"LA" connerie

Oups, désolé, pas évident depuis le tel ; donc là: http://www.parapentiste.info/forum/sellettes-et-autre-materiel/securite-cuissarde-sellette-t28017.0.html

Le principe de l’affichette et ses recommandations s’est déjà vu exploité par la FFVL avec les autocollants triangulaires jaune et noir “BIEN ATTACHÉS ?”. Donc cela existe et perso j’en ai collé sur tous mes casques que j’utilise en biplace. Car un pense-bête en plus ne peut pas faire de mal MAIS je suis intimement persuadé que tous les penses-bêtes, toutes les check-lists du monde ne serve à rien si on ne s’en sert pas À CHAQUE FOIS.

Et pour cela, pour que l’on s’en serve à chaque fois et que cela puisse nous servir à augmenter notre sécurité, il faut un élément clef dans notre fonctionnement personnel et c’est de LA RIGUEUR.

Le hic est que la plupart d’entre nous s’imagine faire preuve de cette rigueur qui rend nos actions plus efficace. Alors même que nombre d’entre nous se refusent à accepter que cette rigueur pourrait leur être “imposée” par le discours d’autrui (cf, les réactions épidermiques soulevées par le fil de discussions que j’avais initié sur oe sujet des “Bonnes Pratiques Sécuritaires”) et pourtant…

Les meilleures défenses contre le risque d’oubli d’accrochage sont la mise en place de Bonnes Pratiques Sécuritaires Personnelles avec un rituel reflechi dans sa façon de se harnacher et une vraie rigueur à ne pas déroger à ce rituel MAIS aussi d’y associer le “check my” proposé par Jean-Marc Galan (ici sur le fofo, Flying’enclume) en acceptant pour cela le regard et les interventions des autres voire de le demander.

Pourquoi cela ne fonctionne pas ?

Bah sans doute pour les même raisons qui nous font décoller alors même qu’une petite voix tente de nous alerter sur des conditions aérologiques probablement (trop) forte pour notre niveau de forme et de compétences ou encore qui nous fait aller chercher sous le vent (trop fort) le thermique qui nous permettrait de continuer le vol alors que la même petite voix répète : “ouh la la, pas sur que c’est bon ça”. Et pourtant on y va…

Avec le souci d’oubli d’accrochage c’est la même chose ; on connait le risque et pourtant on arrive à le prendre à la légère.

Ce n’est pas tant un modèle de sellette qui peut nous en prémunir qu’un modèle de réflexion qui placerait notre conscience des risques avant toute autre considération. C’est notre état d’esprit qui fait ou défait notre sécurité et notre état d’esprit peut se travailler, s’éduquer, s’entraîner comme notre gestuelle de pilotage (par ex.)

:trinq:

Salut,

D… sait que je ne suis pas toujours émerveillé devant les interventions de Wowo sur les considérations de sécurité, mais sur ce coup là je suis complètement raccord.

