Je profite de la journée pluvieuse pour faire un retour sur mes deux journées SIV. Tout ce qui suit n’engage que moi et ne saurait être le reflet de l’exacte vérité - même si comme d’habitude je dirais les choses comme je les ai ressenties, avec le possible excès d’optimise ou d’enthousiasme ou de pessimisme qui peut caractériser mon style. Donc à prendre avec précaution.
J’atterris le dimanche soir à Doussard après un vol magique de 1h44 autour du lac d’Annecy, au-dessus plutôt car j’ai encore échoué dans ma tentative de faire le petit tour, n’ayant pas eu les “couilles” d’aller vers le Lanfonnet. Plusieurs pilotes en l’air, ça montait super bien (pointes à +5 voire +6 au-dessus du déco de La Forclaz) mais quelques-uns descendaient vraiment bas en allant vers le Lanfonnet, ils grattaient au ras des arbres. Je n’ai pas voulu prendre le risque de me retrouver dans les arbres d’autant plus qu’autour du Lanfonnet il n’y a pas grand chose pour se vacher. Trois autres options s’offriront à moi à la prochaine tentative, le petit col vers la ferme à droite de la crête des Roux où un thermique a vraiment élu domicile. Et monter le long de la Tournette, ou prendre beaucoup plus de gaz au-dessus de la crête des Roux pour passer sans zéroter le Lanfonnet, ou enfin, longer la Tournette en partant de la gauche du déco sans se trouver dans kes rotors de la crête des Roux. Ca a l’air de bien soarer le long de la Tournette et le vachage est possible. J’avais pris 2100m ce dimanche soir; la brise d’Annecy n’était pas trop forte et je me suis dirigé vers le château accompagné de beaucoup de nuages à base gris foncé (mais pas des cunimbs !). Perdu de l’altitude pour traverser et rejoindre le roc des boeufs, donc retour au déco pour reprendre du gaz et puis les nuages se faisant plus nombreux et plus hauts, j’ai fini par rejoindre Doussard non sans avoir pris un malin plaisir à traverser le lac deux fois, à soarer du côté est de Doussard (Cheneviers) et à poser un peu avant la nuit. Bref un superbe troisième vol, où j’ai joué avec les nuages et le vent, pris beaucoup de plaisir. :ppte: :ppte:
Je ferme la parenthèse. Nécessaire pour avoir la patate, la banane quand je prends mes quartiers dans le gîte Flyeo.
Nuit réparatrice et réveil à 7h pour un rendez-vous à 8h à l’école.
Tous les stagiaires sont là. C’est Maxime le moniteur. Jeune, sympa. Il fait le tour de tous les secours en vérifiant les détails qui clocheraient et en ajustant si nécessaire pour ceux qui ont des suspentes de secours mal agencées. Un gage de sécurité et de confiance. 
Dans la salle de briefing, présentation de tous les stagiaires. On raconte notre vécu rapidement et nos attentes du stage.
Puis explications sur le déroulement du stage, les consignes de sécurité (secours, équipe sur les canots, à la caméra, la box d’évolution, l’aérologie etc…).
Maxime nous explique que ce matin il y aura deux exercices, tangages puis temporisation de l’abattée, et 360 sortie chandelle. Gloups, du connu et de l’inconnu… mais il nous explique les exercices et le pourquoi.
On monte dans la navette à 10h.
Là première déconvenue pour tout le monde, on doit monter à pied depuis l’hôtel L’Eidelwess) car la route est en goudronnage et enrobage. Pourquoi tout le monde ? car fatigue supplémentaire, perte de temps pour les rotations. Je porte un peu moins d’un tiers de mon poids et ça se sent dans la montée. Epuisant ! Avec mes petites jambes, j’arrive bon dernier. :sors:
Je suis content de m’être familiarisé avec le déco de la Forclaz et le lac les deux jours précédents. Seul changement, l’atterro tout en longueur réservé aux SIV, à côté de la Marina, près du camping coincé par la réserve (florale je crois).
