Aujourd’hui c’est mon anniversaire et j’espérais aller au moins faire un petit plouf… avec 100 à 150 km/h de vent et des précipitations qu’on peut bientôt compter en cm, c’est un peu râpé…
J’en profite pour raconter un peu mon expérience, petit bilan pour cette première année de parapente pour moi. Mon historique n’est pas tout à fait commun, après 21 vols en 2009 en Colombie, c’est en mars 2011 que je commence vraiment le parapente de manière régulière. Je totalise 77 vols en Suisse du 6 mars au 7 mai et passe mon brevet du premier coup, lors de mon centième vol :jump:
Pas vraiment de peur pendant cette période, malgré un doigt de pied cassé lors d’un décro à 3m/sol en Colombie pendant la pente école, des atterros parfois aléatoires en Colombie toujours et un voile noir pendant un 360 engagé maintenu un chouia trop longtemps pendant l’école en Suisse.
Mon dernier vol, jeudi passé, était le deux centième. J’ai eu quelques occasions de plus d’avoir peur et, évidemment, c’est arrivé quelques fois. Une traversée de nuage qui a pris entre 30 secondes et une minute au lieu des 5-10 secondes prévues, c’est un peu flippant. Surfer dans les rouleaux sous le vent d’une crête alors qu’on pensait avoir trouvé une ascendance, c’est pas cool non plus (heureusement, il y avait bien du gaz en-dessous et la zone fut facile à fuir). Se prendre une grosse frontale à guère plus de 100m/sol, c’est super flippant :affraid: , mais heureusement, ça ne dure pas longtemps (probablement un thermique qui aura engendré la turbulence, dans 30km/h de vent qui était bien constant depuis plus d’une heure, ça surprend…). Et se retrouver scotché par le vent de vallée à 200m au-dessus de l’atterro, avec les arbres qui font de grands signes avec leurs branches comme pour me dire “Attention, ça rentre bien!”, c’est terriblement flippant et ça dure assez pour avoir le temps de se demander pourquoi on est en train de voler et comment ça va finir…
Fort heureusement, pas de séquelle sur le mental. La grosse frontale a mis un petit moment avant de ne plus me faire peur: le vol suivant, à Verbier/VS avec de jolies conditions thermiques (le 21 août, ça vous rappelle quelque chose?), j’avais l’impression de ne pas savoir d’où venait le vent et que je pouvais me faire surprendre à tout moment en étant sous le vent d’un thermique. J’ai volé pendant une bonne heure avec la boule au ventre, puis une fois trouvé la pompe qui m’a propulsé à pas loin de 4000m de haut, ça a disparu pour laisser place à l’émerveillement. Une vue à couper le souffle, 3 heures de vol au total et une trentaine de kms parcourus, bref le plus beau vol de l’année. Encore un petit de peine à voler près du relief pendant quelques vols, mais la confiance est vite revenue. En tout cas, je suis convaincu de ne pas avoir peur en altitude, je trouve ça trop beau pour être effrayé.
Lors de mon premier long vol en bocal (3h à Grandvillard/FR), je me suis retrouvé avec pas loin de 1500m de gaz au-dessus de l’atterro. J’ai commencé à trouver étrange qu’après plusieurs séries de wingovers et quelques tours en 360 à exercer la sortie, j’avais l’impression de ne pas être descendu… Je me suis dit:" Nom de bleu, je dois être bien haut!". Comme je vole sans instrument, c’est en discutant avec les autres pilotes à l’atterro que j’ai pu estimer la hauteur. Mais au final, pas plus de peur que ça, c’était un trop beau vol.
En revanche, je connais plusieurs personnes qui ne se sentent pas bien avec du gaz. Ce qui ressort des discussions est le probable manque de repères visuels et l’impression de ne plus savoir comment faire pour redescendre. Peut-être un peu le même genre de peur que quand on s’engage dans une forêt qu’on ne connaît pas ou peu et que tout d’un coup, on ne sait plus par quel côté aller pour en sortir ou retrouver sa voiture. L’impression d’être allé trop loin.
Une autre personne a commencé récemment à faire des crises d’angoisse en plein vol, malgré deux ans d’expérience et un bon niveau, sans frayeur particulière au préalable. Tout d’un coup, lui arrivent des fourmis dans les jambes et les bras, puis une énorme angoisse accompagnée de grosses larmes jusque à l’atterro. Le fait de ne pas savoir pourquoi cette peur est arrivée ainsi sans crier gare complique sa résorption, mais cette personne volait sans objectif, ni plan de vol depuis un petit moment. Aux dernières nouvelles, le fait de préparer mentalement le vol avant de décoller lui a permis de grandement retarder l’arrivée de la crise d’angoisse et de diminuer son ampleur.
Pour conclure, je ne suis encore qu’un oisillon et malgré une progression assez rapide, je ne suis de loin pas à l’abri du gros vrac ou même de la peur. Comme je souhaite voler pour le restant de mes jours en ayant une longévité normale, je tâche d’apprendre de mes erreurs et des expériences des autres afin de conserver le plus longtemps possible le plaisir de voler.
Je vous souhaite une excellente fin d’année à tous en attendant le retour de l’anticyclone et des moelleux cumulus humilis =)