La neutralité spirale, encore et toujours : aspects sécuritaires

Non, je ne suis pas pour une interdiction. Un constructeur peut avoir de “bonnes” raisons d’avoir une aile neutre spirale. C’est aussi l’affaire de ceux qui l’achètent.
Je note cependant que les deltistes ont massivement arrêté de voler sous des deltas neutres spirale, alors même que ceux-ci étaient sur le marché. Une mania “orgasmique” certes, mais trop de risques associés.

Laurent, si mon aile avait été neutre

  • le départ en rotation aurait été même “plus violent qu’instantané”
  • la vitesse acquise dès le début de la rotation aurait été encore plus importante (modérée dans mon cas)
  • les G associés auraient été plus forts
  • l’action au frein aurait très probablement nécessité un effort très important (les pilotes sont très souvent surpris et démunis par l’effort démesuré à fournir dans ces situations)
  • la réouverture (et ceci est un point très important dans les neutralités spirale) plus ou moins contrôlée aurait entrainé une accélération avec phénomène de vissage.
    Il est clair pour moi que je serais mort. 3 choses m’ont sauvé ce jour-là, par ordre croissant d’importance : un peu de chance, le fait d’avoir une aile stable spirale, le minimum de 50 m de marge que je me suis efforcé de maintenir durant toute la descente.

Pour le reste, la complexité ne doit pas arrêter la volonté de progrès.
Au fait

je crois qu’avec son BTS MEMO, Paul Pujol avait caractérisé dans ces courbes sur 3 axes la signature de la neutralité et de l’instabilité spirale.
Je crois aussi qu’il espérait des développements avec des constructeurs, mais que ça n’a jamais été plus loin…

Question bête: admettant que les constructeurs sachent faire des voiles stables spirale selon une nouvelle norme à établir. A quoi peut servir une aile neutre à instable spirale ? Et surtout serait-ce un avantage de poids par rapports aux risques encourus ?

Maniabilité orgasmique associée à conservation du maximum de performances possibles pour un modèle donné.

En développement, tu peux te trouver avec un proto qui présente des caractéristiques enthousiasmantes en ce qui concerne les perfs, la vitesse, la solidité, mais qui demande une dose élevée de neutralité pour bien tourner.
Si avec ce proto tu as 1 point de finesse de plus et 5 km/h de mieux, tu fais quoi ? Tu le sors vraiment safe mais qui ne tourne pas ou qui demande des efforts fatigants à la commande ?
Ou bien tu le sors agréable à tourner mais qui se met neutre en un tour ?

Ne confonds-tu pas neutralité et vivacité?

Pourquoi une aile neutre spirale serait-elle plus violente au début de la spirale? La neutralité est quelque chose qui s’installe à partir d’une certaine vitesse de rotation.

De plus, il ne faut pas confondre spirale neutre (ou instable) et autoratation, cette dernière étant possible même sur des ailes dites “stables spirale”.

Si je comprends bien ce que tu veux illustrer avec ton exemple, tu désires voler sous des ailes qui ne partent jamais en autorotation sur une fermeture. Ou alors, si elles partent, ça doit être très lent et s’arrêter tout seul au bout d’un moment. On est loin du concept de neutralité, là…

Non.
En moyenne, les caractéristiques de neutralité entrainent des départs en rotation plus forts, quelles que soient les causes de la rotation.
Mais bon, on en parlera de vive voix car là tu défends à tout prix une position qui est, de toute éternité vollibresque, celle des jeunes enthousiastes qui en veulent et qui est intenable pour les vieux croûtons rassis qui ont trop vu d’accidents.

J’ai aussi un copain qui s’est tué sur fermeture avec une aile dont il s’est avéré par la suite qu’elle était très vite neutre spirale. Je te dirai toutes les circonstances, pas drôles.
Mais bon, on est bien d’accord qu’il était accéléré dans du vent fort, qu’il était en phase d’approche, etc. Mais l’aile ne lui a laissé aucune chance tellement ce fut violent. Il est mort sur le coup.

