Bonsoir,
je vais d’abord répondre à Marc.
Ce coup-ci j’espère bien me faire comprendre et je ne veux surtout pas que çà parte en prise de tête car j’aimerai vraiment que les accidents qui peuvent être évités le soit, et ceci quel que soit les opinions ou les convictions de chacun. J’essaie donc de participer avec intelligence.
Je vais exposer dans le détail ma façon de voir les choses en espérant qu’elles puissent servir à des pilotes en augmentant leur “expérience virtuelle”.
D’abord la qbi; je l’avais déjà écrit sur ce forum ; j’ai appris beaucoup, j’ai appris très bien, j’ai engrangé des objectifs et des méthodes pour continuer à progresser et je m’en sert encore aujourd’hui. De plus j’ai eu la chance d’avoir un formateur qui est un fignoleur, un puriste méme, pour tout ce qui concerne la technique, donc super la qbi pour la propulsion de mon niveau vers le haut.
Par contre, pour la prévention d’accidents et bien je trouve que c’est très faible. (Le seul point positif c’est qu’on m’a mis dans des situations que je ressentais comme au-delà de mes capacités et çà m’a fait ressentir “la facilité” avec laquelle on peut se faire bien mal en bi-place pour juste une petite co…ie. Cela m’a donc, bien sûr, incité à être très prudent), mais franchement je n’ai pas aimé.
Donc la formation qbi que j’ai faite allait dans le sens d’une augmentation de la compétence technique, ce qui est très bien et nécessaire, mais cela ne suffit pas pour baisser le risque.
A une époque, ceux qui tentaient le K2 en technique alpine avaient une chance sur quatre d’y laisser la peau. Et pourtant, crois-tu que ceux qui le tentaient étaient des touristes incompétents qui partaient le faire avec des tongs ?
C’est bien là qu’il faut que m’explique, sur l’approche du biplace associatif.
Je n’ai pas la même approche que les personnes qui m’ont formé pour la qbi. Monter le niveau technique n’évite pas les accidents. Ce qui évite les accidents c’est avoir conscience de son niveau au jour J, avoir conscience des conditions ou plutôt de l’environnement au sen large, en déduire sa marge et par là même le niveau de risque encouru en cas de vol… et c’est tout. Comme c’est complétement subjectif, que c’est difficile à faire pour un pilote (je pense que certains n’y arrive jamais) et encore bien plus difficile pour un juge qui doit évaluer la situation dans laquelle se trouve le dit pilote, le juge en question note le niveau. En effet comment pourrait-il faire autrement ? Il faut bien qu’il s’accroche à des critères objectifs sous peine de se faire accuser de ségrégation arbitraire.
La qbi valide donc un niveau technique ou guère plus et un pilote normalement constitué psychologiquement va peu -être se servir de ce niveau pour faire la démarche que j’ai décrite plus haut, peut-être seulement, s’il la fait il peut aussi se tromper vu le caractère particulièrement subjectif du problème. Il peut aussi se dire le jour ou il à la trouille mais qu’il ne veut surtout pas l’avouer à son passager encore moins vaillant que lui, que s’il a la qbi c’est qu’il est capable, qu’il est fort, que des gens compétents lui ont confirmé son aptitude, au lieu d’essayer tout connement de comprendre pourquoi il a peur.
Donc, après avoir fait des biplace dans « le cadre ou on me l’avait appris », j’ai conservé toute la technique au sens large mais j’ai profondément modifié la manière dont je pratique le biplace, et surtout la manière d’appréhender l’activité.
Première chose ; Le biplace associatif, c’est pour faire voler ses amis et sa famille non ? Pourquoi faire voler des personnes que l’on connait que moyennement ou parce que c’est le copain du copain ? il y a les bi pro pour çà !
Deuxième chose ; C’est des personnes pour lesquelles on a de l’estime, pourquoi ne pas être complétement honnête et tout leur dire. Tu penses que c’est le cas ? Alors pourquoi on me rabâche qu’il a des choses à éviter de dire à son passager, qu’il ne faut pas montrer son inquiétude et gna gna gna et gna gna gna. C’est certainement la pratique de l’escalade qui m’a appris à avoir des relations saines ; ceux qui ont fait des grandes voies engagées savent bien que ce qui compte dans une cordée c’est la qualité des relations, bien plus que l’écart de niveau.
Alors le vol bi avec un(e) ami(e) ou un parent je le prépare, j’explique d’abord que je ne fais pas faire un tour de manège et que si c’est cela qui l’intéresse je lui offre un vol pro. je prends en compte que ce ne sera pas demain et je fais comprendre qu’il y a des choses à faire en amont. Après j’explique que si je le fais voler c’est pour lui faire partager ma passion et que plus il saura de choses plus le vol lui plaira, plus il comprendra de choses et plus il en profitera (et c’est vraiment comme çà que çà se passe !).Après j’explique les rudiments du parapente, que voler c’est difficile, que çà peut-être très dangereux si on ne maitrise pas les choses mais que c’est sûr si on pratique dans les règles de l’art. Qu’il ne faut rien rater du vol parce que c’est un truc merveilleux et rare.
Bref, je bande l’arc, et çà marche à merveille.
Petit à petit j’amène mon passager au gonflage. J’ai établis un document de 2 pages pour la formation des passagers. Tous ceux que j’ai fait voler avec cette méthode l’on lu et relu (chose que je n’aurai vraiment pas cru si on me l’avait dit …) Suivant le passager je fais la séance de gonflage avant ou après la transmission du doc. Une autre chose que je n’avais pas prévu ; presque tous les passagers prennent beaucoup de plaisir à faire des gonflages, du coup çà m’amuse pas mal moi aussi, au point d’en faire plusieurs avant le vol, pas pour monter le niveau mais simplement pour s’amuser.
Il y a des choses que j’impose et auxquelles je ne déroge plus comme par exemple le vol ne sera jamais le même jour quelque-soit les circonstances (une nuit pour intégrer c’est un minimum), et je ne fais plus voler un pote ou une jolie fille sans la séance de gonflage (sauf si c’est un pilote bien sûr, mais dans ce cas c’est une autre activité).
Dans la pratique, j’ai un voile solo un peu usagée dédiée spécifiquement à cette activité de gonflage et j’ai confectionné des élévateurs en corde qui me permettent d’ajuster les longueurs. Je règle court à très court pour le passager de manière à ce qu’il soit pris en charge par l’aile et court pour moi pour qu’on se marche dessus, ceci pour travailler la syncro des déplacements et particulièrement le recentrage qui est faisable en bi à la condition de s’y entrainer. Le recentrage peut rattraper un incident, ce qui constitue un atout pour la sécurité. je règle long pour moi long si je veux que mon passager ne ressente que la voile. J’ai mis aussi des rallonges + deux autres ganses sur les commandes.
J’apprends à mon passager à mettre sa sellette seul et à s’attacher aux écarteurs lorsque je tends la boucle (je fais un contrôle bien entendu et je lui dis, comme en escalade, que le double contrôle est toujours plus sûr), j’explique qu’il y a un moment de vulnérabilité lorsqu’un seul des mousquetons est connecté et pourquoi.
Il m’est même arrivé de donner un secteur angulaire pour le cap et de demander à mon passager de courir dans la direction perpendiculaire à l’aile après mon top et suivant la capacité de mon passager et les conditions météo, ce qui fait halluciner les parapentistes environnants quand ils voient le passager lever la tête pour regarder l’aile.
Donc Marc, comme tu peux le constater :
- je n’applique pas ce qui m’a été enseigné ou plutôt je n’applique pas que ce qui m’a été enseigné lors de ma formation biplace (et je prends des libertés qui me seront reprochées en cas de carton). De plus je suis complétement hors cadre. Quand je vois des biplaceurs associatifs faire voler des personnes qu’ils connaissent à peine et que je constate une communication quasi inexistante ; quand tu poses une question au passager sur le vol il ne se rappelle de rien sauf que c’était bien et qu’il a réussi à le faire (?..!), je suis bien content de ne pas participer à ce truc et je n’en comprends pas l’intérêt.
-Je pense être seul mettre en œuvre ces méthode car je n’ai jamais vu faire comme moi ni entendu qu’un autre biplaceur faisait comme moi ou simplement penser comme moi.
-j’affirme, avec le recul que je peux avoir, que mes pratiques en bi associatif sont sécuritaires sur les bases suivantes :
1 J’ai beaucoup, mais alors vraiment beaucoup moins de ces petites alertes qu’on a et auxquelles on doit être attentif sous peine qu’il se passe quelque chose de plus grave si on ne veut pas les voir.
2 Je n’ai plus d’appréhension avant de voler en bi, et n’ai que rarement de surprises entre ce que j’avais prévu et ce qui se passe.
3 Je fais toujours des déco biens maitrisés, contrairement à ceux que je faisais quand j’avais un passager aux réactions non prévues et non synchronisées.
4 Mes passager me font parfois remarquer des choses que j’aurai du voir ou prévoir (et là çà commence à être grave, si ça continue c’est eux qui vont piloter…).
5 Je vole avec des passagers qui ont plus de ressources que les passagers « classiques » ce qui constitue, en cas de d’imprévus, un atout que les bi placeurs ont tort de sous-estimer (décharger l’aile, sortir le train etc…)
6 je prends énormément de plaisir à pratiquer ainsi. Et être dans de bonnes conditions psychiques augmente nettement les capacités psychomotrices, ceux qui ont passé le plateau du permis motos après 2013 le savent bien.
Ensuite je ne mets pas en doute la formation biplace pour le contenu formation technique, mais c’est vrai, je me pose des questions sur sa capacité à réduire les accidents et c’est pour cela que j’ai « divergé ».
Seulement je suis tout seul à faire comme çà, alors pour une étude statistique, seule valide pour convaincre, (et surtout pour convaincre des assureurs), je reconnais que mes arguments manquent de poids, mais j’ai vraiment l’impression de prendre moins de risques.
Ttoff :
J’ai partiellement répondu dans ce qui est ci-dessus.
Je transmettrai les détails, mais pour ce soir, je vais aller me coucher car çà commence à faire tard.