Méthode de décollage par vent fort

Ce fil traite du décollage par vent fort mais je rebondis quand même dans le hors-sujet qui vient d’être entamé sur la méthode de gonflage à mettre en oeuvre.

J’ai vu pas mal de fois des pilotes faire du face voile avec un léger vent de cul, en courant en marche arrière comme des malades.
Dire que je trouve ça très con est au-dessous de ce que j’en pense.
Le gonflage dos voile est extrêmement efficace par vent faible, nul ou léger cul, skis aux pieds ou en biplace “handibi” avec passager handicapé en chariot fauteuil à 3 roues… ou avec un chien en passager.
Faire du face voile avec les skis ou avec un chien n’a pas grand avenir.

Je décolle environ 50 fois par saison au col des Frêtes (Dents de Lanfon), presque toujours le matin et parfois par légér cul, le plus souvent par vent nul ou brise de pente très faible. Dos voile de rigueur, et quasiment tous les habitués du site (cela fait du monde) en font autant… mais la pente est si débonnaire et permissive que certains font quand même du face voile, avec des fortunes diverses.
En vol rando / paralpinisme, on est souvent conduit à décoller par vent faible sur des terrains très exigus, très courts et mal foutus, sur lesquels partir en marche arrière serait la meilleure façon de se casser la gueule.

Aiguille du Midi, 10 octobre 2015, midi. Vent nul et 40cm de neige fraîche non transformée.
Gonfler face voile n’avait aucun avenir et même en gonflant dos voile, avec 4 personnes tenant les caissons levés le plus haut possible, TOUS (sauf Vincent avec sa Pi et moi avec la Diamir) se sont croûtés et ont bouffé de la neige. Il fallait y mettre énormément d’énergie et à 3750m, cavaler à fond en enfournant les pieds dans la neige molle était un exercice très violent, pas gagné d’avance, autant dire qu’il fallait aussi y mettre beaucoup de conviction.

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Lachat de Thônes, décollage sous le sommet. Pente raide pleine de trous et bosses.

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Sous la Dent du Cruet. Terrain cabossé et rideau d’arbres droit devant.

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Arête sommitale du Charvin. Corinne a décollé là !

Avec un dos voile, on est tout de suite en action de pilotage et on peut se jeter dans le trou avant que la voile ne soit parfaitement gonflée, parce qu’on sait qu’elle va voler.
Bonjour Mme Adrénaline, il fait beau chez vous ?
Par vent digne de ce nom, le face voile s’impose évidemment… sauf avec skis ou chien. Avec un fauteuil handibi, les pilotes font encore le plus souvent du dos voile, assurés qu’ils sont par les bénévoles qui veillent à la sécurité. Si un passager valide peut reculer quand la voile tire en arrière, une personne handicapée sur fauteuil ne le peut évidemment pas.
Reculer avec des skis ne doit pas être évident, je ne tenterais pas l’aventure.
La meilleure façon de décoller est toujours celle qui convient le mieux sur le site où on décolle (pcc Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice).
:trinq:

C’est mal compris, mais surement mal expliqué: Lorsque je dis vent cul en face voile, c’est pas les décos courts. On a un grand déco ressemblant un grand déco des Alpes.
Il m’ arrive de décoller léger cul mais face voile, je suis plus à l’aise que dos voile. Non on ne court pas en arrière! Il faut lever la voile sèchement, ce retourner et op…
L’avantage que j’y vois, je vois si il y a une merde dans les ficelles à la montée de la voile…

Bien sûr, je suis d’accord çà !!! mais comme je suis mauvais, si je ne peux pas faire ma méthode, je ne vole pas.
Oui, çà me limite…

Il est toujours dommage d’être inféodé à une seule technique quand il en existe plusieurs, ce qui élargit le champ des possibilités. Tôt ou tard cela causera un gros souci.
J’ai appris à décoller en dos voile sur décos aménagés, par vent faible ou pétole. Parallèlement j’ai appris le face voile au sol avec mon école, dire que je le maîtrisais en sortie d’init serait très au-dessous de la réalité. Je savais qu’il fallait travailler au sol avant de tenter le coup sur un déco.
Le 1er essai fut concluant, cela décolla très bien nonobstant quelques détails, le moniteur ne se priva pas de me les signifier.
Encore du travail au sol, et un jour un type de passage qui rentrait du boulot, en veston / cravate, me montra un truc. Il n’était pas dans le 1er bouquin de Pierre-Paul, que je dévorais assidûment, il est dans les éditions suivantes.

