Un retour d’expérience.
En saison, j’accompagne souvent les biplaceurs des Grands Espaces d’Annecy pour redescendre le minibus, et il arrive qu’ils me demandent de les accompagner sur le déco, quand ils ne sont pas certains des conditions.
Cela leur évite aussi de devoir me rappeler si cela ne décolle pas.
Quand il n’y a pas un pet de taupe timide, la transition de Montmin à l’atterro de Planfait ne fait pas, ils posent à Angon au bord du lac. Comme ils ne sont jamais certains de ne pas y arriver, je me mets en attente avec le minibus au carrefour de Vérel et j’observe leurs vols, ce qui me permet assez vite de voir où ils vont poser.
Les biplaceurs sont toujours plus efficaces quand ils sont bien secondés par une bonne infrastructure.
Les gars décollent leurs biplaces dans des vents où je ne décollerais pas mon Awak. C’est assez spectaculaire mais ce sont des artistes.
Il m’est arrivé plusieurs fois de rester avec eux un certain temps, en attendant que cela s’améliore.
Il arrive aussi qu’ils me demandent de les aider pour “décoller” une personne très âgée ou trop lourde, incapable de courir quelques pas. Ce sont souvent des touristes américains et il faut quelqu’un capable de parler anglais, tout en ayant le charisme pour mettre les gens en confiance.
Les passagers lourds ou âgés ne se posent pas comme les jeunes en pleine forme. Les pilotes les posent “airbag”, sur le cul et en douceur. Ce serait trop con de les casser.
Il arrive souvent qu’il y ait beaucoup de vent à l’atterro de Doussard. Les biplaceurs savent qu’il y a toujours des copains qui vont attraper leurs commandes pour affaler les voiles, ce qui évite de se mettre en vrac avec le passager. Comme je suis très connue, que mes cheveux rouges se voient de loin, ils savent bien qu’ils peuvent avoir confiance quand je leur fais signe que je suis prête à les assister.
Ce n’est pas toujours facile le métier de biplaceur.
Ce n’est pas toujours facile non plus avec les stages de formation, que ce soit en init ou en SIV, les moniteurs ont toujours de grosses responsabilités dans les divers aspects de leur métier. Ce qui est le plus remarquable c’est la façon constante qu’ils ont de les assumer, mais le risque zéro n’existe pas.
Quand il m’arrive de “sécuriser” le décollage d’un copain peu expérimenté, le poids de la responsabilité est écrasant.
En août dernier, un débutant s’est cassé la jambe pendant sa course d’élan, la voile l’a doublé et entraîné dans les arbres sous le déco. Le moniteur était catastrophé et il n’avait aucune responsabilité là-dedans, mais le plus important fut d’aller récupérer le pilote pour le sécuriser en attendant Dragon. J’ai toujours du matériel d’escalade dans ma voiture et j’ai déjà fait des secours en montagne, cela aide…
De toute manière, il y aura toujours des risques dans la pratique du parapente. Les moniteurs-biplaceurs les connaissent mieux que personne et ils ne prennent certainement jamais la décision de décoller quand c’est vraiment trop moisi, ils gagnent assez bien leur vie et ils ne sont pas à un vol près dans une saison, avec le risque de complètement la pourrir en cas de casse.
Salut et fraternité*