Retour gagnant à Luchon en Bionic 2 EVO
Les Pyrénées connaissent actuellement des aérologies difficiles. La neige y est encore abondante et les nuits fraîches mais la température diurne est très élevée. Dans ces conditions, une rentrée de Nord, même faible, durcit les vols, aussi simples soient-ils, car les écoulements des bises sont perturbées, voire inversées par rapport à l’habitude dans les vallées transversales, avec des évolutions rapides qui ont fait un drame (voir compé)
Ce dimanche matin dans les environs de Luchon, c’était du « strong-soutenu » : alors que plusieurs pilotes ont déclaré des vario supérieurs à + 8 m/s jusqu’à des altitudes avoisinant les 3000 m, la mémoire de ma montre-alti, plutôt flémarde, révélait à l’atterrissage un + 9.3 alors que je n’ai pas dépassé 2600 m.
Dans ces conditions, les évolutions faites l’année dernière ont être éprouvées… et approuvées !
Si son pilote a mis près d’un quart d’heure à se détendre, la Bionic 2 EVO a confirmé toutes les bonnes dispositions entrevues l’automne dernier.
La manœuvrabilité a bien progressé et l’aile répond maintenant à toutes les actions de pilotage (commandes, sellette à contre, main extérieure, etc.), et ce sur une large plage de vitesse, facilitant d’autant l’exploitation de tous les types d’ascendance.
« Last but not least », l’aile ne se désunit plus en conditions fortes.
Une fois bien éloigné du relief et des autres ailes en vol, j’ai passé plusieurs minutes le nez en l’air à vérifier cela dans les plus forts thermiques rencontrés, car j’étais moi-même assez incrédule : les plumes n’oscillent plus du tout d’avant en arrière dans la turbulence
Conséquence immédiate : le rendement de l’aile en thermique a fait un bond !
S’il est difficile d’estimer dans quelles proportions, le gain est évident et très appréciable pour le pilote rouillé que je suis : en dépit d’une charge alaire de 4.3 kg/m², j’ai eu la satisfaction de rejoindre en vol et de pouvoir évoluer une dizaine de minutes au niveau d’une Aspen 4 et une Sigma 8, avant que chacun de prenne la tangente qui lui convenait le mieux.
Je n’ai pas souffert de la comparaison et ai bien pu apprécier leurs écarts alors que ma Bionic semblait, comme à son habitude, glisser sur deux rails.
La confiance s’établissant entre l’aile et son pilote, la suite du vol a été aussi intéressante.
J’ai usé intensément de l’accélérateur, tant pour échapper aux descendances, bien à l’aune des ascendances rencontrées, que pour replacer rapidement l’aile dans les thermiques aux reliefs les plus escarpées : au premier barreau (il faut être raisonnable tout de même!), le bord d’attaque n’a jamais bronché.
Après un crochet sur les Agudes, j’avais tout le gaz nécessaire pour tester le comportement spirale : il est sans ambiguïté, au moins jusqu’aux alentours de 3.5 G, valeurs pour lesquelles on tombe vraiment du ciel sous une aile qui ne bronche pas, répond parfaitement à la commande, tant pour mettre le nez vers le sol que pour doser la sortie de la manœuvre.
Le retour au sol fut à l’avenant : une légère prise de vitesse, accentuée par un ample virage à la sellette, assure un long flair et un décrochage bien téléphoné, accompagné d’un net durcissement des commandes au niveau de la planchette de sellette avec un tour de main.
Fin…mais ça continue !
Je pense avoir réalisé 80 % du potentiel d’amélioration de cette voile. Au delà, je ne m’estime pas assez compétent pour pousser la voile dans ses derniers retranchements ou proposer des modifications de voilerie aptes à effacer tous les vilains plis qui rendent son bord d’attaque si disgracieux.
C’est toujours une Bionic et on est toujours autorisé à ne pas aimer son esthétique si particulière, ou son amortissement bien présent en roulis qui peut désorienter les fessiers nerveux.
Mais après le montage des élévateurs Rip Air qui vont alléger ma voile des élévateurs à afficheurs qui l’équipent encore, j’aurais personnellement achevé ma quête.
Elle m’aura permis de toucher du doigt ce qu’aurait pu être un quasi sans faute dans la lignée de la démarche de son concepteur : une aile simple et efficace qui ne demande plus aucun artifice pour être appréhendée dans tout ce qu’elle a de meilleur à donner.