Décollage par vent fort.
Sitôt que l’anémomètre vient à flirter avec les 20 km/h, voir à les dépasser lors de joyeuses rafales, le parapentiste moyen change de comportement. Lui qui avait l’air si sérieux, calme, posé, rigoureux et concentrer lorsqu’il se harnachait, on le voit alors devenir joueur, sautillant, et même taquin. On le qualifierait volontiers de facétieux pour tout dire. 
En effet, pour la majorité d’entre eux, même les plus austères et parmi ceux qui ont accumulés de nombreuses années d’expérience dans des conditions variées, le gonflage se transforme soudain en un film d’action plein de rebondissement, d’imprévus, de courses poursuite, de bagarres, de retournements de situation burlesques, de rebondissement inespérés, enfin toutes ces choses dont seules les grands artistes touchés par la grâce ont le secret. Non seulement cette super production hollywoodienne voit le pilote affronter sa bâche et quelques kilomètres de suspentes déchaînées par les éléments, le muscle saillant et le torse bombé, mais en plus celui-ci a souvent recours à une bande de hors la loi sans foi ni loi qui lui sont sans doute redevable d’une dette de sang peu avouable pour l’aider ainsi à dompter la bête enragée au péril de leurs vies. Chacun des ces hommes d’honneur ayant généralement son idée bien personnelle et bien arrêtée sur la méthode radicale à employer pour faire taire définitivement la rebelle, et tous vont s’employer à défendre leurs convictions personnelles et mettre tout en œuvre pour parvenir à leurs fins. :twisted:
Nul ne doute que ça va saigner grave de grave ! :twisted: :twisted:
Par chance, le plus souvent les « assistants » sont plus occupés à s’expliquer vigoureusement entre eux sur le bien fondé de leur stratégie personnelle, qu’à assister le pilote, ce qui lui laisse une chance unique de pouvoir conduire la manœuvre comme il l’entend… Mais aussi une chance pour la voile de s’en sortir vivante. 
C’est généralement ce moment précis ou les assistants sont tout à leurs débats, que le pilote choisi pour libérer la bête et se livrer à ses propres ébats. Selon un style propre à chacun, il se peut qu’il choisisse l’une des techniques suivantes, ou toutes à la fois, c’est selon : La glisse dans les pierres roulantes, se prendre les pieds dans la moquette, surfer sur la terre battue arque bouté en arrière, sur le ventre entre les touffes d’herbes, sur le dos dans les buissons, se faire arraché du sol en y abandonnant une paire de chaussures, dont il réalise seulement à cet instant que deux pointures de trop, c’est vraiment beaucoup trop ! Il prend alors son envol twisté avec une inclinaison approximative, comme tout le reste d’ailleurs, de 70° selon une trajectoire latérale oblongue, peu contrôlée, visant à survoler les spectateurs dans un premier temps, puis dans un coup de reins désespéré, il parvient in extremis à éviter un arbre mort dans un second temps, avant de sembler se rétablir, et par l’occasion il rétabli aussi un peu la situation en faisant face à sa route, à défaut de totalement la maîtriser. Rémy Julienne à fait de talentueux émules ! 
D’autres encore tentent quelques pas gracieux vers la voile pour essayer de calmer ses ardeurs. Tantôt des pas chassés, tantôt glissé, de petits pas ou des grandes et lourdes enjambées. D’autres encore se livrent à une course poursuite. Les plus pressés en profitent pour tenter la boucle piquée cher aux patineurs artistiques, et d’autres encore s’essayent au retourné, épaulé, jeté tout en force à la manière des haltérophiles. :affraid:
Si notre pilote à été moins chanceux, il est fort probable qu’il n’ait pas totalement réussis à tromper l’attention bienveillante de « ses assistants » tortionnaires et ne soit parvenu à échapper à leurs griffes. Ceux-ci, afin de le prendre à témoin dans leurs débats sur LA méthode à appliquer par vent fort, n’auront pas hésités à tenter de LE retenir. Tantôt par les suspentes en causant un irréversible départ en vrille de la voile dans les buissons… ou encore en l’agrippant par le pantalon dans l’intention non dissimulée de lui faire perdre ce dernier, afin de le ridiculiser définitivement aux yeux du public. Et c’est bien pour éviter la perte inopinée de cet accessoire que les plus futés enfilent des combinaisons pour voler ! Ni voyez absolument aucun autre intérêt pratique ou calorifique.
