Non un peu plus par an, car les 200 c’était en 10 mois… :sors:
non ce ne seront plus mes premiers vols…, mais mes premiers cross
Chaque jour je vis quelque chose de formidable ! :ppte:
Pour les transitions, j’en ai fait déjà deux et c’est comment dire…stressant : vais-je y arriver, vais-je devoir poser… (mais c’était entre sommets donc une perspective encore plus terrifiante de descendre dans la vallée…
le truc bien c’est que tu nous fait enrager par ton temps libre mais tu dois etre le seul prof à dire que oui, tu as une grosse chance d’avoir moins d’heures de taf que la moyenne
j’en connais qui rouspètent car 12 h de cours c’est trop et 3 mois de vacances c’est peu
ba s’il passe 100% de son temps libre au parapente, qu’il travaille 8h (certain jour ça doit arriver :mrgreen: ) , qu’il dort/mange pendant 8h ça lui laisse 8h de parapente par jour non ?
Merci Tommyn d’avoir rectifié pour le lien. karma+
Swaxis38, finalement oui, je me suis laissé convaincre pour l’achat de la Hook 3 plutôt que celle de la Rush 4 moins sage… Je ne regrette pas mon achat. Elle est plus vive et plus précise en virage mais surtout un plané et une capacité à mordre dans le thermique incroyable. Une machine à indiquer où se situe le thermique. Par rapport à la Mojo 4 c’est le jour et la nuit au niveau des sensations. Très agréable et facile au gonflage, sûre en conditions comme aujourd’hui : plafond très bas, on est souvent entrés dans les nuages et obligés d’en sortir aux oreilles. Transitions plus difficiles donc avec des raccrochages bas mais ça montait bien quand on trouvait le ascendances. Des thermiques qui faisaient gigoter dans tous les sens, malsains ou en tout cas très désagréables au point de m’éloigner de la zone d’ascendances (Rovagne)… Engagé car pas évident et avec une tension nerveuse pas évidente à gérer même dans les transitions pas de tout repos. Mais quelle journée !
Pour certains qui ont l’habitude d’avaler les kms, crosser moins de 20kms peut paraître si ridicule mais en ce moment, je vis ce que je n’osais même pas rêver : voyager d’un point A à un point B hors du fameux bocal qui est l’univers si habituel et si confortable intellectuellement : faire du soaring, monter, descendre dans les limites déco-atterro et le dépasser un tout petit peu et y revenir me faisait penser à une barque qui fait le tour de la rade et qui revient dès qu’elle le trouve nécessaire et impérieux dans le port. Sécurisant et soulagement de retrouver des lieux familiers matérialisés par des antennes, des arbres, des maisons. Et puis, avec le temps on se prend à rêver d’imiter les autres, les pilotes qui s’en vont et qui ne restent dans le bocal que le temps de l’extraction. J’adore ce mot extraction, car cela signifie qu’on va ex- en dehors. EN dehors de. En dehors de quoi ? de ce fameux bocal. C’est si effrayant la première fois de sortir de lieux devenus familiers et rassurants. La barque va-t-elle affronter la haute mer, franchir la digue qui signifie des choses inconnues et donc amener leur dose de crainte, d’anxiété ? Je sais décoller, je sais atterrir, tourner à droite et à gauche, je sais ce qu’est une brise, le vent, un thermique mais toujours dans des endroits confinés. Là c’est l’aventure. Il n’y a pas si longtemps, je regardais avec envie ces pilotes qui s’extrayaient et qui devenaient des points au loin alors que je restais bienheureux à faire l’essuie-glace et là en franchissant une certaine limite physique, je franchis aussi une certaine barrière intellectuelle. Celle de la liberté nouvelle, celle que l’on conquiert à force de travail, d’envie, d’espoirs, d’échecs aussi parfois, de mésaventures. Finis les ploufs, même les grands ploufs dans des endroits majestueux. Là il faut acquérir une autre dimension, celle de composer avec les éléments naturels qui vous environnent : les arbres, les forêts, les villages, les nuages. Habitant à Troyes, mes premiers mini cross furent des tentatives de me familiariser avec ce que je ne connaissais pas, ne serait-ce que visuels : voir des lieux traversés en voiture au ras du sol de haut, de plus haut. Tout se ressemble, tous les villages et pourtant… Partir le plus haut possible suite à un travail d’enroulement de thermiques et partir vent de cul et essayer de trouver des thermiques bleus donc invisibles en chemin pour remonter, pour retarder l’échéance, celle de devoir poser.
