Orthographe (et donc flood !)

Erreur / Faute
Par Marc81 dans Synonymie le 14 Septembre 2011 à 09:40

Faisant tous deux référence au sentiment de s’être trompé, erreur et faute sont des mots souvent confondus.

La différence, bien que subtile, n’en est pas moins présente : une faute (altération du latin falsus, faux), c’est un manquement à une règle (morale, scientifique, artistique…), à une norme, alors qu’une erreur (nom emprunté du latin error, errer d’où incertitude, ignorance) n’est rien d’autre qu’une méprise, une action inconsidérée, voire regrettable, un défaut de jugement ou d’appréciation.

Ainsi commettra-t-on une faute de français (c’est-à-dire une faute contre l’ensemble des règles régissant notre langue, comme on le disait à une époque), une faute de goût (manquement à la bienséance) mais une erreur judiciaire.

Certains linguistes ont voulu faire de la conscience de la méprise la distinction entre faute et erreur. Ainsi, Gheorghe Doca rappelle que « les fautes sont liées à la performance » (on en est immédiatement conscient : lorsque l’on attire notre attention sur elles, on a la possibilité de faire soi-même la correction parce qu’on connaît les règles) tandis que « les erreurs sont liées à la compétence » (on les fait de façon inconsciente et involontaire, faute de connaissance suffisante de la règle).

Plus globalement, la distinction repose sur l’idée de responsabilité – pour ne pas dire de culpabilité (à la différence du péché, la faute n’a pas forcément de connotation religieuse… mais force est de constater qu’elle reste le plus souvent moralement connotée dans l’inconscient collectif).
Nous sommes responsables de nos fautes, en ce que nous sommes censés connaître les règles, les lois qui prévalent. En revanche, une erreur est le plus souvent commise de façon involontaire – sans intention délibérée, donc de bonne foi (à la différence d’un mensonge) –, par inattention, par maladresse, par oubli, par ignorance…

C’est ma faute, tout cela est arrivé par ma faute.

Cette décision précipitée fut une faute (= un manquement à la prudence).

Sauf erreur ou omission.

Induire quelqu’un en erreur (= l’amener à se tromper).

Séparateur de texte

Remarque 1 : L’usage veut que l’on parle d’une faute d’orthographe mais d’une erreur de calcul. Comme si une confusion avec les lettres était plus grave qu’une maladresse avec les chiffres… Il me semble pourtant que l’on devrait pouvoir dire, dans les deux cas :

Une faute de calcul ou d’orthographe (si l’on insiste sur le manquement aux règles calculatoires ou orthographiques) et Une erreur de calcul ou d’orthographe (si l’on relève l’étourderie, la confusion, la simple inexactitude).

Un internaute (qui se fait appeler Jean-Mi sur un forum de discussion) introduit pertinemment le débat :

« Je me rappelle une "petite sixième" qui, ayant écrit "Il oubli", s'étonnait que j'ajoute un E alors que "il" est masculin... Avait-elle commis une faute ou une confusion entre l'accord de conjugaison et l'accord en genre ? Cette fillette avait réfléchi, s'était posé la question de terminaison, avait repéré le genre du sujet, mais, tout simplement, elle n'avait pas encore assimilé les codes (...) Je propose donc qu'on remplace "faute d'orthographe" par "erreur d'orthographe". »

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Remarque 2 : Une erreur étant le plus souvent involontaire, on conçoit que l’expression erreur involontaire relève du tour pléonastique… sauf quand on souhaite insister sur le fait qu’il s’agit justement là d’une méprise commise de façon non délibérée, par opposition aux (rares ?) cas d’erreurs intentionnelles.

Remarque 3 : La locution prépositive faute de (sans déterminant) signifie « par manque de, à défaut de » et est invariable. On se gardera de la confondre avec l’expression une faute de, où le nom faute est précédé du déterminant une et suivi de son complément (voir Remarque 4).

Faute de grives, on mange des merles (= à défaut d’avoir ce que l’on veut, on se contente de ce que l’on a).

Faute d’avoir fait cela (et non faute de n’avoir fait cela, qui signifierait le contraire).

