diminution trop importante de mes moyens physiques. Ça tape dedans mais je ne finis pas épuisé.
En escalade au contraire, la peur entraine rapidement une perte de moyens physiques qui handicape rapidement la suite de la course. J’ai en particulier un souvenir en 83 dans une voie de la Dent de Crolles, où après une chute sur les copains posés sur la vire, j’avais dû laisser passer un autre devant car j’étais coincé, sans force au milieu de la longueur suivante. Tellement raide des bras que pour tenir j’avais passez la tête sous la corde (quelle belle connerie !!!)

Dans l’article sur SM, une phrase m’a particulièrement interpellé et qui me semble intéressante à méditer pour se positionner personnellement dans les situations à risques telles que par exemple, le parapente.

[Quote] Mais il n’y a pas de courage s’il n’y a pas de peur…
[/quote]
:trinq:

https://3.bp.blogspot.com/-zc3A2hvfcfc/UbJlOtQNZPI/AAAAAAAADeo/wvWMCr7uXC4/s1600/a4.jpg?fbclid=IwAR3AQHosEm8L7VvMfN_Tbm259Cn0dTNme3h7oKz4JEWbM1qG3iWk6hgBaf4

Je n’ai pas été bien comprise dans le sens où je définis la peur, celle qui paralyse, qui ralentit les réactions, celle du lapin sur une route de Provence dans le faisceau du projecteur.
Quand je dis que je n’ai pas peur, c’est évidemment dans le sens où certains l’entendent : cela aiguise les sensations, accélère les réflexes et rend chaque geste infiniment précis.

Je me rappelle une descente du couloir Whymper à l’Aiguille Verte en juillet 1973. J’étais montée par la voie Contamine dans le gros éperon entre le couloir Cordier et le couloir Couturier, escalade splendide d’une difficulté soutenue, qui avait été très rarement reprise. Excellent rocher, très bonnes conditions sur la calotte (en versant NE), nous étions sortis au sommet à midi.
Je connaissais l’arête du Moine, interminable mais sûre, c’est par là que j’aurais dû descendre, quel démon me fit m’engager dans le Whymper à midi ?
Pure folie !
Ce fut très bon au début, sous le col de la Grande Rocheuse, puis cela devint carrément CRAIGNOS, avec une neige granuleuse sur une glace bleue mouillée, cela pouvait “partir” n’importe quand et tirer des rappels dans la Rocheuse n’aurait pas eu d’avenir à cause des cailloux qui accompagnaient des petites coulées. La “sécurité” imposait de passer dans le couloir et c’est un bon 50°, il fallut tirer des longueurs, assurer chaque pas, j’effondrais les “marches” que mon compagnon avait faites et heureusement que j’avais mes deux piolets, bref cela dura un bout de temps, avec au ventre une sorte de noeud… puis, la pente diminuant, ce fut plus sympa, puis carrément à vaches dans les 200 derniers mètres, avalés en courant.
Nous avions mis 7h du sommet à la rimaye !

L’année suivante, le 10 août, au tout petit matin après un bivouac au sommet de la face N de l’Aiguille du Jardin, la neige était extraordinaire. Je la sentais bien pour une descente à skis et j’émis l’idée de descendre en ramasse avec les crampons. Mon pote poussa des hurlements mais Armand Charlet l’avait fait une fois avec un client, Terray et Lachenal l’avaient fait au Bietschhorn, je l’avais fait l’année précédente dans le col des Cristaux versant Argentière, où la pente était un peu trop faible… du coup je m’étais lancée, pour voir, mon pote “assurant”, puis il avait compris et plié la corde, et hop ! Ce fut une ramasse démente, fabuleuse, un truc d’une audace folle qui ne se fait que très rarement avec des conditions exceptionnelles. Du sommet à la rimaye : un peu plus de 1/2h, un bonheur pas racontable.
Ceux qui montèrent et qui virent nos traces durent se visser l’index sur la tempe, mais ce fut réellement GEANT.

Ressentir le danger n’est pas avoir peur, et si ce ressenti ne déclenche pas la vieille trouille qui fait perdre ses godasses, mais au contraire affine les sensations et la maîtrise du geste, alors il n’y a pas de raison d’avoir peur.
J’ai peut-être l’avantage d’avoir des réactions très rapides, même à 70ans.
:trinq:
[i]Anecdote.
J’étais à l’armée, libérable, et ma section devait faire un “plastron” sur divers “ateliers” où passaient les candidats du peloton au brevet de caporal.
Cela ne pissait pas loin.
J’avais le FM, un truc lourd, et avec 5 autres copains nous suivions l’apprenti caporal qui nous donnait ses ordres.
Nous arrivâmes ainsi devant mon lieutenant (un mec génial)… PAN !

