je ne trouve pas ça exagéré, ça a été mon premier contact avec une voile, je n’imaginais même pas voler un jour, un pote m’a collé sa sellette sur le dos et vlan, vas-y cours avec les A devant. cette puissance au dessus de la tête… cette banane sur mon visage n’a jamais changé. c’est à chaque fois aussi fort.
Tout ce que vous avez dis, j’aurai pus le dire aussi … être vivant à 100% … liberté incomparable … Un mélange de calme - plénitude et de tension avec tous les sens en éveil … sentiment de liberté …
mais vous avez oublié un truc
Je suis en extase du paysage que je survole, dimanche dernier ça me la encore fait
les Baronnies sont tellement belles vue d’en haut, les couleurs d’automne me transportent dans un monde de pure beauté
pour moi c’est aussi fort que les plus beaux tableaux du monde
du régal pour les yeux, de la crème au chocolat pour les pupilles
je m’indigestionne le cerveau de visions divines
… et je me repasse le film le soir avant de m’endormir
c’est plus qu’une drogue pour moi, c’est une respiration
:jump:
Qu’est ce que ça me fait de voler ? ça me rend heureux
Marrant, pour moi le thermique, c’est la quintessence du vol libre. La première fois que j’ai fait du parapente, j’ai fait un plouf en bi et j’ai trouvé ça nul. La première fois que j’ai pris un thermique en stage init en 2003, ça a été une révélation ! Mes meilleurs souvenirs, ce sont l’enroulage d’un thermique en plaine sur 2000m avec une horde de vautours, et l’enroulage d’un thermique après une transition délicate aux Deux Soeurs (Vercors) sur un cross de 100km avec une bande de potes, on montait tous ensemble dans du un énorme +7, c’était trop bon !
Après, j’aime bien aussi l’ouverture sur la nature qui nous entoure, que ce soit à contempler les paysages, ou à essayer de comprendre la météo et l’aérologie.
On est donc bien d’accord !
Et d’accord aussi, qu’une dimension important de cette activité, bien qu’essentiellement individuelle, c’est le partage.
On est donc bien d’accord !
Et d’accord aussi, qu’une dimension important de cette activité, bien qu’essentiellement individuelle, c’est le partage.
[/quote] d’autant plus que je vole principalement en plaine et au treuil , et sans les autres nous ne sommes rien
en ce moment, je pourrais plutôt répondre à la question : que ressentez vous quand vous ne pouvez pas voler (9 mois après mon accident et toujours en incapacité de revoler) :
-de la frustration,
-un GROS manque, énorme même…
-de la jalousie de vous voir raconter vos vols récents et balancer toutes vos vidéos sur le forum!
-du plaisir à voir que les copains volent souvent et beaucoup,
-une grosse envie de retenter de voler mais la raison prend le dessus (encore qq semaines max j’espère!)
en gros, le parapente, c’est une drogue…très dure.
loin devant toutes mes autres activités…beaucoup plus loin!
ça me rappelle la vidéo d’Ozone qui était bien foutue avec de belles idées. Des personnalités ou inconnus du monde du parapente parlent de ce qui les motivent à voler :
J’ai arrêté de voler pendant quelques années et j’ai repris il y a un an ! Je me rappellerai toute ma vie ce décollage ! Car à peine avais-je les pieds qui quittaient le sol qu’un sentiment délicieux et trés fort m’a arraché le coeur, le cerveau et les tripes …, les frissons de plaisir et le cri de soulagement étaient de mise ! Mais 15 seconds plus tard, première turbulence et ce mélange de joie, d’envie et de craintes, donne toujours un goût bizarre ! Heureux d’être là ! En l’air ! Avec le sentiments d’être enfin à sa place ! Mais avec la peur pour la suite du vol, si les conditions changent, ou que une pompe de + 15 m/s venait me transpercer la voile et m’envoyer au tapis, ou je ne sais quels autres créations du diable …
C’est un relation très forte, à la manière de : je t’aime, moi non plus …
En plus je suis sujet au vertige, donc j’ai toujours peur de vide, mais l’envie de m’y jeter est là en permanence …
Souvent je me demande pourquoi je vols puisque j’ai peur ? Mais la reponse est simple : c’est que mon envie de voler est toujours plus forte que mes craintes ! Et qu’une fois en l’air, je suis libre et seul face à ma vie ! Je vis le moment présent à 100% et c’est bien ce qui compte …
Merci pour ce topic et j’ai hâte de lire les posts qui suivront …
[quote=“Gloire_du_matin,post:25,topic:37882”]
Je ne connais pas du tout le parapente en plaine ni en bord de mer, j’y suis venue par l’alpinisme - j’y pensais très fort en 1972 mais d’autres l’ont inventé - et je ne vole qu’en montagne, la plupart du temps seule. Seule sur site, seule en cross et très souvent seule en rando, mais j’aime bien marcher avec d’autres personnes, préparer ensemble nos voiles au déco, attendre le bon créneau de vent etc… Pour des randos plus importantes, par exemple dans les Aravis, je ne pars pas seule. Pour voler en haute montagne, il faut d’abord aller au sommet. C’est mon terrain mais je n’ai pas le moral lammérien et j’aime partager les émotions de l’ascension, j’aime l’ambiance particulière des sommets, et une fois en l’air je suis à nouveau seule.
Une seule fois, dans les Aravis, j’ai trouvé une pompe et Corinne - qui avait décollé la première - a fait demi-tour pour venir la prendre aussi, nous avons volé ensemble une bonne demi-heure dedans en faisant plein de photos.
Il m’est aussi arrivé de tourner dans une pompe avec 4 biplaceurs que je connais bien, c’était sympa mais cela ne s’appelle pas pour autant voler ensemble.