Remarque 4 : On conçoit que, dans les expressions faute d’étourderie, faute d’inattention, etc., le sens est en fait celui d’erreur. On pourra donc avantageusement parler d’une erreur d’étourderie ou d’inattention. On notera que, dans ces emplois, le nom qui suit peut exprimer soit la nature soit la cause de l’erreur ou de la faute.

Une faute de goût, de français (= en matière de goût, de français).

Une erreur d’inattention (= commise par inattention) et non Une erreur d’attention (l’attention ne peut être ni la nature ni la cause de l’erreur).

Cependant, quand ces mêmes expressions sont employées sans déterminant, elles relèvent de la locution prépositive faute de, dont on se rappelle qu’elle signifie « par manque de » (voir REM 3). On dira donc :

Faute d’attention, il a mal recopié la poésie (et non Faute d’inattention, il a mal recopié sa poésie) mais Il a fait une faute d’inattention en recopiant la poésie (et non une faute d’attention).

Remarque 5 : On écrira c’est ma faute de préférence à c’est de ma faute qui, bien que correct, relève du langage populaire. On privilégiera notamment la tournure sans préposition lorsque faute a un complément, qui sera introduit par de et non par à.

C’est la faute de Pierre (et non C’est la faute à Pierre ni C’est de la faute de Pierre).

Toutefois, lorsque faute est précédé d’un déterminant possessif, il est possible d’employer le déterminant à pour renforcer ce possessif.

C’est leur faute, à ces imbéciles !

Étrangement, on continue à dire à qui la faute ? sans que cela choque…

Remarque 6 : Concernant l’expression sans faute(s), voir l’article Accord avec sans.

Remarque 7 : Au tennis, faute ! (out en anglais) se dit quand une balle retombe hors des limites du terrain (ici, faute = manquement à la règle d’un jeu). Jacques Capelovici (voir bibliographie) s’interroge à juste titre sur le bien-fondé de la formule « la balle est faute », faute étant un nom et non un adjectif…
Quant à l’expression « double faute », qui désigne le fait de manquer deux services consécutifs au tennis, on notera son pluriel : doubles fautes.

Puisqu’on est dans le vocabulaire le “flood” correspond à des messages qui n’ont rien avoir avec le sujet du post et non pas le sujet du forum.
“messages répétitifs, dépourvus de sens, n’ayant aucun rapport avec le sujet initial ou ne revêtant aucune utilité particulière”

Sur ce post, ce n’est donc pas du flood, sauf si on y parle de vol libre :wink:

Salut,

Tu as tout à fait raison ! :bravo:

En principe le “flood” (ou plutôt le “hors-sujet” parce que les anglicismes à tout va, bof !) correspond à des messages hors-sujet à l’intérieur d’un fil de discussion.

Que ce fil se trouve dans la rubrique “flood” du forum est logique puisqu’il ne parle pas de vol libre, mais il était inutile de le signaler dans le titre !
De plus ce titre est mal adapté et devrait plutôt s’appeler “Langue française” puisque l’on n’y parle pas que de l’orthographe, mais aussi de la conjugaison, de la syntaxe, etc.

En fait c’est plutôt moi qui ai alimenté des “floods” dans un certain nombre de fils de discussion lorsque j’exprimais directement des remarques sur l’orthographe à la suite de certains commentaires à l’intérieur des fils en question au lieu de le faire ici.
Cela m’a été, à juste titre, reproché et j’essaie de me soigner ! :pouce:

Remarque : on écrit :
“…messages qui n’ont rien à voir…” et non pas : “…messages qui n’ont rien avoir…” ! :pouce:

:trinq:

Marc

[quote]les anglicismes à tout va, bof
[/quote]
Pourquoi?

Je classe ça parmi les erreurs grossières :oops:

Pourquoi ?
[/quote]
Parce que notre langue française est belle et qu’elle a une longue histoire et je ne vois vraiment pas pourquoi il faudrait accepter à longueur de temps qu’elle soit envahie par des mots anglais lorsque les termes correspondants français existent !

On a bien fini par intégrer le mot “logiciel” par exemple (parmi tant d’autres !) alors que l’on pensait à un moment que le mot “software” serait incontournable.
Des exemples de ce type, il y en a plein !
Alors le mot “flood”, franchement je ne souhaite pas qu’il devienne français…

Penses-tu un seul instant que la réciproque soit vraie et que le monde anglo-saxon accepte d’intégrer des mots français dans leur vocabulaire habituel ?