Peu de vent, dos voile, on va en direction de la carrière. Dans le box, j’engage trois tangages en autonomie (mal rythmés et tempo trop douce). Maxime me fait refaire l’exercice guidé par lui, les sensations reviennent. La musique et l’accompagnement, la glisse de la voile. Je refais l’exercice seul et c’est plus concluant. Ca me rappelle mon premier stage perf 8)
Vient le 360, appui sellette, commande gauche et j’y vais mais la mise en rotation est trop faible pour Maxime, il me demande d’insister, ça y est la voile prend de la vitesse, je regarde le stabilo et là je trouve que ça défile vite, trop vite, un peu trop vite, j’ai la sensation d’une tête qui tourne un peu, je me force à regarder l’eau plutôt et comme ça défile moins vite, cela va mieux et au même moment les instructions “sortie de la rotation, lève la main intérieure, appui sellette neutre, contact main extérieure, neutralisation du roulis, TEMPO !” psccchhh ça valse dans tous les sens. La voile revient au-dessus de ma tête. J’ai l’impression que quelque chose d’énorme s’est passé mais pas dans quel sens. :grat:
On y retourne, je n’ai plus cette sensation de tournis je sais qu’il ne faut pas regarder le stabilo mais devant moi. Je m’habitue à la vitesse de rotation et sortie chandelle, c’est de l’acrobatie, les jambes partent un peu dans tous les sens. Je n’ai entendu que “Tempo”. J’aime l’adrénaline mais là c’est un peu l’overdose, comme groggy suite à un punch en plein visage. Je me remets dans le sens de d’atterrissage, la brise a beaucoup forci. PTU main gauche, je ne veux pas finir à l’eau arriva ce qui devait arriver, n’ayant pas été visionné l’atterro au préalable, je me laisse surprendre par la force de la brise, je suis trop derrière. Je vous laisse imaginer la suite…
Purée de m… moi qui voulais me la jouer profil bas, être incolore, inodore, c’est raté. J’atterris sur un toit de mobile home. :vrac:
Une femme en sort et me demande d’où je viens. Euh de là-haut madame. Elle voit la voile et comprend. Une parapentiste allemande très gentille lui explique que c’est assez fréquent. Elles m’aident à descendre la voile du toit et je plie.
Je m’attends à un sermon.
(mérié) Je garde d’ailleurs le casque sur la tête. Barbara la camera woman me demande si ça va, si la voile n’a rien. Elle m’explique ce que j’aurais du faire et rajoute que beaucoup se font piéger la première fois.
Mais ça m’énerve intérieurement. :bang:
Maxime revient du bateau et me lance un cinglant “Ce n’est pas la peine de venir en SIV faire des 360 si on ne sait pas faire une PTU.” Un autre parapentiste du groupe explique que lui aussi a eu du mal car il fait plutôt des PTS. J’ai failli rajouter un truc mais me suis tu. Bien fait pour moi. j’enlève le casque…
Débriefing rapide sur l’herbe : je suis nul, on ne contrôle rien. On n’est pas des pilotes. En gros, tout est à revoir pour tout le monde : la position dans la sellette, les pieds sous la sellette. Pour d’autres, ce sera même la position des mains (un en poignée de chiottes) ou la position devant les élévateurs. On est globalement nuls.
J’essaie de lui dire que le 360 était un peu rapide en nouvelle sensation mais bon je reste sur mon atterro foiré. Belle remise en question. :fume:
Sandwich et on reprend la navette.
Il est 13h quelque chose et quand je suis sur le point de décoller, rafales de vent, thermique ahurissant devant le déco. Julien le chauffeur et parapentiste chevronné me lance : “Matthieu, tu le sens ?”
- Oui, oui.
Je me fais arracher sur un coup de vent venant de la droite, pas temporisé et me voilà traîné par la voile sur 15m en contrebas. :vrac:
Julien m’aide, me dit de me re-préparer. Je préfère dire “non, dans 5 minutes”. Il me dit que je risque de ne pas voler. Tant pis, je prends le risque.
Je débriefe mon décollage raté. A part les conditions fluctuantes, c’est surtout “l’angoisse” du 360 que j’avais à l’esprit. Je n’étais pas dans le moment présent du décollage, mais dans l’exercice qui me préoccupait. Toute cette violence inconnue qui vous submerge.
AU final, ils arrêtent tous les décollages, grosse brise à l’atterro, nuages menaçants , sketches au déco. On était encore 3 à passer, on plie et on redescend en navette.
Un seul vol mais j’ai eu mon lot d’émotions. :affraid:


ça reste du parapente.