Dans un domaine où j’ai eu le malheur de me retrouver à bosser (l’offshore pour ne pas le nommer) ils avaient poussé le concept de la procédure à son extrême limite de stupidité. Si bien que pour faire UN boulot, il fallait souvent faire plusieurs permis de travaux (travail à chaud, en hauteur, etc…) lesquels donnaient lieux à une réunion préparatoire, le fameux toolbox meeting, pendant lequel un certain nombre de participants particulièrement débiles et ne connaissant/comprenant rien au travail à effectuer allaient peigner la girafe un bon moment avec des questions crétines. On se relisait aussi quelques fiches appelées “risk assessment cards” correspondant à l’équivalent français du “document unique” (si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi ça s’appelle comme ça je suis preneur, à mon avis ça date du temps où quand quelqu’un sortait une blague il était de bon ton de s’exclaffer “elle est unique!” mais je ne suis pas sûr…) On rappelait alors quelques poncifs crétins du genre “if anybody feel unsafe we stop and step back” (il était d’ailleurs du meilleur goût d’“initiate a step back”) ou “everyone has the power to stop the job and you MUST stop the job if you feel unsafe” (autant dire que les br…eurs avaient la part belle). Et après ça quand tout le monde était bien endormi on pouvait envisager d’aller remplir la modeste tâche à effectuer. Mais ils se sont finalement rendu compte que ça débilisait les gens plus qu’autre chose (par le simple jeu des statistiques, non pas qu’il avaient un avis critique objectif sur leur façon de travailler). Parce qu’avec autant de permis signés, contresignés et approuvés par X chefs de départements et Y QHSE on ne pouvait douter d’effectuer la tâche en toute sécurité. Mais non toutes ces m… n’apportaient rien d’autre que de rendre les gens un peu plus irresponsables puisque ils avaient l’aval de toute une tripotée de chefs divers, variés et parfois tout à fait illégitimes pour bosser n’importe comment, le cas échéant. Alors plutôt que de remettre toute cette stupide organisation un tant soit peu en question, “ils” ont eu une idée de génie : le last minute risk assessement ! Et oui ! Finalement après avoir causé la mort de trois arbres pour obtenir la paperasse nécessaire à donner mon petit coup de chalumeau sur la cloison métallique d’une caisse à kérosène non dégazée et située en hauteur quand il y a des vagues de 6 mètres, il serait de bon ton de me poser personnellement la question “ne suis-je pas en train de faire une connerie?” Ohhh miracle on venait de réinventer le bon sens ! Ce last minute risk assessement devait être une démarche informelle et personnelle. Ca a duré environ une semaine avant que le service QHSE n’émette une petite check list pour s’assurer que tout le monde pratique le désormais bien connu LMRA… La boucle étant bouclée, les crétins avaient gagné.

Tout ça pour dire quoi ? Que si on est suffisamment bien disposé à faire une connerie du genre de ne pas s’attacher quand on s’apprête à se mettre en l’air, rien n’y fera, ni check list, ni procédure, ni le fait de compter sur son voisin (ça c’est bien gratiné aussi…hormis en école bien sûr). C’est dans la définition même du vol libre, c’est ça qui le rend d’ailleurs en parti si beau à mes yeux. Et au risque de m’attirer les foudres d’une certaine Viviane, je trouve que Bruce Goldsmith l’a admirablement résumé en introduction de son livre “50 techniques pour mieux voler”.

Ceux qui ne sont jamais passé à 2 doigts de décoller non attachés continueront à prendre ceux qui l’ont fait pour des ânes bâtés (mal bâtés en l’occurrence), on rigolera toujours en voyant la vidéo du mec sur un pont prêt à se lancer en B.A.S.E. et se faire arrêter par un voisin qui a vu qu’il n’était pas attaché et s’exclamer “quel est le problème ? J’ai pas allumé ma GoPro ?” (véridique), mais à la vérité “rien n’est jamais acquis…” (Merci Brassens)

PS: je m’excuse auprès de ceux qui auront lu ma prose jusqu’au bout. Je vous paierai une :trinq: à l’occas’ pour me faire pardonner.

…pas toujours facile de faire une “petite” remarque :canape: à quelqu’un qui est sur le départ au déco: une femme allait décoller je me suis placé devant elle en courant et en regardant entre ses cuisses… elle me regarde d’une manière agressive en marmonnant :diable: “ben oui je suis un vieux”… donc ce qui me semblait bizarre devient évident : elle n’a pas attachée les cuissardes de sa sellette “ancien modèle de sellette” … du coup elle repart se rééquipée plus loin… entre temps j’ai décollé .
Cordialement . Pierrot capt . :vol:

J’avais répondu OK … raconte la avant d’oublier :banane:
je suis toujours en convalescence, les distractions sont rares et le temps des bonnes résolutions (BPS :tomate: :tomate: ) est venu

Cuissardes et ventrale sans ouverture point à la ligne…

C’est “une” solution mais qui présente tout de même son lot d’inconvénients, à commencer par un inconfort sensible au harnachement et dèsharnachement et, peut être moins souvent mais d’autant plus important quid de la capacité à se libérer rapidement de la sellette en cas d’amerrissage ?

Au delà il me semble que ce n’est que rarement très efficace que de chercher une solution unique et/ou définitive dans un choix purement matériel pour pallier à ce qui relève avant tout d’une défaillance humaine. L’éducation pour remédier à nos faiblesses “humaine” me semble plus probante pour un résultat sur le long terme car s’éduquer sur un point, ici la pré-vol avec l’harnachement sellette, nous améliore très certainement sur d’autres aspects de notre pratique vol libre.

:trinq:

J’ai l’avis complètement inverse : c’est un problème purement matériel que nous devons compenser en ayant à penser à s’attacher, rien à voir avec une question d’éducation. D’ailleurs, de plus en plus de constructeurs de sellettes majeurs (Kortel, Sup’air) se mettent à intégrer dans leur sellette des cuissardes et des ventrales sans ouvertures.
Je trouve ça complètement ahurissant qu’en vol libre, tout le monde trouve normal que les oublis d’attaches puissent être une source d’accident, alors que dans d’autres disciplines (parachutisme, escalade), ça ne viendrait pas un seul moment à l’idée de mettre des ouvertures sur des cuissardes de harnais ou de baudriers.

Desolé de ne pas parler le man’sien mais si tu pense qu’en attendant qu’une solution matériel infaillible et sans inconvénients majeurs induits existe, qu’il faille compenser un problème matériel (moi je parlerai plutôt d’une procédure impérative) en “pensant” (réfléchissant ?) Alors n’est ce pas quelque chose qui peut s’éduquer ? Éduquer dans mon propos fait référence à apprendre, s’entraîner, acquérir, etc. (CQFD, source Wiktionnaire : Éducation peut faire référence à : L’éducation, l’apprentissage et le développement des facultés physiques, psychiques et intellectuelles, les moyens et les résultats de cette activité de développement.)

Mais il faut croire que l’utilisation d’un terme comme “éduquer” reste tabou dans le monde du “vol libre” et provoque invariablement du rejet.

Les solutions matériels pour régler un problème qui est lié à la rigueur nécessaire de faire les choses comme il faut ne sont que des emplatres. Exemple : les radars automatiques pour corriger les excès de vitesses dans la circulation routière faute d’arriver à “éduquer” correctement la population roulante dans l’apprentissage à la conduite, de le vérifier fiablement à l’examen du permis de conduire et de pouvoir efficacement faire passer le message qu’une sécurité routière est l’affaire de tous. On est bien tous d’accord que l’efficacité est très discutable. L’étape suivante que pourront imaginer nos legislateurs serait de brider par construction nos véhicules aux vitesses autorisées en se servant du GPS pour les déterminer. Est ce que cela empêcherait pour autant ceux qui ne veulent pas se plier à la rigeur souhaitée, à rouler au maximum de l’autorisé et tout de même provoquer des accidents ?

La seule chose qui premunit réellement des accidents est notre capacité à réfléchir et prendre les bonnes décisions et faire les bonnes actions.

:trinq:

Effectivement, tu ne comprends pas ce que je dis (au passage, je parle français).

Je dis que ce problème d’oubli d’accrochage, spécifique au vol libre, est un problème matériel.
Il devrait donc être résolu par une solution matérielle, d’ailleurs déjà en place sur certaines sellettes, qui consiste simplement à obliger le pilote à enfiler tout ou partie des cuissardes et ventrales, ce qui supprime donc le problème d’oubli d’accrochage, puisqu’il n’y a plus besoin de s’accrocher. Peut-être inconfortable, mais complètement sûr, et pas besoin d’avoir à y réfléchir. Appelle ça une “Bonne Pratique Sécuritaire” :wink:

En gros Wowo, ceux qui se boitent en parapente ce sont des imbéciles mal éduqués qui manquent de capacité de réflexion ?