A+ Marc

Eh bien… oui puisque selon les études, 50 à 60 % du vocabulaire en langue anglaise est… français.

Histoire d’en remettre une couche :canape:
On peut les appeler stalkers ou trolls, mais ils détestent les anglicismes et vous risquez par conséquent de les courroucer encore plus. Ces irréductibles défenseurs de la langue française sur les réseaux sociaux

Pourquoi faut il attendre la réciproque, faut il s’aligner sur les moins-disants ?

Salut

Je partage l’avis de Marc concernant tous ces anglicismes qui nous envahissent depuis quelques années.

C’est pas culturel mais générationnel,j’ai 60 ans.Les djeuns baignent dans cette situation depuis leur enfance par spot de pub interposés

et sont totalement inconscients du problème.

On dirait que même les moins jeunes qui en sont conscients ne sont pas épargnés ! :wink:

si c’est pour parler français comme ça, on est en droit de préférer les anglicismes synonymes d’échanges linguistiques fructueux et de dynamisme d’une langue qui n’est pas morte (in nomine patris et spiritus sancti amen) :stuck_out_tongue:

Le plus important est peut-être de savoir comment le destinataire reçoit le mot et s’il sent la nuance, non ?

Salut,

Il faut croire que cela ne vole pas beaucoup en ce moment pour que ce fil soit alimenté ainsi !

Allez une petite remarque avant la nuit. :pouce:

En français les phrases négatives sont construites en employant deux termes : “ne” ou “n’” avant le verbe et “pas” après le verbe.
Exemples : je ne sais pas…, je n’aime pas…, je ne veux pas…, etc.

Mais comme cela a déjà été signalé (cf. un message à ce sujet plus haut dans ce fil), le “ne” ou le “n’” des phrases négatives disparaissent très régulièrement, à la fois à l’écrit et à l’oral.

Les enfants, et beaucoup d’adultes, disent ou écrivent en effet : je sais pas…, j’aime pas…, je veux pas…, etc.

Autre exemple : avec mon épouse nous sommes allés voir hier soir le film “The square”, film danois qui a obtenu la palme d’or au dernier festival de Cannes.
Il était sous-titré en français et il y avait des dizaines et des dizaines de phrases négatives (le film dure 2h26’ quand même !) et la quasi totalité des phrases négatives n’avaient ni “ne”, ni “n’”.
Pour des sous-titres officiels d’un film récompensé, c’est quand même assez étonnant !
D’ailleurs à un moment donné la même phrase se répète deux fois de suite et l’écriture est correcte pour l’une et pas pour l’autre. :grat:
A quoi pense donc celui qui rédige les sous-titres ?

En plus avec le “on” la liaison fait que la phrase s’entend de la même façon et la faute est encore plus fréquente.

Exemple : mike57 a écrit (cf. message cité) : “On a pas le cul sorti des ronces”, mais il aurait fallu écrire :
On n’a pas le cul sorti des ronces” ! :pouce:

Je trouve un petit peu dommage que la construction correcte des phrases négatives disparaisse ainsi, mais cela semble assez inéluctable :grat:
D’ailleurs cette erreur (et non pas faute !) apparaît très souvent sur le forum.
J’ai pris cet exemple-là, mais j’aurais pu en choisir beaucoup d’autres…

:trinq:

Marc

Lassalle, as-tu réussi à rester jusqu’à la fin du film? ROTFL

“Rendez vous” chez les anglais par exemple.

[quote]L’apport du lexique français à l’anglais

Dans cette partie, seront classés les apports lexicaux français à l’anglais, par domaines et par ordre chronologique. Les périodes auxquelles ces mots sont rentrés dans la langue anglaise sont précisées autant que possible. Il n’est pas toujours possible d’affirmer avec certitude la période précise à laquelle un mot a été emprunté. Sont en italiques les mots anglais modernes, entre parenthèses leur traduction actuelle en français, si celle-ci est différente de l’anglais, et, en gras, le mot français de l’époque, lorsque l’anglais l’a emprunté.