Je suis très connue et mes voiles étant marquées à mon nom, il arrive souvent qu’un pilote m’appelle… mais de là à savoir qui c’est… et ce n’est pas non plus une manière de voler ensemble.
C’est ma pratique.
Chaque vol est une nouvelle aventure, comme chaque toile de la préparation du fond à la couche de vernis, comme chaque partition du déchiffrage à l’interprétation, ce n’est jamais banal même quand on a déjà fait ce vol deux cents ou trois cents fois, ou plus. La concentration est la même avant, au décollage, pendant, à l’approche et au posé, avec au pliage le même petit regret de ne pas être encore en l’air et l’envie d’y retourner.
Les longues périodes pendant lesquelles on ne peut pas voler portent en elles un facteur de progression pour la saison suivante, comme l’alpiniste qui étudie des topos, lit des bouquins, pense aux buts à laver. Le pire c’est quand on s’est cassé, que les autres volent et qu’on est sur un lit d’hôpital ou qu’on se traîne des mois sur des béquilles. On scrute le ciel comme nos Anciens la “ligne bleue des Vosges”, on ne pense qu’à y retourner.
2 octobre 2007 / 10 août 2008. 10 mois et 8 jours sans voler, 8 mois à béquiller dont 3 sans appui au sol, plus d’un an de rééducation, des séquelles lourdes et invalidantes… mais en vie. Pour d’autres c’est bien pire ( au Vautour).
Le premier vol après un accident, c’est d’abord un énorme stress avec une terrible question : “qu’est-ce que je fous là ?”… puis une fois en l’air c’est un immense bonheur avec les mêmes questions qui reviennent : “qu’est-ce que je fous là ?” … et une fois au sol, LA BANANE !
J’ai connu ça après un accident de montagne, après deux accidents de moto et deux de parapente, ce sera kif kif à la reprise en 2012 après le 3ème accident. Chaque fois qu’on a du stress à dominer et à évacuer, il n’y a pas vraiment de plaisir dans le vol, c’est un combat contre soi-même, contre une petite voix maternelle qui dit de cesser ces conneries… mais nous sommes adultes et passionnés, qu’importent les voix des parents, enfants et amis qui ont peur pour nous ? Nous volerons quand même.
A un journaliste qui lui demandait pourquoi il grimpait sur les montagnes, George Mallory répondit : “parce qu’elles sont là”.
On n’explique pas une passion, on la vit, on la partage parfois, il arrive qu’on la communique, mais elle est en nous et la relation que nous avons avec elle est comme une foi mystique, personnelle et lumineuse.
Il arrive que la vie nous fasse renoncer à une passion… mais cela ne l’effacera jamais et on aura souvent envie d’y revenir. Donc on y reviendra.
Ce sont nos passions qui donnent du sens à notre vie, qui nous font exister.
Hey ! C’est dingue quand même quand on y pense : Bohn, Bétemps, Bosson, Bibi, il eut suffit que Vivi fut espagnole pour que l’on eusse retenu 4 B au lieu des 3.
‘tain Vivi, tu le fais exprès de poster des trucs comme ça à 4 plombes du mat’ pour qu’on s’étouffe en buvant notre café brûlant le matin ou quoi ?
C’est malin j’en ai plein le burreau maintenant.
Ch’sais pas moi fais quelque chose quoi, compte les moutons, bois un bol de lait chaud, lis du VGDE, prends un Lexomil … non franchement ! Dès la première ligne en plus.
[quote]‘tain Vivi, tu le fais exprès de poster des trucs comme ça à 4 plombes du mat’ pour qu’on s’étouffe en buvant notre café brûlant le matin ou quoi ?
[/quote]
C’est énorme. Cette force dans le récit, ce lyrisme et toujours cette infinie modestie. Paragliding old bag ou “ma vie, mon oeuvre, mes influences”.
Et Ben au style célinien.
Mais surtout n’arrêtez pas tous les deux. Je suis votre premier lecteur. Avec POB, je me fais emporter tel le bateau qui chavire dans les hautes vagues de l’existence dans des trémolos d’écume. Chez Ben, je kiffe les syncopes bâtardes qui nous foutent à poil et bousculent l’ordre établi.
Peux t-on vous imaginer une seule seconde réunis ? Genre sous un bi. Qui pend en premier l’autre ?
[size=10pt][size=10pt]“Viens pas mettre la mémé dans les orties, hein !”[/size][/size]
magnifique ! très beau texte ! merci beaucoup ! j’avoue avoir eu une larme de joie à la fin ! je ne trouve pas de superlatifs suffisant …
merci, merci, merci ! l’exercice est tellement difficile : décrire nos sentiments en l’air, c’est tellement complexe ! bravo ! félicitations pour ce texte !
1 - Merci pour le lyrisme et la force dans le récit (j’ai déjà une cheville bien enflée, l’autre va suivre) et merci pour le trait d’ironie qui suit.
2 - Moi aussi j’aime bien les notes lapidaires de tonton Ben.
3 - Il y a là aussi du lyrisme et une sympathique puissance dans la formule.
4 - Il se pourrait que nous soyons un jour réunis, Ben et moi, devant une petite bière. Quand on aime la bière, il n’y a plus de frontières, plus de barrières linguistiques. La bière est l’avatar terrestre du parapente.
(je ne suis pas mécontente de cette formule)
Par contre, ce ne sera pas sous un bi : je n’ai pas la Qbi ni envie de m’emmerder à la passer, et si Ben l’a je ne suis pas partante pour voler en bi. La vieille dame sociable et conviviale est en réalité une solitaire.