En école, on apprend surtout à voler et on vole, on bricole au sol quand les conditions sont un peu fortes pour le niveau des stagiaires.

Il y avait de l’air à l’atterro de Chamoux quand je pris en main l’initiation d’un stagiaire d’Espace 3D, débutant dégrossi et 100% novice en “gonflage”, pendant que les moniteurs s’occupaient des 8 autres, et ils avaient du boulot (surtout avec mon pote Pasdoué). “Mon” élève était un lieutenant des commandos marine, un mec très affûté physiquement, avec des réflexes parfaits et une totale maîtrise de son corps. Il me fallut 10 minutes pour lui faire maîtriser les diverses phases : gonflage / pilotage face voile / retournement / pilotage sans regarder la voile / retournement / pose de la voile au sol.
Après ça, je l’ai passé à un moniteur en lui disant : “il est très bon, à toi de jouer”. Ce moniteur est un tout bon en marche & vol et il est excellent en enseignement. Le stagiaire n’avait pas perdu son temps.
Mon pote Pasdoué fit un caca nerveux, sans doute jaloux de ce qu’un débutant, en 10 minutes, était infiniment meilleur que lui après ses heures innombrables de merdouillage approximatif qui m’avaient coûté pas mal de cheveux et une abnégation de chaque instant.
Orgueil d’adolescent.
D’un côté un mec jeune, sportif et athlète accompli qui sait apprendre, de l’autre un mec vieillissant, pas sportif et mal coordonné, qui n’apprend pas.
Il n’y avait pas photo et ce n’étaient pas mon génie qui avait fait des merveilles avec l’un ni ma nullité qui avait fait échouer l’autre.

Quand on est bon, on travaille au sol pour progresser encore. Quand on est moyen, on travaille au sol pour progresser. Quand on est mauvais, on travaille de temps en temps au sol pour ne pas devenir encore plus mauvais.
Dans tous les cas il faut maîtriser toutes les techniques de gonflage, donc de décollage, pour pouvoir s’adapter aux diverses conditions en toute sécurité. J’en ai été convaincue après un très grave accident en montagne sur un gonflage merdique dans une aérologie que je ne maîtrisais pas.
J’avais volé en hélico ce matin-là, de la Tournette à l’hôpital d’Annecy, c’est le bon souvenir qui m’est resté. On ne s’étonnera pas de ce que j’aie travaillé le gonflage et assuré mes décollages, avec toujours en arrière-pensée le désastre du 2 octobre 2007 sur la Tournette.
:trinq:

C’est aussi ce que j’ai appris en stage.

Expérience perso, pendant longtemps j’ai décollé dos voile le plus souvent et face uniquement quand le vent était soutenu, depuis quelques années je privilégie le face voile même quand c’est faible, résultat quand c’est léger cul en montagne mon dos voile n’est pas top, manque de pratique. Du coup je vais inverser la tendance et ne décoller face voile que quand c’est indispensable.