Plusieurs éléments sont à observer.

Parfois, la forme des mots anglais a gardé des traces de l’ancien français, écrit ou oral, comme certaines consonnes (forest, forêt) ou certaines voyelles ou diphtongues (veil, voil ; leisure, loisir), le français actuel s’éloignant parfois plus de son ancienne forme que l’anglais (ante donne tante en français de ta ante « ta tante » et aunt en anglais).

De nombreux noms, verbes et adjectifs anglais empruntés à l’ancien français n’ont pas toujours gardé en anglais le sens qu’ils avaient en ancien français et, parfois, ils ont développé un sens que le français ne connaît pas. Dans les deux cas, ces mots constituent des faux-amis (egre donnant aigre en français et eager'' en anglais, « désireux de »).

Certains mots anglais sont composés d’un mot d’origine germanique et d’un autre mot d’origine française (handkerchief : hand est issu du proto-germanique *khanduz et kerchief est un emprunt à l’ancien français core chief)

Certaines formes de l’ancien français n’ont pas survécu en français moderne, alors qu’ils existent toujours en anglais (soulace, conceler, estriver, gone).

Il n’est pas rare qu’un concept anglais ait deux, voire trois mots de vocabulaire pour le désigner, l’un d’origine germanique, l’un d’origine française et l’autre d’origine latine (kingly, royal et regal veulent tous dire la même chose, « royal »).

La plupart des mots anglais se terminant par -ous, par -ty (sur le modèle de -té), par -tion, par -ture, par -ent sont d’origine française.

Les domaines d’emploi, essentiellement ceux de la vie sociale et intellectuelle, mais aussi certains usages domestiques et alimentaires, démontrent l’omniprésence du français dans la société anglaise dans de nombreux domaines, par exemple les noms de viande : beef vient de buef (bœuf), mutton de moton (mouton), pork de porc, veal de vel (veau).

Certains mots empruntés au XIXe siècle et XXe siècle sont encore considérés comme des mots étrangers, des mots français (comme chic), mais utilisés par les anglais cultivés qui utilisent un langage distingué.

Certains anglicismes sont en fait des mots ayant été empruntés au français il y a bien longtemps et réempruntés récemment à l’anglais (comme bacon).

Ce lexique n’est pas exhaustif. Il ne s’agit ici que d’exemples pour illustrer les innombrables emprunts.
[/quote]
Source https://fr.wikipedia.org/wiki/Influence_du_français_sur_l'anglais

Bon en même temps, je ne suis pas un exemple en Orthographe, mais je me soigne :trinq:

…Toi, tu vas finir par polluer ce fil de discussion sur l’orthographe en parlant de vol libre…
:floodstop:

:sors:

Merci beaucoup pour ce lien que je ne connaissais pas ! :pouce:

:trinq:

Marc

Je ne quitte pas les salles de cinéma avant la fin de la projection !

Mais effectivement ce film, qui se veut provocateur et “décalé”, est beaucoup trop long.
Il y a des idées sympas, mais aussi des longueurs assez incompréhensibles.

Je comprends qu’il ait pu y avoir des polémiques au moment de l’attribution de la palme d’or à Cannes.
Ce film a en effet beaucoup plu à certains, mais a été très loin de faire l’unanimité des critiques et je comprends pourquoi.

Marc

Même s’il le sujet a été débattu depuis, je ne peux m’empêcher de citer quelques “example” concernant la “grammar” et l’ “ortography” dans le “vocabulary” du “language” anglais … mais là je risque d’être un peu “pedantic” si je continue…
:stuck_out_tongue:

oups “…s’il le sujet a été débattu”

“si le” bien sûr …

j’ai dû commencé à penser écrire “s’il a été débattu” avant de penser à rajouter “le sujet” … trop tard
pas taper … ROTFL

J’avais vu, mais je n’ai pas réagi.
Je pensais bien qu’il s’agissait d’une simple “faute de frappe” (je ne pense pas que l’on dise : “une erreur de frappe” ?).

Et on écrit : “avant de penser à rajouter…” ! :pouce:
Mais il s’agit aussi d’une simple faute de frappe et non pas de la méconnaissance d’une règle ; ce n’est donc qu’un petit détail…

:trinq:

Marc