je vous soumet la conclusion d’un rapport de Pierre CONESA, incroyablement visionnaire, diffusé en Décembre 2014
Une fois de plus l’Occident va partir en « croisade » (car c’est comme cela que l’intervention militaire contre l’EIIL sera présentée sur les sites radicaux), pour défendre
l’Arabie saoudite (qui a donné naissance au Salafisme) et peut être aux côtés de l’Iran (qui a fait naitre l’extrémisme chiite). Il semble difficile que cette coalition militaire majoritairement occidentale tienne très longtemps. La sécurité intérieure passe aussi par une diplomatie plus en rapport avec les différentes sensibilités de la société civile. Il est d’autant plus urgent de construire un lien durable avec les élites de la communauté musulmane française, car le risque terroriste sur le territoire passera du rouge à l’écarlate. Et Dieu sait que les opportunités d’attentats extrêmement meurtriers, sont nombreuses dans une société ouverte.
Samir Amghar le meilleur spécialiste français du Salafisme pense que "Le courant salafiste fonctionne comme une multinationale du religieux… C’est aujourd’hui
et pour les années à venir un acteur incontournable de l’islam occidental.» Mais le sociologue constate que «plus le salafiste s’enracine en Occident, plus il s’occidentalise et perd de sa verve». Par conséquent, «l’attaquer de front c’est le renforcer, le traiter comme un interlocuteur est le meilleur moyen de le contenir pour faire émerger un salafisme assagi». Mais quelques évènements internationaux récents montrent que le discours salafiste notamment dans sa version jihadiste n’est pas en voie d’apaisement. Il ne suffira pas de le dénoncer sans procéder à quelques révision importantes de notre politique extérieure.
(http://www.favt.org/uploads/ckfinder/files/Actualités/Rapport%20FAVT%20Décembre%202014-12-14%20DEF.pdf)
A noter que ce rapport compte 80 pages, et montre bien que ni le contexte, ni les solutions ne sont simples. Adopter une attitude “simpliste”, “martiale”, et faire dans le “pathos” (très probablement pour s’attirer l’approbation du citoyen lambda) comme le font la plupart des journalistes et de nos hommes politiques n’est sans-doute pas très responsable. Effectuer une pseudo-synthèse du problème (terriblement douloureux pour nous-mêmes et toutes les populations impliquées) en parlant de guerre, pouvant facilement glisser vers la guerre de civilisation ne nous rapproche pas d’un débat et d’une solution paisible. Dans ce rapport voir par exemple la section 3 “QUE FAIRE” avec notamment le passage en revue des politiques des différents pays pour contrer le radicalisme (pays musulmans compris).
voir aussi du même auteur: http://www.monde-diplomatique.fr/2015/02/CONESA/52626 (Février 2015)
“Le combat contre les djihadistes ne se livrera pas sur des terres lointaines. Il ne peut se résumer non plus à une affaire de police et de justice. Lutter contre les idéologies religieuses sectaires requiert une vaste politique de contre-radicalisation s’appuyant sur la mobilisation des élites et des institutions musulmanes de France.”
Ceci dit, notre police et nos soldats font de leur mieux, et les critiquer dans ces moments très difficiles ne fait pas non plus avancer le débat.
En nous souhaitant à tous des réflexions éclairées, ainsi que toujours de bons vols 