Nous sommes dans un débat assez stérile et la brièveté des interventions est caractéristique.
Il y a certainement des spécialistes qui ont établi des classements lors de comparatifs mais ce genre de classement ne peut pas prendre en compte l’immense variété de voiles qui volent, de diverses conceptions et d’âges divers.
Le débat est aussi de nature sémantique et j’incline à comparer un parapente à une moto : liaison passionnelle presque charnelle entre l’engin et le pilote, subjectivité en conséquence, même vocabulaire.
Quand on se fait un monstre plaisir pendant des dizaines de vols avec une voile agile, saine, maniable, précise, impossible à décrocher, qui tourne dans une cabine téléphonique et qui enroule les thermiques au quart de poil, on a forcément des références en même temps qu’une histoire d’amour.
C’est donc très subjectif.
Une voile CEN B / DHV 1-2 est par définition une intermédiaire, accessible en sortie d’école si on pilote proprement et capable de faire des figures si on lui tire sur la gueule mais elle n’est pas faite pour ça, capable de faire des cross mais sa finesse ne sera pas idéale même avec l’accélérateur.
A priori on peut à peu près tout faire avec ce genre de voile, et surtout on peut faire des progrès.
C’est alors que la sémantique est importante. Dans l’acception du sens en référence :
- Une voile à ploufs “amortie” plaira à ceux qui aiment les ploufs paisibles mais elle sera en DHV 1 / CEN A.
- Une voile vive plaira à ceux qui aiment sentir la masse d’air et ce qui s’y passe, pour l’exploiter et ne pas voler idiots, et tant pis si cela chablatte.
- Une voile très vive peut alors être qualifiée de violente si on se fait balader et s’il faut se battre pour la contrôler à peu près, et on ne vole pas bien en se battant, de même qu’on ne pilote pas bien une voiture “vive” quand il faut se cramponner au volant. Je qualifie de telles voiles ou de telles voitures de malsaines.
A mes yeux ce qui compte c’est la sécurité ; quand on a les jetons en l’air et que le plaisir est de se poser, on a tout faux et ce n’est pas pour ça qu’on vole. Une voile qui fait une monstre fermeture au premier cisaillement ou au premier rouleau ne permet pas de voler sereinement, même quand on sait la rattraper. Vive peut-être, mais malsaine.
C’est pour ça que je ne volerai pas en montagne avec une Montana. Excellente voile d’après les essais, très vive… mais impitoyable. Ma meilleure amie (27ans de vol libre, 1200h de vol dont 120 de parapente) a failli se tuer avec : décrochage brutal, remontée des mains trop rapide et abattée violente, heureusement qu’il y avait un arbre providentiel !.. Cela ne lui serait pas arrivé avec une voile saine.
Une voile à ploufs qui amortit jusqu’au plaisir de voler ne permet pas de progresser, alors où est le plaisir ?
J’ai couru en moto (c’est rare chez les nanas mais je suis un peu spéciale). Une moto qui glisse doucement quand on atteint l’angle où elle décroche est saine, on peut piloter. Celle qui décroche brutalement et qui envoie le pilote dans le décor en raccrochant tout aussi brutalement est malsaine, on ne peut rien faire de propre avec mais on ne va pas se tuer. C’est autre chose avec le parapente en montagne parce que quand on a fait une erreur on a rarement l’occasion de recommencer.
La vivacité d’une voile ne devient un critère pertinent que quand on fait un comparatif entre voiles de même catégorie ayant des performances par ailleurs comparables. Il vaut mieux cravacher une voile paisible que se battre avec une voile sauvage pour ne pas se casser la gueule.
Moi, ce que j’en dis…