:grat: je ne vois pas en quoi faire une belle PTU empeche de “disjoncter” sur l’analyse du sens du vent ?
Je n’ai pas le temps là, mais un de ces 4 il faudra que je vous racontes la dernière fois que j’ai cratérisé vent de cul sur atterro presque officiel… malgré un sacré paquet d’expérience, juste à cause d’une grosse surcharge émotionnelle.
Merci pour ton témoignage et l’analyse des causes de ta mésaventure.
On est tous différents.
Dans ton cas un nouvel objectif mobilise toute ton attention et occulte le traitement des informations et l’analyse en vol.
J’ai la sensation d’avoir un mode de fonctionnement différent :
Hyper-vigilance sur une première en sur-analysant et avec une augmentation parfois irrationnelle des marges conduisant souvent au renoncement à l’objectif.
Une fois l’objectif atteint, lors de nouvelles tentatives, une augmentation de la confiance et installation des automatismes, répétition des actions qui ont conduit au premier succès sans forcément prendre en compte les paramètres de vol qui ont pu changer pour aboutir sans doute au même type d’erreur que dans ta vidéo.
Attention je ne dis pas que je n’aurais pas commis la même erreur que toi sur la première tentative avec une mauvaise analyse, je me sens juste encore plus menacé par le “tunnel de pensées” si le vent tourne à la quatrième.
Parcequ’ une approche se construit bien avant la PTU, même 100m de gaz c’est peu, ça ne fait que 10s pour corriger son erreur au cas ou.
La PTU ne sert que pour les derniers ajustement.
Pour moi cette surcharge émotionnelle est un très important facteur d’accident. Pour voler en sécurité il faudrait toujours être dans sa zone de confort. Le problème c’est que comme le dit Vincent, on en sort très souvent en faisant bcp de petites erreurs, parfois même sans s’en rendre compte. Bien souvent on s’en sort sans conséquences et au pire de temps en temps avec un petit “coup au cœur”, mais très rarement, on prend un gros coup de pression avec incident/accident possible à la clé.
Là où ça rejoint le manque de compétences, c’est quand on pallie à ce manque par du stress, de la pression, du speed, de la précipitation, du manque d’analyse.
Pour moi Baranosky tu n’avais pas le niveau ce jour là de poser là… Ça fait très présomptueux de dire ça, mais je m’explique. Sur un truc parfaitement analysé, tu aurais très certainement pu poser sur ce terrain sans aucun problème, mais comme tu l’as expliqué toi même, tu t’es speedé, tu t’es mis un challenge, tu as gratté jusqu’au bout… Et tout ça a cramé toutes la mana que tu avais et t’a empêché d’être clairvoyant.
Avoir le niveau, ce n’est pas simplement être capable de voler dans l’aérologie du moment et atteindre ce put… de château. Avoir le niveau c’est être capable de voler SERAINEMENT dans l’aérologie du moment, d’avancer vers ce put… de château en ayant assez de temps cerveau disponible pour ANALYSER la situation à tout moment du vol… et le vol dure jusqu’à ce qu’on ait les pieds au sol, voire même jusqu’à ce que l’aile soit neutralisée au sol.
Pour percevoir l’effet de la surcharge émotionnelle, il suffit de se poser sur un déco et de regarder les gens partir, certains sont parfaitement à l’aise et décollent ou ratent leur déco, mais dans un calme olympien, et d’autres sont direct dans le rouge cramoisi dès qu’il s’agit de gonfler l’aile, font des gestes erratiques emplis d’imprécision et de précipitation et du coup parfois finissent dans les souches.
