J’ai longuement hésité avant de partager mon expérience malheureuse du 31 décembre dernier. Pas très fier. On dit souvent “j’ai été victime d’un accident”. Dans mon cas au moins, je dirais plutôt “j’ai provoqué un accident”.
31 décembre, dernier jour de l’année. Je pars skier à Montclar. Au dernier moment j’emporte la skin2. Si ça le fait je redescend en volant à la maison en fin de journée. J’emporte la gopro, ça fera une belle vidéo pour faire baver les copains. Très belle journée de ski, hors piste, couloirs, le top ! Vers 15h, je récupère la voile laissée au copain pisteur et je monte à Dormillouse. Déco bien alimenté, vent un peu travers. Je déplie et gonfle. Trop fort pour chausser les skis et décoller (je partirai en arriere). Mon fils qui pourrait redescendre les skis est déjà parti. Je mets l’aile en vrac sous le bras pour attraper le télésiège avant la fermeture et basculer côté station.
Sur le siège, je me dis que le vent sera sans doute moins fort à la brèche. Je dois faire ce dernier vol de l’année. Cette fois, je laisse les skis a mon fils, d’autant plus que le déco est court. Je vais direct au déco côté sud-ouest. Petite brise. Le suspentage est bien emmêlé. J’enlève mes gants et commence le demelage. Demi voile droite demelee, j’attaque la gauche.
Une rafale arrive et gonfle la skin brutalement. J’essaye de la contrôler. Les rafales se succèdent. Difficile de contrôler la voile. Je commence à être embarqué. L’aile fouette à gauche et à droite. J’essaie de ramener mes suspentes avec la main gauche, les bloquer dans la droite. Je dois y arriver sinon c’est pire. Bloquer, avaler, arriver jusqu’au tissu. Ca tire, ça fait mal. Je continue. J’arrive enfin à l’aile, je me jette dessus. J’ai mal aux mains mais j’ai stoppé l’incident ! Je suis vivant.
La main droite en sang, je remet l’aile sous le bras en chiffon. Je fais le tour du mamelon, un peu mal aux genoux. Mon fils n’est pas parti. Il me demande si je vais bien. Non. Un autre copain pisteur me propose d’appeler les secours. Non. J ai fait une connerie, je ne vais pas en plus les emmerder à l’heure de fermeture. Je rechausse les skis, pars prendre le télésiège pour basculer côté Montclar. Je ne skierai pas la brèche aujourd’hui. En bas du télésiège, je demande au pisteur s’il peut appeler pour avoir un secours en bas. Je descend la piste mon aile sous le bras et la main en sang. Les derniers skieurs doivent me prendre pour un fou.
Arrivé en bas, je suis pris en charge par les secours après avoir laissé le matériel à mon fils. Ambulance, nettoyage des plaies, 5 points de suture entre pouce et index main droite cisaillee par les suspentes. 3 semaines plus tard, on diagnostique l’index fracturé et le majeur sévèrement luxé. Écrasement de la main d’après le chirurgien specialisé. 1 mois de kiné de la main pour commencer. Je ne ferme pas encore le poing… En contrôlant ma voile, j’ai constaté 10,suspentes cassées dont 3 lignes basses ! Et ce n’est pas la version plume…
J’ai suffisamment fait d’arbre des causes dans ma vie professionnelle pour dresser rapidement la liste des erreurs cumulées. Je n’ai pas fait mon check météo le matin (je le fait TOUJOURS : Meteoblue, puis meteociel, puis meteo-parapente, puis balises). J’aurais dû replier définitivement l’aile après le premier essai infructueux avec trop de vent. J’aurais dû démêler mon aile à l’abri du vent comme je le fait quand le vent est soutenu. Du coup j’aurais eu mes gants en allant au déco. Mais sans doute était ce le moins pire d’être au sol plutôt qu’en l’air vu les rafales. D’ailleurs, Françoise à renoncé à décoller depuis le plateau 400m plus bas…
J’ai bientôt 30 ans de vol libre, beaucoup de vols rando, du cross, une grosse expérience. Mais la, j’ai fait tout faux. J’ai repensé à l’édito de jeanmi dans parapente plus lu la veille ! Exactement ça. Focalisé sur ce putain de film plutôt que sur mon vol.
Je ne sais pas si je suis définitivement vacciné. Ce serait présomptueux de l’affirmer. J’aime le vol et pour le moment, je si je avec un seul bâton en attendant de pouvoir revoler.
J’espère seulement en partageant cette expérience qu’elle puisse être utile à d’autres. C’est trop con, juste pour une vidéo, de risquer sa vie.

) besoin de faire leurs erreurs et dés fois de prendre conscience que de trucs qui paraissent anodin ne le sont pas du tout.
(pour moi en tous les cas), avouer être passer tout près de la correctionnelle n’est pas évident je pense. On a compris que ce vent fort tu ne l’avais les pas prévu, du moins pas dans cette proportion et du coup, les questions qui me viennent sont ; penses tu que ce jour ce vent fort n’était vraiment pas perceptible avant d’y être confronté ?
pour la dernière phrase du post à Piwaille. C’est exactement de cela qu’il s’agit dans l’esprit des BPS ; avoir toujours à l’esprit que même les faits les plus insignifiant d’apparence peuvent être réussite ou échec quand il est question de voler.
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