“Zizitop” est le surnom d’un vieux pilote néerlandais, avec une immense barbe blanche, nul à chier tout debout pour ce qui est d’enseigner le parapente, c’est probablement lui qui, quand il est à Planfait, induit le plus de sorties de Dragon pour récupérer ses élèves qui se sont croûtés.
Il faut dire que quand on le voit guider ses élèves sur un déco, on a froid dans le dos et des contractions du côté pile.
Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. :mrgreen:
Mon pote “Pasdoué” existe bien, du moins il ne s’est pas encore tué.
Il a débuté en 2009 et déjà il montrait de grandes dispositions, vu qu’il avait été maintenu en pente-école, avec un moniteur pour lui tout seul, alors que les autres de son stage init faisaient leurs premiers vols.
Il enchaîna sur un stage perf et passa deux fois au ras de la correctionnelle parce que si lors de son stage init les moniteurs corrigeaient la position de sa voile, partie de traviole, en agrippant une suspente, ceux de son stage perf ne le faisaient pas.
Il voulut ensuite voler seul et je l’accompagnai, avec la trouille au ventre. Cela “passa” in extremis et je lui dis après être descendue :
“Tu as parfaitement le droit de te tuer en faisant n’importe quoi, sans tenir compte de ce qu’on t’a appris et sans écouter les instructions, mais je ne veux pas voir ça, je t’ai passé le virus et j’ai une part de responsabilité morale envers toi.”
Il avait réservé pour deux stages en 2010 et le DT de l’école était venu me voir, pour me demander de lui faire faire au moins 3 jours de pente-école avant son 1er stage. Il était visiblement stressé.
Il y avait de quoi.
M’étant cassé le poignet en juillet, j’étais rentrée à Paris mais revenue à Planfait début août pour tenir ma promesse, et j’avais fait beaucoup travailler “mon élève”, ce fut pour moi une épreuve très pénible parce qu’il n’apprenait pas et répétait toujours les mêmes erreurs, mais au bout de 3 journées intenses et épuisantes je l’avais amené au niveau “sortie de pente-école / 1er grand vol”.
Et il nous fit encore à tous des frayeurs pas possibles.
J’étais réparée en 2011 et j’eus à nouveau la mission de le faire travailler 3 jours avant son stage perf. Il n’avait pas progressé, répétant ses erreurs habituelles, et j’avais trouvé une astuce pour sécuriser ses gonflages : comme il n’était jamais symétrique, je lui faisais bloquer les coudes sur les hanches avec les mains à hauteur des oreilles, là il était symétrique et sa voile montait proprement, après quoi la suite se faisait en sécurité. Ses moniteurs prirent le contre-pied et lui dirent de ne surtout pas faire comme ça, et il se ramassa immédiatement la gueule dans les kékés.
Après cette épreuve, heureusement sans gravité, il décida que j’étais une daube et je ne pus plus lui apprendre grand chose. Au moins je sécurisais ses décollages en lui faisant attendre des conditions favorables et en plaçant idéalement sa voile (c’est toujours travers droit à Planfait). C’est à cette époque que j’ai commencé à faire beaucoup de régulation, mais aussi à voler trop peu.
En 2012 il décida que sa vieille Boléro+ le limitait et il voulut essayer des voiles de classe B. Il faillit s’obtenir grave avec une Anakis 2, heureusement que la voile est auto-démerdante ! C’est à ce moment que je l’ai emmené chez Espace 3D à Doussard pour essayer la Dolpo.
C’est à partir de là qu’il fut séduit par la méthode de Philippe Paillet et qu’il commença à faire du temps de vol et quelques progrès… avec toujours une gestuelle pourrie au décollage.
http://soyeuse.free.fr/2012/08/01/346.jpg
Philippe corrige la trajectoire avec la drisse de frein
Quand mon pote vit les photos, il fut furieux que Philippe ait bricolé avec son frein parce qu’il croyait sincèrement décoller à la perfection, il m’accusa même d’avoir trafiqué la photo !
Il avait quand même plus de 200 vols au compteur… donc il était bon. Quand on entend ça on est consterné.
Au sol, avec la Dolpo, ce fut toujours calamiteux, la voile étant plus rapide que la Boléro lui posait un gros problème, puis à force de travail il retrouva le niveau “sortie de pente-école / 1er grand vol”.
Il ne put par contre jamais lever mon Awak 18, alors que les débutants des Grands Espaces y arrivaient très bien.
Pour la saison 2013, mon pote estima qu’il était limité par sa voile et c’était le cas vu qu’il n’était pas au niveau pour l’exploiter, mais lui il fantasmait sur la Jedi. Ce Normand est plus têtu que 36 paysans bretons et rien ne put le ramener à la raison, il revendit sa Dolpo et acheta la Jedi.
Il aurait pu prendre une R11, le temps qu’il y était, son incompétence n’aurait pas été plus flagrante.
J’avais volé avec la Jedi, pour l’évaluer par rapport à l’Artik et à la Diamir. Mon diagnostic fut donc motivé : “la voile est plus rapide que les miennes et nettement plus vive que l’Artik, tu vas avoir des gros soucis et probablement te casser la gueule, garde ta Dolpo”.
Autant essayer de pisser dans une contrebasse !
Et la série de sketchs commença : incapacité flagrante à gérer la voile au sol, gonflages pourris, décollages pourris et grosses frayeurs pour tout le monde, sauf pour le pilote inconscient.
Il a survécu jusqu’ici parce qu’un ange gardien astique velu sa bonne étoile, mais ce n’est que partie remise.
J’ai emmené voler des quantités de pilotes novices, notamment pour leur premier vol rando, j’en ai sécurisé un grand nombre lors de leurs premiers vols en autonomie, mon assistance consistant à vérifier la prévol et à leur dire : “je ne suis pas BE donc je n’ai rien à te dire, tu y vas quand tu le sens et s’il y a un souci je crie STOP”.
Mon pote a plus de 300 vols au compteur et il n’est toujours pas capable de décoller proprement sur site connu, du fait de son incompétence technique et de sa voile trop vive pour lui. En l’air ce n’est pas la joie mais il est assez prudent et avisé pour ne pas rester au relief, ce qui ne l’empêche pas de rester sous un vilain nuage qui tire quand tout le monde s’échappe pour aller poser.
Il a voulu faire un SIV - excellente initiative - et il s’est évidemment fait des frayeurs pas possibles à cause de sa lenteur et de la vitesse de la Jedi.
Cherchez l’erreur.
On ne s’étonnera pas qu’il n’ait pas voulu me montrer les vidéos de ses vols, orgueil d’adolescent immature.
Si je l’ai surnommé ici “Pasdoué de chez Pasdoué”, il y a quelques raisons.
Il n’apprend pas, il ne comprend pas le parapente ni l’aérologie, il est incapable de s’évaluer ni de voir les choses en face, je l’ai assez protégé comme ça depuis 5 saisons.
Maintenant j’en ai ma claque, j’ai donné et s’il veut se tuer c’est sa liberté.
J’espère seulement ne pas publier ici, l’été prochain, une rubrique du type “in memoriam”.
Salut et fraternité*
