C’est humain comme réaction. Une personne qui pense bien faire se sent “agressée” parce qu’elle n’est pas dans son créneau horaire ou vole avec une aile qui n’est pas de son niveau… Elle va te prouver (d’autant plus qu’elle ne s’est jamais fait peur) qu’elle a raison. Et puis comme il y a 90% de chances que ça se passe bien, elle va se pavaner devant toi en disant que tu es un trouillard.
Comment faire pour éviter ce scénario ? Ce sont les formateurs qui doivent réapprendre à parler humilité face aux éléments. Qui doivent parler d’accidentologie (VRAI avérée) dans leurs stages ou formations, qui doivent parfois mettre leurs élèves sous surveillance en situation de difficulté (ex : hors terrain quand la brise forci, vol un peu plus tard le matin pour leur faire découvrir avec le moins d’asistance radio possible une masse d’air plus forte, …). Mais c’est psychologiquement engagé pour un moniteur de lâcher le bouton de la radio.
Tout à fait d’accord avec toi. Quand les conditions sont bonnes et pas trop toniques, on fait “facilement”, Saint Hil-Saint Eynard-Granier et retour. Cette année je veux m’attaquer à la traversée des Bauges en faisant la transition depuis le Granier et là vaut mieux avoir une voile assez “perf” pour recoller de l’autre côté et qu’on n’a pas trop de gaz…
Parce que les dangers de l’air sont invisibles, parce que l’on ne voit que l’air au déco, la biroute et les autres voiles en l’air (ou pas d’ailleurs), parce qu’on n’a pas encore eu cette culture aérologique indispensable, parce que l’on ne s’est ps fait encore peur…
Ce n’est pas une mentalité, c’est de l’ignorance. Tant qu’on ne s’est pas fait peur, fait mal, passé un sale quart d’heure, les anciens auront beau dire ce qu’ils veulent, on n’écoute pas… Je n’ai pas été le premier. Je ne serai pas le dernier.
Même avec des stages, on peut faire des grosses bêtises, car en stage on ne vole jamais dans des situations difficiles; on ne vole pas c’est tout. Quand on est livré à soi-même, on se dit que ça pourra le faire…le moniteur n’est pas là :lol:
Sinon certains qui ont du caractère, en manque d’adrénaline (escalade, moto, kite surf, sport de combat etc…) ont besoin (et j’avoue j’en ai besoin parfois) de se lancer des défis inconscients, d’éprouver cette liberté tant chérie et tant vantée. “Il le fait, pourquoi pas moi ?”. Le vol libre, l’absence de policiers, de radars, de regards coercitifs. C’est si bon. En escalade, c’est différent, quand la cotation de la voie est nettement supérieure à ses propres capacités, on s’en aperçoit très vite. En parapente, c’est trop tard… On y est, on y est… faut essayer d’atterrir.
Personnellement (et je n’en suis pas fier mais c’est mon caractère, il a fallu que je sois de multiples fois dans la mouise, que je me fasse mal, que j’ai failli y rester pour commencer à avoir le début d’un soupçon de réflexion sur le “pourquoi je vole, quand et comment”.
Pour plusieurs raison que tu évoques : d’abord parce qu’à chaque fois, je m’en suis sorti. Même après mon déco twisté au Tiz-n-Test qui m’a valu 5 semaines d’arrêt de l’activité et 2 tassements de vertèbres, je n’étais pas “calmé” dans le sens où j’accusais un rouleau thermique qui m’avait happé moi et pas les autres (c’est vrai que je n’avais pas attendu le moniteur et que je pensais que j’allais m’en sortir tout seul, alors que les suivants se faisaient arracher malgré le moniteur qui les tenait, bref…) donc je ne me suis pas nécessairement remis en cause… ou pas voulu. La faute à la malchance. Je sais c’est facile intellectuellement !
J’en ai eu des cours météo, lu des passages sur les conditions qui forcissent, vu des vidéos etc… rien n’y fait tant qu’on n’en n’a pas subi les conséquences. D’autres caractères plus “peureux” (et la peur peut être salvatrice) n’auront pas cette démarche, car ils feront confiance aux paroles des anciens, des expérimentés.
Perso, moi j’écoutais, je contestais, je n’en faisais qu’à ma tête, parce que malgré un arrêt, malgré avoir vu des gens se blesser, on se dit que cela n’arrive qu’aux autres ou que cela fait partie de la vie d’un parapentiste.
