Une chose m@tthieu, est ce que tu as ou va déclarer ton accident à la ffvl ? J’espère que oui car je trouve cela important pour que les écoles puissent s’en servir pour prouver aux élèves que ça arrive.
L’étude de ta trace me parait tres intéressante, avec dans l’ordre :
(Note, que je n’ai pour le moment que le faire très rapidement sur smartphone…)
Tu as plus de 3 h de vol dans les stabilos au début de ta montée au nuage.
Les valeurs de montée sont bien plus souvent autour des 4 m/s voire en-dessous que franchement au-dessus.
Visiblement il y a du vent au vu de tes variations de vitesse-sol pendant que tu enroules.
Tu enroules sans jamais vraiment tenter une fuite horizontale.
Sans doute est-ce la conjonction entre vent et thermiques et manque de pilotage efficace qui t’amène à la fermeture et l’auto-rot.
Ton taux de chute n’est jamais démoniaque en auto-rot.
Par contre après ouverture du secours cela semble assez important (~-8m/s) certainement l’effet miroir.
Tu as eu beaucoup, vraiment, de chance de t’en tirer à si peu de frais.
Si tu ne vois pas, si tu n identifies pas les vrais problèmes qui t’ont amené au tour en hélicoptère, tu ne trouveras jamais les vraies solutions qui peuvent t’éviter de le rencontrer à nouveau pareille situation avec peut-être moins de chance à l’arrivée au sol.
Dans l’absolu, on est encore dans la même configuration que 83 pages plus tôt.
Juste comme ça, il dit faire 2t/2.5t d’autorot’.
Dans des conditions bien “toniques” comme ça, sans repère visuel et à moitié givré, c’est si pourri comme temps de réaction?
[quote]Plus de repère visuel, plus de repère d’orientation. Le haut, le bas…Je me dis que je vais taper le relief si je fais des 360 donc vaut mieux que je laisse gagner de la hauteur. et être au-dessus du relief. 3600, 3800.
Ca monte sans arrêt et ça tournoie dans tous les sens. La voile fait une première abattée monstrueuse car je la vois sous moi, je relève les mains. Et attends, début d’autorotation, je contre, je pense. A ce moment là c’est la survie qui importe plus que tout. Je m’entends crier, hurler “Mon Dieu, mon Dieu, je ne veux pas mourir maintenant”. Ca se stabilise et puis quelques instants plus tard, le givre commence à recouvrir mes lunettes, froid aux mains instantané malgré les gants, je me dis 4000m, je ne suis pas déjà au Mont Blanc quand même;deuxième abattée, deuxième autorotation, la voile face planète et ça tire, ça tire, deux tours je crois et je me dis que je ne vais pas tenir avec la centrifugation, je vais m’écraser au sol à vitesse V.
Je ne veux pas mourir comme ça maintenant, seul dans ce nuage gris, fou sans issue. “Mon Dieu, je ne veux pas mourir maintenant” J’ai de la hauteur, j’aurais pu impacter. Je ne sais pas où je suis. Tant pis, je décide de tirer le secours … et là quelques secondes plus tard, je suis sorti de l’ascendance, je suis avec du ciel bleu autour et des forêts.
[/quote]
Es-tu sûr d’avoir eu la voile sous les pieds?
As-tu vu de réelles fermetures?
Je pose ces questions car dans le nuage, on a peut subir un gros cabrage suivi d’une bonne abattée qui en l’absence de repère visuel donne l’impression qu’on a la voile sous soi.
Il en est de même pour les rotations… tout à l’air de défiler + vite dans le brouillard.
faire un SIV et l’assimiler sont deux processus différents : ou tu consommes vite fait ou tu t’impliques à fond.
Réagir contre l’autorot doit être automatique et instantané.
On devrait faire un sondage : parmi ceux qui volent pour pouvoir dire à leurs potes qu’ils sont restés plus longtemps en l’air ou qu’ils sont allés plus loin, combien se sont sérieusement entraînés à contrer une autorot ? combien l’ont déjà contrée efficacement dans la vraie vie ? (euh et combien savent l’identifier !?!).
@M@tthieu : merci pour ton récit et content que tout se termine bien.
Question très matérielle : ton matos est dans quel état ?
Ben le problème c’est que je connais extrêmement peu (voir pas) de pilotes impliqués à fond
Par contre je connais énormément de pilotes qui du fait d’avoir fait un SIV se sentent pousser des ailes pour aller voler dans des conditions et des coins pourris avec en tête, “m’en fout je sais contrer une autorot et les décro c’est easy”. Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai volé avec un gars qui envoyait des wings avec un bon 1/2 sec de retard sur chaque changement et qui montait, certes, bien haut mais qui manquait de se prendre la voile sur la courge à chaque virage… Arrêt des wings à largement moins de 100m sol (50m ?)… hé bé il travaillait les exercices vu en SIV 10 jours avant… Lorsque que je lui ai dit que c’était n’importe quoi, il m’a dit qu’il avait hésité à envoyé un décro sur son dernier run, mais qu’il lui avait semblé être bas…
Des histoires comme ça j’en ai plusieurs!
Énorme, M@tthieu !
Je pense vraiment que tu devrais écrire un bouquin. “Ma vie de parapentiste : quelques années d’un aspirant pilote.” Déjà j’imagine que ça te ferait plaisir et d’autre part, c’est bien loin des vitrines commerciales de l’activité et c’est représentatif du vécu d’une bonne partie de la population volante (même si tu as tendance à cumuler…). Je crois que ça nous ferait du bien.
Cet accident-là, comme la plupart, c’est purement du mental, de l’attitude inadaptée (inadaptée à la santé/sécurité).
Pour certains, dans ces activités de pleine nature et de milieu naturel, il est difficile d’éviter d’être emporté par la vague de l’idéologie du dépassement de soi. On le voit ces derniers temps, la trilogie délétère suivante est bien présente :
Il faut repousser ses limites, se dépasser * —> - Ce qui ne me tue pas me rend plus fort —> - Il est mort en faisant ce qu’il aimait.
Le triangle risible de l’élitisme pour tous !
Puisque tu aimes bien le mysticisme, on peut imaginer qu’Albert Einstein aurait pu expliquer qu’il est impossible de se dépasser :
si on calcule mathématiquement un hypothétique dépassement de soi, on s’aperçoit que cela nécessite une accélération infinie et donc une énergie infinie.
Or, nous n’avons pas accès à l’infini en tant qu’humains, c’est le domaine du divin auquel tu te réfères.
Le parapente ne fera jamais de nous des Dieux.
Après comme on parle d’Einstein, il faudra bien penser à prouver qu’il a tort et qu’on peut aller plus vite que la lumière, sinon, comment envisager les voyages intergalactiques qui sont la prochaine frontière de l’Humanité ?
Kepler a bien prouvé un jour que Copernic qui fit pourtant référence pendant des centaines d’années avait tort.
Bon j’ :floodstop: le fil M@thieu
Mais pas tant que ca ?
Serions nous des Copernic et M@thieu notre Kepler ? Aurions nous tort et lui raison ?
Je fais semblant d’avoir des références, j’ai juste eu la chance d’assister à une conférence sur Kepler hier après midi, je m’occupe comme je peux à défaut de revoler encore !
Bravo pour cette belle parabole avec Einstein .
Quel est la part prise par les videos ainsi que les traces CFD dans la surenchère qui pousse de nombreux pilotes diminuer leur ratio de marge :grat:
C’est vrai que ce serait dommage que Mathieu passe du statut d’aspirant pilote à pilote aspiré… Ceci dit pour le bouquin c’est une excellente idée car ce garçon ne manque pas d’inspiration pour nous narrer ses aventures
Récit vivant, plein d’émotions et surtout à l’issue heureuse;)
Sinon pour la fin philosophique, as tu rencontré des victimes de gros traumas crâniens? Je ne pense pas qu’ils soient plus forts après qu’avant et il est des blessures dont on ne guérit jamais!
Pourtant ce même Albert disait “il y a deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine”. Il rajoutait “pour ce qui est de l"univers, j’ai tout de même un doute” !
En meme temps sa dure depuis 1000vols maintenant…
Tu mets scrupuleusement à jour tes heures de vols sur ton profils du forum, peux tu nous faire un récap de tous tes vracs? Si je me souviens bien tu as commencé par aller aux arbres avant tes 50vols, pour la suite je suis curieux de savoir!
J’ai engueulé mon pote l’autre jour parce qu’il à tapoté la cime d’un arbre avec sa sellette, si j’était un de tes potes je crois que je te couperais une suspente ou deux pour le reste de l’année, retourne en école!
@ Sheebe, salut mais, euh… tu t’adresses à moi ci-dessus ?
Car c’est vrai que mon profil n’est pas forcement à jour et, il est vrai aussi qu’à mon 4èm ou 5èm vol (le 1er avec ma 1ère aile toute neuve) j’ai aussi chapeauté un merisier faute de savoir tenir un cap après 3 (ou 4) vols en école.
Mais promis juré, la leçon fut payante, avec une trentaine de vol en plus en école avant de me ré-aventurer en “autonomie” à voler sur des sites nouveaux, je n’ai jamais renouvelé l’expérience.
Ce jour là, je me suis rendu compte de la différence qui existe entre ce que l’on pense savoir faire et ce que l’on sait réellement faire.
La trace de M@tthieu est définitivement très intéressante, surtout si l’on se donne la peine de suivre le dernier 1/4 d’heure de vol en vitesse réelle.