Parfois, mais rarement alors, après quelques fractions de seconde de rodéo, la voile abandonne le combat, les assistants font alors mine d’aider par une franche poussée en encourageant de la voix par des « Elle est belle ! », histoire de donner l’impression d’avoir été indispensable, tandis que le pilote s’élève à la verticale avec plus ou moins de grâce, déjà confortablement assis dans sa sellette, goutant à un repos bien mérité après une telle séance de stress. 
A ce stade la bataille est gagnée : la voile est domptée. 8)
Alors que le pilote s’éloigne, les assistants osent le plus souvent quelques commentaires désobligeants sur le vélivole envolé et d’autres plus élogieux sur son matériel… avant que de devoir s’y coller eux même pour ne pas passer pour un lâche, le ventre noué par l’angoisse, sans plus de facilité, mais avec tout autant de facéties.
Comme nous venons de le voir, le cérémoniale du décollage par vent fort, outre le fait qu’il serve à alimenter les discussions de comptoir et à distraire le public, se révèle le plus souvent la phase la plus périlleuse du vol. Un bon décollage serein est souvent gage d’un esprit calme pour aborder le reste du vol dans les meilleures conditions. A l’inverse, un déco, trop animé conduit souvent à tirer tout droit à l’atterro.
La phase est critique pour tous, même s’ils sont bien peu à le reconnaitre, vous l’aurez compris, c’est l’effet spi qui intervient durant la montée, avant même que la voile n’arrive au dessus de la tête du pilote. Alors comment parvenir réduire à presque rien ce passage burlesque chez les autres, mais dont on se passerait bien volontiers soit même ?
Ne peut-on envisager une voile portée au bout d’une perche au dessus de la tête de son pilote et qui ne se déplierait qu’une fois arrivée en place ? Ou encore qui ne monterait qu’avec les caissons centraux ouverts, et ne libérerait les autres qu’une fois en position à votre verticale ?
Pour cela il faudrait pouvoir laisser libre les suspentes des deux tiers extérieurs de chaque ailes jusqu’à ce quelle soient bien en place. Puis les tendre à bonne longueur d’une simple pression sur un bouton. Une voile télescopique en quelques sortes.
Eh bien réjouissez-vous ! Le système d’enrouleur de suspente automatisé existe, et il est largement répandu et éprouvé, et même pas cher en plus ! Vous le trouverez facilement au rayon animalerie de votre super-marcher favori : C’est la laisse à enrouleur bien connue des promeneuses urbaines de caniche du troisième âge.
Certes, des esprits chagrins toujours prompts au défaitisme et à la contestation auront vite fait de rétorquer que la tension supportable par le ressort en charge du rappel de la laisse de Kiki le chiwawa, est largement inférieure aux besoins des suspentes du sieur Marcel dont le PTV dépasse le quintal. Ce à quoi je répondrais : « Et les Pitbull, c’est pas aussi costaud, aimable, et grognon que le Marcel ? D’ailleurs, ils sont aussi avenant l’un que l’autre au moment des repas. »
Il suffit donc de faire le bon choix à l’animalerie, et dans le pire des cas, un petit ajustement de ressort est à la portée des moins bricoleurs d’entre vous.
Vous, voyez, il suffisait de réfléchir un chouya pour ne plus passer pour des totales quiches et se râper la peau du dos !
Alors, merci qui ? 8)