On s’est très certainement tous retrouvé dans des situations largement gérables, mais où nous n’avions pas/plus/temporairement plus le niveau. Trop de choses à gérer, trop de surcharge émotionnelle, la bulle de mana vidée par une grosse fermeture (même si elle a été très bien gérée, elle peut avoir cramé tout le mana et un autre évènement même anodin arrivant avant qu’on ait récupéré peu mener à l’accident), la fatigue, des préoccupations, des conditions qui changent…
On peut être de ceux qui se battent jusqu’au dernier moment, au fin fond d’un point bas, découpé par les rafales de brise, à en oublier de respirer tellement on est taquet. Mais quand on le fait, malgré les conditions rencontrées parfois limite, on a le niveau quand on est calme et serin dans la tête, capable d’avoir l’esprit assez clair pour analyser tout le temps la situation, pour remettre en question cette analyse à chaque indice nouveau, pour justement ne pas être dans un tunnel de pensées…
Peut être que je me tromperai un jour et me mettrais au tas, mais à chaque fois que je vole longtemps c’est avec cet esprit là, et les jours où je ne l’ai pas, mon vol se transforme en “3 petits tours et puis s’en va” alors que les autres font des bornes qui me font pâlir le soir en regardant la CFD.
Il y a pas si longtemps à algodonales j’ai pas bien anticipé la conditions faible, voir très faible du vent.
survol de la ville, super, je pars coté ensoleillé a gauche de la ville quand on a la ville en face. plaisir. mais de ce que je vois, un autre parapentiste qui avait fait ce choix après mon vol en fait ca portait plutot a droite de la ville.
bref , je suis de l’autre coté de la route , à tenter de tenouiller, pour me dire qu’il faut rentrer à l’attero officiel . Je dois etre sous le (léger) vent de ce coté ou je gratte en fait!
et la je suis a la grosse limite de mon cone d’autonomie, traverse la route, survole des cabanes agricoles et regarde l’enfilade des terrains de plantations et me dit : si ça rentre pas, c’est les jambes dans les barbelés !
Ni une ni deux, je passe un gros arbre haut, et je fais un 3-6 pour arriver à 1,5 metre-sol et poser dans un mouchoir de poche. heureusement que ça a marché quand j’ai ajusté automatiquement la manoeuvre. meme si je connais bien mon aile c’était sketchy de passer en rotation rapide si pres du sol avec toutes les embuches autour.
En conclusion : se méfier des vols faciles, rester alerte et mieux anticiper la perte d’altitude / sur des lieux qu’on connais pas. c’était la 1ere fois que je faisais ce vol et les conditions faibles peuvent être trompeuses.
Mon avis, courageux et méritoire de sa part de venir nous conter sa mésaventure ici.
Après, sans doute pilote plutôt doué et en tous les cas “à l’aise” en l’air mais manquant encore cruellement d’expérience. Ce qui favorise quand une situation se complique, la paralysie de notre cortex et in-fine nous amène éventuellement à l’accident.
Mon conseil : plus réfléchir aux tenants et aboutissants de chaque vol plutôt qu’à’a “l’ambition” qu’il représente.
Le plus beau vol, c’est toujours demain qu’il faut l’ambitionner et pour cela rester en bonne santé.
Sauf que c’est pas dans les 30 derniers mètres qu’on va changer son plan d’attéro du tout au tout (bonjour le virage engagé dans le gradient)… Donc à 100m de gaz, il reste 50-70m (1 minute) pour être à peu près sûr que l’approche est la bonne et en changer si vraiment besoin.
Si je n’avais pas fait quelques cross j’aurais arrêté je pense. Dès mon premier thermique (au passage, combien d’heures avant d’aborder un thermique?) une fois au plaf la question que je me suis posée est : “bon ok et maintenant ?”.
Je suis d’accord avec ce que disent la plupart des gens, ce jour-là je n’avais pas le niveau et n’était pas dans les conditions mentales pour poser à cet endroit. Je suis aussi très conscient que je manque beaucoup d’expérience et c’est pour ça que cet accident m’a beaucoup fait réfléchir, me demandant combien de coups de chances j’ai eu auparavant sans m’en rendre compte.