En montagne, c’est tellement plus facile, il y a des crêtes, des barrières rocheuses synonymes de thermiques généreux, des nuages plus facilement atteignables et si cela ne va pas revenir au point de départ et recommencer inlassablement. Il arrive que le plafond soit bas et de devoir composer avec, de devoir partir malgré tout explorer sachant qu’ne autre crête nous aidera à remonter. C’est magique. Comment la nature ou Dieu pour ceux qui croient peuvent mettre à notre disposition ces ascendances bienveillantes là où on en a désespérément besoin ? C’est magique de monter au son du bip bip, stressant de rentrer dans les nuages, d’en ressortir – par sécurité – avec des oreilles, si jouissif de revenir à la charge, de remonter et redescendre, d’entendre le vario indiquer qu’on est bien au vent du thermique du nuage et qu’il nous porte, nous aspire, être bienveillant au début, fascinant par son pouvoir de persuasion et déroutant car il représente aussi un danger potentiel.
La mgie continue quand on descend lamentablement et le miracle peut s’opérer , on retrouve quelque chose qui redevient plus gros, on essaie de toutes ses forces d’atteindre un lieu ensoleillé qui paraît propice à une remontée éclatante. Alors on se met à accélérer tout en voyant son altitude dégringoler, allez quelques mètres, on joue avec sa finesse et hop, gagné, on entend le chant du vario indiquer qu’il y a un port prêt à vous accueuilir, c’est fait ça remonte peu à peu, on fait des 8, des S, des 360, tout ce qu’on peut pour remonter à la surface c’est-à-dire au-delà des arbres, au-delà de la crête, et c’est victorieux , largement aidé par une nature généreuse qu’on se retrouve quelques centaines de mètres plus loin, plus haut alors qu’on était prêt à se poser dans un champ de fortune ou pas. Ainsi va le cross que je vis, entre des espoirs récompensés et des descentes inexorables, des soubresauts thermiques, des points à l’horizon qui se déplacent : les copains qui indiquent le chemin (à suivre ou à ne pas suivre). Les dangers sont plus grands en montagne, moins de champs pour se vacher, les reliefs sous le vent, les venturis qui ne demandent qu’à vous ballotter, les crêtes grandioses et parois verticales qui effraient par leur hauteur et leur inhospitalité en cas de fausse manœuvre ou excès d’enthousiasme. Mais la marge de sécurité s’accroît avec les conditions surtout quand on est ballotté de droite à gauche, quand on n’avance plus.
Le défi du cross est mental, technique et stratégique. Où veut-on aller, par où faut-il passer et surtout ne pas passer ? ne pas croire que la ligne droite est la ligne la plus courte… Remonter au vent et perdre des mètres d’altitude précieux, ce qui signifie composer avec les éléments qui vous entourent, les apprivoiser, les mettre dans sa poche et ne pas les affronter. Tous les sens doivent être en éveil pour choisir la bonne solution, celle qui ne vous fera pas poser et des fois cela se joue à quelques mètres, à quelques minutes. Un thermique cyclique, une confluence généreuse mais qui voue secoue comme un prunier. C’est simple, plus c’est désagréable, plus ça monte et plus cela devient difficile pour le mental ; mais accepter que cela vous transforme en salade dans un panier est la clef d’autres horizons, qui s’ouvrent à vous, une autre voie inexplorée, une succession de crêtes qui vous tendent les mains, mais qui ont besoin d’être gagnées à la patience, à l’usure, à l’abnégation, à la force du travail dans les ascendances, à la force de l’espoir. Car jamais rien n’est perdu et si l’esprit lâche, on va poser. Je suis descendu parfois si bas que le moindre bip bip vous transforme la descente en sourire euphorique. Vous gagnez à avoir persévéré et avoir cru en vous, en votre voile, en ce qui vous entouraient.