En tout cas, je vois qu’on se répète à l’infini sans que la connaissance se diffuse dans le milieu.
On est là aussi, comme sur bien des questions de sécurité, plus dans le déni que dans autre chose.
Après tout, chacun voit midi à sa porte. Moi, ça suffit d’essayer de faire boire les ânes qui n’ont pas soif ! :trinq:

A part les quelques voiles hautes perfs compet trucmuche, je ne vois toujours pas d’intérêts à avoir une voile neutre à instable spirale. Probablement que le 95 % des pilotes ici présents n’ont pas ou n’ont pas besoin de telles voiles. Alors pourquoi exposer la viande, pourquoi ne pas exiger davantage des normes ?

:trinq:

On est d’accord que ce qui choque c’est de voir que des voiles loisir sortent en etant facilement neutres voire instables spirale. Pour les voiles perf et compet, le niveau requis devrait faire en sorte que le pilote soit capable de gérer une spirale qui ne sort pas d’elle-même, dans le cas contraire il n’a rien à faire sous une telle voile.

Compet probablement puisqu’un gain de finesse conséquent peut se faire au détriment d’une neutralité ou instabilité spirale. Mais les pilotes sont des pilotes de compet, ils sont sensés savoir ce qu’ils achètent. Pour les voiles perf, je ne suis pas d’accord. Entre une B+ qui passe l’homologation au chausse pieds et une perfo, je préfère souvent la perfo mais je ne veux pas d’un comportement spirale dangereux. C’est le choix entre la pseudo B et la C où les différences de perfs sont insignifiantes mais où le fameux B est artificiellement rassurant. A ce jeu là, je préfère la C qui annonce mieux la couleur, sauf si sont comportement, selon certains critères, seraient eux aussi “limite”.

Je ne sais pas si ca corresponds a beaucoup de monde.
Mais dans mon entourage , moi compris, on comprends rien au vocabulaire neutre stable instable spirable, c’est pas clair clair * !

Si on pouvait changer pour des termes plus facile a comprendre.

Par exemple : Reste en spirale , ou, sort spontanement .

De plus , j’ai quand meme l’impression qu’il y a un autre parametre qui est la vitesse de descente ou le nombre de g a partir duquel elle reste en spirale.

Bref dire qu’une voile reste en spirale a partir de 10m/s , ca serait plus facile a comprendre que dire " facilement neutre voire instable spirale".

Apres j’ai pas d’avis tranche, j’ai remarque que certaines B pouvait aussi avoir un comportement qui evolue tres rapidement entre sort spontanement et reste en spirale. Quand des C ont un comportement plus progressif.

  • stable spirale , on pourrait croire que ca reste en spirale, c’est stable !!
  • neutre spirale, le comportement de la voile est neutre, elle ne change pas de comportement en spirale
  • instable spirale, je sais pas ce que ca peut pouvoir dire

http://federation.ffvl.fr/node/2605

C’est simplement le vocabulaire aéronautique.
Il peut en effet prêter à confusion, mais on ne va pas le changer pour les parapentistes alors que tout ce qui vole s’exprime ainsi ! Il faut l’apprendre.

Un article ici http://federation.ffvl.fr/node/2605 avec quelques recommandations ainsi que le rappel du vocabulaire :
[i][i]"Stabilité spirale : l’aile ressort seule du virage dès que le pilote arrête l’action qui a déclenché le virage (il relâche la commande de freins et se remet au centre de la sellette). C’est le comportement du parapente auquel nous sommes habitués.

Neutralité spirale : lorsque le pilote arrête l’action de mise en virage, la voile reste en 360°. C’est un comportement qui arrive de plus en plus fréquemment et qui surprend le pilote non averti. Le pilote doit faire une action pour arrêter le virage. Il doit faire comme s’il voulait engager un virage de l’autre côté.

Instabilité spirale : lorsque le pilote arrête l’action de mise en virage, la voile continue en accélérant les 360°. Le pilote doit faire également une action pour arrêter le virage, comme s’il voulait engager un virage de l’autre coté. Ce comportement demande une réaction juste et rapide du pilote, pour contrer efficacement.[/i]"[/i]
Ça date de 2001 !

Edit : grillé par Beep-beep2R

Oui Bungeetux, le vocabulaire est trompeur.

tiré de cela : http://parapente.ffvl.fr/le_comportement_spirale_des_ailes_de_parapente

"La définition du comportement spirale en parapente peut prêter a confusion. En effet c’est la définition mécanique : si l’on sort un corps de son équilibre, on dit que le système est stable s’il revient a sa position d’origine. Ici la position d’origine du système est le vol en ligne droite, je sors de cette position en me mettant dans une spirale engagée puis je relève la main et regarde le comportement de la voile.