[quote=“piment,post:126,topic:53950”]
C’est plutôt le contraire qu’il me semble opportun d’envisager : face voile en général et dos voile quand c’est vent très faible à léger cul, ou sur des décos courts et accidentés, où partir à reculons serait casse-gueule.
L’argument de voir l’état du suspentage n’est pas pertinent quand on a fait une bonne prévol.
Il faut aussi apprendre à avoir confiance en soi tout en restant humble, et pour cela IL FAUT BOUFFER DE LA PENTE-ECOLE !
:trinq:

Une vidéo que vous avez certainement déjà vue de décollages atomiques au Brésil (encore) :
http://www.youtube.com/watch?v=1aaplZhFKV4

beuh… c’était en 2007, les ailes n’étaient pas encore aussi évolué qu’aujourd’hui. :sors:

Une vidéo très pédagogique (en allemand) du maître Mike Kung :

http://www.youtube.com/watch?v=4NzKV7Co1zg

Une excellente vidéo pour visualiser le gonflage A + C (ou A + Arrières), avec aussi d’autres bons conseils.

https://www.youtube.com/watch?v=w_vTb4C253o#t=583
http://www.youtube.com/watch?v=w_vTb4C253o#t=583

Je pense que c’est une très bonne technique qui évite de se faire arracher; la voile monte doucement et on peut la neutraliser facilement, ce n’est plus elle qui décide et j’avoue que ça enlève du stress.
Par contre par rapport au gars sur la vidéo, je passe mes mains dans les dragonnes des commandes et je les prends en main quand la voile est montée.
Qu’est ce que vous en pensez vous ?

Yo

Perso, j’en pense que en dragonne, çà bouffe 10cm de plus de frein que en poignée de chiote et que quand çà wind fort, faut pas de frein du tout…
Moi je ne prends pas le frein du tout…juste à la tempo évidement.

Gonflage A + C marche très bien en biplace aussi (de la seconde 34 à 44)

http://www.youtube.com/watch?v=RLNuWkJ2yPg#t=34

Perso, je tiens les freins en dragonne. Suffit de rajouter quelques centimetres aux freins si cela devait poser problème.

Il faut me semble t-il, faire la part des choses entre gonfler pour jouer au sol par vent fort et gonfler pour décoller par vent fort. Dans ce 2 ème cas je rejoint Wimric et préfère avoir mes commandes en mains que ce soit en dragonnes ou en poignées de chiotte (mon choix) Histoire d’être opérationnel dès les pieds partis du sol.
Avec des freins réglés “normalement” il n’y a normalement pas de soucis.
En dragonnes il est recommandable qu’elles ne puissent pas glisser sur les avants-bras. Suivant la veste utilisée il y a peu de risques, bras nus forcément c’est moins sûr.
En poignées de chiotte, un peu d’entraînement et d’habitude permet de tenir coincées les poignées (pour moi avec majeur et annulaire) tout en se servant des pouces et index pour les élévateurs.

Si on gonfle dans du vent fort sans idée de décoller, pas de soucis, on peut tranquillement laisser les poignées aux aimants (ou autres fixations)

Après des pilotes doués sauront décoller aux arrières mais personellement je considère que je serai moins bien armé pour gerer un incident en sortie de déco.

Enfin, après m’y être essayé, j’en suis revenu. Pour ma part, je n’ai pas l’impression que dans le cadre de ce que j’accepte comme vent “fort” pour voler, cela m’apporte réellement quelque chose de pioter le gonflage aux arrières plutôt qu’aux commandes.
Par vent fort, il me semble surtout interressant de soigner la symétrie, l’impulsion au départ, l’accompagnement de la montée, la justesse de la tempo (si elle est neccessaire) et d’arriver à laisser les mains hautes autant que neccessaire une fois la voile au zénith.

Mais il y a certainement autant de philosophie de gonflage que de prise de commandes que de positionnement du secours que de… etc.

Salut Daniel,
il ne ressort pas assez le fait que marcher vers son aile (dynamiquement) pendant sa montée la calme suffisamment pour gonfler comme on le fait d’habitude, sans se faire déposer sur le dos. Bien sur, le retournement après le face-voile doit etre d’autant plus rapide que le vent est fort…
Mais la concentration en gonflage fait que l’on ne pense que trop rarement à calmer la montée de cette facon, meme à niveau mondial.
Je calme l’aile en marchant/courant vers elle: c’est ce qui me semble etre le plus efficace.
Cheers.

:affraid:

.

Yo,

Oui, oui et re oui…

Pour vous c’est quoi le vent fort ? Au-delà de 20km/h ou 35km/h ?