Guidage en école... "Gauche droite" ou "par là..."

Bonjour

Le sujet est important je pense. Je le sors de la discussion sur l’autorot.

Chaque année, DES élèves n’appliquent pas les consignes demandées. ET je ne pense pas que ce soit dû à une inversion “gauche” et “droite”. Mais plutôt une charge émotionnelle trop importante. Autrement dit, je pense que l’élève a une idée dans la tête. Et quand il entend (et pas écoute) un ordre dans la radio, il applique ce qui LUI semble logique et qui n’est pas forcément la consigne demandée. Donc premier constat, pour avoir essayé. QU’on utilise des directions ou des points de repères, il y a à peu près autant d’erreurs.

Donc personnellement, je préfère gauche et droite. D’abord c’est un repère que nous connaissons en théorie depuis tout petit. Et ensuite parce que même lorsque l’élève se trompe, la correction est plus rapide avec “l’autre gauche” qu’en se lançant dans des explications sur des points de repères.
Idéalement, pour éviter ça, il faut anticiper les indications : “prochain virage à droite en direction de…” EN général là ça fonctionne.
Mais on ne peut plus appliquer lorsque les choses s’accélèrent. Et là… je ne vois pas ce qui est mieux (plus rapide à la compréhension) que gauche et droite !?!

A+
L

Eh bien, moi qui doit être mal latéralisé et qui fait fréquemment l’erreur droite/gauche dans la vie quotidienne, je me vois tout à fait en SAT avec l’aile qui tourne dans un sens et moi dans l’autre et le centre de la rotation qui se balade dans le suspentage, je me vois tout à fait donc à ne plus rien comprendre de ce que signifient droite et gauche.

Donc en effet, plus simple et compréhensible rouge/bleu, ou blanc/noir avec les repères correspondants au niveau des mains.
Ou peut-être si on veut faire sans matériel spécifique : cuillère/fourchette, car on a appris étant petit qu’on mange sa soupe avec la cuillère dans la main droite et qu’on découpe sa côte de sanglier avec la fourchette dans la main gauche…

On a essayé rouge et vert. C’est une gymnastique mentale difficile pour le moniteur et souvent l’élève doit regarder ses mains avant d’agir… Donc perte de temps inutile et surtout GROS risque d’erreur commune à l’élève et au moniteur.

Des tas de pilotes et même de moniteurs se trompent de direction. Mais justement, dire “l’AUTRES gauche” ou “droite”, tout le monde comprend très vite. Imaginons nous un instant dans la peau de ce pilote en autorot, avec cravate. Il doit avoir le palpitant à 180 Puls/min, du vent plein les oreilles, un regard sans plus aucun repère vu la vitesse de rotation… Et on lui dit “rouge” ou “bleu” ou “vert”… D’abord il doit regarder à quelle main ça correspond. Et puis descendre cette main. Ca me paraît source d’erreurs, ou au moins difficile mentalement pour le moniteur.

J’écoute les guidages des collègues (tous niveaux confondus) depuis des années. Et tout le monde utilise la gauche et la droite. Ceux qui se font le moins piéger, ce sont ceux qui anticipent les ordres en prévenant l’élève de la prochaine étape du vol.

A+
L

Évidemment, le mieux c’est de pouvoir anticiper. Et s’il n’y a pas anticipation (pré-signalisation de l’ordre à venir), je ne ressens pas droite/gauche comme moindre source d’erreur.

Le dernier accident grave que j’ai vu en guidage, c’était il y a 4 ou 5 ans avec un groupe en stage premiers cross. Décollage et il faut suivre le relief sur la droite. Au bout de la petite combe, le thermique est là. Le moniteur dit “Ça monte, on se met en virage franc à gauche” et là le gars engage franco à droite ! Virage en direction du relief plus brise qui le pousse, c’est pas passé, percussion directe de la planète ! A moitié retenu par un arbre, mais sérieux quand même (vertèbres et évacuation hélico).
De toute manière, je crois que c’est un peu comme les oublis d’attache : il n’y a pas vraiment de réponse purement technique à ces situations.

Pour les repères géographiques, il faut se méfier de ce qui paraît évident au moniteur mais pas à l’élève.
Exemples :

  • “vers Chambéry” ou “vers Albertville”, si on n’est pas de la région, c’est pas forcément intuitif sans erreur
  • “vers la maison” (mais du ciel, j’en vois deux, aux bouts opposés du terrain dont l’une n’est pas visible du moniteur au sol…)

Chaque situation est différente. Perso, le guidage en l’air pendant un cross, avec un pilote qui fait un virage franc face au relief, j’aurais tendance à dire que la gauche et la droite n’ont rien à voir dans la problématique. Un pilote en stage cross doit-être capable d’exploiter seul une masse d’air et doit naturellement savoir si “ça passe ou pas”. Le fait que le moniteur soit en l’air ou en guidage de plusieurs autres pilotes ne lui permet pas de gérer ce genre d’erreur. Ca pose une autre question : faut-il un niveau d’entrée pour aller en stage cross… Mais c’est une autre question.