La confusion amène à penser qu’un parapente stable spirale est un parapente qui reste en spirale engagée même en ayant relevé la main."

Je ne défends rien du tout. Si les ailes pouvaient ne pas être instables ou neutres, je serais pour; simplement, je ne vois pas en quoi changer LA NORME pourrait amener une solution acceptable pour tout le monde.
C’est bien beau de dire “faut une solution”, mais en pratique, c’est compliqué.

Franchement, je ne sais pas d’où ça vient, ça. C’est la première fois que je lis, entends ou vois une telle affirmation.

Dans ma petit tête, les départs en rotation forts vont dépendre du calage, du profil, de la vitesse… alors que la neutralité dépendra de l’allongement, de la voûte (les ailes lobées étant plus facilement neutres), de la longueur du suspentage. Mais je suis peut-être complètement à côté de la plaque à ce sujet.

Ok, ok, je sais, j’avais dit que je n’y reviendrai plus sur ce fil mais je ne tiens plus… :canape:

Au-delà de ce débat contradictoire, de normes à changer et de préconisations/obligations à faire aux constructeur sur comment devrait réagir une aile en spirale engagé, débat qui me semble bien trop partisan pour espérer ne serait-ce qu’ici, sur le fofo, aboutir à autre chose que encore quelques pages.

N’y aurait-il pas un début de solutions dans la formation et l’information ?

Je m’explique ; mon intention n’est pas de dire que la formation et/ou l’information n’existe/ne se pratique pas mais juste de soulever la question si sur ces deux points, on ne pouvait faire mieux.

Je m’explique bis ; ici, quand je parle de formation. Je ne pense pas forcément au SIV et à l’apprentissage de la conduite depuis l’entrée jusqu’à la sortie des spirales (très) engagées. Déjà parce que probablement un certain nombre de pilote n’ont tout simplement pas et ne l’auront jamais la capacité (psychologique, physiologique, mentale, technique, etc.) de conduire des 3.6 face planète.
Non je pense à la formation des (futurs-)pilotes à l’existence de la neutralité voire instabilité potentielle de nos ailes quelque soit leur catégorisation au niveau de l’homologation. Aussi combien joue l’adéquation sellette et réglage de celle-ci sur le comportement de la voile. Sur l’importance aussi des recommandation constructeur dans les manuels d’utilisateur.
Je ne dis pas que le sujet n’est pas abordé dans les formations telles qu’elles sont données “généralement” ici et là (oui je sais je généralise, mais comment faire autrement) Cela pourrait faire l’objet de plus d’insistance encore autant quand t’en parle pilotage que mécanique de vol. Les choses que l’on comprend, s’admettent et se retiennent mieux.

Je m’explique ter ; ici quand je parle d’information. je pense que la plupart des marques font l’effort d’informer honnêtement leurs clients sur le comportement de leurs voiles au travers de leur manuel d’utilisateur (ce qui est aussi de leur responsabilité ; CQFD) mais il faut aussi que ces messages d’information soient clairement repris par tous (on a tous une responsabilité collective, il me semble)
Car d’après vous combien d’utilisateur prennent soin de lire leur manuel d’utilisateur et d’y lire en petit et triste (il n’y a pas de belles photos) une mise en garde quand sur du beau papier glacé de belles images viennent conforter un discours qui dit ; il n’y a pas de soucis, c’est de la balle et hyper facile en plus. Et là au niveau des support il y bien sur déjà la publicité officielle des constructeurs mais aussi celle officieuse de l’ensemble des médias de la scène.

En fait les essais de spirales engagées ne devrait pas se faire à -10 ou même -14 m/s mais bien sur toute la plage de Vz négative que permet l’aile poussée dans ses derniers retranchement et après on explique que jusqu’à tant, le comportement est tel et que au-delà il devient tel et qu’encore plus loin on finit par trouver ceci voire cela et ça pour toute les ailes et on en parle.Bien sur qu’il faut codifier un minimum l’exercice mais le but étant de voir l’aspect le plus négatif…

Si on veut vraiment améliorer la sécurité et pas seulement rapport à la spirale engagée. C’est tout un état d’esprit dans notre pratique et passion qui doit changer.

