Vous pouvez fendre les poils de cul en quatre avec toutes sortes d’arguments plus ou moins spécieux, il reste un fait incontournable : TOUTE la calotte glaciaire du Mont Blanc est en territoire français (et j’ai dit moi aussi que c’est extrêmement con) et donc interdite de survol du 1er juillet au 31 août.
Adoncques ceux qui veulent y aller en vol se mettent hors la loi, même sur un versant italien, à partir du moment où ils survolent la calotte.
Pas vu pas pris, c’est très français, et ce ne sont pas les carabiniers qui viendront verbaliser, les parapentistes ne pouvant être vus depuis la place Balmat à Chamonix croiront facilement avoir fait la nique aux autorités.
Plus dur sera le réveil.
Comme je suis finalement assez ouverte, je leur suggère de faire le tour du Mont Blanc, de Champex à Champex, en contournant toute la zone interdite, sans aller poser au sommet. Le vol est certainement encore plus magique (voir la vidéo d’Alain Finet et Antoine Desvallées) et au moins aussi difficile techniquement.
Quand Marc évoque la trace qui, du refuge du Goûter au sommet, conduit chaque jour des quantités de touristes derrière des cohortes de guides, je ne peux que le suivre… mais ce n’est pas souvent une tranchée à vaches, et il m’est arrivé de ne pas avoir de trace du tout. Et dès qu’il y a un peu de mauvais temps, la trace est vite effacée et pour des imprudents / inconscients c’est le drame imminent.
Je ne souhaite à personne de prendre le mauvais temps là-haut.
En principe, on ne tente le vol qu’avec une météo parfaite et la probabilité d’une dégradation des conditions est très faible, mais il reste que le Mont Blanc est une montagne inhospitalière et qu’un moindre coup de vent peut avoir des conséquences dramatiques si on ne peut pas redécoller.
Je ne souhaite à personne de devoir décoller par vent nul en tongs ou en baskets.
En 2009, je n’avais pas un pet de papillon timide et la voile glissait sur la neige, l’orage grondait sur l’Italie et je ne me sentais pas très bien toute seule là-haut. C’est dans ces conditions assez rares que les petits passants sur l’extrados de l’Ultralite deviennent indispensables, pour pouvoir tenir la voile en position et la gonfler en sécurité.
Ce jour-là je n’étais pas loin de me décider à descendre à pied, je l’avais déjà fait en solo et ce genre de descente n’était pas de nature à m’impressionner. J’avais évidemment tout le matériel indispensable, sauf les bâtons de rando pliants, bien plus efficaces que le piolet à partir de Vallot.
Allez au Mont Blanc en vol, transgressez les interdits, prenez le risque d’y rester si cela ne se passe pas bien, prenez le risque de ne pas pouvoir redécoller, prenez le risque de vous faire alpaguer par les képis et confisquer votre matériel, allez-y et si vous passez au travers vous pourrez tirer sur vos bretelles, vous n’impressionnerez que les idiots et les ignorants.
Moi je respecte la montagne et je monterai à pied… en septembre.
Salut et fraternité*
(quelqu’un a fustigé ma tirade au sujet de la mentalité “râteau” des Chamoniards. Pour avoir passé toutes mes vacances à Chamonix de 1967 à 1988, beaucoup pratiqué les gens du cru et les avoir observés sur de longues périodes, je les connais assez bien et je n’ai pas d’illusions. La montagne est leur milieu et leur gagne-pain, ils se protègent au maximum. C’est très pénible mais on ne peut pas leur donner tort)
