Puisqu’il est temps des bonnes résolutions, voici un billet d’humeur
Bien nouée est la discussion sur l’évolution des règles de la compétition parapente, fronde incarnée en France par le mouvement ‘Touche pas à mon Gun ! »
Elle mériterait pourtant de vivre et d’explorer d’autres facettes de nos comportements et de ceux de nos élus.
Voilà peut-être dans ce qui suit de quoi placer sous la marmite froide, à la soupe amère, un nouvel allume feu de ma confection.
Vivre ou laisser mourir « libre » en 2014 ?
Notre conscience d’individu volant est collective, donc autant viciée que l’est toute tentative d’exploitation de données statistiques en quelque matière que ce soit sur un échantillon aussi fermé sur lui-même : rêveurs, accro aux sensations et délirants volontiers sont les parapentistes.
Autant vouloir faire d’une enquête sur la vie des “hardcore gamers”, zombies nocturnes soudés à leurs avatars, un paradigme de la société future : on y verrait que des individus devenus dépendants, devenus inaptes à gérer la frustration généré par une simple coupure de serveur (leur oxygène), la perte des adresses de leurs “amis”, leurs “valeurs” (des trophées qui ont nécessité des centaines d’heures de jeu acharné).
Désolé les copains mais c’est bien l’image que je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir du mouvement "touche pas à mon gun ! ".
Car de sécurité, franchement, on pourrait vraiment penser que l’on s’en “tape” dans ce milieu, du moment que nos copains ne tombent pas… au moins pas trop souvent et/ou pas trop près de nous !
Comment se convaincre en effet qu’est sensé la pratique d’un sport aussi exposé à nos erreurs de jugement, autrement que par l’ignorance consciente ou refoulée des risques objectifs qui peuvent frapper les meilleurs à tous moments, qu’ils soient pratiquants ou compétiteurs (la durée d’exposition aux dangers semblant plutôt augmenter le risque d’accident…).
Membre d’un club qui a vécu bon an mal an l’évolution et les crises de tous les clubs de vol libre ces trente dernières années, la seule chose dont je m’étais rapidement convaincu, c’est que le milieu associatif n’avait pas les moyens d’anticiper les problématiques posées par l’évolution rapide des compétences et des techniques en matière de performance aérodynamique et d’industrialisation des ailes de vol libre.
Passé durant quelques années militantes du rang d’élu frustré (à mon tour!) de ne pouvoir influencer les choses à celui de technicien-chercheur ayant des instruments à vendre, des procédures et des convictions à faire passer auprès d’autres professionnels, je me suis aperçu… qu’il en allait de même que du coté associatif, avec en plus du coté des « pro » l’assurance qu’affichent les gens qui ont réussi à vivre (plus ou moins bien) de leur passion et ne veulent pas qu’on les emmerde dans leur business !
Sur le sujet qui me tenait à cœur, l’instabilité spirale, il n’y avait à la base pas plus d’arguments convaincants à leurs yeux qu’il ne semble y en avoir aujourd’hui du coté des compétiteurs en révolte contre la réforme des règles du jeu en matière de compétition parapente
Et pourtant…
Lorsque nous nous en sommes donné les moyens, des rumeurs sont devenues des certitudes, quelques accidents inexpliqués sont devenus des “probables”, et la mort de quelques copains (très peu… pas même de quoi remplir une ligne de saisie statistique) est devenue tout à coup inacceptable pour les très rares personnes informées !
Comment ne pas en effet s’indigner qu’autant d’années ne se soient passées sans que des moyens suffisants ne soient consacré à décortiquer la mort de chacun de nos camarades, qu’aucun regrettaient en pensant en leur âme et conscience qu’ils avaient simplement “merdé”… mais qu’à eux cela ne pouvait arriver !
Il est aujourd’hui très difficile de savoir combien de pilotes ont été victimes de l’instabilité spirale, combien en ont réchappé
Simplement parce que nous ne nous sommes pas donnés les moyens de cette démarche, que nous avons subi jusqu’à ce les voiles incriminées disparaissent de la circulation… ou plutôt que l’on se plaise à penser qu’elles en ont disparu
Tant que nous subirons, le seul indicateur valable de la justesse de l’adéquation de nos équipements avec les conditions dans lesquelles nous les mettons en œuvre sera le coup social des accidents
Et là je constate que les intéressés en appelle soudain à la solidarité…
Pourtant quand le coup des assurances deviendra prohibitif, il ne sera plus question de tergiverser : la société trouvera des responsables (qui seront nos élus dont on ne cesse de demander les têtes) et nous condamnera à des manèges ou à l’exil vers des terres où l’on crève faute de secours et de soins… libres ?