Je reconnais que j’ai fait beaucoup d’erreurs, avec le recul, mais sur le coup, on ne s’en rend pas compte, ou on croit qu’on est doué, et que les autres sont des trouillards comme tu dis ou des empêcheurs de voler en rond lol.
Et puis il y a ce sens de la morale, du “fais pas ci, fais as ça” qui m’énerve (toujours) et comme un gamin, dès que c’est interdit… on le fait par provocation, par jeu, pour montrer qu’on n’a pas peur…
Mais on entend aussi tellement d’âmes négatives au déco : c’est trop fort, ça secoue… A force on ne les voit jamais voler et on se dit qu’ils ont peur (c’et parfois vrai).
Alors on décide de faire sa propre expérience. Si je suis encore là - grâce à Dieu - je peux le dire - mais je me rappelle de cette époque pas si lointaine où c’était pas réfléchi. Maintenant c’est beaucoup plus réfléchi, j’ai plus de 700 vols et des souvenirs extraordinaires, donc je peux me permettre de ne pas voler, de décider de laisser ma voile dans mon sac. pas quand j’avais 650 vols :lol:
Alors ce que tu dis Laurent est vrai, il faudrait - en connaissance de cause - avoir des journées stages encadrées où on va se faire “peur” en volant dans des conditions malsaines. “Ok tu crois que tu es Superman, allez on y va” et là…
Pour moi, ce serait le mieux, cela aurait été le mieux quoique… je me souviens d’un vol à plusieurs avec Erwan, je faisais mon chemin tout seul (comme d’habitude :lol:) et me suis retrouvé au Thuet sous le vent du thermique, contré par l’effet venturi et l’effet bagnard et ce fut 2 minutes atroces où tu perds 900 m de gaz, tu vois les sapins, tu choisis le bon pour atterri…tu décides une dernière manoeuvre en te collant à la colline pour espérer échapper au venturi, tu grignotes mètre par mètre, tu ressors peu à peu, tu rejoins le thermique et tu remontes au soleil aussi sec que tu étais descendu. Tu te dis que tu as bien géré malgré des mouvements de voile incontrôlables, arc-bouté sur l’accélérateur et là tu te dis “j’ai progressé” :mdr: et le soir autour d’une bière tu racontes ton exploit, les autres te regardent l’air ébahi et admiratif et tu deviens un héros d’un jour, prêt à recommencer et les filles te tombent dans les bras sauf le moniteur qui te dit"mais qu’est-ce que tues allé foutre là-bas ?" Ca s’est joué à 10 mètres (c’est vrai en plus car tu as croisé une autre aile qui n’est pas tombée dans le piège…)
Bon en fait, mon bilan, c’est qu’il faut échapper au pire pour commencer à être sage…
Donc en ce moment, je vois le débutant qui a aussi fait de la moto, qui est plus engagé que moi à mes débuts (volonté de faire un vol thermique de printemps avec du 5.5 intégré sur 30 secondes) lors de son DEUXIEME vol et seul. J’ai fait mon devoir de lui dire, de lui narrer, de l’avertir. Après n’étant pas moraliste de nature, je lui ai dit de faire ses propres expériences mais qu’on n’était pas grand chose face à la nature. Je crois que la frontale l’a refroidi un tout petit peu quoique… éternel recommencement. Donc du coup, je l’ai emmené avec moi dimanche dernier. Je lui ai expliqué que c’était rafaleux, vent de travers et que s’il voulait le faire, il pouvait. Je me suis mis en l’air 10 minutes, ça faisait le yoyo, j’ai bien tenu ma voile. Quand j’ai ré-atterri au déco, il a dit “je vais attendre un peu, ta voile bougeait beaucoup quand même”. Je pense que si j’avais dit “ce ne sont pas des conditions pour toi, débutant”, il y serait allé. :grat:
Si on comprend la psychologie des gens, si on s’y adapte, si on va dans leur sens, si on leur dit ce qu’ils veulent entendre, on peut (peut-être) les faire évoluer et si on les emmène là où de toute façon, il voudraient aller, alors - technique arts martiaux - ils peuvent ne pas y aller. Si on adopte toujours le même discours sécuritaire et castrateur de liberté on n’a qu’une seule envie… :vrac: (et si en plus c’est avec la GoPro… :clown: )
Laurent ou Patrick, faites une journée “sous le vent à Mieussy ou Samoëns”, j’y viendrai :dent:
M@tthieu, ton post (et particulièrement le dernier §) ça serait pas la définition de l’humilité (ou dans le cas présent de l’absence de …) ?
Exactement ce que disait Julio2 plus haut : on voit de plus en plus de gens qui ouvrent leur gueule pour t’expliquer la vie alors qu’il n’en ont encore rien vu …
C’est un fait, l’apparente facilité du parapente favorise, au moins pour certains, l’illusion d’avoir tout compris, d’être doués. :bang:
Il esr rassurant de constater d’une part que des pilotes “encore” débutant (je ne pense pas manquer de respect à Julio2 avec 150 vols en disant cela) sont conscient de cet état de fait et dautre part, que des pedagogues d’expérience (ce qui ne se veut pas, “lancer des fleurs” pour Laurent) parlent de “réapprendre” à parler humilité face aux éléments (et sans doute du fait de voler en général)
Je suis intimement persuadé qu’il doit être autant question d’éducation que de formation si on veut améliorer nos chiffres d’accidentologie. Mais effectivement cela suppose un changement de la mentalité “générale” qui préside dans notre pratique. Mentalité (c’est ainsi que je le vois) qui place la performance comme 1er vecteur de motivation, de réussite et de… plaisir ressenti. Alors que ce devrait être le plaisir “simple” de voler qui devrait être notre vraie motivation et faire l’essentiel de notre bohneur.
Allez, je tente une analogie osée (et exagérée) ; l’image que véhicule le parapente du plaisir et bohneur de voler peut se comparer à celle que donne la pornographie du plaisir et bohneur d’aimer.
:canape:
Edit : @M@tthieu, je n’ai pas lu soigneusement tout ton post et je perçois ton désir de “changement”, mais : Les dangers de l’air ne sont invisibles que pour celui qui s’obstine à penser etre aveugle.
Les raisons à s’obstiner pouvant être nombreuses et variées…
Et puis je ne peux pas te rejoindre sur ta vision de la pédagogie à mettre en oeuvre. Je ne pense pas que la grande majorité des parapentistes soient des adolescents attardé en pleins conflits d’autorité et de génération. Je crois juste que la mentalité globale de notre millieu est inadaptée et que c’est cette mentalité qui laissent de trop nombreux pilotes s’imaginer qu’ils sont à la hauteur de l’image qu’ils ont d’eux même. Pour moi éducation ne doit pas rimer avec manipulation.
Des aventurier il y en a tout le temps et heureusement… Oui heureusement par ce que sans eux, notre sport n’en serais pas là.
Le discours des moniteurs passe chez certains et ne passera jamais chez d’autres, ils auront “besoin” de se mettre au carton ou de sentir le souffle de la faucheuse dans leur nuque pour comprendre.
Du coup, je pense que côté moniteur il faut être simplement là pour avertir, former, donner toutes les billes pour pouvoir jouer afin de n’avoir rien à se reprocher au cas où il y ait de la casse, former un vrai apprenti pilote pour qu’il ait les moyens de décider pour lui même. Vouloir canaliser tous les chiens fous est illusoire. Au pire s’ils se cartonnent pour de vrai, ça fait des exemples pour les suivants. “Mon exemple” s’est lancé dans l’acro après son Init, aujourd’hui il a (enfin j’espère pour lui et ses proches que c’est pas il avait) une belle balafre sur le front après avoir fini dans les falaises. Il a aussi perdu quelques minutes de sa vie dont il ne se souviendra plus jamais. Depuis on ne le voit plus, j’espère que c’est par ce qu’il a compris que le parapente c’était pas pour lui.
Après, c’est clair que dans tous les cas quand on est le moniteur de celui qui s’est craché ça doit pas être facile à digérer… Et ça doit poser de sacrés cas de conscience.
Wowo, je pense qu’il faut de tout pour faire un monde; j’ai (heureusement) plus rencontré de parapentistes raisonnables (pas comme moi) que frondeurs et border line. Mais ce n’est pas une question d’adolescents attardés, c’est une question de caractère et d’éducation. Vivre au lieu de croire, expérimenter au lieu de lire et écouter… Je sais cela a un prix… des fois on le regrette. Mais “ne joue pas avec le feu” ou “le courant ça pique”, ben il a fallu que j’allume moi-même les allumettes ou que je mette le doigt dans la prise pour ressentir cette fugace sensation de chaud :lol: après je n’irai pas expérimenter des choses de folie (grimper en solo intégral, sauter de 10m sur le sol ou plonger sous la glace sans fil d’Ariane). J’aurais des enfants, je serais différent j’en suis certain…
Les moniteurs font un sacré boulot technique et mental quand ils décèlent une tête brûlée et le laissent partir avec son petit sac de parapente seul, une fois le stage achevé… Cela ne doit pas être facile mais bon…
Non… je ne crois pas qu’il faille de tout pour faire un monde.
Quand je parlais d’adolescents attardés je ne faisais pas allusion à toi mais au public que tu semblais visé avecà la façon que tu proposais pour faire passer le message axé sécurité dans l’idée d’éviter le côté moralisateur par trop rédhibitoire (à ton avis)
Tu dis toi même que c’est aussi question d’éducation tout en refusant l’idée que tu pourrais aussi encore avoir besoin d’éducation. Tu dis ; préférer vivre que croire et dans le même tu penses devoir ta vie à Dieu. Bref, tu crois !
Et en même temps tu arrive a citer Dubois qui dit certe des choses interressante mais qui débouche sur une conclusion à laquelle je ne peux m’imaginer te voir souscrire, moi non plus d’ailleurs.
En fait, et pas que toi, nous tous sommes capable d’une belle dose de mzuvaise foi pour justifier nos envies. Ceci étant la mauvaise foi ne nous aide plus beaucoup une fois qu’elle nous a mise dans une situation difficile.
Education et formation vont de pair, malheureusement notre époque à beaucoup de mal avec la notion d’éducation. Trop nombreux sont ceux qui y voit une réduction de leur libertés alors qu’au contraire elle est l’une des garantes de nos libertés.
La vidéo de 777 me semble effectivement très à propos et interressante, à condition de bien vouloir nous y reconnaître, malheureusement plus près de l’ULM que du planeur avec notre accidentologie et nos comportements qui y mènent.
Soit je te comprends mal, soit tu viens de définir exactement le contraire de la liberté en parapente.
La vraie liberté, tu la trouveras quand tu sauras te dire : “il le fait, mais pas moi”. Là, tu seras libre de tes choix qui ne te seront pas imposés par les autres.
Quand je vole avec des potes qui font des 200 km, j’en fais toujours moins, parce qu’ils aiment/doivent voler vite et que je préfère m’attarder sur certaines crêtes, découvrir de nouvelles montagnes et… reposer à la voiture. Alors je coupe les pointes de leurs triangles de fous pour les rejoindre, parce que ce que j’aime avant tout, c’est voler avec mes potes, mais pas au 2e barreau avec le stab dans le caillou.
Christophe Dubois, ce n’est pas l’ex propriétaire de Flying Paradise en Grèce et qui selon les dires menaient les parapentistes à un rythme endiablé du genre “marche iu crève” (et d’ailleurs beaucoup de parapentistes sont décédés avec Flying Paradise - d’où le nom je suppose :lol:)
Gilles, vaste sujet que la liberté mais je te retourne ton propos (que je rejoins donc) car il y a deux ans environ je faisais mienne la citation du prof du film “Le cercle des poètes disparus” qui disait en substance que quand il y avait deux chemins, je prenais celui que personne ne prenait. C’est ma définition de la liberté, le non-conformisme
Oué enfin bon, autant le non-conformisme dans la peinture, la littérature ou la musique, pourquoi pas, mais dans le parapente ça revient juste à se mettre la gueule contre un cailloux ou dans un arbre :roll:
Et donc en résumé choisir à chaque fois le chemin opposé à la majorité, ce n’est pas de l’anti-conformisme, c’est de la connerie…
Citation Gilles
“Pour ce qui est du déco Est (dont c’est le fil après tout), c’est une très bonne pente régulière, finalement le moins atypique des décos de Sinthil ! Il est ouvert à tous les pratiquants. Et aujourd’hui, il a fait preuve de son efficacité. Alors que pendant plus d’une heure en milieu de journée, le Nord était cul et le Sud travers, on y trouvait 10/15 de face. Ça a été l’occasion pour moi de le tester. Les stagiaires y ont décollé très sereinement, et moi en dernier en mini voile : nickel”
Au risque de passer pour un con ,Je ne connais que deux décos à st hil. Le déco moquette orienté sud est et le déco sud.
Le déco “est” semble nouveau et je n’arrive pas à le situer et je ne savais pas qu’il existait un déco nord (citation gilles le nord était de cul )j’avoue que j’ai du du mal à voir comment c’est possible vu la topographie du site.
Quelqu’un saurait il marquer sur google earth à l’aide des épingles jaunes tous les décos de st hil et poster ça sur ce fil pour éclairer l’ignorant que je suis et d’autres peut- être?
c’est pourtant pas compliqué, le déco Nord est au Sud (autrement appelé “deco moquette”), le déco Sud est au Nord, et le deco Est est entre les 2 :mrgreen: