A son âge - et encore à 40ans - je dénivelais 800m/h avec les peaux de phoque mais pas sur le plat, en haute montagne, et en faisant la trace, évidemment… mais pas sur de telles durées, aucune montée dans les Alpes ne dure aussi longtemps.
Comme Lachenal, je n’aimais pas monter, alors je fonçais afin que cela durât moins longtemps.
Je tenais aussi les 1200m/h à pied, par exemple lors du “marathon” du concours de l’ENSA et avec 12kg sur le dos, mais pas sur des durées importantes, toujours avec le même souci que Lachenal de “raccourcir” les montées.
Je doute fort que Kilian Jornet ait un jour l’âge d’être grand-père mais cela le regarde. Ce genre de fuite en avant, à son âge, montre seulement qu’il a encore beaucoup à apprendre de lui-même.
Ses records sont impressionnants mais ils ne m’impressionnent pas, de la part d’un sportif qui ne fait que ça.
J’ai beaucoup plus d’admiration pour les exploits de Reinhold Messner, qui a 3ans de plus que moi et qui se porte comme un charme, ou de Marc Batard qui réussit au 3ème essai l’ascension de la Sagarmatha* (8848m) en aller-retour du camp de base en moins de 24h. Au 2ème essai, une semaine avant, il avait mis un but au pied du petit ressaut terminal parce que s’il y était allé il n’aurait pas pu revenir. Les énormes fatigues de sa 1ère tentative, puis de sa 2ème, auraient dû le rincer complètement, mais Marc est un guerrier et sa réussite me stupéfia.
Je ne pense pas que Kilian Jornet aurait impressionné Lachenal, qui aurait sans doute trouvé absurdes des exploits de ce genre pour la galerie, pour le Guinness et les caméras de RedBull.

(*) Versant tibétain, cette montagne se nomme Chomolungma. Je refuse de nommer les montagnes de l’Himalaya avec les noms que leur donnèrent les colonisateurs anglais.