Pour ce qui est des règles du type pas de cross avant tant d’heures de vol… Je ne pense pas qu’on fasse du vol libre pour suivre des règles préétablies et ne tenant pas compte de chaque situation. 54h de vol sur 5 ans et 54h de vol sur moins d’un an en ayant vu de nombreux sites différents, ce n’est pas tout à fait la même chose. Ça fait peut-être prétentieux si c’est moi qui le dis mais je pense objectivement que c’est vrai.
Il n’y a rien de choquant, cela dépend des individus. Certains sont nés pilotes, mais cela ne les empêchera pas de faire des boulettes s’ils ne gardent pas suffisamment de marge comme dans ce cas.
54h de vol sur un an cela ne me paraît pas incongru de concevoir de crosser surtout dans les Vosges, que tu connais je suppose et sur une crête par temps automnal ou d’hiver. Ca me me choque pas et chacun va à son rythme.
Quelque chose m’a frappé dans ton récit, l’aspect “je me dépêche” :
[i]Arrivé au déco, je me dépêche de m’équiper. Attention, tu es en train de te précipiter, respire. Je vérifie mon secours, mon accéléro (le vent peut vite forcir et on peut avoir à s’en servir pour éviter de poser derrière), je vérifie que je suis bien attaché. C’est bon je peux partir ! Et voilà, il me manque le check météo. Bah oui, pas besoin d’y réfléchir, tout le monde décolle, est satellisé et avance. Je vais partir dans les derniers, je me dépêche !
Je suis bien dans mon tunnel de pensée. Je décolle léger travers et ça ne fait pas tilt. Une fois en l’air je suis persuadé (je ne sais toujours pas pourquoi) que le vent vient face à moi donc Nord alors que j’ai décollé travers sud… Et cette idée ne m’a pas quitté alors qu’à plusieurs reprises j’aurais dû regagner si le vent avait été orienté nord Est mais le fait de ne pas y trouver le dynamique attendu ne m’a pas alerté. Tout juste un “ah bon”…
En effet, j’ai le Sysnav3. Sauf que c’était mon premier vol avec. Un élément de perturbation plutôt que d’information.
Autre élément perturbant, les derniers vols que j’avais faits c’était par vent fort avec une GT22 ou une spiruline 18 m². Je n’avais donc plus l’habitude de mon parapente de 25 m², de son inertie, de son rayon de virage, de son planer. Et ça, je n’en ai pas du tout tenu compte.
Au lieu de faire l’essuie-glace pour reprendre mes marques, je voulais suivre les copains, faire mon premier chateau ! De toute façon pas un seul instant je ne me suis dit qu’il fallait peut-être que je reprenne mes marques avec ma voile.
Ensuite, j’avançais. Je ne voulais pas traîner à refaire le plein tout le temps, je tenais[/i]
C’est la première erreur me semble-t-il qui déclenche le reste : tu aurais pris ton temps, à ton rythme de crosseur débutant, tu aurais fait le plein à chaque fois que possible, tu aurais sans douté vu ton château. Tu serais resté haut et tu n’auras pas vaché. Un cross se savoure, se construit et à moins d’être un compétiteur avec une voile perf qui vole à l’accélérateur, pourquoi se dépêcher autant et pourquoi voler bas ? Les copains sont partis, ben ils balisent les thermiques, pas grave s’ils sont devant…
Je suis entièrement d’accord avec toi. C’est la deuxième fois que je veux suivre des gens et la deuxième fois que je n’apprécie pas mon vol. La première fois c’était en thermique et étant moins bon pilote, je montais moins haut, voulais les suivre donc ne partais pas du plaf pour ma transition, arrivais plus bas et ainsi de suite jusqu’à arriver entre deux cycles. Du coup j’ai zéroté, les ai perdu et ai fait la suite de mon vol seul, avec plus de plaisir.
