Oui bon, quelques détails utiles quand même (pour montrer “aux jeunes” qu’on a été cons avant eux et que s’ils veulent ils peuvent éviter de l’être autant que nous) :
- on est venus pour voler, pour faire du plaf, pour faire des heures, pas pour du vol du soir de petits kikis (et on est en groupe)
- donc même sans expérience des conditions très fortes on décollera à 15 h
- bien qu’on ait vu le vent d’ouest en crête et discuté avec des locaux
Qu’est-ce qui aurait pu nous arrêter ?
Le “miracle” parapente nous a été bien utile ce jour là…
Vol
- décollage, 4 S gauche-droite ça monte direct le long de la pente. Première mini-branche hors relief de vérification, ça avance doucement
- 4 S plus tard, ça n’avance quasiment plus ; je commence à lutter pour m’éloigner du relief
- ça monte, toujours plus fort et plus ça monte, plus ça brasse
- plus haut, ça n’avance plus du tout, ça se met à reculer tout en brassant violent ; je ne pense plus qu’à m’éloigner de la crête qui s’approche très vite
- je lâche les trims à moitié + oreilles, je ne recule plus mais je monte toujours ; j’ai arrêté de me préoccuper des mouvements de l’aile…
- je lâche les trims à fond (pas des trims de Mickey, des trims à 20 cm de débattement quand même), j’avance lentement
- je passe mon temps à dégager du relief en cherchant les zones qui descendent
- je perds leeeeeentement de l’altitude en me dirigeant vers l’atterrissage
- l’aile rebondit dans tous les sens mais je m’en fous je descends et j’arrive à conserver de la marge (elle me sera utile) par rapport à la pente
- je rouvre les oreilles pour l’approche, je suis toujours trims ouvert en grand pour pénétrer
Retour au sol - deux copains du club dessous en approche après la même galère que moi : le premier prend une énorme asymétrique comme je n’en avais jamais vu (une 70 %), il gère bien ; le second au même endroit se fait mettre sa voile en forme de boule de papier froissé, il a droit à un tour direct
- j’aurais du me dire “je vais m’écarter et passer ailleurs” mais je suis seulement capable de me dire "Aïe, aïe, aïe, ça va être mon tour ! "
- l’instant d’avant je suis en vol dans une portion d’atmosphère laminaire, l’instant d’après je suis centrifugé en virage engagé : 1/2 voile fermée côté relief, 1/3 de voile fermée côté extérieur, ce qui reste de bord d’attaque est roulé (oui roulé) par en-dessous l’extrados
- je monte sur les freins, symétrique, puis je rends la main ; je vois passer la pente et j’ai récupéré le contrôle de l’aile qui a rouvert pour l’essentiel
- je prends un cap relief dans le dos tout en finissant de rouvrir les coins cornés et je retrimme tout : direct je remonte en reculant
- oreilles immédiates + re-trims lâchés à fond
- j’avance de quelques kilomètres/heure, je crabe vers le terrain
- ça descend à peine, je ne rouvrirai les oreilles qu’à quelques mètres du sol et le poser se fera en douceur
- Posé vivant, posé content !
MIRACLE
- pendant ce temps on a perdu le moins aguerri qui n’avait que deux ans de vol
- n’ayant ni pensé ni réussi à s’éloigner du relief en montant, il est arrivé dans la “compression” de crête en reculant déjà
- la force du thermo-dynamique mélangé de vent météo l’a catapulté en marche arrière deux ou trois cent mètres au-dessus du relief en arrière de la crête
- les turbulences ont transformé sa voile en chou-fleur et sa trajectoire en auto-rotation d’autant plus incontrôlable par lui qu’il ne savait pas dans quel sens il tournait
- il s’est dit “C’est foutu !” en voyant arriver les rochers (non il n’avait pas de parachute)
- à 20m/sol une autre turbulence lui rouvre en claquant sa voile et lui remet à plat et face au vent
- mais il recule encore, fort…
- entre les rochers, il y avait là deux arbres (deux seulement) de quelques mètres de haut ; alors qu’il allait taper en marche arrière son aile vient s’appuyer et s’arrêter sur les arbres et glisse doucement le long des branches en le déposant gentiment au sol…
- après qu’il eut plié, on le retrouvera descendant la piste, bien plus tard, encore dans un autre univers tant il avait vu s’ouvrir grande la porte qui le mènerait hors de celui des vivants.
Recherches - bref à l’atterro, on se compte, il manque Pierre ; on ne sait pas où il est passé car chacun s’affairait à sa propre survie sans pouvoir suivre des yeux tout le groupe…
- un Espagnol nous dit qu’il a vu passer une voile orange derrière la crête !
- nous voilà quasi-certains de l’accident ; on se pose très vite la question de déclencher les secours
- mais on sait qu’il y a une piste qui monte là-haut par derrière et on décide d’y aller ; on n’appellera les secours que si on ne l’a pas retrouvé à une heure donnée
- c’est à cette occasion qu’on s’apercevra que le fil d’alimentation du ventilateur du radiateur de la 4L fourgonnette était débranché depuis au moins un an…
- peu après, c’est un zombie qu’on retrouvera sur cette piste. Groupe au complet, mission accomplie, le retour en France peut être glorieux.
Oui, je m’en souviens bien d’Organya par vent d’Ouest.
essayez !


8)
ROTFL
mais pas de regret, s’il fallait que je passe par ces étapes d’apprentissage avec anecdotes, c’est qu’il le fallait. J’ai un ange gardien qui m’a fait comprendre ce qu’il ne fallait pas faire par le vécu.