- Je roule sur toutes sortes de routes depuis 52 ans.
- J’ai un pilotage très propre qui peut devenir très incisif, pour le plaisir, quand la route le permet.
- J’ai couru 10 saisons en moto sur circuit.
- J’ai une très bonne perception du comportement des organes de ma moto et de ma voiture.
- J’ai conduit ou piloté à peu près tout ce qui roule sur des routes de montagne.
- Je ne fume pas, je ne bois pas et malgré l’âge qui avance j’ai encore des réflexes de tout premier ordre et un sang-froid peu commun (et des chevilles très solides, surtout la gauche).
- Je suis en parfaite santé physique et mentale.
Suis-je protégée sur la route ? NON
Sartre l’avait fort justement écrit dans “Huis clos” : l’enfer, c’est les autres.
On a beau être hyper-vigilant tout en restant décontracté, on n’est jamais à l’abri d’une connerie.
Un exemple d’incident qui n’arrive jamais en parapente mais qui m’est arrivé : j’avais quitté le Roc des Boeufs trop haut pour transiter sur le déco de montmin, du coup j’avais pris le vent de face et cela m’avait fait raccrocher trop bas. Je m’étais dépouillé les cuisses au-dessus de Rovagny dans des thermiques à Diamir et j’avais réussi à accrocher le Roux pour monter… et c’est là qu’une chute de pierres était venue me cueillir ! Prendre des pierres sur la gueule en parapente, c’est rare… mais mon expérience d’alpiniste m’a appris que les pierres ne visent pas les grimpeurs (Livanos) et ont toujours des rebonds judicieux pour les éviter (Mummery)… mais quelques uns de mes copains y laissèrent leur peau, l’optimisme lammerien n’a jamais fait école chez moi. Ce jour-là, je m’étais collée au caillou pour ne pas me faire canarder et j’en avais entendu siffler un pas très loin. OUF !
D’autres ont fait des rencontres pas agréables avec des rapaces agressifs (z’avaient qu’à ne pas s’approcher des nids !), d’autres ont pris un “gros pétard” sur une demi-aile et la descendance périphérique sur l’autre => mise en vrille féroce => vrac ?
D’autres se sont trouvés dans des aérologies très moisies avec des rouleaux pas possibles, cela peut arriver aux meilleurs et s’il y a des voiles qui amortissent ça il y en a qui se mettent chiffon.
Même quand on a fait 6 stages SIV et plein de décros tordus, des vrilles vicelardes, des fermetures énormes, on n’est pas protégé. On a seulement éduqué quelques réflexes et affiné la technique, on a des armes mais on n’est pas invulnérable.
Les meilleurs pilotes d’acro se prennent des tôles, et pourtant ce sont des experts.
Les meilleurs navigateurs peuvent finir au jus (Eric Tabarly).
Les meilleurs alpinistes peuvent se faire avoir par une pierre (Jean Couzy), une corniche qui cède (Hermann Bühl), une avalanche de pierres (Georges Bettembourg) ou de neige (Toni Gobbi, Günther Messner et tant d’autres).
Aussi techniquement pointu qu’on soit, aussi expérimenté qu’on soit, ON N’EST JAMAIS PROTEGE DANS LES SPORTS DE MONTAGNE? DE MER OU AERIENS, on est juste un peu armé pour pouvoir se tirer sans trop de dommages d’une situation critique dans laquelle d’autres y laisseraient leurs os.
