Non je pense pas que ça soit anodin.
Si tu pars par là voler n’est pas anodin…
Mais je pense que c’est moins risqué/plus contrôlable que de gratter le caillou en conditions thermiques avec un très faible niveau de pilotage comme le font tellement de pilotes.
Et ça t’aide à ne pas perdre les pédales le jour ou ton aile se retrouve en rotation violente après un incident de vol.
Pour analyser ce type de manoeuvres, le ressenti ne suffit plus
Il faut un cadre, un protocole, du matériel
Et un pilote d’essai
Car quelle que soit votre expérience et votre condition physique, on ne peut jamais être sûr à 100 % de sa capacité à tenir des niveaux élevés de G’s
Pour en avoir discuté avec des pilotes de combat et des membres du CEV, même avec un entrainement et un physique irréprochable on n’est jamais à l’abri d’une défaillance
Un petit pb physiologique (micro-accident vasculaire) ou matériel (rupture d’une suspente haute ou simple déformation) peut vous faire perdre le contrôle
Et en quelques tours, vous êtes au sol
C’est de la recherche
Telle qu’on en a fait encore il y a une dizaine d’années, avec quelques moyens misérables en regard des enjeux
Oui enfin à partir du moment ou tu fais le constat qu’un parapente peut te mettre dans la tronche ce genre d’accélération sans te demander ton avis, tu peux choisir de t’y préparer un peu ou rester dans le déni et prier pour que ça t’arrive pas.
Je rejoint Lololo, honnêtement lire de tels propos me laisse pour le moins dubitatif sur ta façon d’appréhender l’activité et là c’est la manière polie de le dire. Clairement je pense que c’est ce que je mets sous l’appellation “image” négative susceptible de favoriser l’accidentalité. Si des nouveaux venus et même des moins nouveaux te lisent et s’imaginent que oui après tout ; il suffit d’en avoir l’envie et de s’entrainer un peu pour envoyer du face planète. Eh bien, il ne faudra pas s’étonner que certains soit parce qu’ils n’ont tout simplement pas la capacité physique voire psychique ou tout simplement pas conscience de la progressivité nécessaire de l’apprentissage de cet exercice de pilotage, que certains finissent en faits divers…
Surtout si pour avoir quelques 3.6 un peu plus prononcés qu’à leurs habitudes, ils se disent ; Alors puisque Cyrille 74 le dit, autant se tester en auto-rot puisque ça centrifuge moins que les 3.6 et que c’est tout à fait contrôlable.
Et là cela n’a absolument rien à avoir avec le fait que voler serait anodin ou non.
Non, voler n’est pas anodin mais n’est pas non plus un sport extrême tant que l’on évite de se mettre dans des situations extrêmes (rapport à ses compétences)
Alors que réfléchir sur des méthodes de descentes rapide à -20 m/s comme si elles étaient du domaine possible de la très grande majorité des pratiquants me semblent totalement déplacé. La meilleure façon de revenir au sol sain et sauf, reste avant tout de faire son possible et donc d’acquérir les compétences à propos, pour ne pas se retrouver dans des situations ou seul une descente à -20 m/s serait une solution.
En 18 ans de pratique et de très nombreux vols, heures de vols et même quelques kilomètres (aussi en compet) je n’ai jamais eu besoin d’engager une descente rapide pour me mettre en sécurité. Au plus des oreilles accélérées pour écourter le vol et pourtant je sais descendre en décro aux B et même en 3.6 à ~-16 m/s sur plusieurs centaines de mètres. Mais j’ai toujours préféré gerer mon plan de vol pour ne pas avoir besoin de recourir à de telles extrémités pour espérer revoler le lendemain.