Moi j’entends bien les critiques sur “gauche et droite”. OK… Mais vous proposez quoi de mieux ?
Les couleurs ont été évoquées. Nous on a testé et c’est mentalement trop compliqué. On perd beaucoup de temps en analyse avant de donner l’ordre.

Autre chose peut-être ?

A+
L

J’ai oublié de préciser qu’il y avait deux moniteurs. Celui qui guidait pour faire accrocher le thermique de départ était au sol.

Je suis d’accord avec toi.
Un jour j’ai vu un moniteur envoyer son élève en vent arrière “vers la grue”. Il y en avait deux, dont une qu’on ne voyait pas de l’atterro… Quand le moniteur s’en est rendu compte, il a dit “REVIENS A DROITE !” Il était trop tard. L’élève à posé dans un champ derrière l’étape de base du terrain. Pas de mal. Mais deux observations :
1° Il peut (comme dit Hub) y avoir erreur d’analyse sur le repère entre le moniteur et l’élève
2° Quand ça parte en sucette, on revient vite aux bases : “gauche et droite” !

Les moniteurs qui, selon moi, ont le guidage le plus sécuritaire sont ceux qui anticipent tout le plan de vol de leur élève et le préviennent systématiquement au moins 30 secondes avant l’ordre d’agir. Mais ce n’est pas toujours applicable

A+
L

Un collier électrique de dressage canin à chaque poignet, déclenchés par deux émetteurs différents ?

Peu importe. Quelque part, je pense (mais je peux me tromper) qu’aucun moniteur ne se serait douté, vu le niveau technique d’un stage cross, qu’un élève tournerait face au relief. Et quand on ne s’attend pas à une action, on est totalement démuni de solution.
D’où ma question : ne faudrait-il pas un niveau mini validé pour entrer en stage cross ?
Mais c’est un autre sujet.

A+
L

:pouce:
Yes ça c’est bon ! quelle portée ?
Faut aussi voir si ça ne lui fait pas lâcher la commande ?

A+
L

C’est pas le sujet de la conversation mais on était quelques-uns à venir d’arriver au déco et à regarder l’action et on a totalement halluciné de voir la réaction incompréhensible et totalement inattendue du pilote en réponse à la consigne ! Personne ne s’attend à ça !
Je pense que ça a beaucoup à voir avec la charge émotionnelle de la situation, pour le pilote.

Oui je suis entièrement d’accord. On (les moniteurs, mais aussi certains élèves) ne se rend pas compte de la diminution des facultés tant le stress peut prendre le dessus. Il m’est déjà arrivé en désespoir de cause, de dire à un élève : “maintenant si tu ne m’écoutes pas, tu vas mourir !”
Et l’élève une fois posé est venu me remercier de l’avoir aussi bien guidé. Et je suis persuadé que dans sa tête, il y avait beaucoup de stress, mais une totale écoute et une bonne réaction aux consignes du moniteur. Tout change quand le stress s’en mêle. Le temps, les dimensions, les mots, peut-être même la langue ?

A+
L

Quand j’ai fait mon stage init on n’avait pas de radio, juste le gars en bas nous guidait aux palettes et je trouve ça pas mal, intuitif pour l’élève.
Mais bon on n’était jamais très loin de l’atterro avec des trapanelles qui tombaient du ciel à -3…

Bâbord et tribord.

Une plume blanche, une noire, pareil pour les suspentes, les élévateurs, les freins, etc. Pas de confusion possible tant pour le monit que pour l’élève.

Discussion très intéressante, perso je rejoint totalement un mix de Laurent et Vincent avec comme souvent en vol libre, l’axiome : “ça dépend”.

Il me semble aussi que l’élément clef, celui qu’il serait indispensable d’identifier et qualifier, c’est l’état mental du pilote. Savoir ou est déjà placé au moment x le curseur de la charge émotionnelle rapport à sa capacité du jour voire du moment.

L’exemple du stage cross me semble très parlant à ce propos. Que s’est-il passé dans la tête de ce moment ou il a entendu la consigne d’enrouler franchement à gauche ? A t-il seulement entendu “à gauche !” ?