Le rythme de progression dépend tellement de chacun…
Autre exemple, les minots de 15ans qui passent des hélicos et autres après 1 an de pratique…
Je dis pas que c’est bien où mal, je dis que ça existe
Ici tu penses avoir progressé très rapidement, pourquoi pas mais ta vidéo montre bien qu’il te manque des bases essentielles pour crosser dont savoir poser en sécurité. Là dedans je mets l’item “se laisser assez de marge de sécu pour trouver une vache adaptée à son niveau”. Il faut se servir de cette expérience pour ajuster les marges que tu prends.
Concernant le fait de vouloir suivre, ça me rappelle une journée de soaring aux Îles de la Madeleine.
Je fais un vol sur falaise en bord de mer. Les vagues frappent le bas des falaises. Je suis en M6 et pousse mon aile pour forcer des passages tel que pointe de falaise qui s’avance dans le vent.
Une fille que je ne connaissais pas encore volait sur une En B avec une aile trop grande pour elle et des freins mal réglés qui tire tout le temps. Elle était à sa première année de vol.
Je vais voler dans une cuve et en ressort. Quelques instants plus tard, je regarde par dessus mon épaule et vois qu’elle vole dans la même cuve mais plus bas avec son aile moins performante et en stationnaire avec son aile sous chargé et freiné. L’eau sous les pieds, elle est en danger. Elle finit par en ressortir.
Je continue le long du ridge et force un passage à l’accélérateur en m’avançant d’abord face au vent pour rester éloigné du rouleau venant du ridge au vent pour ensuite me laisser glisser devant et je continue à suivre le ridge.
2-3 minutes passent et je regarde la fille. Elle tente le passage en si prenant tout croche. Direct dans le rouleau, abracadabra, elle s’en sort.
Plus loin, j’essaie un passage ambitieux que si je réussir, je vais avoir accès à une partie spéciale du ridge.
Ma deuxième tentative de passage est la bonne mais c’est serré. Un rotor horizontal se mêle avec un rotor vertical dû à une genre de grotte dans la falaise en coin avec les beaux remous de la mer en bas.
Je prends beaucoup d’altitude sur le nouveau ridge.
Je la vois s’en venir tranquillement pas vite. Je me dis « j’espère qu’elle ne va pas essayer de me suivre ».
Je la vois essayer le passage 1 fois, 2 fois, 3 fois. :affraid: Elle n’a pas du tout l’aile pour passer le passage et positionne son cheminement de manière horrible. Elle se met en danger de mort. Finalement, elle renonce à poursuivre dans ma direction.
Plus tard à l’atterro, je fais sa connaissance. Elle est merveilleusement contente de son vol. Totalement inconsciente des risques qu’elle à traversé, je lui mets en pleine face les trucs foireux qu’elle à faites.
Elle me répond qu’elle voulait me suivre !
J’ai bien vu ça !
Est-ce que tu sais avec quoi je vole ? Réponse Non.
Connais-tu mon expérience ? Réponse Non.
Sais-tu si tu suis quelqu’un de talentueux ou suicidaire ? Non.
Je lui ai dit, T’ES BIEN MIEUX DE VIVRE TON VOL QUE D’ESSAYER DE VIVRE LE VOL DE QUELQU’UN D’AUTRE. (Inconnu en plus)
Elle est instructrice de Kitesurf et a « appris » le parapente seule en se disant que c’était pareil.
Je suis d’accord avec toi (j’ai aussi fais mes premiers cross dans ces eaux là, je devais avoir dans les 50-70h et 150/200 vols et ça faisait pas encore 2 ans que j’avais appris à voler), mais ce que j’entendais souvent et que j’ai compris maintenant avec ma maigre expérience, c’est que l’expérience en parapente s’engrange pour 50% avec les heures de vol mais aussi pour 50% avec les saisons de vol… et ça faut le garder en tête.
Tu verras que tu rencontreras avec les années des situations rares, inhabituelles, exceptionnelles, qui te feront voir des lieux pourtant très familiers, d’un autre œil et que tu y prendras d’autres marges.
Rester humble et conscient et toujours être prêt à remettre en question ce que tu crois savoir ou comprendre est une des clés pour progresser en sécurité.