Et quand on pose par manque d’ascendances, par manque d’audace, par manque d’énergie, quand on s’est posé après avoir vécu tous ces moments intenses, on se dit que même ces moins de 20kms vous ont fait vivre quelque chose d’inoubliable, de sauvage, d’extraordinaire. Il est loin le bocal, oublié désintégré dans ses souvenirs. Il n’a servi que de base de lancement et on en a découvert d’autres en cheminant. C’est triste quelque part mais réjouissant car maintenant de bocal en bocal, on arrive à des aventures extraordinaires qui font de vous un héros humble et fier ; on a essayé de composer avec les éléments naturels, on a affronté ses peurs et angoisses pour arriver à un point inconnu qui en appellera d’autres, encore plus inconnus.
Le cross en parapente est quelque chose de grandiose car il demande tellement de ressources, mais qui mises dans le bon ordre finissent par ressembler à quelque chose, un tracé, une trajectoire et il n’y a rien de plus dépitant que de lever le pouce pour rentrer par la route et de voir des automobilistes interloqués qui se demandent ce que l’on fait là, perdus quelque part mais il n’y a rien de plus ahurissant et enthousiasmant que de se dire que l’on vient de vivre une aventure qui vous a transformé, fait grandir, aller puiser au fond de soi des choses inconnues. Et cela reste un bon moment dans votre mémoire et votre cœur, à jamais.
PS : Si d’aventure tu viendrais à deployer tes stabilos dans les Vosges cet été (entre le 12/07 et ~ le 25/08) signale toi, on se partagera bière, navette et vol)
Merci à tous pour vos encouragements qui font chaud au coeur. Cet après-midi cross FAI de 21kms vers Samoëns j’aurais pu rester plus longtemps et tenter autre chose mais suis descendu aux oreilles et accélérateur + timides 360 car en bas ça cisaillait sec selon les copains et l’heure du repas autour du match de foot approchait (tout ça pour un 0-0). Et en effet l’approche ne fut pas de tout repos. Mais quel bonheur de monter, descendre un peu, remonter, retrouver des ascendances, les enrouler et e^tre toujours près des nuages (pas le plaf cependant) : http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2013/vol/20148917 la magie est extraordinaire. c’est simple, en redescendant on regrette d’avoir quitté les anges et le soleil couchant… on se sent tout bête car l’esprit est bien ailleurs…
Oui Laurent je te l’accorde ça casse tout… Mais on est ausdi tributaire de la récupération alors… J’aurais pu accrocher d’autres crêtes et continuer mon périple dans le soleil couchant mais je ne voulais pas abuser pour ceux qui devaient me récupérer. Et ne connaissant pas assez le coin, j’ai préféré être sage. D’ailleurs l’approche et l’atterro mouvementés m’ont bouffé toute l’énergie qui me restait ! Donc pas plus mal de ne pas me mettre dans le rouge dans un champ avec le stress de la nuit qui serait presque tombée, les fils électriques et autres petits dangers potentiels.
Bon ok des gens comme Mathieu ou moi on est peut être un peu plus à fond que la moyenne vu qu’on est dans la période ou les dernières bribes de duvet tombent et qu’on sent encore les plumes pousser, mais quand tu commence à voir les montagnes où tu as usé plusieurs paires de chaussures de marche se révéler sous un nouvel angle, quand tu choppe un dernier thermique salvateur qui te satellise assez haut pour faire la transition du retour et poser au déco, quand tu tournes dans un thermique où il n’y a plus 20 ailes en même temps, mais plutôt deux buses qui te donne une leçon de centrage, quand tu “écoutes” les feuilles des arbres qui bougent les poils de tes jambes qui ressentent l’air chaud avant ton aile, quand tu te dis que ça passera pas et qu’en lâchant rien tu finis par retrouver et exploiter la bulle qui te permet de voir l’horizon autrement, quand au détour d’une falaise tu vois la ville où tu bosses tous les jours si loin là en bas, quand… C’est pas possible d’être blasé!! :dent: :jump: :ppte:
Merci Chamalo, oui nous sommes encore des piou piou donc heureusement pas blasés ! Vu Patrick Samoëns ce soir à Mieussy et à l’atterro de Samoëns
Ma trace du vol au Criou du 25 juin 2014 : http://www.doarama.com/view/6345, un endroit vraiment superbe !