Et là je ne pense pas être dans le déni de comment un parapente peut accélérer en spirale, ni dans le déni de l’utilité d’apprendre ce que peuvent être ces accélérations. Je prétend juste que la maîtrise n’en ai pas forcément possible à tous, quelle que en soit l’envie ni même la volonté de s’y entrainer (surtout en autodidacte en milieu non sécurisé)
Il me semble plutôt qu’un déni des risques existe dans notre activité (pour X raisons) et que cela conduit à des drames humains.
C’est sûr… on ne vole pas tous sous les mêmes cumulus… :bang:
J’ai le même longévité que toi dans l’activité et moi non plus ne me suis jamais mis dans le pétrin à devoir envoyer du bois pour rester safe.
Pourtant je pense qu’il faut apprendre à piloter nos engins dans tout leur domaine de vol et même en dehors.
Alors oui c’est pas facile ça peut même être dangereux.
Le pilote moyen ne veut pas faire cet effort, je pense que notre accidentologie en est le reflet.
A partir du moment où tu ne passes pas ta vie à te balancer sous le vent et que tu voles dans des conditions normales tu peux aussi te préparer à piloter ta machine sans que fatalement tu te prennes des déflagrations de l’espace.
La perception de ce qui est extrême est difficile.
Un petit exemple récent…il ya une dizaine de jours j’ai volé deux jours d’affilé avec un pote moins expérimenté. Premier jours gros thermiques larges et puissants qui permettent de faire le plaf sans effort et de balader loin du relief et des autres, et d’envoyer un peu de voltige soft. Je me régale, mon pote serre un peu les fesses.
Deuxième jour bien stable, ça vole à la queue leu leu près du relief en thermodynamique avec des petits thermiques difficilement exploitables du fait de la foule. Mon pote se régale je serre les fesses. Lui trouvait les conditions adaptées à ses compétences, alors que je les trouvais inadaptées au miennes pourtant plus larges. Je trouvais ces conditions bien plus extrêmes.
Objectivement le premier jour il y avait beaucoup plus de chances de prendre une baffe mais loin du relief. Le deuxième jour c’était moins probable mais ça aurait beaucoup moins pardonné.
Personnellement apprendre un peu de voltige m’a fait augmenter mes marges de sécurité par rapport au relief. Tu te rends compte que l’altitude ça se crame très vite quand ça part en sucette. Rien que pour ça c’est nécessaire.
Ne veut ou ne peut pas… ce n’est pas tout à fait la même chose. Même si je te rejoint sur le point ; que qui peut le plus, peut le moins.
Maintenant pour l’accidentalité cela me semble pas probant du tout. Puisque des pilotes réellement expérimentés et compétents se mettent aussi au tas. Sans doute d’ailleurs pour les mêmes causes de fond que les pilotes moins ambitieux, expérimenté, compétents et doués ;
Parce qu’ils ont consciemment ou non, à un moment donné pour une raison qui leur appartient trop réduit leurs marges.
C’est la marge que l’on respecte entre nos compétences et les exigences du contexte qui fait la grande part de notre sécurité.
Edit : grillé par Plumocum dans une formulation plus poétique mais tout autant pertinente.
Moi j’aime bien la citation que Patrick sort régulièrement: “un bon pilote utilise son analyse parfaite pour éviter de se mettre dans des situations où il a besoin d’utiliser son adresse exceptionnelle” (c’est p-ê pas rigoureusement les bons mots).
J’y vois plusieurs messages mais entre autres: pour augmenter la sécurité, on peut progresser en analyse (et placement), et aussi développer une adresse exceptionnelle, des réflexes, etc. Pourquoi ne pas progresser sur plusieurs plans à la fois? C’est peut-être mon côté ingénieur, mais ça me semble la base de la prévention du risque: la redondance des compétences.
Quand on veut on peut…j’ai déménagé à 600km de ma famille mes amis pour pouvoir voler quotidiennement, changé de métier, investi dans une aile freestyle, un base system. J’ai jamais brillé en cross par ce que je trouve ça dangereux hors conditions optimales…j’ai des potes qui volent 10x moins que moi mais qui sont plus performants.