Il est ahurissant qu’un apôtre de la sécurité reproche à cette solution matérielle qui règle le problème d’oubli son simple “inconfort”!

Par chez nous les attérros sont le plus souvent juste après la rivière. J’ai donc bien cogité le cas de posé en eau profonde (pour l’instant mes trois mouillages :clown: étaient toujours au bord avec peu d’eau).
Avec la Fusion et ses boucles non automatiques je ne tenterais pas de les ouvrir mais de glisser en dehors quitte à plonger si besoin (airbag flotteur)
Il y a un long fil sur le sujet amerrissage…http://www.parapentiste.info/forum/autres-questions-techniques/pose-dans-leau-quel-comportement-adopter-t42721.0.html
… pas du tout rassurant :affraid: :affraid:

Alors Vincent !!! on attend toujours ta dernière marante …

Le problème se pose aussi en cas d’arbrissage, en parachutisme il est possible de l’arguer la voile pour se désolidariser, en parapente c’est moins évidant, de plus la sellette et beaucoup plus volumineuse.

Si déjà une des cuissardes est inamovible, il faudra automatiquement commencer par là, et cela devrait réduire fortement les risques d’accident.

Là c’est toi qui interprète et ce n’est pas à ton honneur de seulement penser ainsi.

Après et c’est ma propre expérience et mes loupés qui ont participé à la construire qui me font dire qu’effectivement on se met des “boites” de façon majoritaire parce qu’à un moment crucial on a manqué de reflexion et que cela peut se corriger par de l’éducation à une pratique plus sécuritaire (cf, si besoin relis la définition du terme “éducation”) Et dans tous les cas, cela ne fait pas de “on” (ou je m’inclu évidemment) pour autant des imbéciles, juste des pilotes qui ne sont pas parfaits, juste des pilotes qui sont humains, juste des pilotes qui peuvent progresser en acceptant de s’eduquer aux bonnes manières.

Il me semble seulement “ahurissant” de penser qu’une solution qui présente un inconfort notable ne se verrait pas tout simplement rejeté par une partie des pilotes ou à minima “bricolé” par eux pour remédier à cet inconfort. Rappelons nous que tous ne volent pas en string et que les modèles de sellettes sont aussi nombreux que les types de pratiques.
Et aussi qu’au 1er noyé, la discussion ici existera sur la “connerie” de ces sellette dont on n’arrive pas à se libérer rapidement.

Perso et cela n’engage évidemment que moi (on pourrait créer un sondage à propos ?) Je ne voudrais pas d’une sellette à enfiler car je ne pratique ni alpinisme ni parachutisme mais bien du parapente.

:trinq:

Suite à un accident mortel d’un ami il y a qq années suite à un oubli l’accrochage sur une Kamasutra j’ai fait coudre sur mes sellettes ( y compris celle que j’utilise pour mes passagers bi) une sangle rouge de 20 cm qui relie les boucles de la cuissarde gauche.
Ainsi je suis obligé d’enfiler cette cuissarde gauche pour me mettre dans la sellette et fermer les cuissardes ensuite.

J’ai pas mal cogitè sur la question d’un oubli d’attache et j’en suis arrivé à la conclusion que ce système était efficasse car simple.
Après je l’ai un peu testé sous portique à la maison, c’est très inconfortable mais ça permet de lâcher les mains pour s’installer dans la sellette ( ca reste physique comme opération).
Au pire cela permet plus facilement d’aller se mettre dans les arbres.
Bien sur il faut bien expliquer au couturier l’usage de cette sangle…

Pour les risques liés à un amerrissage, dés que je vole en bord de mer ou de lac, j’ai un coupe suspente (ou sangle) “scractchè” (et sécurisé) sur une bretelle de ma sellette.
La encore, à mon avis, système le plus simple et rapide pour se dépêtrer du matos ou fois à la flotte…mais à voir à l’usage dans des vagues ou du courant.

Désolé, pas trop eu le temps.

