Notons en effet qu’avec ses “affaires” il y eu ces dernières années une réelle prise de conscience des risques associés à une neutralité (à fortiori une instabilité) spirale
Est apparu une ligne dédiée dans l’EN 926-2
Mais ce qui pêche toujours, c’est le choix des moyens de sa caractérisation
Comme je le faisait précédemment remarquer, les valeurs d’accélération mesurées durant les tests ne sont généralement pas accessibles au public, encore moins les graphes de ces accélérations
Or, c’est de l’analyse de ceux-ci que peut sortir une évaluation pertinente du risque
En effet, ce n’est pas la neutralité spirale qui est dangereuse, mais la façon dont elle s’établit : c’est sa dynamique qui peut mettre le pilote dans l’incapacité de réagir
C’est ce qui est probablement arrivé à un de mes camarades qui a percuté le sol après avoir perdu connaissance lors d’une séquence de voltige, sa voile ayant été observée se remettant à plat, puis s’inclinant peu à peu pour s’installer dans un virage large avec un taux de chute élevé mais pas trop : tout cassé… mais vivant… - Une bonne aile ! -
S’il avait eu la malchance que sa voile et les réglages de sa sellette aient été tels que sa voile accélère continument, il ne serait plus parmi nous
Dans l’aéronautique, on trouve nombre d’aéronefs qui sont neutre spirale sans que cela ne choque personne : un avion de tourisme bien calé dans un virage coordonné peut rester dans cette attitude jusqu’au sol s’il n’y plus de pilote aux commandes MAIS cela prendra du temps, un temps pendant lequel le pilote pourra redresser son appareil
Revenons à la vidéo de la première démonstration “monitorée” de la dangerosité de l’instabilité spirale en parapente
Pour bien mettre en évidence celle-ci, Marc avait cherché à retrouver un mauvais réglage de harnais auquel il avait été un jour confronté (le genre de “coup de pas de chance” dont vous ou moi on ne se serait pas sorti)
Associée à cette sellette ainsi réglée, sa Sigma 6 taille S était devenu un vrai “piège”
http://vimeo.com/40467538
Pourquoi ?
Regardez les images et surtout la vitesse avec laquelle l’accélération augmente
C’est cette vitesse qui est dangereuse, car le pilote surpris peut ne pas avoir le temps de réagir avant de perdre connaissance et/ou de n’être plus capable d’extraite son secours
Et pour bien mettre en évidence ce risque, notez que
1- Marc abandonne ses commandes quand il passe 4 G (valeur à partir de laquelle le risque de voir un pilote de loisir être dans l’incapacité de réagir devient très important… s’il n’a pas déjà perdu connaissance)
2- l’aile est dans un premier temps ralentie par la fermeture de sa plume extérieure
3- l’aile ré-ouvre seule et se remet à accélérer (c’est ce qui caractérise l’instabilité spirale)
Marc arrête ici de faire le sac de sable car à ce stade l’aile s’est verrouillée en 360 et descend les étages de plus en plus vite… La messe est dite
Dans le même cas de figure, qu’attend-t-on d’une aile accessible et tolérante ?
1- qu’elle n’accélère pas aussi rapidement (pour donner au pilote instruit du comportement de son aile le temps de réagir),
2- que par conception elle se déforme de façon à freiner la rotation ou tout au moins à l’empêcher d’atteindre des facteurs de charge aussi élevés.
Que l’on ne me dise pas que ce n’est pas possible
A moins que l’on ne me démontre que le client d’une aile “accessible au plus grand nombre” n’est pas prêt à accepter de perdre 0.2 point de finesse accéléré à fond pour gagner en sécurité active
Car c’est de cet ordre là quand on “taille” un peu dans le vrillage optimum de la plume ou que l’on avance un peu le centre de poussée dans le même secteur de façon à ce que celui-ci se cabre sous fort facteurs de charges
C’est ce que j’ai expérimenté avec le chef pilote de l’époque d’une grande marque : qu’il peut suffire de rallonger de moins de 10 mm sur UNE SEULE suspente basse pour corriger ce comportement et se donner de la marge par rapport à des réglages de sellette hasardeux
Et c’est finalement cela qui me laisse un goût amer dans la bouche
Sommes-nous des consommateurs aussi ignares que cela, incapable de discerner la qualité des produits que nous acquérons ?
C’est le second questionnement grave que pose les homologations : quelle est la sensibilité d’un comportement validé sur un vol d’essai à une variation de calage en plume, à un mauvais réglage de sellette ?
Elle n’est aujourd’hui pas évaluée par la norme
Il n’est même pas demandé au concepteur d’attester qu’il a procédé à des tests ou à des simulations informatiques pour fixer les tolérances de longueur qu’il mentionne dans les tables de contrôle des suspentes : l’expérience a bon dos… comme la volonté affichée ouvertement de “contenir” le coût des homologations
Que nous couterait que soit vérifié que ces marges sont bien là pour les ailes de performances ?
5% ?
10% du prix ?
Quand bien même
On a pu voir que constructeurs et fabricants de suspentes se sont accordés pendant des années sur des facteurs de charges et des marges de sécurité… jusqu’à ce que l’on leur démontre que ces charges avaient fortement augmenté durant ces belles années, du fait de leurs choix de conception et des brillantes innovations qui avaient été introduites sans toujours maîtriser les dommages collatéraux
Dans ce “wild”, on peut toutefois se rassurer en constatant dans les faits qu’une aile école ou montagne tout en A volant à 8+ de finesse reste bien moins susceptible qu’un “gun” CCC planant à 12+
Allez… tout le monde en Yéti… et pas de discussion…