Non, je n’ai pas d’infos particulières à te donner.
Les USA commencent à reconnaitre officiellement une tendance déjà bien engagée:
[i]Les Etats-Unis pronostiquent le déclin de leur suprématie
MONDE. Rapport du Conseil national du renseignement sur l’évolution prévisible de la planète.
Jurek Kuczkiewicz
Samedi 22 novembre 2008
«En 2025, les Etats-Unis constitueront sans doute encore l’acteur individuel le plus puissant de la planète, mais sa puissance relative, même militaire, aura décliné, et sa capacité de levier sur les affaires du monde sera fortement restreinte.» Ce pronostic n’est pas le fait d’un groupuscule anti-américain: c’est l’une des conclusions les plus frappantes du rapport que vient de publier le Conseil national du renseignement (NIC), un centre d’études gouvernemental américain dépendant directement du directeur national du renseignement.
C’est la 4e édition de ce rapport, élaboré tous les quatre ans par le NIC - anciennement par la CIA - destiné à éclairer les plus hautes instances américaines sur l’évolution prévisible de la planète. Nul doute qu’il tombe à pic pour le président élu Barack Obama, au moment où celui-ci s’apprête à prendre en main le gouvernail de la puissance américaine.
Selon le NCI, le système international sera presque «méconnaissable» en 2025, présentant l’image d’un ensemble multipolaire, dont l’histoire enseigne qu’ils sont beaucoup plus instables que les ensembles bi/ou unipolaires. La puissance incontestée des Etats-Unis depuis la fin de la Guerre froide, et que l’on a vu perdre de sa superbe depuis l’aventure irakienne, se verra contrebalancée par l’émergence des nouvelles puissances: pour le NCI, il s’agira surtout de la Chine et de l’Inde.
Mais l’affaiblissement des Etats-Unis sera aussi l’effet des développements technologiques, notamment informatiques et nucléaires, dans le chef d’acteurs tant étatiques que non étatiques. A ce sujet d’ailleurs, un rapport renversant publié quasi simultanément par un panel d’experts du Congrès américains, révèle que la Chine a développé des capacités de piratage et d’attaque informatiques telles, qu’elle est d’ores et déjà en mesure de neutraliser les capacités américaines en la matière: et donc par là même les moyens militaires qui en dépendent totalement!
Europe: «géant boiteux»
A l’échelle de la planète, indique le NIC, le transfert de bien-être et de pouvoir économique aura pour effet que vers 2040-2050, les PNB réunis des «BRIC» (Brésil, Russie, Inde et Chine) sera équivalent à celui des pays du G7. Quant à la Chine, elle sera déjà en 2025 la seconde puissance économique derrière les Etats-Unis, supplantant à cette place l’Europe, mais en acquérant un statut de puissance militaire de premier plan. Enfin, le NIC consacre une part importante de son rapport aux enjeux transnationaux, qui conditionneront les relations entre les blocs.
L’accès de plus en plus raréfié aux ressources naturelles que sont les énergies fossiles, mais aussi l’eau, la nourriture, et même «l’air sain» mis en danger par le réchauffement climatique, constituera un motif très probable de conflits entre blocs. La question n’est pas tant de savoir si ces conflits auront lieu, mais quand et quelle sera leur ampleur…
Et l’Europe dans tout cela? Elle restera, plus encore qu’aujourd’hui, un «géant boiteux», face à des pôles politiquement et militairement beaucoup plus intégrés. Et ceci principalement, selon le NIC, du fait d’un fossé qui ne fera que s’approfondir entre ses élites et des opinions publiques de plus en plus sceptiques.
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Article annexe:
[i]Les mille questions de la transition américaine
Une lutte frontale s’est déclenchée entre le camp sortant et celui rentrant.
Luis Lema, New York
On les appelle les «réglementations de minuit». Il est minuit moins cinq pour l’actuel locataire de la Maison-Blanche. Et, avant de se transformer en vieille citrouille, l’administration de George Bush s’est lancée dans une course effrénée pour achever, en cinq minutes, ce qu’elle n’a pas fait en huit ans.
Rendre plus difficile, pour le gouvernement, le contrôle de l’exposition des travailleurs aux produits toxiques; allonger le temps de travail possible des camionneurs; abandonner les obstacles posés à l’extraction du charbon; retarder l’entrée en vigueur des mesures de protection de l’air à l’égard des nouvelles entreprises… Certains services de l’administration travaillent pratiquement vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour liquider cette montagne de (dé)réglementations avant le 20 janvier prochain. Afin de revoir quelque 200000 dispositions liées à la sauvegarde des espèces vivantes, le Département de l’intérieur a donné quatre jours à ses fonctionnaires. Sept décisions à (ne pas) prendre à la minute…
Cette fébrilité de la dernière heure est à la mesure du choc que représentera la «transition» entre l’administration actuelle et celle qui prendra le relais dans quelques semaines. Officiellement, George Bush a promis de tout faire pour rendre le passage de témoin aussi «doux» que possible. Mais derrière les rideaux, c’est une lutte frontale qui s’est déclenchée entre deux camps. Celui qui, jusqu’au dernier moment, tentera de consolider sa vision du pouvoir et des Etats-Unis. Et l’autre, que Barack Obama est progressivement en train de réunir autour de lui. Le style est «cool», «soft», décontracté. Mais l’objectif ne sera autre que de détricoter jusqu’à la dernière maille l’héritage qui lui est laissé.
Progressistes oubliés?
De quelle manière? Les principaux acteurs commencent à être en place. Ce sera, sans doute, Hillary Clinton, aux commandes de la diplomatie. Sa nomination ne va pas de soi: de sa position sur la fin de la guerre d’Irak (à propos de laquelle elle est beaucoup moins tranchée que le président élu), à sa perception de la menace russe ou du conflit israélo-palestinien, ses vues apparaissent d’ores et déjà insupportables pour la gauche du Parti démocrate. Et ce, d’autant plus que sa nomination pourrait s’accompagner du maintien au Pentagone de Robert Gates, peu enclin à entreprendre un retrait précipité des troupes américaines en Irak. «Beaucoup d’activistes pour la paix et la justice ont travaillé dur pour l’élection d’Obama, constatait cette semaine un commentateur dépité de la revue The Progressive. Mais jusqu’ici, les progressistes n’ont absolument rien obtenu d’Obama. Ce sera la continuation de l’Empire, comme d’habitude.»
Question de point de vue. Car au-delà des grandes figures du prochain gouvernement (le juriste noir Eric Holder à la Justice, le sénateur expérimenté Thomas Daschle à la Santé, Timothy Geithner peut-être au Trésor…), c’est aussi aux étages inférieurs de l’administration que devrait se produire le «changement» promis par le candidat Obama. Pour diriger les agences qui s’occupent de la protection de l’environnement, de la défense des consommateurs ou des règles de sécurité sur les lieux de travail, l’équipe du nouveau président semble ainsi privilégier les tenants de davantage de régulation gouvernementale: «Un quarteron d’activistes et d’avocats», comme les qualifiait le conservateur Wall Street Journal.
L’horizon lointain de la présidence de Barack Obama vient d’être posé par le Conseil national du renseignement, cette émanation des services secrets qui a dessiné, pour ces prochaines décennies, le déclin apparemment inéluctable de l’hyperpuissance américaine (lire ci-dessus). Entre-temps, il s’agira de résoudre ce qui s’annonce comme l’une des pires récessions de tous les temps, de faire face à l’écroulement des banques, à la faillite possible de tout le secteur automobile, de mettre fin à deux guerres, de rétablir l’honneur perdu de l’Amérique et, accessoirement, de démanteler les milliers de «réglementations de minuit» que l’administration actuelle est en train de bricoler en ce moment à Washington.
Quelle église, quelle école?
D’ici là, pourtant, dans un avenir bien plus rapproché, place au jeu du vetting, cette mise à l’enquête de chaque candidat pressenti pour occuper un poste d’importance. Les enquêteurs d’Obama ont eu du travail avec Hillary Clinton, et surtout son mari Bill, dont les activités au sein de sa fondation le font côtoyer bon nombre de chefs d’Etat et de milliardaires pas toujours recommandables pour l’époux de la secrétaire d’Etat.
Mais place, encore, à d’autres préoccupations en marge de cette transition «historique». A quelle église se rendra la famille Obama pour le culte du dimanche? Et à quelle école seront inscrites Malia et Sasha, 10 et 7 ans, lorsqu’elles déménageront à Washington? La presse la plus sérieuse du pays suit avec une attention soutenue ces questions, et elle suivra sans doute pas à pas, la semaine prochaine, la visite que doit faire Michelle Obama dans une série d’établissements scolaires proches du 1600 Pennsylvania Avenue, l’adresse de la Maison-Blanche. Si les Obama choisissent une église noire, qu’en sera-t-il de leur volonté affichée de dépasser les clivages «raciaux»? Et dans une ville aussi marquée que Washington par les séparations ethniques, quelle image serait-elle donnée au contraire par le choix d’une église qui semblerait plus conforme aux racines du nouveau président? De même, quelle foi accorder à la défense que Barack Obama a faite du système public si le nouveau couple présidentielle choisit une école privée pour ses propres enfants? Ces questions ne sont futiles qu’en apparence au moment où les Obama se sont promis d’incarner, aussi, la fin d’une certaine arrogance du pouvoir et d’une déconnexion du petit monde de Washington avec l’Amérique réelle.
Reste, dans ce même ordre d’idées, la question centrale: Barack Obama a-t-il, comme il l’a promis, renoncé à fumer? Ou reste-t-il prisonnier de son addiction à la cigarette? L’Amérique s’est donné un président qu’elle a rêvé parfait. Mais peut-on être parfait et se laisser aller à en griller une, en cachette, de temps en temps?[/i]