Certainement qu’une adéquation devrait exister entre le niveau d’entrée d’un pilote dans une formation et l’ambition du niveau à atteindre en sortie de stage. Quand on voit des pilotes s’inscrire en stage cross, même “seulement” initiation cross, alors même qu’ils ne sont pas encore à l’aise pour exploiter fiablement “la pompe à couillons” de sortie du site. Mais si ils n’ont pas été suffisamment mis en garde avant de signer leur inscription à la formation et que personne ne se donne la peine de les tester à un tel pré-requis avant de partir dans un vol avec déjà un objectif fixé. La situation de surcharge émotionnelle se met déjà en place depuis avant l’envol.

La problématique est d’arriver à dire la vérité aux gens. Toute l’image de la discipline laisse place aux rêves et de nombreux pilotes même mis en face de leurs manques de compétences rapport à leurs ambitions, exemple : rester à gratter devant le déco alors que tout le reste du groupe attend au plaf. Vont se trouver de fausses bonnes excuses de façon consciente et inconsciemment se mettre une pression de plus en plus forte qui va les conduire éventuellement à l’erreur de trop.

Quand cela se passe en version autodidacte, on dira “quel con” ou “il n’a pas eu de chance”.

Maintenant quand cela se passe dans un contexte encadré par des pédagogues reconnu, il faut se poser la question de la pertinence de la pédagogie mise en place. Sans doute ne suffit-il pas seulement de “vérifier” le niveau technique d’entrée dans la formation mais qu’il faut apporter beaucoup d’attention à l’état mental, à la charge émotionnelle du stagiaire en tenant de la possible évolution même au cours d’une journée/d’un vol.

Exercice pas facile, ça c’est certain.

:trinq:

Cela me rappelle un incident survenu à un ami lors d’un stage “perfectionnement” (pas un stage cross).
Consigne : essayer de tenir en soaring le long d’une falaise bien orientée.
On savait bien tous qu’il ne fallait jamais tourner face au relief, mais toujours dos au relief.
Mon ami décolle, longe sans problème la falaise et le moniteur qui le guide d’en bas lui indique à la radio : “demi-tour par la gauche”, alors que la falaise était justement à gauche du pilote !
Mon ami n’obéit pas à la consigne et le moniteur se rend compte de suite de son erreur et crie : “demi-tour par la droite bien sûr” et mon ami s’exécute aussitôt.
A l’atterro le moniteur s’est excusé d’avoir indiqué par erreur “gauche” au lieu de “droite” à mon ami.
Mais on peut comprendre qu’un moniteur (avec plusieurs pilotes en l’air en même temps) puisse faire une erreur (qu’il a d’ailleurs très rapidement rectifiée), mais le pilote est quand même responsable de ce qu’il fait et il est normal qu’il refuse d’obéir à un ordre qui lui semble de toute évidence erroné.
C’est bien le pilote sous sa voile qui pilote celle-ci et il doit être prêt à assumer sa responsabilité…

Le moniteur était désolé, mais il a félicité mon ami de ne pas lui avoir obéi.

Autre cas que j’ai rencontré en stage d’initiation : la radio d’un pilote est tombée en rade au cours du vol (problème de contact peut-être ?) ; le pilote n’a pas paniqué, a fait son approche finale comme cela avait été prévu et expliqué avant le vol et s’est posé sans problème.

Marc

…vers 98/2000 ?..ou avant …?.. :roll: enfin il y a quelque temps… nous étions une bande de copains :bu: pour faire un stage cross (le 1er) qui devait avoir lieu du côté du lac du Bourget avec une école d’Annecy :ppte: … suite au “briefing” qui avait eu lieu le moniteur “chef” qui connaissait toute l’équipe avec qui il avait fait plusieurs stages perf … savait qu’on voulait rester ensemble …MAIS :diable: il nous a expliqué que pour deux d’entre nous ceci n’était pas raisonnable :boude: (six inscrits)… les deux potes sont allés en perf “plus” :vrac: pour continuer à être plus précis lors des atterrissages en autonomie biroute … effectivement ils avaient quelques lacunes :oops: … le stage cross c’est bien passé … près de 20 bornes pour moi :ppte: (le meilleur vol sur cinq jours) avec une “Alstaire” ou un truc comme ça …et pas de vario ni GPS sauf la radio … donc les monos à cette époque faisaient déjà le ménage … :grrr:
Cordialement Pierrot :vol:

…bon c’était “gauche -droite ou autres couleurs” désolé pour le hors sujet …
Cordialement . Pierrot capt . :vol: