Mes premiers vols en autonomie

Oui Over, j’habite à 40 minutes du premier déco en est, sinon pour sud c’est 1h. Il n’y a que pour le nord et l’ouest que c’est plus proche environ 30 minutes mais c’est souvent fermé (cultures). Ce mois-ci le pire a été d’aller à 125 kms, lever à 6h. J’ai galèré pour trouver. Puis c’est devenu trop fort, je suis allé manger, et… Il a commencé à pleuvoir. C’est beau de marcher une heure dans la forêt :wink: je l’aurais jamais fait avant ! Lol

La Mecque du parapente, le lieu où il faut voler : lequel est-ce ?
Après un stage mini-voile très prometteur (dixit le DTE), les Alpes du Sud développent des orages pénibles et je décide de migrer vers le nord. Je rejoins un couple de copains de l’Aube dans ce lieu mythique : Annecy. Des noms évocateurs : Doussard, Planfait, La Forclaz. Mais ce n’étaient que des noms pour moi…jusqu’ici.

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En ce samedi matin 31 mai, je me réveille dans le petit village de Montmin, la couche d’inversion est basse et occulte une bonne partie du paysage. La montagne est moche sous son capuchon opaque, feux anti-brouillards obligatoires. Les préparatifs d’une “race” (course à pied avec des milliers de participants) se font sentir. J’arrive au col de la Forclaz, plongé dans la poix. Je décide de descendre alors vers Planfait, mais à 8h du matin, ce n’est pas prêt d’être encore levé et finalement, je rejoins ce couple d’Aubois à l’atterro de Perroix. Quelques minutes plus tard, je décide de ploufer -histoire de me re-familiariser avec la Mojo 4 et re-découvre ce qu’est un déco moquetté où beaucoup d’élèves de plusieurs écoles s’affairent.

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2 dos voile et un face-voile, 3 ploufs de plus en plus longs, avec des essais de toucher la cible à l’atterro, de ne pas survoler les maisons et de bien rentrer sur le terrain avec de belles approches classiques. J’ai raté le thermique de droite et je dois poser vers 11h30 un peu déçu. Le ciel se faisait plus bleu, la brise plus forte. Mais pas dans le bon timing et pas dans le bon endroit. Tout est nouveau, sans vario juste des sensations à essayer d’affiner avec la sellette et la voile. Bons exercices. Des gens très sympas que ce soit du côté des moniteurs ou des élèves. On décide de manger au restau-bar L’atterro, puis comme le ciel se découvre vers La Forclaz on y part en milieu d’après-midi.

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La magie d’un lieu maintes fois décrit, vu sur internet. Comme si un tennisman allait à Roland Garros. Beaucoup de monde sur la route et difficile de se garer. On va marcher. Ce n’est pas une mini-voile ! On gravit le chemin qui monte au déco, avec cette odeur âcre du goudron fraîchement posé. Beaucoup de promeneurs, de touristes, et ça grimpe dur. Mais le paysage est grandiose. Je vois un artiste faire des hélicoptères au-dessus du déco. Le vent souffle par rafales de plus en plus fortes.
Je sens que j’ai fait l’ascension pour rien…Au bout du chemin qui serpente, je vois un amphithéâtre à ciel ouvert avec des spectateurs, des dizaines de pilotes qui attendent. Et un régulateur vêtu de rouge qui aide. De la belle moquette.

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Jamais je n’ai vu autant de gens en attente et beaucoup, beaucoup de biplaces…
Je suis autant impressionné par la foule dense, que la majesté des lieux, vue imprenable sur le lac…et par les sketches qui se succèdent. Pilotes balancés en arrière, des voiles qui se tordent dans tous les sens. Les balises indiquent entre 20 et 38; en l’air, les gars avec des C avancent avec du mal me fait remarquer le copain. Pas grave, je prépare ma voile et j’attendrai que ça se calme ! Quitte à voler à 20h !!

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La voile en boule, j’attends et regarde le spectacle. Puis le vent baisse au déco. Allez faut y aller me lance Stéphane le pote. Je ne suis pas rassuré par ce que j’ai vu. Je dis au régulateur que c’est ma première fois à La Forclaz. Trop sympa, il me donne l’endroit idéal pour ne pas trop subir le vent. Stéphane me tient la voile au cas où. Je m’enferme dans tous ces petits gestes répétés maintes et maintes fois. je fais abstraction de tous ces regards qui vous scrutent. Les autres parapentistes, confirmés et novices. Je n’ai pas envie de faire un sketch. En plus sil y a un gars du forum… ROTFL
Je m’attends à être un peu arraché, et de devoir courir vers la voile pour atténuer l’effet spi. J’attends le bon créneau, j’entends le régulateur dire que je peux y aller quand je veux. Je regarde les biroutes, je ressens le souffle du vent , je fixe ma porte de sortie, personne n’autre à côté de moi. Ca baisse un peu, je monte la voile, elle ne tire pas trop fort, je me retourne, je stabilise la voile, me penche en avant et hop, je décolle telle une fusée comme es autres, à la verticale. Ca balance un peu, ça secoue un peu, tangage, roulis, je respire et me rappelle toutes les sorties par vent fort dans ma région de Troyes, je respire profondément, je sais que j’ai vécu des moments plus stressants, plus violents, je regarde les autres voiles et voit où ça monte. Je tiens bien ma voile et essaie d’anticiper les baisses de pression dans les commandes, temporise les mouvements incessants de tangage. Le vario ne cesse de biper. Je m’approche de la crête et prend garde de ne pas me retrouver sous le vent, je monte, je descends, j’observe ce que font les autres, j’aperçois les dents de Lanfon mais pas assez de gaz pour rejoindre même si je vois un gars zéroter au bas du Lanfonnet pour essayer de remonter. Pas cette fois-ci, je tourne, profite des nuages qui me tirent un peu, je ne sais même pas ce que m’indique le vario, j’entends juste le bip bip. Un biplace me montre la voie, je le suis en faisant attention à sa turbulence, il est déjà loin et haut devant; péniblement mais à force de atience, je regarde mon vario, à 1900m je décide de partir tenter l’aventure pour traverser le lac, vers la crête en face (la côte des boeufs ?). Tant pis, je verrai ce qu’il se passera et si je perds trop de gaz pour la remonter, j’ai un plan B, filer vent de cul vers Doussard. Je baisse un peu, suis un nuage qui me stabilise aux alentours de 1700m, puis il se désagrège au milieu du lac, plus aucun nuage aux alentours, ils ont tous décidé de rester accrochés aux sommets et me voici au milieu de nulle part entre lac et ciel bleus. C’est magique, je suis un aventurier sous sa voile. Je me mets à finesse max mais je baisse, j’essaie taux de chute mini mais je suis encore loin. Je pourrais tenter de rejoindre la crête mais je ne vois plus de voile suivre la crête, alors je décide sagement de ne pas tenter cette fois-ci, je sais qu’il faudra plus de gaz dès le départ et donc je survole un peu la terre ferme et de repartir dans l’autre sens en me laissant dériver gentiment vers Doussard. Deuxième traversée du lac, c’est trop bon de voir les bateaux, les gens profiter du soleil; personne dans les airs, no stress. Je me dis que je peux essayer de remonter en dynamique le long de la crête, mais le vent est mal orienté, tant pis, je survole Doussard, quelques bulles thermiques, je me positionne pour un atterrissage avec une belle approche en U, l’atterro est bondé de gens qui gonflent, de deltas posés.

C’est grandiose de naviguer entre ciel et lac, de décider d’aller à un point B, puis C, de se laisser des chances d’atteindre le point D et d’arriver à sa voiture après un périple de… 11 kms !

http://parapente.ffvl.fr/user/159604/cfd/declaration/20146503

Mais ce voyage valait tellement plus à mes yeux, troisième sortie de bocal, lieu inconnu, panorama à couper le souffle, quand j’ai mis les pieds sur terre, je regrettais… de ne pas être resté en haut, ivre de plaisir intense, avec des moments intenses où il faut se battre, et puis des moments plus calmes où on se laisse monter, glisser.
Rester vigilant et concentré. Faire attention aux autres, au vent, aux thermiques qui affolent le vario, aux crêtes, au relief. C’est trop magique !

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Ce vol comme tant d’autres resteront inoubliables. Il est la somme de tout ce que je ne pensais jamais oser faire, rêver, entreprendre et les “incidents”, les sorties épiques de cet hiver m’ont forgé quelque chose que je en soupçonnais pas, mais qui m’ont servi à chaque instant.

Tout ça pour ça mais quel “ça” !! :ppte:

J’avais encore des lumières dans les yeux quand j’ai raconté mon vol 3 fois dont à des élèves rencontrés le matin à Planfait. “Achetez, une voile, et osez, vous verrez, c’est une motion magique, incommensurable”.

Un seul problème : on a envie de le refaire en mieux… j’ai pris des conseils précieux hier soir et donc je cours me préparer pour cette journée qui s’annonce encore plus belle !!

Bons vols à tous !

:pouce:

Vole prudemment, j’aimerai beaucoup continuer à lire longtemps tes récits enthousiasmants qui me rappellent ma jeunesse de pilote.

:pouce:

Merci et pas de problème… j’ai l’impression que plus mon expérience augmente, plus le temps avance, plus je prends conscience de certaines choses que je ne soupçonnais même pas avant. Mon esprit aventurier et engagé aurait-il disparu ?

les chevilles se sont un peu dégonflées. c’est normal et c’est tant mieux.
la vraie saison commence, c’est clairement pas maintenant qu’il faut tenter des trucs trop engagés à ton niveau (ni au mien, je te rassure :wink: )

:dent:

tu peux prendre un peu de temps pour relire les 35 pages de tartarinades dont tu nous as gratifié depuis septembre :pouce:

et bon vols safe pour la suite,

ps.
en tout cas, tant mieux si c’est pas toi qui a fait le tour du rond point a faverges !
http://www.parapentiste.info/forum/incidents-accidents-de-parapente/incident-marlens-74-010614-t35289.0.html

Non, non ce n’est pas moi - je n’en n’ai pas entendu parler d’ailleurs.
Tartarin de Tarascon…:wink:
Je ne pense pas avoir les eu les chevilles gonflées, j’ai peut-être pris les choses trop à la légère parfois - eu égard aux conséquences désastreuses que cela aurait pu avoir.
Un pote m’a dit qu’il avait un de ses copains qui avait fait fait 10 fois moins d’incidents en beaucoup plus de temps et s’était retrouvé cassé en deux.
Je mûris mais cela me fait peur avec le recul d’avoir “peur”. Aujourd’hui deuxième vol de SIV, c’est très fort, je me fais embarquer au déco. D’autres pilotes se font aussi arracher : twist, retombés par terre etc…
Le moniteur me replace ma voile. Je ne sais pas pourquoi, j’ai demandé 5 minutes pour me re-concentrer et me remettre de mes frayeurs. Il me dit que je n’aurai peut-être plus de créneau. Mais je ne le sentais pas. Je lui ai dit que cela n’était pas grave. 2 minutes plus tard, ils annulent les 3 derniers vols de SIV. J’étais content de plier et de redescendre en voiture… :grat:

C’est normal d’avoir des périodes de mental moins fort. Ce n’est pas mal d’avoir peur (sans tomber dans la psychose et le stress permanent – autant abandonner l’activité dans ce cas).
C’est un peu dur à vivre, mais pour reprendre un poncif “il vaut mieux regretter de ne pas avoir volé que regretter d’avoir volé”.

En sortie club la semaine dernière, j’ai renoncé aux vols 2 jours sur 6. Je sentais pas la météo, l’aérologie, le site… je le sentais pas. Ca m’a cassé un peu le moral, mais mieux vaut un moral cassé qu’un dos cassé.

Tu peux preciser ??

au fait m@tthieu il y a truc qui m’échappe entre la trace et ton récit : jamais tu ne vises le roc des boeufs (du moins le point de raccrochage).

le pire c’est qu’apres y a des fois tu renonce au vol et tu regrette même pas alors qu’il sont tous satellisé et font un max de borne :smiley:

Ah le fameux roc des boeufs… En fait, je croyais (à tort) qu’il fallait avoir plus de gaz pour passer de la crête des rochers du Roux pour passer au Lanfonnet et aux dents du Lanfon : peur de me faire descendre pour aller au Lanfonnet ? j’ai vu des pilotes faire du grattage tout en bas alors qu’ils étaient partis assez hauts. Du coup, je me suis dit que j’allais pouvoir traverser directement depuis la crête des rochers du Roux (ou hier du déco de la Forclaz car c’est monté très très vite et j’avais atteint 2100m en moins de 20 minutes) mais c’était du nord et j’ai appris que je perdais beaucoup à craber et contrer le vent d’Annecy pour rejoindre ce fameux roc des boeufs. Que j’aurais mieux fait de passer par les dents de Lanfon et passer au plus étroit du lac, raccrocher au bas et au début du roc des boeufs (château),et monter en dynamique du côté ouest.
Il n’y a pas toujours des nuages pour me maintenir à 1700 m au-dessus du lac et je perdais trop. J’avais bien ce roc des boeufs en point de mire mais j’arrivais aux alentours de 1500m au niveau de l’autre rive et je ne me voyais pas arriver limite au roc des boeufs et ne voulais pas avoir de problème pour rentrer d’où mon demi tour vers Doussard (ou la crête au-dessus de Doussard). Mauvais choix tactique de ma part. Je passerai par le Lanfon la prochaine fois mais apparemment c’est assez atomique de ce côté-là…
Comme quoi le chemin le plus court, n’est pas souvent le meilleur surtout pour le tour du lac !
Sinon concernant, ce roc des boeufs, il y a deux lignes HT sur le Roc des Boeufs et au niveau de la deuxième faut avoir vraiment reprendre du gaz… une copine et un copain se sont fait avoir et ont du vacher là-bas : 3h pour rentrer ! La radio et le portable ne passent pas en plus…

Hub, le moral nous reviendra ! :wink:

ce sont vos moniteurs de SIV qui vous ont envoyés par la bas, ils sont joueurs dans lézlalpes :wink:

Hier au déco de la Forclaz :wink: du sud et de l’attente mais un grand pilote !
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(edit modo pour insérer l’image)

dit donc matthieu t’était pas a marlens ce matin ?.

guy

Si si on était une dizaine et on est resté une bonne partie de la journée. Et toi ?

Avec un autre grand monsieur du parapente à Marlens
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Et au décollage sur un lieu historique du parapente :
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Merci au modo pour la photo de Jean Baptiste Chandelier, super sympa et disponible !

http://www.thisman.org/

Waouhhh… troublant !

PS : désolé M@tthieu, je sais que le jeu de fil en images c’est sur un autre post, mais là, j’ai pas pu m’empêcher. :trinq: