@ BenHoit
Je m’attendais à un trait d’ironie. 
L’argument qui enfile des “si” comme des perles est assez misérable.
Quand on n’a pas une technique éprouvée, un soin méticuleux et une perception raisonnée de l’environnement en montagne, on a meilleur compte de voler en école avec un moniteur qui supervise la prévol, voire de se mettre au tricot, aux boules ou à l’élevage des chats.
Je n’ai rien contre ces pratiques, c’était une image.
Je sais de quoi je parle, m’étant cassé la gueule à mes débuts sur mon 3ème vol-rando. 10 mois et 8 jours sans voler, dont 8 mois sur des béquilles, avec une rééducation longue et douloureuse, cela donne du temps pour réfléchir.
Des erreurs, même les meilleurs peuvent en commettre et “en montagne, celui qui s’est trompé a rarement la possibilité de corriger son erreur”.
J’ai failli me tuer à l’Aiguille Verte en 1974 et à la Tournette en 2007, les deux fois la Montagne n’a pas voulu.
D’autres ont eu moins de chance.
Je n’avais pas commis d’erreur technique en 74 mais il y avait une cordée au-dessus, qui déclencha une chute de pierres.
J’avais commis plein d’erreurs en 07, j’avais tout faux. J’en ai commis d’autres depuis, de plus en plus rares, chaque erreur est un facteur de progrès quand on sait l’analyser sans complaisance.
La survie des alpinistes, des marins et des adeptes des sports aériens dépend d’un grand nombre de facteurs, que l’expérience permet de maîtriser de mieux en mieux, et d’impondérables qui eux aussi peuvent être gérés grâce à l’expérience, mais cela ne suffit pas toujours, c’est le facteur chance qui entre alors en jeu.
Nous avons tous connu des situations comme ça et nous avons tous connu des gens qui n’ont pas eu de chance et qui ne s’en sont pas tirés.
En situation de danger absolu, celui qui sait dominer sa peur a plus de chances de survivre que celui qui se laisse dominer. Quand il n’y a pas de danger, avoir peur est absurde.
Je ne peux que “plussoyer”, en ajoutant quelques grains de sel :
- On ne se lance pas dans le vol-rando quand on ne sait pas voler (j’en sais quelque chose).
- On ne part pas faire un vol-rando avec une voile qu’on ne maîtrise déjà pas au sol.
- Aucun des copains auxquels j’ai prêté mes voiles montagne n’a été dérouté par les élévateurs en tresse, que ce soit pour voler ou pour jouer au sol.
- Les élévateurs en tresse ou en sangle déroutent le néophyte mais une séance de gonflage permet de s’y habituer, je ne vois pas où serait le problème.
- J’ai conseillé à une copine en sortie d’init d’opter pour la Masala 2 et les élévateurs l’ont déroutée, ce qui est bien normal pour une débutante. Je me suis mise dans sa sellette, j’ai pris les commandes et j’ai levé sa voile, lui expliquant à chaque geste combien c’était évident. Et une heure plus tard elle décollait à la perfection, avec une prise de commandes impeccable.
- Si les constructeurs équipent ainsi leurs voiles légères, c’est évidemment après avoir fait des quantités d’essais, aucun n’a envie d’être poursuivi en justice pour avoir commercialisé des machins dangereux.
- Il y a dans l’industrie une quantité de normes qui régissent tous les stades de la fabrication. Les élévateurs légers sont eux aussi fabriqués en fonction de normes et avec toujours un coefficient de sécurité de 3. Cela signifie par exemple que si un pont peut, “sur le papier”, contenir un embouteillage de camions le chargeant à 5000t, ce qui n’arrivera jamais en pratique, on va le définir et le construire pour qu’il puisse résister à une charge de 15000t sans casser.




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