:+1:
et le plus joli, c’est le “en moyenne” ! :sos:

“neutralité spirale” comme une expression magique (parce que pas claire :wink: ); qui ne concernerait que la voile (et pas l’ensemble pilote/sellette/voile) :grat:
pourquoi ne pas juste revenir à une caracteristique simple : l’allongement ?!!

c’est vrai que plutot que de faire des proces d’intention, aux constructeurs ou autres, ca serait bien de citer des éléments tangibles et compréhensibles; sans les “habituelles” approximations des “on sait bien que …”, meme si elles sont pleines de bon sentiment.
sinon on retombe dans la croisade de P Pujol, déjà cité précédemment.

et pour être moins centrifugé une avancée majeure, c’est … la mini voile.
certains prédisent que dans 5 ans, on sera tous sous des minis, et que les grandes baches seront remisées au rang de dinosaures, avec les deltas !
vive le progrès :wink:

J’aime bien l’allongement comme indice des exigences d’une voile. Les tests aussi, mais si on peut les améliorer, les rendre plus pointus, plus exigeants, on arrêtera enfin de faire passer des voiles dans une catégorie au chausse-pieds. C’est bien pour cela que je fais moyennement confiance aux fabricants, surtout à leur marketing (exemple Advance). Après on néglige le réglage de la ventrale, même si je ne suis pas certain que celui-ci ait une influence sur le comportement spirale. Mais par contre, c’est vrai que l’on parle tout le temps des ailes et trop peu des sellettes et évidemment des adéquations. Je laisse l’humain en dehors de ça, trop complexe à paramétrer :dent:

Laurent des Choucas a vraiment raison, il y a un gros déficit de formation théorique :wink: . Le réglage de sellette influe directement sur le comportement spirale de la voile.

@ Over, méfie toi, tu commences a vraiment radoter avec tes “approximations”.

Vu que les mini-voiles sont de plus en plus surfacées et que les parapentes le sont de moins en moins, je crois effectivement que les 2 mondes vont finir par se rejoindre. On en est d’ailleurs pas loin !

j’imagine de la tendance à la neutralité spirale découle d’un mix complexe de nombreux paramètres.
… mais peut-on se mettre d’accord sur les paramètres qui font consensus?

facteurs favorisant l’apparition de la neutralité spirale :

  • voile alongée
  • cône de suspentage long
  • voile lobée
  • ventrale ouverte

vous êtes d’accord? il y en a d’autres a rajouter à la liste?

L’allongement est certainement une notion prépondérante dans les exigences qu’une voile formulera à son pilote surtout en conditions agitées et/ou sortie du domaine de vol.

Le réglage sellette, personnellement je suis convaincu de son influence, convaincu aussi qu’il peut être tout autant négatif, trop serré que trop relâché, même dans un contexte unique d’appréciation comme la neutralité spirale. Idem pour le positionnement dans la fourchette du PTV, etc.

Tu parles d’Advance et de leur marketing. Je ne vois pas ou ils sont moins bons ni meilleurs d’ailleurs que tous les autres. A minima et pour celui de la Iota que j’ai en tête, leur manuel alerte sur le risque potentiel de se retrouver en neutralité spirale avec leur aile. En vérifiant j’ai vu que Swing à l’époque de la Mistral 6 avait entrepris une vraie campagne de mise en garde sur ce risque.

Moi je pense que le vrai problème est quand même et avant tout chez l’humain quand il se nourri de certitudes telles que d’avoir “lui” les capacité à toujours maitriser son jouet et tans pis pour les autres qui sont moins bons que “lui”.

Le problème est aussi dans l’humain qui a toujours plus facile à entendre le chant des sirènes que celui de la triste réalité. Réalité qui dit et répète qu’il n’est pas aussi bon qu’il veut se le raconter mais que aussi nos voiles ne sont pas forcément capable de nous sauver des situations dans lesquels on s’est mis, consciemment ou inconsciemment et que l’on ne maitrise plus.

Si on s’en sort avec plus ou moins de bobos, on parlera de chance ou malchance, si on ne s’en sort pas… on n’en parlera plus et on en laissera le soin aux autres. Et la boucle repartira à nouveaux…