Voilà, c’est l’histoire d’un réflexe suicidaire. Qui se finit sans trop de bobos mais il y avait largement de quoi partir à l’hôpital.
Pour un accident de préparation…

Suicide au casque rouleur.

En ces temps de canicule, j’ai proposé un déco matinal à Val Pelouse pour s’amuser dans la fraîcheur avant que l’air surchauffé se mette à bouillonner. Vers 11h, nous ne bénéficions pas encore de conditions installées et il est donc peu rentable de décoller de tout en bas dans la combe. Nous voici donc en train de monter pour un décollage à mi-pente. Ceux qui connaissent le site savent que cette pente est bien raide et glissante.
On commence à se préparer dans quelques souffles de brise naissante. Je suis en train de secouer mes suspentes lorsque je me retrouve dans la situation du gag du casque qui roule dans la pente. Pourtant j’ai appris que le meilleur endroit pour mettre un casque durant la préparation, c’est sur la tête. Pourtant je fais toujours super attention à trouver un endroit bien stable pour poser mon casque. Mais là, que s’est-il passé, je n’en sais rien et toujours est-il que je vois du coin de l’œil ce casque qui entre de manière autonome dans mon champ de vision et qui commence à me croiser, en se dirigeant vers l’endroit où la gravité l’appelle : le bas.
Cet évènement déclenche toute une série de processus quasi-instantanés mais à des vitesses différentes, comme dans un rêve. Tout va trop vite mais de voir passer ce casque me met dans une situation d’urgence où je me regarde agir tout en développant des considérations multiples.
En premier lieu c’est comme si un collimateur s’était allumé dans mon œil : immédiatement, tout mon corps sait que si j’agis là maintenant je peux choper ce casque.
Je vois que le casque va prendre de la vitesse et se pulvériser dans les pierres. “Merde, c’est un intégral quand même !”
Il va accélérer et ce sera trop tard. Il va dévaler toute la pente, le replat ne l’arrêtera pas. Il va plonger dans la combe en direction de la forêt.
Il est foutu. En plus je me connais, je vais descendre 300m à sa recherche. Je ne vais pas le retrouver et ça va faire un déchet dégueulasse de plus dans la montagne ! Et je vais remonter dégouté avec plus aucune envie de voler, faudra même que je remballe mon matériel qui aura cuit au soleil pendant ce temps…

Mes jambes se détendent.
Dans le même moment, mon cerveau rationnel voit bien qu’il ne faut pas le faire ! Il voudrait bloquer l’action.
Je bondis tel le gardien de but qui va arrêter le ballon.
Nooon ! C’est une connerie !
Mon cerveau hallucine : “Annulez-moi tout de suite cette décision intempestive !”
-“Ben oui, mais heu c’est un réflexe et vous savez bien qu’on n’a pas la main sur ces processus… Là c’est parti !”

Je vole.

Le casque croise ma diagonale de vol, pile à l’endroit calculé. …Je me fais le plus long possible, bras tendu et étiré vers la cible.
Je ne vais pas tarder à constater que c’était bien une connerie.
Je m’écrase.
Mes dernières phalanges parviennent à crocher la mentonnière du casque.

Avec la canicule qui sévit depuis longtemps, le sol est comme une dalle de béton. Je sens la douleur du genou qui tape une pierre et se tord en même temps. “Dégâts probables. A voir par la suite.”
Je rebondis.
Vous saviez que nous sommes assez élastiques pour rebondir ? Moi du moins je le suis. Je l’apprends.
Le rebond m’a à nouveau soulevé du sol et j’ai fini de basculer tête vers le bas de la pente, sur le dos. Je vois passer des pavés dans mon champ de vision… Mon cerveau alerte : “Faut pas taper la tête ! C’est moi qui suis dedans !”. Je ramène le menton sur la poitrine, les muscles tellement contractés que la nuque me fera mal ensuite dans l’après-midi.
Dans le même temps j’ai ramené le casque sur mon ventre et c’est dans cette position fœtale que je retouche le sol. Une alerte à la colonne vertébrale s’allume ; putain, la caillasse, le dos, ce serait trop con… ! Choc.

-“Non, c’est bon” disent les vertèbres, “ce sont les côtes qui ont pris.”
-“Comment ça, c’est bon c’est les côtes !! ?” s’indigne la cage thoracique. “Faut-il vous rappeler grâce à qui tout le monde respire ici ? Alors, un peu de respect, l’aristo vertébrée !”
L’échange est interrompu par tous les capteurs kinesthésiques du corps qui émettent un bulletin d’urgence : “Nous sommes au sol mais nous glissons à vive allure sur le dos dans une pente raide et parsemée de rochers. Percussions dangereuses possibles. Mesures requises.”

J’étends mon bras libre pour me freiner. De l’autre côté, un talon équilibre en labourant la pente comme une ancre (vive les chaussures de montagne en montagne !).
Et je m’arrête… De la poussière s’élève autour de moi… Je vois la trace que j’ai laissée sur 4 ou 5 mètres dans la pente… J’ai la tête en bas, je regarde mes pieds et dans l’alignement je vois mes deux camarades de décollage un peu au-dessus. Ils sont tout affairés à la préparation de leur matériel, regard tourné vers le sol et ils n’ont rien vu !
Merde alors ! On est tous équipés de GoPro ou de smartphones qui font leur cinéma, on est surveillés par les satellites en permanence, je fais LA cascade de l’année et personne n’a rien vu !

Je me relève doucement et je respire. Quelques pas tranquilles, calmes, pour remonter.
Le genou confirme : “Forte probabilité de dégâts, à surveiller. Pour l’instant c’est fonctionnel mais il faudra voir à froid. Je préconise un décollage pas trop tardif tant qu’on est chaud.”
Le vol sympa qui s’ensuivra fera presque oublier l’épisode. L’atterrissage rappellera qu’un genou est touché. Puis petit à petit le corps donnera son bilan.
Douleurs musculaires. Claudication (au final un ligament qui doit cicatriser… rien de méchant), divers hématomes (dont un spectaculaire sur le haut du fémur !), multiples écorchures et griffures (eh oui, plongeon en short et t-shirt dans la pente…) et en plus deux côtes plus ou moins cassées (fêlées ?) qui m’ont empêché d’éternuer ou de rire jusqu’à maintenant.
Bon, l’essentiel est sauf.

Le truc qui est dingue, c’est que je serais incapable de manière délibérée de plonger mains en avant dans cette pente tellement ça fait peur ! Ca m’a fait repenser à une discussion que j’avais initiée sur ce forum : en situation d’urgence, on fait selon son être intime. Et donc se connaître est aussi important que tenter de s’éduquer (l’un ne va pas sans l’autre).

Les questions suivantes seront peut-être bien “cruelles” et une réponse sincère ne doit pas être facile à donner maintenant que tu sais qu’il n’y aura pas vraiment de séquelles annexes :

  • Es-tu content d’avoir récupéré ce casque ?

  • Ressentais-tu déjà un attachement “affectif” à cet objet précis pour qu’un réflexe d’attrapage te vienne en le voyant risquer de disparaitre ?

  • Y avait-il déjà un passif mémorable de décollages et de vols avec ce casque en particulier ?

  • L’avais-tu choisi avec soin (couleurs…), l’avais tu décoré, personnalisé ?

  • Arrive-tu à penser que tu aurais eu le même réflexe pour un casque inconnu ?

  • Ressens-tu un attachement modifié à cet objet maintenant ?

  • Pense-tu qu’on devrait toujours décoller dans une pente merdique avec un casque qu’on n’apprécie pas ? :sors:

Et moi je dis heureusement que la cascade d’Alpyr n’a pas été filmée car on aurait forcément été déçu par la vidéo par rapport au récit (les rebonds, touça touça…)

Envoyé de mon Redmi Note 5 en utilisant Tapatalk