Bah ça, c’est pas difficile, c’est nous qu’on les élit. Nyaka ne plus élire de politicards-professionnels, mais plutôt des quidams issus de la “société civile”. Quoi? C’est justement ce que la REM proposait aux dernières législatives, qui a été plébicité, et avec le succès populaire qu’on connaît aujourd’hui? Ah, flutiôt…
pour revenir au sujet de ce fil… extensible
un excellent (mon pt de vue) article (Libé)de Schneidermann (que je kiffe moyen d’habitude) incitant à “se garder de la folle prétention d’avoir tout compris”.
…si vous êtes mal remis du réveillon vous pouvez vous arrêter là …
sinon bonne lecture (on peut aussi commencer à "C’est dire si…)
Gilets jaunes, comment nommer juste
Par Daniel Schneidermann — 30 décembre 2018 à 17:06 (mis à jour à 17:58)
Face à un soulèvement historique, aussi composite qu’inédit, l’appréhension en temps réel est un défi impossible à relever.
Le décrochage de fin d’année étant propice aux lectures de hasard, je suis tombé, chez un excellent bouquiniste tourangeau, sur les trop méconnues mémoires de Vercors (la Bataille du silence, Editions de Minuit, 1992).
Dessinateur illustrateur avant la guerre, Jean Bruller, qui prendra bientôt le nom de plume de Vercors, a décidé, dès 1940, de résister au joug nazi par le silence. Il ne dessinera plus rien. Il se reconvertit dans la menuiserie. Plus tard, il va écrire le Silence de la mer, le diffuser clandestinement, et fonder les Editions de Minuit. Pour l’instant, à l’automne 1940, hébété, il constate les dégâts politiques et psychologiques de la débâcle et de l’Occupation dans son carnet d’adresses d’avant-guerre. Il y a d’abord, évidemment, tous les calculateurs. Toute cette partie de la population écrivante qui se donne d’excellentes raisons de continuer à publier livres et articles sous contrôle de la censure nazie. Mais il y a aussi les égarés sincères, comme cette institutrice, socialiste, pacifiste, qui lui explique tranquillement qu’il faut donner une chance à Hitler. Sait-on jamais, s’il parvenait sans trop de casse à unifier l’Europe !
Que nous dit ce témoignage ? Même face au Mal absolu, il est difficile d’être lucide. Et il est facile de se donner toutes sortes de raisons de ne pas le reconnaître, le Mal absolu.
C’est dire si aujourd’hui, face à un soulèvement historique composite et inédit comme le mouvement des gilets jaunes, l’appréhension en temps réel, même avec un raisonnable bagage journalistique, est un défi impossible à relever. Voici que surgit un authentique mouvement populaire, à la légitimité incontestée par le pouvoir lui-même, contre une élite politico-économico-médiatique recroquevillée depuis des décennies sur ses certitudes et ses intérêts. Un mouvement potentiellement régénérateur d’une démocratie minée par l’abstention. Voici que ses mots d’ordre, à l’origine purement économiques, voire secondaires (le contrôle technique des voitures), mutent en quelques semaines en revendications citoyennes. On parle référendum d’initiative citoyenne, on désosse la démocratie représentative, et l’idée même de représentation. On tire le vieux débat sur la démocratie du puits abandonné où des générations successives l’avaient enkysté. Toute une partie de la population dégoûtée de la politique la redécouvre avec avidité. Une frange du peuple se réveille. Un immense silence prend la parole. Comment, dans le tumulte, démêler le débat émancipateur, et la naïveté irréaliste ? Quant à cette héroïsation, dans les discours et les banderoles du mouvement, d’un peuple unanime, dressé contre une micro-poignée de prédateurs, est-elle formidablement novatrice, ou navrante de simplisme ?
Ce n’est pas tout. Voici encore que se laissent voir, à l’intérieur du mouvement, des grumeaux de complotisme, d’homophobie, d’antisémitisme sur lesquels un pouvoir affolé s’empresse de braquer les projecteurs. Une dizaine de manifestants en gilets jaunes chantent sur les marches du Sacré-Cœur une chanson de Dieudonné. Une banderole antisémite est brièvement déployée sur un rond-point de la région lyonnaise. Un témoignage embrase la Toile sur un incident prétendument négationniste dans le métro, avant que l’affaire ne se dégonfle le lendemain. Un leader autoproclamé, multi-invité sur les plateaux télé, en appelle ouvertement à une dictature militaire. Faut-il faire l’autruche ? D’autant que dans le même temps encore, des gilets jaunes antifascistes expulsent d’un rassemblement des gilets jaunes d’extrême droite. D’autres encore dansent autour d’un mariage marocain. Sur tous les ronds-points, des isolés sortent de leur solitude, et ce n’est pas le moindre des miracles du mouvement. Comment parvenir à remiser ses a priori pour ou contre, pour simplement voir ce que l’on voit, et le dire, sans prétendre caractériser le mouvement tout entier ?
Je ne parle pas ici de la lourde machinerie aveuglante de l’info continue, qui s’est d’abord précipitée sur un mouvement fécond en images hypnotisantes, avant d’en prendre peur. Je parle des artisans du journalisme hantés par la difficulté de nommer «juste». Ne pas sous-nommer, ne pas sur-nommer. Progresser pas à pas, marcher sur des œufs. Et surtout, se garder de la folle prétention d’avoir tout compris.
Une intervention d’Etienne Chouard sur RMC
Son titre ne reflète pas le contenu qui aide clairement à structurer un certain nombre d’idées et de concepts autour de la Démocratie
Tiens marrant, en passant, aujourd’hui 4 janvier au Royaume-Uni c’est le Fatcatsfriday, le jour de l’année ou les CEO du Footsie on déjà gagné autant que le travailleur moyen fera sur tout 2019.
Si tu prends la fabuleuse augmentation de richesse (assez exceptionnelle, il est vrai) de Bernard Arnault qui lui a permis l’an dernier de passer quatrième fortune mondiale (+26 330 M€), il a gagné le revenu médian des salariés francais (21 264€) le 1er janvier à minuit 25 secondes et 4 dixièmes.
Tu m’étonnes qu’à ce prix là, il tienne à la ponctualité :mdr:
La fiscalité n’est pas tout.
Si le revenu d’une catégorie progresse de 20%, en même temps que leur imposition progresse de 1%, on peut les présenter comme des perdants au sens de la fiscalité, alors qu’ils sont gagnants sur ceux qui ont vu leurs revenus baisser, et parfois même leurs impôts progresser!
Quand les très riches se sont accaparés 50% des revenus et qu’ils sont si peu taxés, on peut comprendre d’où viennent une partie des problèmes.
à une petite nuance (pour Cyrille74) c’est que l’immobilier ne concerne que les tranches intermédiaires. Les ultra riches ne possèdent (en %) presque plus d’immobilier.
En fait (de mes observations) l’immobilier peut très bien être soit le truc qui empêche bien de progresser (malheureusement très souvent) soit quand c’est bien utilisé (bons montages) permet de se hausser vers les catégories supérieures. Une fois que le ménage n’a plus le stress des revenus passifs, on peut se concentrer sur les actifs beaucoup plus volatiles et qui rapportent finalement plus. En plus les valeurs mobilières (comme leur nom l’indique) sont beaucoup plus faciles à déplacer et permettent donc de fuir les fiscalités confiscatoires.
Encore une fois le problème de ce graphique reste toujours le même : mettre le focus sur les 0,01% les plus riches et faire des usines à gaz qui tuent les 50% du milieu sans aider les 50% les plus bas (alors que les 0,01% les plus riches peuvent très bien fuir le pays si la balance avantages/inconvénients devient trop déséquilibrée)
Je pense qu’il faut juste arrêter de se tromper de combat : il ne faut pas lutter contre les plus riches, mais se battre pour aider les plus pauvres à s’en sortir.
allé … pour répondre à Fabrice : les revenus, le PIB etc c’est pas un gâteau fixé qu’on se partage.
Si certains augmentent leurs revenus, ça n’empêche pas que les autres puissent aussi le faire. Il suffit d’imaginer que l’enveloppe globale puisse augmente (cela s’appelle la croissance)
Des convergences entre les extrêmes, sans blagues ???!!!
Je l’avais d’ailleurs fait remarquer dans ce thread, houlala les réponses qu’il y avait pas eu (ou au moins une dont je vais rechercher l’auteur :mrgreen: ROTFL )
Oui mais ce n’est pas ce qui a été fait: le PIB a progressé en 30 ans, et dans le même temps les gens d’en bas sont de + en + nombreux à ne pas pouvoir s’acheter leur logement, et les loyers est passé de 30% à 47% (de souvenir) de leur revenu!
Accessoirement, sommes-nous bien d’accord que la croissance, c’est de la pollution en plus?