Concernant le titre de ce fil : rien d’étonnant à ce phénomène. Sans vouloir me jeter des fleurs, il me semble avoir annoncé ce phénomène sur ce forum il y a quelques années, dès que commençait à se dessiner au niveau sécurité en parapente la politique de la peur. Une alternative était de mettre en place une politique (toujours pour la sécurité, mais pas seulement) de vol plaisir.
Je suis peut-être d’accord, sous réserve que tu précises qui est ce “nous” dont tu parles (parce que pour 95% des pilotes de mon club, ce n’est pas l’inclinaison naturelle).
Je pense que tu fais une erreur de diagnostic de la motivation de la très grande majorité des pilotes : on veut voler dans des conditions raisonnables. j’en prends pour preuve le nombre de gens en l’air quand il y a des belles restit’ ; tout le monde adore ça, y compris les pilotes capables de voler dans les conditions thermiques dures. L’image de la ringardise ne me semble pas entrée en jeu (peut-être marginalement pour quelques kékés avec les dernières fringues à la mode dans les Alpes du Nord, mais c’est tout). Le point clé me semble plutôt tourner autour de la durée du vol (et comparativement au temps et désagrément pris par ce qui entoure ce vol). Un second point est l’envie de se balader (plutôt que tourner pendant 1H devant le même cailloux).
Concernant les motivations :
*) “Je” n’ai pas envie de : faire une heure de route pour aller sur le site, s’organiser pour monter au déco (vous savez le "on est combien ? 8. Ok on prend deux voitures ? Marc, on peut prendre la tienne ? Si vous voulez, mais j’ai le siège pour enfant ; Jérome, on peut le mettre dans la tienne ? Attend, y a Alice qui arrive, ca fait 9. On rentre à 5 dans ta voiture ? Ah non, à moins qu’on mette des voiles dans celle de Sandrine. OK c’est bon. Bref, ça prend facilement 30 minutes un peu chiantes.). Ensuite, 30 à 40 min de montée, voir à quoi ça ressemble une fois arrivée au déco, se préparer ; attendre sa place pour décoller ; et faire le vol (youhouuuuu, whaaa, c’est beau)… de 13min sur mon site de 700m de déniv parce que ça n’a pas tenu. puis se déshabiller (il faut chaud à l’atterro !), un bon quart d’heure pour tout bien plier et ranger (et il fait toujours aussi chaud à l’aterro). Maintenant, on attend que quelques suivants atterrissent aussi (ce qui peut prendre du temps si les autres ont vu que ça ne tient pas), et faut trouver une solution pour remonter (bah oui, il y a déjà deux voitures au déco). Mince, les suivants sont déjà remonté. Ah c’est bon, une voiture : “il vous reste de la place ? Oui, une. Ah ben on est deux. Pas grave, vas-y toi, j’en trouverais peut-être une autre. Ok, derrière le buisson là-bas, je crois qu’il y a un peu d’ombre”. Et à la fin de la journée, il faut remonter au déco pour récupérer les voitures. Puis, faire une heure de route pour rentrer chez soit. Bref, une journée complète, et parfois en mettant le réveil même si c’est le week-end, pour un superbe vol plaisir… mais qui n’a duré que 13 minutes.
*) "J"adore le vol contemplatif du matin, la lumière est superbe. Mais je n’ai pas envie de mouiller ma voile (qui coute une blinde) dans la rosée de l’atterro ; d’autant moins qu’elle risque de rester comme ça dans le sac toute la journée parce que le temps de remonter, les conditions seront devenues trop fortes.
Voilà pourquoi on préfère voler en thermique : le vol dure plus longtemps, (et on peut se déplacer pour varier un peu le paysage).
J’anticipe tout de suite une question/objection : on peut très bien voler dans des conditions thermiques sans prendre de risques si les conditions sont raisonnables. “J”'attends toujours que soit défini ce que sont des conditions raisonnables à l’échelle du parapente pour le pratiquant loisir ET "j"attends toujours des moyens objectifs de connaître les conditions du lendemain, du jour et du moment (y compris à l’atterro où “je” ne suis pas) avant de les découvrir en vol.
Ce serait une erreur de trouver ces questions ringardes. Je pense que la très grande majorité des pilotes loisirs n’ont pas envie de se trouver dans des conditions trop fortes, ni avec des ailes trop pointues mais il y a tout un tas de problématiques concrètes posée par la pratique “vol plaisir” qui ne sont pas considérées voire dédaignées (peut-être par le même “nous” dont parle Patrick Samoëns).
Derob