On a parfaitement le droit d’emporter en vol rando le matériel LOURD qu’on utilise sur site et en cross, on a parfaitement le droit de se dauber les jambes, le dos et le palpitant, et moi j’ai parfaitement le droit de dire que je trouve ça extrêmement con.
Et réciproquement.
J’ai fait environ 400 vols-rando / paralpinisme et je n’ai IAMAIS emporté de trucs lourds, encombrants et inutiles qui ne servent à rien, par exemple de la bouffe, un secours, un casque, une radio, des instruments de vol etc.
Même pas à mes débuts, avec le matos lourd que j’avais pour voler.
Le Raid Chamois en 2008 m’a convaincue de l’impérieuse nécessité de m’équiper en matériel léger et d’appliquer la méthode que j’utilisais quand je gonflais des motos pour la compète : tout ce qui n’est pas absolument indispensable est inutile et facteur de ralentissement, de fatigue et donc de danger potentiel.
Qui prend une bouée pour passer un pont ?
Qui descend de voiture à un stop pour chouffer avec des jumelles afin de repérer un éventuel pégreleux qui radinerait à l’horizon ?
Il ne faut pas déconner.
En montagne, aller vite est un important facteur de sécurité. Aller vite permet de raccourcir les temps de montée et de descente, donc de moins s’exposer à des changements de conditions atmosphériques ou de neige, de minimiser les risques éventuels de devoir bivouaquer et se geler les noix, voire les pieds, de s’exposer à la faim, la soif, la fatigue excessive, bref il faut pouvoir aller vite.
Cela permet aussi de se ménager des moments contemplatifs quand la vue est magnifique.
C’était la philosophie de Lachenal et j’y ai souscrit dès mes tout débuts d’alpiniste. A l’époque, je cavalais, la charge à porter m’importait peu. En prenant de l’âge, avec donc une moindre faculté d’aller vite, l’absolue nécessité de m’alléger devint évidente… d’autant plus en ayant pris du gras, parce qu’il faut le monter, ce gras !
Ma référence : le sac que je vais porter pour un vol-rando, je dois pouvoir le tenir sans faiblir sur le petit-doigt bras tendu à l’horizontale… et j’ai des grands bras.
En 2017 j’ai même éliminé l’appareil photo.
Cela va même jusqu’à marcher avec des chaussures légères (les lourdes sont épuisantes) mais je ne sacrifie pas la sécurité, donc il me faut des semelles vibram et une tige qui tienne bien la cheville. Pas de “baskets” donc mais des grolles de rando. On peut devoir poser n’importe où et ce n’est pas toujours dans un pré confortable et spacieux. Ce serait vraiment ballot de se faire une entorse (ou pire) et de pourrir une saison.
Dans ma jeunesse d’alpiniste, j’emportais toujours un sac de couchage ultra-léger, un réchaud équipé et une gamelle pour faire fondre de la neige, dès que le topo indiquait 8h ou plus, tant il est évident qu’avec des conditions devenues défavorables on pouvait doubler l’horaire, donc faire un bivouac. Pour le Mont Blanc, j’ajoutais un sac Zdarsky et les instruments de navigation pour le raid à skis (carte préparée, boussole et altimètre). Maintenant, la météo est mieux connue et il y a les voiles ultra-légères pour descendre, facteur de sécurité important.
Il faut vivre avec son temps.
En vol-rando, on part le matin et on va voler en air calme, avec une voile facile le plus souvent de classe A. Je voudrais bien qu’on m’explique quels dangers on pourrait courir en l’air.
Quand les conditions sont très stables et qu’on monte décoller en altitude, là je reconnais qu’emporter un secours avec une sellette-cocon soit envisageable, mais ce n’est plus du vol-rando.
A ce propos je vais mettre en vente ma petite U-Turn (21m² / 2,6kg) pour passer à une mono-surface UFO (16m² / 1,4kg). J’ai appris à voler avec et surtout à la poser en sécurité, qui emporterait un secours plus lourd que la voile ?