Et tout ça m’a pas empêché de me manquer de me tuer…en conditions calmes et hors voltige.
Les pilotes compétents qui se mettent au tas ça peut s’expliquer par l’homéostasie du risque. Les compétences poussent à réduire les marges. Perso je touche du bois mais pour l’instant ça a eu l’effet inverse, je prends beaucoup plus de marges qu’avant…sans pour autant me sentir à l’abri, il y a un part de risque irréductible.
D’où tires-tu cette conclusion ?
Stats personnelles, croyance personnelle pour te convaincre ou te rassurer ?
J’ai 2 exemples en tête d’un mort et d’un blessé grave sur sortie de 360 près du sol.
Le posé 3-6 ce n’est pas de l’acro, c’est de la connerie stupide.
Je connais plein d’acrobates qui s’y refusent au-dessus du dur et j’espère qu’à l’avenir ça dégagera des règlements de compet.
Je suis quand même un peu surpris de lire cela.
Tout dépend du type des vols que l’on réalise et sous quelle voile.
Je n’ai fait des 360 qu’en stage SIV (un seul stage SIV) et jamais en vol autonome non encadré.
Il est clair que je suis un pilote qui “ne maîtrise pas le 360” faute de pratique.
Je vole peu, en conditions calmes ; je ne fais pas de vols de distance et quand cela me semble trop fort pour mon niveau je ne vole pas ou je vais me poser.
Je n’ai jamais eu à engager un 360 pour effectuer une descente rapide (j’en suis quand même à 1 108 vols).
J’ai simplement déjà utilisé les oreilles accélérées pour sortir d’une zone un petit peu “moisie” et pour stabiliser la voile, mais c’est tout.
Bien sûr le jour où cela sera vraiment nécessaire, je me souviendrai de ce que j’ai appris au stage SIV et j’engagerai le 360 si je ne peux pas faire autrement.
Mais laisser entendre que l’on n’est pas un véritable pilote si on ne sait pas descendre fort (à plus de 10 m/s) en 360, il y a une marge…
Je n’ai ni l’envie, ni l’occasion de travailler cela et cela ne m’empêchera de continuer à voler !
Quant à l’initiation à l’acro préconisée par un autre pilote, je n’en ai absolument pas envie et j’en suis tout à fait incapable ! :affraid:
Je n’y vois aucun souci tant que tu restes conscient de tes limites et que tu voles dans des aérologies adaptées. Par contre pour le pilote qui veut jouer à la CFD en se mettant en l’air l’été un jour fumant le couteau entre les dents, maîtriser l’acro n’est pas déconnant, je crois même que c’est nécessaire.
Je pense que c’était plus en cas d’incident de vol. Suivant les voiles avec lesquelles on vole, avec une EN D par exemple, sur une frontale accélérée qui se ré-ouvre de manière asymétrique tu peux te retrouver en 360 face planète vite fait. Et si tu ne sais pas gérer la sortie => re-frontale ou attaque oblique et c’est reparti pour un tour
Je pense pas qu’il faille “maitriser” l’acro…
Une bonne base serait une parfaite conscience du pendule, une bonne connaissance de la plage de vitesse de sa voile,
Le programme d’entrainement pour crosser serein pourrait etre :
travail au sol (sentir la voile sur la tete pendant longtemps, face a la pente evidemment, explorer la plage de vitesse au sol, jouer…)
serie de gros wings parfaits
s’habituer à rapidement faire les oreilles proprement, avec accelerateur, 3-6 et wings dans cette config
faire régulièrement de beaux 360 engagés avec axes d’entrée et sortie propres pour s’habituer à la charge mais aussi aux gestuelles de sortie et d’entrée
jouer à provoquer des fermetures en vol et les maintenir, pour bien s’habituer au contre frein et sellette nécessaires
C’est deja un programme de jeu large, une fois tout ça maitrisé c’est deja pas mal a mon avis