  • le caporal : ah, on nous tire dessus (PAN… Pan…) examinons les lieux pour essayer de nous planquer.
  • mon lieutenant, hilare : vous êtes mort depuis deux minutes mais vos gars sont à plat ventre et bien vivants, eux.
  • le caporal : ce n’est pas grave, on va riposter. Toi, tu mets le FM en batterie et tu arroses.
  • moi : tu déconnes, mec ! d’abord tu es mort, le lieutenant l’a dit, ensuite je ne tirerai pas parce que je n’ai pas envie de nettoyer le FM, alors tes ordres je m’assois dessus.

Ce pauvre garçon n’avait pas les qualités minimales pour faire un caporal, sa lenteur de réaction l’aurait condamné dans un combat réel. Mon lieutenant en rigolait encore dans le camion qui nous ramenait au quartier, à aucun moment il ne lui vint à l’idée de me planter pour refus d’obéissance face à l’ennemi. Ce fut une rigolade surréaliste.[/i]

:mdr: Ha ha ha… Ceci explique cela et en particulier, Viviane le reconnait elle-même souvent, le fait qu’elle vole comme une brêle.

Mais du coup je me demande à quel point est l’absence de peur de son copain “Pas Doué”. :mdr:

:bisous:

Quelle mémoire ! Quelle précision ! :mrgreen:

Si c’est de l’humour, comme semble le suggérer le petit dessin, moi je suis bonne soeur.

  • Vous voyez bien, Mme Bouzigue, que notre auteure ne craint pas de remonter les bretelles à une personne intempestive.
  • Que nenni, Mme Michu, il n’y a pas là rabrouage ni dédain, elle dit simplement qu’elle n’a pas trouvé la virgule après laquelle il fallait sourire.
  • J’entends bien, et j’avoue cependant que l’attaque me semblait de nature à susciter son ire, moi j’aurais seulement haussé les épaules et poussé un soupir pour exprimer mon accablement.
  • Vous fonctionnez beaucoup à l’émotion, Mme Michu, ce qui vous rend souvent attachante et parfois difficile à interpréter. Moi je n’ai pas vu d’attaque dans le petit post ci-dessus, ou alors du genre “balle dans le pied”, ce genre de texte ne salissant - quand il veut salir - que la personne qui le produit, et en l’espèce je ne le trouve ni drôle ni salissant, ni même ironique, seulement stupide.
  • Question agressivité, Mme Bouzigue, vous enfoncez bien le clou dans la fesse, parce que la pauvre personne va se sentir dévalorisée après sa pauvreté suivie de la richesse de notre dialogue.
  • C’est bien ce qui m’ennuie dans cette occurrence, je m’en voudrais de contribuer à vexer une personne qui se crut peut-être capable de pouvoir vexer une vieille dame tout à fait inaccessible à ce genre de faiblesse.
  • C’est bien le problème récurrent des forums, où tout un chacun peut intervenir librement. A l’époque du Minitel, on disait simplement “c’est du minitel” comme certaines personnes peuvent dire, devant certaines gabegies à la fois irritantes et surréalistes, “c’est l’Italie” ou “c’est l’Afrique”.
  • Voici donc une bonne réponse à faire à toute impertinence de ce genre : “NOUS SOMMES SUR UN FORUM”.
    :stuck_out_tongue:
    Non seulement j’ai une excellente mémoire, mais j’ai des raisons pour avoir retenu telle ou telle date, à mon âge l’avenir se rétrécit mais on a un passé. Qu’il doit être triste, comme Akaki Akakievitch, de mourir sans avoir existé. (Gogol - Le Manteau))

http://ekladata.com/dzt94kcy7tv3Zi3_4rh_Z4UoLqY.png

Bien dit Sagarmatha !
Même moi, je n’aurais pas mieux dit. :canape:

Dis Wowo ! T’as bu et c’est moi qui voit double ?

https://denez.com/wp-content/uploads/2014/03/bisrepetita.jpg

http://lencyclopedix.free.fr/image/pirates/jactalangelus2.jpg