Quand on est centrifugé, le poids augmente terriblement, semon la relation p = mg où m est la masse, p le poids et g la constante de gravitation. Quand on encaisse 4G, le poids du machin est multiplié par 4 et s’il pèse 2kg au repos cela en fait 8 à extraire.
La position en ventral, avec les bras eux aussi centrifugés et 4 fois plus lourds, rend l’extraction très difficile voire impossible si on n’a pas des bras et des épaules d’hercule.
Bref il vaut mieux piloter en amont ou avoir une poignée de secours latérale.
Dans cette configuration, l’extraction du secours n’est pas forcément évidente, surtout avec un bras LOURD.
Il ne faut pas oublier non plus l’extrême inconfort physique d’une rotation rapide, avec un stress pas possible et le risque d’attraper le voile noir… et là, adieu Berthe, on va par terre.
Il ne faut pas me parler d’un secours en ventral, même si cela peut fonctionner en dehors d’une rotation.
Ne perdons pas de vue qu’on ne sait jamais quel type de sketch on va affronter en vol. Si une autorot est très facile à enrayer, c’est autre chose dans le cas d’une violente attaque oblique sur un départ en vrille, la sortie est évidente quand on a appris à le faire en SIV, et il faut avoir des sensations et des réflexes éduqués.
J’ai ainsi encaissé une violente attaque oblique au Brévent, pas loin du relief, en attrapant un coup de canon à +7,4 (dixit le vario) sur une demi-voile, l’autre chopant la dégueulante périphérique. La Diamir n’est pas réputée “gentille” dans ce genre de vrac mais j’y étais si bien habituée que j’ai gardé le contrôle de la voile avec un très bref passage par le décrochage, comme sur une sortie d’hélico.
Avec moins d’informations transmises par la voile et la sellette, le vrac aurait pu dégénérer très vite.
Ouf !
C’est une des raisons pour lesquelles Seïko fait faire systématiquement une poignée-contact lors de chaque vol SIV, c’est la seule façon d’éduquer le réflexe d’aller chercher la poignée où elle est sans tâtonner.
J’ai appris des choses intéressantes lors de mon SIV avec Seïko fin octobre.
Pour aller un peu dans le sens des accros du secours, j’avoue sans honte ne pas me sentir aussi bien en sellette-string sans secours, disons que je me sens vulnérable, un peu comme quand on fait de la moto en tongs et T-shirt.
Ce n’est pas parce qu’on est vulnérable qu’on va se casser la gueule, c’est évident, disons simplement qu’en conditions calmes du matin le risque est à peu près nul de rencontrer une aérologie moisie et qu’il devient nul si on sait piloter sa voile correctement.
J’écrivais plus haut avoir fait un peu plus de 400 vols-rando, tous (sauf les tout premiers) en sellette-string et AUCUN avec secours. Je n’ai jamais rencontré d’aérologie moisie, sauf dans le vol du Mont Blanc en septembre 2009 à cause d’un cunimb sur l’Italie qui me faisait reculer. J’avais alors engagé un 360 à gauche sur 4 tours, puis 4 autres à droite. Une fois passée sous le courant aspiré, cela avait été un vol grandiose.
J’ai décollé l’an dernier à l’Aiguille du Midi avec la Diamir et immédiatement constaté que le stab gauche s’était pris dans les suspentes hautes. La Diamir vole très bien avec une cravate, moyennant un petit contre-sellette, je l’avais déjà expérimenté. Le stress était passé très vite et j’avais fait un vol de 34min contre 36 en configuration normale.
Une fois de plus, j’avais loué les immenses qualités de la Diamir.
Ce fut mon seul incident de vol en configuration rando, bien bénin.
Les gens qui la ramènent avec une expérience très sommaire de ce type de vol en ont parfaitement le droit, la passion pour notre activité fait souvent tomber dans ce petit travers. Leur expérience reste recevable, évidemment, mais il faut quand même relativiser.
Quant à Corinne, qui ne fait que du vol-rando et qui a même fait pas loin de 250 vols avec son chien, elle n’a JAMAIS emporté de secours.
J’invite donc les fanas du secours à monter avec moi un matin au col des Frêtes, au sud des Dents de Lanfon. Je leur prêterai une sellette-string et ils constateront très vite l’absurdité qu’il y aurait à trimballer un machin inutile qui ne servira jamais. Il me semble nettement plus positif de piloter avec encore plus de concentration, si possible.
C’est un peu comme quand on grimpe en 1er de cordée, la difficulté des passages est la même mais il faut évidemment avoir le geste encore plus sûr qu’en moulinette, une erreur pouvant se payer cash. 20ans d’escalade en tête de cordée et une seule chute (à Buis les Baronnies), en solo avec auto-assurance. Pas de bobo, j’étais repartie avec le couteau entre les dents.
Un autre argument (je n’en manque décidément pas) est qu’il serait aberrant de démonter le secours de la sellette standard rien que pour faire un vol-rando, pour le remonter ensuite, et refaire ça tous les jours serait encore plus idiot. Il faudrait alors investir dans un 2ème secours rien que pour la rando !
On nagerait en pleine absurdité.
Bon, je pense avoir tout dit, passons à des sujets plus intéressants.
